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LES CHOSES DE LA VIE. Et ils osent parler, encore, de privatisations ! Par Maâmar Farah

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  • LES CHOSES DE LA VIE. Et ils osent parler, encore, de privatisations ! Par Maâmar Farah

    Encore une fois, reviennent, plus pressantes que jamais, les mêmes interrogations quant à l'avenir économique de notre pays. Les grands théoriciens n'ont qu'un seul mot au bout des lèvres : privatisations ! Comme si toutes les privatisations appliquées depuis les années 1990, avec ou sans Temmar, n'avaient pas prouvé leur inutilité, voire leur impact dévastateur sur l'économie de notre pays. La privatisation n'est ni plus ni moins qu'une tentative de s'approprier le domaine public et collectif par des subterfuges politiques et des artifices juridiques soit au profit d’intérêts étrangers, soit pour enrichir des milieux d’affairistes ; l’objectif majeur des uns et des autres est l’arrêt de la production et le recours à l’importation. Bien sûr qu’il existe des exceptions, mais la tendance générale est à la spéculation !

    Le meilleur exemple est la grosse industrie qui, après bien des déboires, est revenue aux mains de l'Etat : elle offre aujourd'hui de meilleures perspectives après le renvoi des indus occupants. La politique néolibérale qui a livré de grandes infrastructures à des multinationales, au motif qu'elles allaient mieux les gérer, a été un flop monumental. Partout, ce fut la grande arnaque. Mittal a acheté le complexe sidérurgique pour deux sous. Il n'a pas amélioré la production et ses investissements se sont limités à quelques replâtrages, quand ce n'est pas le Trésor public qui intervenait pour financer les différents plans de modernisation, alors que le secteur public n'y détenait que 30% des actions ! Jamais, au grand jamais, ni Mittal, ni Arcelormittal n'ont pu aligner une quelconque performance. La production baissait d'année en année alors que les plans sociaux libéraient des milliers d'ouvriers. Les performances du secteur public qu'on dénonçait à cor et à cri n'ont jamais été égalées ! Alors qu'elle avait culminé à 1,2 million de tonnes d'acier, cette production était descendue à moins de 500 000 tonnes ! Et ce n'est pas le pire...

    On se souvient de la demande qui a été faite par Mittal de bénéficier des mines de l'Ouenza et de Boukhadra, demande qui a été acceptée et qui fut ressentie comme un coup de poignard dans le dos de nos gueules noires ! Dans le silence gêné des uns et l'incroyable indifférence des autres, nous étions les seuls à… gueuler, rappelant que la nationalisation des mines du 6 mai 1966 fut le premier acte d'une longue série de décisions politiques mettant fin au système économique colonial et qui culminèrent avec la nationalisation des hydrocarbures du 24 février 1971 ! Voir, de nouveau, un patron français à la tête de la mine de l'Ouenza était ressenti comme une immense humiliation pour tous les patriotes sincères. Au-delà de la symbolique du retour du patron étranger — et de la nationalité de l'ancien colonisateur —, l'objectif de cette reprise était d'exploiter outrageusement cette mine afin d'exporter son fer, reconnu pour son excellente qualité ! Achetée pour — soi-disant — alimenter le complexe sidérurgique en minerai de fer, cette mine revenait à son rôle durant la période coloniale : exporter, sans plus.

    Plus dramatique encore, l'abandon du train pour acheminer ce minerai vers El-Hadjar et le port d'Annaba. Avec la complicité d'une maffia rapidement constituée autour de certains éléments véreux du syndicat de l'entreprise, un système lucratif de transport par camions privés fut mis en place. Il faut reconnaître à M. Sellal le mérite d'avoir cassé ce système en imposant le retour des navettes de trains sur la ligne électrifiée Ouenza-El Hadjar ! Aujourd'hui, le complexe est revenu à la communauté nationale à 100% et la mine de l'Ouenza est désormais aux mains des Algériens ! Mieux, le complexe sidérurgique va être renforcé par l'immense usine de Bellara qui va produire près de 5 millions de tonnes d'acier. Ouf... Mais pourquoi tout ce retard, toutes ces circonvolutions ? Pour rien !

