Avec des amis comme celui-là, pas besoin d'ennemis !
Nous avons examiné la semaine dernière, dans notre scanner géopolitique, comment l'Occident se trompe systématiquement d'ennemis depuis la fin de la guerre froide en désignant comme tel la Russie - qui est pourtant un allié naturel géopolitique et énergétique face aux pôles totalitaires de l'islamisme, donc face nos vrais ennemis. Examinons aujourd'hui le cas d'un autre Etat Janus dont la "main droite pro-occidentale" ignore la "main gauche du financement du terroriste": le Koweït, pays pour lequel les Occidentaux (Etats-Unis en tête) se sont battus face au régime anti-islamiste de Saddam Hussein.
Nous avons examiné la semaine dernière, dans notre scanner géopolitique, comment l'Occident se trompe systématiquement d'ennemis depuis la fin de la guerre froide en désignant comme tel la Russie - qui est pourtant un allié naturel géopolitique et énergétique face aux pôles totalitaires de l'islamisme, donc face nos vrais ennemis. Examinons aujourd'hui le cas d'un autre Etat Janus dont la "main droite pro-occidentale" ignore la "main gauche du financement du terroriste": le Koweït, pays pour lequel les Occidentaux (Etats-Unis en tête) se sont battus face au régime anti-islamiste de Saddam Hussein.
Dirigé par une famille régnante indéboulonnable, les Al-Sabah (forte de 12 000 membres - dont dix forment le Haut Conseil), protégée par l'Occident et dont l'émir-souverain actuel est Sabah Al-Ahmed Al-Jaber Les Al-Sabah, ce pays, souvent présenté par la propagande américaine comme "modéré" et "en voie de démocratisation" depuis la campagne de libération face au voisin ennemi baathiste de Saddam, les milliardaires et leurs cheikhs salafistes ou sponsors des Frères musulmans redistribuent comme bon leur semble la manne pétrolière tant dans le but de clientéliser les différentes strates de la société que dans celui de financer l'islamisme radical et les djihadistes dans le monde.
Cette dynastie qui considère comme ses homologues saoudiens ou qataris l'État et ses richesses comme un patrimoine personnel, est protégée par une "constitution" sur mesure contre toute critique ou enquête nationale ou internationale.
La "Wahhabisation" progressive du Koweït
C'est en fait en réaction à l'idéologie nationaliste arabe gauchisante et laïque que, dans les années 1970, un courant de pensée néo-islamiste s'est renforcé au Koweït avec notamment l'accueil des Frères musulmans égyptiens qui fuyaient les persécutions sous Nasser. Officiellement reconnus par les pouvoirs publics, ceux-ci opèrent en toute légalité dans ce pays sunnite officiellement de rite malékite (très orthodoxe) mais qui est miné par l'influence d'oulémas wahhabites venues du Najd (Arabie saoudite) dès le XVIIIe siècle. Ces salafistes Koweïtiens constituent un groupe de pression très puissant, représenté au parlement et qui œuvre à l'interdiction de la vente d'alcool, de la mixité, des danses de femmes, de l'octroi de la nationalité aux non-musulmans, puis à la pénalisation du blasphème et des moqueries envers Mahomet et ses compagnons. En 1981, les salafistes y ont créé l'Association de la Revification du Patrimoine islamique, calque de celle des Frères musulmans dans son organisation tenue secrète.
En 1991, après la victoire contre les Irakiens, l'influence des cheikhs wahhabites saoudiens s'intensifia à la faveur d'une interprétation de l'invasion irakienne vue comme "une punition divine car les Koweïtiens se sont écartés du bon chemin de Dieu et ont répandu la corruption dans leur pays». Une radicalisation de l'islam politique au Koweït fut également constatée en réaction au régime laïque de Saddam Hussein renversé par les Occidentaux. L'islamisme salafiste et frériste koweïtien a alors accru son rôle d'appui extérieur de nombreux mouvements islamistes radicaux et même terroristes, du chaos irakien post-Saddam aux révolutions arabes.
La majorité de la population koweïtienne est immigrée (1,3 million sur un total de 3 millions), essentiellement originaires du monde arabe ou d'Asie et dont le principal droit est de se taire et de se faire exploiter... La Constitution koweïtienne stipule que l'Etat garantit la liberté de religion tout en précisant que la pratique religieuse est soumise à la charià, mais les nombreuses minorités religieuses y sont discriminées : le gouvernement impose l'enseignement de l'islam dans les écoles publiques et privées, il est presque impossible pour les chrétiens et autres non-musulmans d'obtenir des autorisations d'ouverture ou de rénovations de lieux de culte.
