Par Bruno Guigue
mardi 6 septembre 2016, par Comité Valmy
Fiction forgée de toutes pièces, la « révolution syrienne » devait fournir un alibi démocratique au « regime change » planifié de longue date par l’administration US. Comme l’écrit Hillary Clinton dans son fameux email, « la meilleure manière d’aider Israël à gérer la capacité nucléaire grandissante de l’Iran est d’aider le peuple syrien à renverser le régime de Bachar el-Assad ».
Mais pour garantir le succès de cette opération, deux conditions étaient requises. La première, c’est la manipulation des desperados du djihad global, auxiliaires zélés et toujours prêts à l’emploi de l’impérialisme occidental. La seconde, c’est le déferlement d’une propagande destinée à persuader l’opinion mondiale que Bachar Al-Assad est un monstre sanguinaire.
La France s’étant rangée derrière les USA dans cette entreprise de déstabilisation d’un Etat souverain, une meute de charlatans, depuis 2011, y abreuve de ses affabulations les plateaux télévisés et les colonnes des journaux. Avec le concours de ces plumitifs, un déluge de mensonges s’est abattu sans répit sur la Syrie, ajoutant à la cruauté de cette guerre par procuration l’effet délétère d’une manipulation à grande échelle. Voici une première esquisse, non exhaustive, du florilège de ces impostures. Des experts douteux, des intellectuels vendus et des journalistes serviles y ont excellé depuis cinq ans. Ce sont les meilleures perles des charlatans de la révolution syrienne.
PERLE N°1 : La théorie des deux mamelles
« Les deux mamelles de Daech, c’est la guerre en Irak en 2003, et la répression menée par Bachar el-Assad depuis 2011. Ceux qui étaient pour la guerre d’Irak comme ceux qui soutiennent le président syrien sont mal placés pour nous donner des leçons sur la meilleure façon de gagner la guerre contre Daech. »
Pascal Boniface, Metronews, 15/11/2015.
Si l’agression américano-britannique de 2003 contre l’Irak est effectivement à l’origine de Daech, le gouvernement syrien, lui, n’est pour rien dans la percée d’une organisation qui a juré sa perte et qu’il affronte sans répit. En juxtaposant de façon maligne les deux événements, Pascal Boniface pratique un amalgame grotesque entre George W. Bush et Bachar Al-Assad. Mêlant le vrai et le faux, il attribue au président syrien, dans la genèse du prétendu « Etat islamique », une responsabilité qui n’existe que dans son imagination.
PERLE N°2 : Bachar
extermine son peuple à l’arme chimique
« Syrie : l’extermination chimique que prépare Bachar » (titre de l’article)
Jean-Pierre Filiu, L’Obs-Rue89, 25/08/2013.
Pour ôter toute légitimité au pouvoir syrien, il fallait absolument lui imputer les pires horreurs. Une indignation vengeresse devait alors justifier, sur le modèle libyen, une intervention militaire occidentale. Pièce maîtresse de cette opération, l’imputation à Damas du massacre du 21 août 2013 n’a jamais fait l’objet du moindre commencement de preuve. L’ONU a confirmé la réalité d’une attaque au gaz de combat, mais elle ne l’a jamais attribuée à qui que ce soit. Une enquête indépendante menée par le « Massachusetts Institute of Technology », en revanche, a conclu sans hésitation que l’attaque chimique ne pouvait venir que de la zone rebelle.
PERLE N°3 : Le complot contre la Syrie est imaginaire
« Malgré la violence qu’il exerce contre son peuple, M. Bachar Al-Assad et son régime sont présentés comme les victimes d’un plan savamment concocté à Washington pour affaiblir l’un des rivaux régionaux de l’Etat hébreu. »
Akram Belkaïd, Le Monde Diplomatique, juin 2015.
Le propos se veut sans doute ironique, mais il sombre dans le ridicule. Comme l’a écrit Hillary Clinton, le renversement du gouvernement syrien visait à sanctuariser Israël en éliminant le principal allié de l’Iran et du Hezbollah. Que l’administration US et ses vassaux aient propagé le « chaos constructif » en Syrie par djihad interposé ne relève pas d’une interprétation subjective, c’est un fait avéré. Quitte à mettre le Moyen-Orient à feu et à sang, Washington a pactisé avec le diable en poursuivant son objectif de toujours : la fragmentation ethno-confessionnelle de la région.
