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Le Pivot de la Russie vers l’Arabie Saoudite pourrait être plus précieux que la Chine

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  • Le Pivot de la Russie vers l’Arabie Saoudite pourrait être plus précieux que la Chine

    Pourquoi ? Il pourrait marquer un véritable tournant dans le Moyen-Orient

    Dans le contexte de l’accord controversé entre l’Iran et les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies plus l’Allemagne (le groupe 5 + 1), la signature d’un accord entre la Russie et l’Arabie Saoudite selon lequel Riyad investira $ 10 milliards dans l’économie russe a été oubliée. Mais cet accord parle d’un renversement majeur de la politique russe, peut-être pas moins important que le pivot vers la Chine dont tout le monde parle.

    À tout le moins, l’accord de 4-5 ans conclu avec l’Arabie Saoudite est plus concret que les ambitieux projets de mise en place de gazoducs vers la Chine.

    « L’accord avec l’Arabie Saoudite représente le plus grand partenariat et le plus grand appel de capitaux étrangers de ces dernières années, pour la Russie », a déclaré le directeur général de fonds russe d’investissement Direct (RFID), Kirill Dmitriev. « Le plus gros investisseur en coopération avec la RFID a été les Émirats Arabes Unis, qui ont décidé d’investir $ 7 milliards dans l’économie russe. »

    « Les investisseurs arabes viennent à la Russie à un moment où tout le monde lui tourne le dos, » écrit Vedomosti, un quotidien d’affaires respecté. « Les investissements directs en Russie pour 2014 s’élevaient à $ 21 milliards et, pour la première fois depuis de nombreuses années, les deux derniers trimestres ont enregistré une sortie nette. »

    Selon Dmitriev, sept projets avec les Saoudiens ont été réalisés, et dix accords devraient être signés avant la fin de cette année. Riyad s’intéresse particulièrement à l’infrastructure, l’agriculture, le commerce de détail, les soins de santé et l’immobilier.

    Investissements et Iskanders

    « Jusqu’à présent, les ministres saoudiens se méfiaient de nous. Mais le contact personnel entre le Prince héritier saoudien Muhammad bin Salman et le Président Vladimir Poutine lors Du Forum économique de Saint-Pétersbourg leur a fait de l’effet, » a déclaré Dmitriev. D’autres experts russes s’accordent à dire que pour les arabes, les arrangements privés entre dirigeants sont extrêmement importantes.

    Poutine a depuis lors fait plusieurs appels téléphoniques à bin Salman. Après une apparition du Prince héritier à Saint-Pétersbourg qui avait fait quelque peu sensation. Après tout, l’Arabie Saoudite est un des principaux alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient et dans le contexte de sanctions économiques américaines et l’aversion personnelle de la maison blanche vis-à-vis de M. Poutine, la visite aurait pu être perçue à Washington comme une sorte de démarche diplomatique.

    D’autant plus que le principal traité d’investissement entre Moscou et Riyad était accompagné de négociations sur les livraisons à l’Arabie saoudite des systèmes de défense anti aérienne de fabrication russe, Iskander.

    La volonté de la Russie de fournir des systèmes de missiles tactiques Iskander à l’Arabie Saoudite a été annoncée par le directeur général adjoint de Rosoboronexport, Igor Sevastianov. En juin, une délégation saoudienne a visité le Forum Armée-2015 à Moscou pour négocier leurs achats. Si les Iskanders sont en effet remis à l’Arabie Saoudite, ce sera un défi lancé à Washington, qui, jusqu’à présent, jouit d’un monopole pour la fourniture d’armes au Royaume.

    Riyad cherche-t-il à provoquer l’Amérique ?

    Que se cache-t-il derrière ces efforts visant à revitaliser les liens économiques et politiques entre les deux pays ? Pour commencer, les Saoudiens sont extrêmement mécontents de l’accord iranien, que le Président américain Barack Obama a défendu avec tant de véhémence au mépris des critiques à l’intérieur du Congrès sous contrôle républicain. Il semble que dans un avenir pas trop lointain, la République islamique pourrait se transformer d’ennemi mortel en allié majeur des États-Unis. Pas étonnant que Washington fasse les louanges de Téhéran pour faire face à l’État islamique d’Irak et de la grande Syrie (ISIS).