Les cours de religion chrétienne sont interdits même pour les chrétiens, dont le culte est pourtant officiellement reconnu. Dans cet Etat souvent présenté comme "tolérant" et "pro-occidental" pour justifier a posteriori la guerre du Golfe de 1990 contre le régime irakien-baathiste de Saddam Hussein, qui avait envahi le Koweït, l'islamisme radical s'exprime dans toute la sphère de la société. Ces dernières années, la croissance de l'islamisme au sein de la population sunnite préoccupe les minorités.
Le 16 février 2012, un groupe de parlementaires islamistes, conduit par le député Osama El-Munawer, a déposé une proposition de loi visant à interdire la construction d'églises et autres lieux de culte non islamiques dans le pays, au motif que "le Koweït a déjà trop d'églises par rapport à la minorité chrétienne". La proposition initiale prévoyait la destruction des églises situées sur le territoire koweïtien. Elle avait reçu le soutien public du grand mufti d'Arabie-Saoudite, le cheikh Abdul-Aziz ibn Abdullah2...
Soutien aux Frères musulmans, comme le Qatar, mais plus discret...
En fait, le Koweït est, avec le Qatar et la Turquie d'Erdogan, l'un des plus importants soutiens et financiers des Frères Musulmans en Occident et dans le monde. Outre la grande mosquée d'Amsterdam (Mosquée Bleue de la banlieue de Sloterdjik, financée par le Koweït, via l'Europe Trust Nederland), on sait que le gouvernement koweïtien paie les salaires de l'imam de la mosquée de rite sunnite-orthodoxe malékite d'Amsterdam qu'il contrôle, à travers l'organisation paneuropéenne des Frères musulmans nommée l'Europe Trust, dont le Koweït est l'un des principaux financiers.
Rappelons que l'Europe Trust, basé en Grande Bretagne, grand allié du Koweït et financé largement par ce dernier, canalise, d'après la prestigieuse revue américaine Middle East Quaterly, "l'argent provenant du golfe Persique vers des groupes bien disposés à l'égard des Frères Musulmans en Europe, principalement pour la construction de mosquées"3. Codirigé par Ahmad al-Râwi, cadre des Frères Musulmans au Royaume-Uni et Nooh al-Kaddo, Irakien qui dirige le Centre Culturel Islamique d'Irlande (ICCI), l'Europe Trust est lié au Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche dirigé par Yousef al-Qaradhaoui. Al Kaddo est par ailleurs mandataire du Human Appeal International, association caritative liée au Hamas qui tient la plus grande mosquée de l'Union européenne, la Mosquée al-Salâm à Rotterdam (aux minarets de 50 mètres de haut, point le plus élevé de la ville).
Accusations de soutien au djihadisme
Selon une déclaration de 2003 d'un ancien coordinateur de la Sécurité Nationale et du Contre-terrorisme, Richard Clarke, devant le Comité du Système bancaire du Sénat des États-Unis, "plusieurs opérations d'al-Qaïda auraient été associées aux Frères Musulmans koweïtiens" incluant la tête pensante du 11 septembre, Khalid Sheikh Mohammad et Ramzi Yousef, figure-clé de l'attaque du Word Trade Center en 1993. Clarke a affirmé que "le gouvernement koweïtien a fourni un financement substantiel aux associations caritatives contrôlées par les Frères Musulmans du Koweït, comme la Lajnat al-Da'wa, désignée par le Département du Trésor des États-Unis et le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, le 9 janvier 2003, comme soutien d'al-Qaïda...
Malgré cela, Lajnat al-Da'wa possède toujours une représentation dans le Michigan, le Colorado et en Virginie du Nord. D'après des télégrammes publiés par Wikileaks concernant le financement du terrorisme et diffusés par le New York Times, le Koweït serait "le seul pays du Golfe où le financement du terrorisme n'a jamais pu être criminalisé, un point-clé du transit". Aussi, le célèbre Centre Culturel Islamique de New-York, lié aux Frères musulmans et qui a été fondé par Muhammad ‘Abdul Ra'ouf, père de l'ancien imam de la mosquée Ground Zero/Park 51, Faisal Ra'ouf, est également financé par le gouvernement koweïtien6.
Le rapport pré-cité du Département d'État publié en 2013 dépeint le Koweït comme "l'épicentre du financement des groupes terroristes en Syrie". Pour arriver à leurs fins puis faire des transactions, les islamistes terroristes de nombreux pays ont bénéficié des larges capacités de recyclage des systèmes financiers du pays, souvent via des banques peu regardantes et "d'ONG d'Allah" et princes ou riches hommes d'affaires privés. On se rappelle qu'en février 2014, l'ancien Premier ministre irakien chiite Nouri al Maliki avait accusé le Koweït, le Qatar et l'Arabie saoudite d'avoir indirectement "attaqué" la Syrie et l'Irak à travers l'envoi de moudjahidines et surtout de fonds destinés aux groupes terroristes islamistes prélevés dans ces pays.
