il est rond, parfaitement rond, si je devais le dessiner, le résultat sera un teletubbies mais avec une barbe, une boule poilue et avec une énorme fonte en guise de bouche, capable de dessiner le plus large sourire qu'un humain puisse afficher, laissant entrevoir une dentition parfaite si ce n'est une canine qui trop longtemps à l'étroit, a décidé de sortir de la rangée de dents pour venir harceler une lèvre mince et faisant passer celui à qui elle appartient pour un chémmam. cette boule assez volumineuse est couronnée de deux minuscules oreilles et d'un front dégagé qu'un zigzag de cheveux gris vient délimiter du crane lui aussi parfaitement rond. Le corps qui supporte cette grosse tête est lui aussi, une énorme boule de gras flasque provoquant toujours de l'amusement en moi quand il se met à se déplacer ou à vibrer pour rire.
Bilal est un obèse, souvent souriant, la plus part du temps riant, mais passé un certain temps, on décèle une sorte de malice quand les muscle de son visage se contractent et qu'au large sourire rieur, s'associent un froncement des sourcils et un plissement des rides entourant les yeux jusqu'à les faire pratiquement disparaitre.
ami de longue date, c'est lui qui me fit découvrir pour la première fois le moonwalk de Michael dans un de ses jeux vidéos huit bits, d'un tempérament timide, il n'a jamais eu à se soucier de la gente féminine considérant une quelconque relation inutile et compliquée, jusqu'au jour où il s'est éprit d'une collègue qui a su susciter en lui le besoin de revoir ses jugements et d'accepter enfin la réalité.
depuis son mariage, le teletubbies s'est métamorphosé, il est devenu quelque peu ... audacieux, et au file des mois, il se détachait petit à petit de tout ses principes, il acquit plus de mobilité au fur et à mesure qu'il, comme il aimait le rappeler, ne philosophait plus sur le bien fondé de ses décisions qu'il prenait en faisant abstraction du dilemme qui l'a , toujours selon lui, longtemps empêché d'avancer "est-ce haram?", "suis-je en tort?" ... en somme, toutes sortes de questions auxquelles il ne cherchait plus de réponse puisque désormais, il ne se les posait plus.
au boulot, il est tombé sur un créneau, je te passe les détails mais disons qu'il a trouvé le moyen de détourner quelques bonus destinés à la base à une clientèle fidèle, par le biais de bons, celle ci devait se rendre dans un point de vente pour se voir récompensé pour ses achats exclusifs chez celui qui fut autrefois notre employeur à tout les deux. quelques signatures, de fausses factures et le tour été joué, grace à ce petit tour de passepasse, il put réunir un joli petit pactole que mes multiples objections n'ont pu empêcher d'atterrir dans ses poches, nos innombrables échanges n'y ont rien fait, pour lui, ce qu'il faisait était parfaitement légal et en conformité avec les principes qu'il prétendait toujours siens.
un jour, alors que le serveurs venait de déposer sur ma table un expresso, Billal s'attabla en faisant grincer le confortable siège mal entretenu par les serveurs ou peut être, malmené par les clients toujours nombreux à venir converser autour d'un thé saharien dont seul ce café algérois avait le secret, on s'est échangé des politesses et bien que je savais qu'en cours de route, pendant les innombrables tempêtes que le temps et la vie nous ont fait traverser, lui s'est perdu, je restais attaché à cette misérable créature assise en face de moi, à la peau perlée de sueur qu'une course à pieds venait certainement de provoquer.
quand j'eus fini d'exposer les gros titres de l'actualité de ma vie, il bascula vers l'arriere pour parler au dos du serveur qui venait d'effectuer quelques mouvement circulaires énergiques sur la table en verre derrière Bilal, puis s'accouda sur la table, tout près de ma tasse de café au point que j'eu l'impression d'avoir vu une des gouttes suspendues à son menton y plonger.
tu sais Risk, me fit il, je n'arrive plus à joindre les deux bouts, je dois réunir l'argent pour l'AADL c'est la première tranche (ou la deuxième je ne m'en rappel plus), et je n'ai aucun sous de prévu pour ca. son visage refletait une désolation si sincère que je sentis monter en moi une indignation que j'arrivais à peine à réprimer, puis, je répondis presque malgré moi en demandant ce qu'était devenu l'argent qu'il venait de se faire grace à sa petite combine.
sa réponse m'a fait rire, puis, l'écho du rire, en moi ... quelque part, est devenu quelque chose d'encore plus inquiétant, j'en éprouvais par la suite de la peur, suis-je entrain de me détourner de Bilal? dix-huit longues années d'amitié? entrain de s'évaporer sans que je ne puisse les sauver, sans que je ne veuille le faire ... j'attendis alors, impatiemment la réponse qui tardait à venir, j'attendais... me doutant partiellement de la réponse qu'allait m'apporter cette bouche qui venait de tirer sur une paille courbée, fatiguée de cette échange elle aussi ... et la réponse vint: t'es fou, l'argent que j'ai pu me faire grace à mon affaire, je vais le dépenser pendant mon séjour en France, l'argent de ma futur maison, je dois le trouver d'une manière plus..." et là face à un interruption nette, face à son silence retentissant et soudain, ce fut moi qui termina la phrase "honnête?"
tu admets donc, que tes magouilles étaient des magouilles, tu admets donc que l'argent que tu t'es fait était sale? tu crois vraiment que ca fait une différence? que si tu investit de l'argent "propre" pour payer ton futur logement, tout sera parfait? que tu dispose de deux comptes, l'un pour l'argent sale et l'autre pour l'argent gagné honnêtement? tu crois qu'en payant l'AADL avec ton salaire ou un "autre" argent, tu obtiendra cette baraka à la con?!
je n'attendais pas vraiment de réponse, mais celle-ci vint quand même "au moins, je peux me permettre de voyager sans penser aux dépenses moi"
... aujourd'hui encore, j'y repense, ca fait déjà trois ans, trois ans que ma liste d'amis, déjà très réduite, a rétrécit.
