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Le Sahel érige une "grande muraille verte" pour contrer le terrorisme

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  • Le Sahel érige une "grande muraille verte" pour contrer le terrorisme

    Pour parer au réchauffement climatique et à ses dangers consécutifs comme la famine, les migrations massives vers l’Europe mais aussi l'extrémisme religieux et le terrorisme, des Etats africains et des organismes internationaux se sont associés pour mener un projet forestier et agronomique titanesque. En décembre 2015, les États ayant signé l'accord de la COP21 à Paris se sont engagés à mettre à disposition plus de 3,5 milliards d'euros dans ce "miracle planétaire". Un article de notre partenaire Euractiv.
    Onze pays africains veulent ériger la « grande muraille verte », une ceinture d'arbres, qui s'étendra sur 7.000 kilomètres, du Sénégal à la République de Djibouti. L'objectif est d'endiguer l'expansion du Sahara, de réhabiliter 50 millions d'hectares de terres et de réduire la production de CO2.

    La nouvelle forêt devrait en effet absorber près de 250 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Déjà 15% de ce mur vert aurait déjà été planté, a confirmé la Sahara and Sahel Great Green Wall Initiative.

    Ce projet a déjà conquis le cœur du public et a su convaincre les acteurs de tous horizons, parmi lesquels l'Union africaine - qui en est à l'origine -, des organisations internationales, des États, l'Union européenne et la Banque mondiale.

    Climat, démographie et conflits armés, les maux du Sahel

    La muraille d'arbres se concentre essentiellement sur la région du Sahel, qui s'étend de la Corne d'Afrique à la côte atlantique mauritanienne.






    Elle sera entourée du Sahara au nord et des forêts tropicales au sud. La région a beaucoup souffert de l'explosion démographique et devient le théâtre de conflits fréquents pour les rares ressources disponibles.

    Des changements climatiques deviennent d'ailleurs plus visibles. L'érosion des sols, particulièrement désastreuse, s'étend sur l'ensemble de la région à cause du surpâturage et de l'agriculture intensive. Les experts ont averti qu'il fallait agir, sous peine de voir la situation empirer.

    > Lire : « L'UE doit s'impliquer dans la mécanisation agricole de l'Afrique »

    Le niveau d'eau du lac Tchad, vital pour les 30 millions d'habitants dans les quatre pays de la région du Sahel, a baissé de près de 95% depuis les années 1960. Selon les estimations, la population régionale devrait tripler d'ici à l'an 2030, ce qui repoussera encore les limites de la productivité des exploitations, déjà mises à rude épreuve.

    Essor des conflits autour du contrôle des ressources
    Sans terres arables et sans les ressources nécessaires, la zone deviendrait un terrain propice au développement du terrorisme et aux migrations de masse, selon les experts. « Observez donc les pays de la région du Sahel, du Nigéria au Mali, et prêtez attention à la tendance qui s'est établie », souligne Juma Abdi, professeur au centre pour les relations internationales de Dar es Salaam, en Tanzanie, qui poursuit:

    « Tout tourne autour du contrôle des ressources. Les jeunes ont le sentiment de ne rien posséder et cherchent un moyen d'accéder au pouvoir. C'est pourquoi l'influence de l'extrémisme et du terrorisme augmente dans la région, mais aussi le problème de la migration. Les gens tentent de rejoindre l'Europe à la recherche d'une vie meilleure, et passent par l'Afrique du Nord pour y parvenir. »

    Si ces mouvements insurrectionnels ne sont pas freinés, ils pourraient s'étendre à la planète entière, avertit James Wahonye de l'Institut pour la diplomatie et les études internationales de l'Université de Nairobi, au Kenya.

    « Le problème dans la région du Sahel ne doit pas être traité comme un cas isolé. Nous vivons dans un village mondial et toute menace, surtout si elle a cette ampleur, doit faire l'objet de l'attention de la communauté mondiale. Ce n'est qu'une question de temps jusqu'à ce qu'elle se répercute sur le monde entier. Nous en avons déjà été témoin», explique-t-il.
    Le mur vert africain, en revanche, semble avoir une influence positive. Malgré la dégradation de 4 millions d'hectares de terres au Sénégal, plus de 27.000 hectares ont été recouverts d'arbres entretemps. La plupart d'entre eux sont des acacias et supportent donc des conditions climatiques difficiles. D'un point de vue économique, ils représentent également un avantage, puisqu'ils produisent de la gomme arabique, utilisée comme complément alimentaire, dans les confitures par exemple. En outre, les arbres portent des fruits qui ont permis à un nouveau marché de se développer.

    Nouvelle source de revenus
    Les jeunes ont à leur disposition une nouvelle source de revenus, grâce à ce projet, ce qui les retient de rejoindre des groupes extrémistes, argumente la Sahara and Sahel Great Green Wall Initiative.

    Les histoires de succès se multiplient dans les onze pays participants (Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Soudan, Tchad, Niger, Nigéria, Mali, Burkina Faso, Mauritanie et Sénégal). Chaque pays a développé son programme national pour mettre en œuvre le projet en impliquant la population locale.

    Le monde entier a conscience du potentiel novateur de la grande muraille verte d'Afrique. Le projet n'a pas seulement attiré l'attention internationale, il a surtout permis l'obtention de ressources. En décembre 2015, les États, ayant signé l'accord de la COP21 à Paris, se sont engagés à mettre à disposition plus de 3,5 milliards d'euros dans le projet.

    « Il s'agit d'un miracle planétaire. Le monde a reconnu l'intérêt économique, social et sécuritaire [du projet]. Parfois, il est plus intéressant de fournir des solutions locales, que de se borner à la gestion de crise internationale », explique Juma Abdi. « Le mur vert africain est une leçon très importante pour le monde. »


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