De nombreuses informations recueillies depuis par les experts du renseignement conduisent vers ce pays "pro-occidental" et apparemment insoupçonnable, d'autant que les Etats-Unis et ses alliés l'ont libéré de l'invasion irakienne lors de la guerre du Golfe de 1990 contre les troupes de Saddam Hussein. On sait aujourd'hui que pratiquement tous les groupes salafistes-djihadistes, de l'EI à Al-Nusra en passant par les djihadistes maliens anti-Français, AQMI ou Boko Haram sans oublier les Shabbabs somaliens, ont bénéficié de «dons privés» en provenance des pays du Golfe et en particulier du Koweït, pays de "transit" favori de la finance terroriste.
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Cette dynastie qui considère comme ses homologues saoudiens ou qataris l'État et ses richesses comme un patrimoine personnel, est protégée par une "constitution" sur mesure contre toute critique ou enquête nationale ou internationale.
La "Wahhabisation" progressive du Koweït
C'est en fait en réaction à l'idéologie nationaliste arabe gauchisante et laïque que, dans les années 1970, un courant de pensée néo-islamiste s'est renforcé au Koweït avec notamment l'accueil des Frères musulmans égyptiens qui fuyaient les persécutions sous Nasser. Officiellement reconnus par les pouvoirs publics, ceux-ci opèrent en toute légalité dans ce pays sunnite officiellement de rite malékite (très orthodoxe) mais qui est miné par l'influence d'oulémas wahhabites venues du Najd (Arabie saoudite) dès le XVIIIe siècle. Ces salafistes Koweïtiens constituent un groupe de pression très puissant, représenté au parlement et qui œuvre à l'interdiction de la vente d'alcool, de la mixité, des danses de femmes, de l'octroi de la nationalité aux non-musulmans, puis à la pénalisation du blasphème et des moqueries envers Mahomet et ses compagnons. En 1981, les salafistes y ont créé l'Association de la Revification du Patrimoine islamique, calque de celle des Frères musulmans dans son organisation tenue secrète.
En 1991, après la victoire contre les Irakiens, l'influence des cheikhs wahhabites saoudiens s'intensifia à la faveur d'une interprétation de l'invasion irakienne vue comme "une punition divine car les Koweïtiens se sont écartés du bon chemin de Dieu et ont répandu la corruption dans leur pays». Une radicalisation de l'islam politique au Koweït fut également constatée en réaction au régime laïque de Saddam Hussein renversé par les Occidentaux. L'islamisme salafiste et frériste koweïtien a alors accru son rôle d'appui extérieur de nombreux mouvements islamistes radicaux et même terroristes, du chaos irakien post-Saddam aux révolutions arabes.
La majorité de la population koweïtienne est immigrée (1,3 million sur un total de 3 millions), essentiellement originaires du monde arabe ou d'Asie et dont le principal droit est de se taire et de se faire exploiter... La Constitution koweïtienne stipule que l'Etat garantit la liberté de religion tout en précisant que la pratique religieuse est soumise à la charià, mais les nombreuses minorités religieuses y sont discriminées : le gouvernement impose l'enseignement de l'islam dans les écoles publiques et privées, il est presque impossible pour les chrétiens et autres non-musulmans d'obtenir des autorisations d'ouverture ou de rénovations de lieux de culte.
Les cours de religion chrétienne sont interdits même pour les chrétiens, dont le culte est pourtant officiellement reconnu. Dans cet Etat souvent présenté comme "tolérant" et "pro-occidental" pour justifier a posteriori la guerre du Golfe de 1990 contre le régime irakien-baathiste de Saddam Hussein, qui avait envahi le Koweït, l'islamisme radical s'exprime dans toute la sphère de la société. Ces dernières années, la croissance de l'islamisme au sein de la population sunnite préoccupe les minorités.
Le 16 février 2012, un groupe de parlementaires islamistes, conduit par le député Osama El-Munawer, a déposé une proposition de loi visant à interdire la construction d'églises et autres lieux de culte non islamiques dans le pays, au motif que "le Koweït a déjà trop d'églises par rapport à la minorité chrétienne". La proposition initiale prévoyait la destruction des églises situées sur le territoire koweïtien. Elle avait reçu le soutien public du grand mufti d'Arabie-Saoudite, le cheikh Abdul-Aziz ibn Abdullah2...
