Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Femmes oubliées : les Algériennes emprisonnées au château d’Amboise avec l’émir Abd el-Kader

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Femmes oubliées : les Algériennes emprisonnées au château d’Amboise avec l’émir Abd el-Kader



    Le mois de septembre accompagne une nouvelle rentrée scolaire, mais aussi la rentrée littéraire et ses nouvelles parutions. Le Salon international du livre d’Alger, qui se tiendra cette année du 26 octobre au 6 novembre, pointe déjà son nez et nombreux seront les titres qui vont commencer à être mis en avant par les maisons d’éditions. De nouveaux titres, mais aussi des rééditions si essentielles à la vie d’un livre, et à une circulation pérenne du savoir.

    Bien qu’on n’attende pas forcement le Sila pour s’approvisionner en lecture, l’aspect positif des salons du livre sur tout le territoire est aussi qu’ils nous donnent l’occasion de regarder plus attentivement ce qui se publie et dans quels écrits on aimerait se plonger.

    Ainsi, dans la catégorie des ouvrages incontournables, il faudra garder une place toute particulière pour Les Algériennes du château d’Amboise – La suite de l’émir Abd el-Kader, une recherche originale et pionnière d’Amel Chaouati, publiée en France aux éditions La Cheminante en 2013, et éditée cet été en Algérie par les éditions Sedia.

    C’est après avoir lu Abd el-Kader, le magnanime de B. Etienne et F. Pouillon (Gallimard 2003), qu’Amel Chaouati est piquée de curiosité par la mention de femmes et d’enfants emprisonnés avec l’Émir en France au château d’Amboise. Mais les récits historiques qui mentionnent les cinq années d’emprisonnement de Abd el-Kader ben Mahiédine partagent la même lacune : ils ont occulté l’histoire de ces femmes emprisonnées.

    Amel Chaouati décide alors de relire les archives et les dossiers pour faire émerger l’histoire des femmes et des enfants emprisonnés avec l’Émir pendant cinq ans en France. Quatre années d’incarcération au château d’Amboise, sept mois à Pau, trois mois à Toulon.

    Dans Les Algériennes du château d’Amboise, Chaouati reprend les fils de l’histoire depuis 1847 jusqu’à 1852, date de la fin de l’emprisonnement de l’Émir et de ses proches à Amboise pour nous raconter ce que les archives ont conservé sur ces femmes et ces enfants.

    Qui étaient-elles ? Des femmes de la filiation directe de l’Émir, comme sa mère, sa sœur, ses trois épouses, ses enfants, et leurs domestiques, ainsi que les femmes et les enfants de ses trois frères, ceux de son khalifa, qui ont été exilés avec lui. Toutes ces femmes ont soutenu l’Émir, et ont été aux premiers rangs des conséquences de ses combats.

    En décembre 1847, après avoir été trahi par ceux chez qui il était allé chercher refuge au Maroc et abandonné par ses alliés en Algérie, l’émir Abd el-Kader et ses proches, femmes et enfants, se retrouvent complètement cernés près du col de Kerbous par « deux détachements de deux cents spahis déguisés en burnous ». Il sait qu’ils risquent de périr tous. Après 15 ans de combats, l’Émir prend la décision de rendre les armes et envoie son khalifa, Ben Kouia, remettre une première lettre au duc d’Aumale pour demander l’amane.


    Les autorités françaises, représentées par le duc, acceptent sa reddition et s’engagent à respecter la demande de l’Émir : ils transféreront Abd el-Kader et les siens soit vers la Syrie, soit vers Alexandrie, pour un exil définitif.

    Abd el-Kader insistera pour qu’on lui remette un accord écrit. Mais même avec cet engagement signé, l’Émir et sa suite seront conduits au port d’Oran où ils vont traverser la Méditerranée pour être incarcérés en France. Ils arriveront à Toulon le 29 décembre 1847 et à partir de cette ville, ils seront transférés en tant que prisonniers au château d’Amboise.

    Dès leur arrivée à Toulon, les femmes sont séparées : « Les esclaves et les domestiques furent enfermées dans le sinistre fort Malbousquet rasé depuis. D’autres furent envoyées à l’île Sainte-Marguerite. Les femmes de la suite d’Abd el-Kader ben Mahiédine, les domestiques et les esclaves qui leur étaient rattachées, furent transférées au fort Lamalgue (…) ».

    Abd el-Kader Ben Mahiédine et les siens seront d’abord emprisonnés au château d’Amboise, puis au château de Pau pendant 7 mois, pour être re-transférés en septembre 1848 à Amboise jusqu’à 1852.

    Ces années d’emprisonnement se dérouleront dans des conditions déplorables. À Pau, cinq enfants, dont la fille et le fis de l’émir Abd el-Kader et sa nièce, vont décéder. Ils seront enterrés au cimetière de Pau sur une concession de terre que l’Émir acquerra pour recevoir la sépulture de ses enfants. À Amboise, 25 personnes, femmes et enfants, vont décéder entre 1848 et 1852. Elles seront enterrées dans une fosse commune. Cet espace est aujourd’hui connu sous le nom du Jardin d’Orient, conçu par le plasticien Rachid Koraichi en 2005, placée là où les personnes furent inhumées, pour rendre hommage à ces 25 âmes.

    Les Algériennes du château d’Amboise est une recherche remarquable pour les corrections historiques qu’elle apporte et les lacunes qu’elle comble. Elle constitue aussi une recherche originale qui traverse plusieurs genres, de la recherche au récit.

    Amel Chaouati amène le lecteur aux endroits et aux personnes qu’elle a visités pour donner une géographie et un visage aux récits d’archives. Elle nous ouvre ses carnets de recherche en retraçant les démarches qu’elle a rigoureusement suivies pour reconstituer ce pan d’une histoire occultée. Sa démarche est enrichie par des récits épistolaires issus d’archives, et par des lettres de femmes mourantes que l’auteure a inventées et qui retranscrivent si pertinemment la détresse de ces oubliées.

    En défrichant le terrain, pour retourner aux archives et comparer les sources afin de mettre à jour les annales, Amel Chaouati redonne une voix à ces femmes oubliées. Ce faisant, l’historienne recentre également la place de toutes les Algériennes qui ont participé depuis toujours à la construction et à l’émancipation de l’Algérie et que si peu de recherches et d’analyses prennent en compte.

    Par Nadia Ghanem
    TSA
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Amel Chouati sur Radio Orient dans l'émission Sans transition

    Une interview d'Amel Chaouati auteure du livre "Les Algériennes du château d'Amboise : la suite de l'émir Abd el-Kader".

    dz(0000/1111)dz

    Commentaire

    Chargement...
    X