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Qui veut faire couler la SNTA?

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  • Qui veut faire couler la SNTA?

    La nouvelle taxe sur le tabac, mentionnée dans l’avant projet de la loi des finances de 2017 (dont la Rédaction Numérique de « Liberté » a pu se procurer une copie), a surpris plus d’un. Il est question surtout de la « forme » du texte dont les retombées risquent d’être négatives pour l’entreprise publique qu’est la SNTA (Société nationale des tabacs et allumettes). Le changement préconisé concerne la TIC (la Taxe Intérieure de Consommation). La hausse prévue est relative uniquement au poids des cigarettes. Ainsi, pour les tabacs bruns le prix passera de 1040 à 1640 dinars le kilogramme, soit une augmentation de 58%. Pour les tabacs blancs, la hausse sera beaucoup plus importante. Le prix du kilogramme sera de 2250 dinars au lieu de 1260. Soit une augmentation de 79%.



    Des prix qui chambouleront de fond en comble le marché du tabac en Algérie. La première « victime » de ces nouvelles taxes sera la SNTA. La marque phare de l’entreprise publique est « Rym » (90% des volumes de vente). Ces cigarettes ont la « particularité » d’être à base de tabac blanc et d’avoir un poids bien plus important (de 20 à 30%) que celui des concurrentes représentantes des marques étrangères disponibles en Algérie. Ainsi avec la TIC prévue pour 2017, « Rym » sera la plus taxée du marché. Une situation qui obligera la SNTA d’augmenter le prix de sa marque phare qui sera sans aucun doute presque égale à celui des marques étrangères. Le consommateur algérien adulte (classé en seconde position en Afrique, après la Tunisie, avec une moyenne annuelle de 577 cigarettes), habitué à « Rym » (bien moins chère que les marques étrangères) va devoir changer ses habitudes. Trois cas se présenteront à lui : se rabattre sur les marques étrangères (puisqu’il y aura quasiment aucune différence de prix par rapport à « Rym »), acheter que les cigarettes provenant de la contrebande, ou…arrêter de fumer !

    Dans le premier cas des entreprises étrangères, installées en Algérie, seront les bénéficiaires. Elles sont au nombre de deux : la STAEM (Société des tabacs algéro-émiratie, 55% de parts dans le marché algérien) et la BAT (British American Tobacco, 5% de parts). Dans le cas où le consommateur se rabat sur le marché informel, l’une des grandes conséquences est la diminution des recettes fiscales du trésor.

    Dans tous les cas c’est l’avenir de la SNTA (40% de parts de marché) qui sera remis en cause. Une entreprise employant plus de 4000 employés et l’Etat a investi, en 2014, plus de 6,7 milliards de dinars pour son développement.

    Pourquoi le choix du poids dans l’élaboration de cette taxe (TIC)? Est-ce le résultat d’un travail en « profondeur » d’un puissant lobby du tabac représentant des marques étrangères et dont le but est de s’accaparer encore plus de parts de marché ?



    Une scène du film "Révélations" (Insider, 1999, avec Al pacino et Russel Crowe) qui revient sur la puissance des lobbies du tabac aux États-Unis

    L’application de cette taxe (si elle est promulguée dans la loi des finances de 2017) sera contre-productive pour une l’entreprise publique et donc pour l’Etat algérien. Pour ne pas risquer de faire perdre à la SNTA ses parts de marché, il aurait été plus judicieux de créer une taxe sur la base de la valeur du prix de vente du produit (taxe ad valorem). Il semble que c’est une option « oubliée ».

    Salim KOUDIL

    @SalimKoudil
    LIBERTE
    dz(0000/1111)dz
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