PERLE N°4 : Les réfugiés fuient Bachar
« Les réfugiés syriens ne fuient pas Daech, ils fuient Bachar el-Assad. On n’a pas à choisir entre lui et Daech. »
Pascal Boniface, France TV Info, 24/09/2015.
Si les réfugiés syriens fuyaient Bachar Al-Assad, les régions contrôlées par le gouvernement n’accueilleraient pas la grande majorité des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Les réfugiés syriens au Liban n’auraient pas provoqué une énorme cohue, à Beyrouth, pour aller voter en faveur de M. Assad lors de l’élection présidentielle du 3 juin 2014. Et puisqu’il affirme cyniquement que « les réfugiés ne fuient pas Daech », nous invitons M. Boniface à se rendre dans les zones où sévit cette organisation pour y vérifier par lui-même l’allégresse de la population.
PERLE N°5 : La division inter-confessionnelle,
c’est la faute à Bachar
« Le régime ne protège pas vraiment les minorités mais il s’en sert habilement pour se protéger. C’est lui et certainement pas les islamistes qui a joué dès le début cette carte pernicieuse de la division sectaire. »
François Burgat, cité par Catherine Gouësët, L’Express, 15/03/2013.
Chez notre expert hexagonal de l’islamisme, l’inversion accusatoire est une seconde nature. Le régime baasiste a sans doute beaucoup de défauts, mais c’est un régime non confessionnel qui garantit la liberté des cultes et la coexistence des communautés. Attachées à ce modèle unique au Moyen-Orient, les autorités religieuses, musulmanes et chrétiennes, accordent un soutien unanime au gouvernement légitime. Et c’est l’opposition islamiste armée, inspirée par la détestation wahhabite pour les chiites et les alaouites, qui veut instaurer un Etat confessionnel fondé sur une lecture sectaire de la charia.
mardi 6 septembre 2016, par Comité Valmy
Fiction forgée de toutes pièces, la « révolution syrienne » devait fournir un alibi démocratique au « regime change » planifié de longue date par l’administration US. Comme l’écrit Hillary Clinton dans son fameux email, « la meilleure manière d’aider Israël à gérer la capacité nucléaire grandissante de l’Iran est d’aider le peuple syrien à renverser le régime de Bachar el-Assad ».
Mais pour garantir le succès de cette opération, deux conditions étaient requises. La première, c’est la manipulation des desperados du djihad global, auxiliaires zélés et toujours prêts à l’emploi de l’impérialisme occidental. La seconde, c’est le déferlement d’une propagande destinée à persuader l’opinion mondiale que Bachar Al-Assad est un monstre sanguinaire.
La France s’étant rangée derrière les USA dans cette entreprise de déstabilisation d’un Etat souverain, une meute de charlatans, depuis 2011, y abreuve de ses affabulations les plateaux télévisés et les colonnes des journaux. Avec le concours de ces plumitifs, un déluge de mensonges s’est abattu sans répit sur la Syrie, ajoutant à la cruauté de cette guerre par procuration l’effet délétère d’une manipulation à grande échelle. Voici une première esquisse, non exhaustive, du florilège de ces impostures. Des experts douteux, des intellectuels vendus et des journalistes serviles y ont excellé depuis cinq ans. Ce sont les meilleures perles des charlatans de la révolution syrienne.
PERLE N°1 : La théorie des deux mamelles
« Les deux mamelles de Daech, c’est la guerre en Irak en 2003, et la répression menée par Bachar el-Assad depuis 2011. Ceux qui étaient pour la guerre d’Irak comme ceux qui soutiennent le président syrien sont mal placés pour nous donner des leçons sur la meilleure façon de gagner la guerre contre Daech. »
Pascal Boniface, Metronews, 15/11/2015.