    Pendant ce temps, les États-Unis ont choisi de se retirer totalement de la lutte contre les Houthis soutenus par l’Iran au Yémen; l’Arabie Saoudite est effectivement responsable de l’opération militaire, quoiqu’à une échelle plutôt inefficace et limitée, sans aucune présence sur le terrain.

    Les intérêts pétroliers de Riyad sont également propices à des liens plus étroits avec la Russie. Le but ici est de résoudre le problème du prix du pétrole bas, mais pas à pas de géant : les Saoudiens veulent atteindre la croissance à long terme et la stabilisation. Et bien qu’il ne soit pas du tout question de « complot » entre l’Arabie Saoudite et la Russie contre la production américaine de pétrole de schiste, une coopération et une coordination avec la Russie dans le secteur pétrolier pourraient un jour théoriquement provoquer l’émergence d’une union solide qui, compte tenu en particulier du statut d’observateur de la Russie auprès de l’OPEP, pourrait résister à un nouveau monopole américain sur le marché pétrolier et entraîner une hausse des prix de l’énergie.

    Dans l’élargissement de la coopération avec la Russie, Riyad, joue aussi un jeu long. Bien sûr, le principal intérêt de Moscou est de briser le carcan de l’isolement global et de trouver de nouveaux partenaires et alliés pour échapper au cercle vicieux de paria international. Mais en même temps, la Russie, qui a une longue histoire d’influence dans le monde arabe, semble prête à modifier sa stratégie au Moyen-Orient. Ce n’est pas pour rien, disent les médias, que récemment le Président Poutine lui-même a téléphoné à son homologue américain Barack Obama pour discuter d’abord et avant tout de la Syrie. Non moins remarquable a été la réaction du locataire de la maison blanche, qui a dit qu’il avait été « réconforté » par l’appel.

    Il est plus que probable que les hypothèses de certains experts, tant occidentaux que russes, selon lesquels la Russie était prête à coopérer avec les Etats-Unis dans la lutte contre le fondamentalisme islamique n’est pas fantaisiste. Si c’est effectivement le cas, cette coopération peut être la force qui sort la Russie et l’Occident du tourbillon d’une crise dont personne n’a besoin. Ces attentes ont été renforcées par les récentes déclarations de politiciens occidentaux (dont Obama lui-même) qui affirment que, sans la participation de la Russie, un accord avec l’Iran aurait été impossible.

    Pivot vers le Moyen Orient

    Tous les experts russes n’ont pas tendance à exagérer l’importance du dernier accord avec l’Arabie Saoudite.

    « Dire que nous avons une sorte de nouvelle alliance, que quelque chose a changé, ce ne sont que des balivernes, » tranche sans détours un des principaux orientalistes Russes Georgy Mirsky. « C’est comme cela a toujours été. La Russie a toujours bénéficié de bonnes relations dans le monde arabe, mais jamais — du moins depuis le départ de ce monde des figures comme Gamal Abdel Nasser, Yasser Arafat et Hafez al-Assad — il n’y a eu de raisons de supposer qu’ils pourraient en quelque sorte laisser tomber l’Amérique en faveur de la Russie. Cela vaut pour d’autres, aussi. Ils ne peuvent pas faire sans les américains. »

    Néanmoins, l’activation des liens avec une telle puissance régionale clé comme l’Arabie Saoudite devrait être vue comme une évolution positive, surtout si l’on considère le fait que la Russie soutient l’Iran et est prête à coopérer avec les Etats-Unis sur la Syrie, même si son éventuel abandon du régime Assad demeure un point discutable.

    Si les actions de la Russie aboutissent, cette nouvelle stratégie pourrait marquer une véritable volte-face dans le Moyen-Orient et qui est beaucoup plus solide et potentiellement plus riche en dividendes économiques et politiques que l’intégration globale eurasienne promue par les propagandistes du Kremlin qui préconisent des liens plus étroits entre la Russie et la Chine.

    Eugene Bai
    Russia direct.org
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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