Bilal est un obèse, souvent souriant, la plus part du temps riant, mais passé un certain temps, on décèle une sorte de malice quand les muscle de son visage se contractent et qu'au large sourire rieur, s'associent un froncement des sourcils et un plissement des rides entourant les yeux jusqu'à les faire pratiquement disparaitre.
ami de longue date, c'est lui qui me fit découvrir pour la première fois le moonwalk de Michael dans un de ses jeux vidéos huit bits, d'un tempérament timide, il n'a jamais eu à se soucier de la gente féminine considérant une quelconque relation inutile et compliquée, jusqu'au jour où il s'est éprit d'une collègue qui a su susciter en lui le besoin de revoir ses jugements et d'accepter enfin la réalité.
depuis son mariage, le teletubbies s'est métamorphosé, il est devenu quelque peu ... audacieux, et au file des mois, il se détachait petit à petit de tout ses principes, il acquit plus de mobilité au fur et à mesure qu'il, comme il aimait le rappeler, ne philosophait plus sur le bien fondé de ses décisions qu'il prenait en faisant abstraction du dilemme qui l'a , toujours selon lui, longtemps empêché d'avancer "est-ce haram?", "suis-je en tort?" ... en somme, toutes sortes de questions auxquelles il ne cherchait plus de réponse puisque désormais, il ne se les posait plus.
au boulot, il est tombé sur un créneau, je te passe les détails mais disons qu'il a trouvé le moyen de détourner quelques bonus destinés à la base à une clientèle fidèle, par le biais de bons, celle ci devait se rendre dans un point de vente pour se voir récompensé pour ses achats exclusifs chez celui qui fut autrefois notre employeur à tout les deux. quelques signatures, de fausses factures et le tour été joué, grace à ce petit tour de passepasse, il put réunir un joli petit pactole que mes multiples objections n'ont pu empêcher d'atterrir dans ses poches, nos innombrables échanges n'y ont rien fait, pour lui, ce qu'il faisait était parfaitement légal et en conformité avec les principes qu'il prétendait toujours siens.
un jour, alors que le serveurs venait de déposer sur ma table un expresso, Billal s'attabla en faisant grincer le confortable siège mal entretenu par les serveurs ou peut être, malmené par les clients toujours nombreux à venir converser autour d'un thé saharien dont seul ce café algérois avait le secret, on s'est échangé des politesses et bien que je savais qu'en cours de route, pendant les innombrables tempêtes que le temps et la vie nous ont fait traverser, lui s'est perdu, je restais attaché à cette misérable créature assise en face de moi, à la peau perlée de sueur qu'une course à pieds venait certainement de provoquer.
quand j'eus fini d'exposer les gros titres de l'actualité de ma vie, il bascula vers l'arriere pour parler au dos du serveur qui venait d'effectuer quelques mouvement circulaires énergiques sur la table en verre derrière Bilal, puis s'accouda sur la table, tout près de ma tasse de café au point que j'eu l'impression d'avoir vu une des gouttes suspendues à son menton y plonger.
tu sais Risk, me fit il, je n'arrive plus à joindre les deux bouts, je dois réunir l'argent pour l'AADL c'est la première tranche (ou la deuxième je ne m'en rappel plus), et je n'ai aucun sous de prévu pour ca. son visage refletait une désolation si sincère que je sentis monter en moi une indignation que j'arrivais à peine à réprimer, puis, je répondis presque malgré moi en demandant ce qu'était devenu l'argent qu'il venait de se faire grace à sa petite combine.
sa réponse m'a fait rire, puis, l'écho du rire, en moi ... quelque part, est devenu quelque chose d'encore plus inquiétant, j'en éprouvais par la suite de la peur, suis-je entrain de me détourner de Bilal? dix-huit longues années d'amitié? entrain de s'évaporer sans que je ne puisse les sauver, sans que je ne veuille le faire ... j'attendis alors, impatiemment la réponse qui tardait à venir, j'attendais... me doutant partiellement de la réponse qu'allait m'apporter cette bouche qui venait de tirer sur une paille courbée, fatiguée de cette échange elle aussi ... et la réponse vint: t'es fou, l'argent que j'ai pu me faire grace à mon affaire, je vais le dépenser pendant mon séjour en France, l'argent de ma futur maison, je dois le trouver d'une manière plus..." et là face à un interruption nette, face à son silence retentissant et soudain, ce fut moi qui termina la phrase "honnête?"
tu admets donc, que tes magouilles étaient des magouilles, tu admets donc que l'argent que tu t'es fait était sale? tu crois vraiment que ca fait une différence? que si tu investit de l'argent "propre" pour payer ton futur logement, tout sera parfait? que tu dispose de deux comptes, l'un pour l'argent sale et l'autre pour l'argent gagné honnêtement? tu crois qu'en payant l'AADL avec ton salaire ou un "autre" argent, tu obtiendra cette baraka à la con?!
je n'attendais pas vraiment de réponse, mais celle-ci vint quand même "au moins, je peux me permettre de voyager sans penser aux dépenses moi"
... aujourd'hui encore, j'y repense, ca fait déjà trois ans, trois ans que ma liste d'amis, déjà très réduite, a rétrécit.
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