Si l’agression américano-britannique de 2003 contre l’Irak est effectivement à l’origine de Daech, le gouvernement syrien, lui, n’est pour rien dans la percée d’une organisation qui a juré sa perte et qu’il affronte sans répit. En juxtaposant de façon maligne les deux événements, Pascal Boniface pratique un amalgame grotesque entre George W. Bush et Bachar Al-Assad. Mêlant le vrai et le faux, il attribue au président syrien, dans la genèse du prétendu « Etat islamique », une responsabilité qui n’existe que dans son imagination.
PERLE N°2 : Bachar
extermine son peuple à l’arme chimique
« Syrie : l’extermination chimique que prépare Bachar » (titre de l’article)
Jean-Pierre Filiu, L’Obs-Rue89, 25/08/2013.
Pour ôter toute légitimité au pouvoir syrien, il fallait absolument lui imputer les pires horreurs. Une indignation vengeresse devait alors justifier, sur le modèle libyen, une intervention militaire occidentale. Pièce maîtresse de cette opération, l’imputation à Damas du massacre du 21 août 2013 n’a jamais fait l’objet du moindre commencement de preuve. L’ONU a confirmé la réalité d’une attaque au gaz de combat, mais elle ne l’a jamais attribuée à qui que ce soit. Une enquête indépendante menée par le « Massachusetts Institute of Technology », en revanche, a conclu sans hésitation que l’attaque chimique ne pouvait venir que de la zone rebelle.
PERLE N°3 : Le complot contre la Syrie est imaginaire
« Malgré la violence qu’il exerce contre son peuple, M. Bachar Al-Assad et son régime sont présentés comme les victimes d’un plan savamment concocté à Washington pour affaiblir l’un des rivaux régionaux de l’Etat hébreu. »
Akram Belkaïd, Le Monde Diplomatique, juin 2015.
Le propos se veut sans doute ironique, mais il sombre dans le ridicule. Comme l’a écrit Hillary Clinton, le renversement du gouvernement syrien visait à sanctuariser Israël en éliminant le principal allié de l’Iran et du Hezbollah. Que l’administration US et ses vassaux aient propagé le « chaos constructif » en Syrie par djihad interposé ne relève pas d’une interprétation subjective, c’est un fait avéré. Quitte à mettre le Moyen-Orient à feu et à sang, Washington a pactisé avec le diable en poursuivant son objectif de toujours : la fragmentation ethno-confessionnelle de la région.
PERLE N°4 : Les réfugiés fuient Bachar
« Les réfugiés syriens ne fuient pas Daech, ils fuient Bachar el-Assad. On n’a pas à choisir entre lui et Daech. »
Pascal Boniface, France TV Info, 24/09/2015.
Si les réfugiés syriens fuyaient Bachar Al-Assad, les régions contrôlées par le gouvernement n’accueilleraient pas la grande majorité des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Les réfugiés syriens au Liban n’auraient pas provoqué une énorme cohue, à Beyrouth, pour aller voter en faveur de M. Assad lors de l’élection présidentielle du 3 juin 2014. Et puisqu’il affirme cyniquement que « les réfugiés ne fuient pas Daech », nous invitons M. Boniface à se rendre dans les zones où sévit cette organisation pour y vérifier par lui-même l’allégresse de la population.
PERLE N°5 : La division inter-confessionnelle,
c’est la faute à Bachar
« Le régime ne protège pas vraiment les minorités mais il s’en sert habilement pour se protéger. C’est lui et certainement pas les islamistes qui a joué dès le début cette carte pernicieuse de la division sectaire. »
François Burgat, cité par Catherine Gouësët, L’Express, 15/03/2013.
Chez notre expert hexagonal de l’islamisme, l’inversion accusatoire est une seconde nature. Le régime baasiste a sans doute beaucoup de défauts, mais c’est un régime non confessionnel qui garantit la liberté des cultes et la coexistence des communautés. Attachées à ce modèle unique au Moyen-Orient, les autorités religieuses, musulmanes et chrétiennes, accordent un soutien unanime au gouvernement légitime. Et c’est l’opposition islamiste armée, inspirée par la détestation wahhabite pour les chiites et les alaouites, qui veut instaurer un Etat confessionnel fondé sur une lecture sectaire de la charia.
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