Soutien aux Frères musulmans, comme le Qatar, mais plus discret...
En fait, le Koweït est, avec le Qatar et la Turquie d'Erdogan, l'un des plus importants soutiens et financiers des Frères Musulmans en Occident et dans le monde. Outre la grande mosquée d'Amsterdam (Mosquée Bleue de la banlieue de Sloterdjik, financée par le Koweït, via l'Europe Trust Nederland), on sait que le gouvernement koweïtien paie les salaires de l'imam de la mosquée de rite sunnite-orthodoxe malékite d'Amsterdam qu'il contrôle, à travers l'organisation paneuropéenne des Frères musulmans nommée l'Europe Trust, dont le Koweït est l'un des principaux financiers.
Rappelons que l'Europe Trust, basé en Grande Bretagne, grand allié du Koweït et financé largement par ce dernier, canalise, d'après la prestigieuse revue américaine Middle East Quaterly, "l'argent provenant du golfe Persique vers des groupes bien disposés à l'égard des Frères Musulmans en Europe, principalement pour la construction de mosquées"3. Codirigé par Ahmad al-Râwi, cadre des Frères Musulmans au Royaume-Uni et Nooh al-Kaddo, Irakien qui dirige le Centre Culturel Islamique d'Irlande (ICCI), l'Europe Trust est lié au Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche dirigé par Yousef al-Qaradhaoui. Al Kaddo est par ailleurs mandataire du Human Appeal International, association caritative liée au Hamas qui tient la plus grande mosquée de l'Union européenne, la Mosquée al-Salâm à Rotterdam (aux minarets de 50 mètres de haut, point le plus élevé de la ville).
Accusations de soutien au djihadisme
Selon une déclaration de 2003 d'un ancien coordinateur de la Sécurité Nationale et du Contre-terrorisme, Richard Clarke, devant le Comité du Système bancaire du Sénat des États-Unis, "plusieurs opérations d'al-Qaïda auraient été associées aux Frères Musulmans koweïtiens" incluant la tête pensante du 11 septembre, Khalid Sheikh Mohammad et Ramzi Yousef, figure-clé de l'attaque du Word Trade Center en 1993. Clarke a affirmé que "le gouvernement koweïtien a fourni un financement substantiel aux associations caritatives contrôlées par les Frères Musulmans du Koweït, comme la Lajnat al-Da'wa, désignée par le Département du Trésor des États-Unis et le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, le 9 janvier 2003, comme soutien d'al-Qaïda...
Malgré cela, Lajnat al-Da'wa possède toujours une représentation dans le Michigan, le Colorado et en Virginie du Nord. D'après des télégrammes publiés par Wikileaks concernant le financement du terrorisme et diffusés par le New York Times, le Koweït serait "le seul pays du Golfe où le financement du terrorisme n'a jamais pu être criminalisé, un point-clé du transit". Aussi, le célèbre Centre Culturel Islamique de New-York, lié aux Frères musulmans et qui a été fondé par Muhammad ‘Abdul Ra'ouf, père de l'ancien imam de la mosquée Ground Zero/Park 51, Faisal Ra'ouf, est également financé par le gouvernement koweïtien6.
Le rapport pré-cité du Département d'État publié en 2013 dépeint le Koweït comme "l'épicentre du financement des groupes terroristes en Syrie". Pour arriver à leurs fins puis faire des transactions, les islamistes terroristes de nombreux pays ont bénéficié des larges capacités de recyclage des systèmes financiers du pays, souvent via des banques peu regardantes et "d'ONG d'Allah" et princes ou riches hommes d'affaires privés. On se rappelle qu'en février 2014, l'ancien Premier ministre irakien chiite Nouri al Maliki avait accusé le Koweït, le Qatar et l'Arabie saoudite d'avoir indirectement "attaqué" la Syrie et l'Irak à travers l'envoi de moudjahidines et surtout de fonds destinés aux groupes terroristes islamistes prélevés dans ces pays.
De nombreuses informations recueillies depuis par les experts du renseignement conduisent vers ce pays "pro-occidental" et apparemment insoupçonnable, d'autant que les Etats-Unis et ses alliés l'ont libéré de l'invasion irakienne lors de la guerre du Golfe de 1990 contre les troupes de Saddam Hussein. On sait aujourd'hui que pratiquement tous les groupes salafistes-djihadistes, de l'EI à Al-Nusra en passant par les djihadistes maliens anti-Français, AQMI ou Boko Haram sans oublier les Shabbabs somaliens, ont bénéficié de «dons privés» en provenance des pays du Golfe et en particulier du Koweït, pays de "transit" favori de la finance terroriste.
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