    La situation décrite plus haut concernant la sidérurgie peut être citée pour d'autres secteurs. Ainsi en est-il des phosphates. Des sociétés espagnoles et tunisiennes s'installèrent à la tête du fantôme d'Asmidal, dépecé, bradé pour quelques sous ! L'objectif n'était nullement d'encourager la production pour offrir à notre agriculture les engrais dont elle avait besoin, mais plutôt de retirer carrément cette production pour importer les produits... des sociétés acheteuses. L'Etat, à l’époque où M. Ouyahia était Premier ministre, avait annoncé l'édification d'un complexe de traitement du phosphate dans la région de Bouchegouf. On a longtemps attendu la concrétisation de ce projet. Finalement, c'est à Oued Keberit qu'il va voir le jour.

    Enfin ! Mais pourquoi tout ce retard ?

    Faut-il aussi citer le bradage de la société nationale des gaz industriels, leader dans son domaine au Maghreb, qui fut cédée à une entreprise allemande qui s'empressa de fermer les usines pour... importer le gaz d'Allemagne ! Faut-il citer le cas de cette usine de levure qui dort au creux d'une colline, à Bouderoua, dans la wilaya de Guelma, et qui fut achetée par une grande marque française. Aucun effort pour faire redémarrer le complexe. Au contraire, sa privatisation a permis de le fermer définitivement et… d’importer la levure chez la même grande marque !
    Les exemples d'une arnaque à grande échelle peuvent être cités à l'infini. Pourtant, il y eut un réveil, un simple cri, puis, plus rien. Ce fut le jour où M. Bouteflika prononça son célèbre «nous avons échoué !» en juillet 2008, à Club-des-Pins. Il n'avait pas dit : «Vous avez échoué !» s'impliquant de fait dans ce qui semblait bien être le désaveu d'une certaine politique. Au lieu de changer de direction, de revoir les stratégies, d'opter pour des investissements productifs qui permettraient au pays de réduire sa facture d'importation, on assista médusés à l'encouragement de... l'importation ! C'était du grand art : ni vol, ni détournement, mais les 60 milliards engrangés par l'exportation des hydrocarbures se retrouvèrent au chapitre «importation» ! Incroyable ! Une nouvelle faune d'affairistes prit le contrôle de cette importation. Elle développa un système qui passe par la corruption, la surfacturation, le transfert illicite des devises. Si nous étions encore des révolutionnaires, si nous avions vraiment l'envie sincère de stopper l'hémorragie et d'agir contre la crise, on arrêterait tout de suite les importations anarchiques et ridicules de n'importe quoi ! Car, outre le fait qu’elles coûtent très cher au Trésor public, elles réduisent à néant l'effort des producteurs, agriculteurs, artisans et industriels nationaux qui essayent de créer la richesse, contre vents et marées.
    Tant que l'on n'aura pas réduit cette facture, nous continuerons de croire qu'il n'y a pas une volonté réelle de juguler la crise qui commence...
    M. F.

    P. S. : Mes sincères salutations au docteur Denouni de Tlemcen, dont le souvenir m'est revenu à l'occasion de l'annonce des différents plans visant à asseoir les bases d'une nouvelle politique économique. Bien que n'étant pas très agressive vis-à-vis de l'importation qui continue d'inonder notre pays de produits inutiles, cette vision me rappelle parfois les mesures proposées par le président de la Confédération des entreprises des BTP, M. Denouni, qui a été, le premier, à calculer, grâce à quelques mesures rapides mais sans appel, une économie de 30 millions de dollars sur le montant de nos importations. C'est ce chiffre qui circule actuellement. Ce pari sera-t-il tenu ?
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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