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Supprimer le chômage, c’est possible

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  • Supprimer le chômage, c’est possible

    Francis Kramarz, professeur Ensae et Polytechnique, s'exprime en marge du Positive Economy Forum dont Challenges est partenaire. Et prend l'exemple du système autrichien.

    A l’occasion de la 5ème édition du Positive Economy Forum,Challenges, partenaire média de l’événement vous invite à découvrir celles et ceux qui portent des projets innovants au service d’une économie et d’une société plus positives. Jacques Attali, Président du Positive Economy Forum, résume ainsi l’objectif de ce Forum: "Depuis 5 ans, le Positive Economy Forum rassemble de plus en plus d’acteurs qui agissent pour que les générations futures vivent dans un monde meilleur. Après la Cop 21 et dans un monde plein de craintes et de désespérances, cette 5ème édition du Forum, toujours au Havre, du 13 au 17 septembre, va transformer les débats en action. C’est ce que nous ferons pendant ces 5 jours et nous en tirerons un programme d’actions concrètes que nous proposerons aux principaux responsables mondiaux et nationaux aux lendemains du Forum".

    En France, la dynamique de création de richesses est bloquée. Les petites entreprises peinent à croître. Le CAC 40 contient peu de jeunes entreprises… Or ce n’est pas le cas partout. L’exemple autrichien est mal connu. Il est pourtant instructif.

    Jusqu’au 1er janvier 2003, date d’une réforme importante dans ce pays, les salariés licenciés, et seulement eux, touchaient des indemnités dépendant de leur ancienneté dans l’entreprise: 1 mois de salaire après 3 ans d’ancienneté, 3 mois après 5 ans, 6 mois après 10 ans et un an après 20 ans… toutes les entreprises, petites comme grandes, payaient la même somme. Egalité devant le licenciement. (Pas comme en France où certains après 10 ans dans une petite entreprise reçoivent une indemnité égale à un mois de salaire alors que d’autres mieux défendus, à la cause plus médiatique, touchent un voire deux ans de salaire.) Mais, en Autriche, tout change au 1er janvier 2003. Un salarié embauché à partir de cette date est doté d’un compte. Chaque mois l’entreprise abonde ce compte. Quand le salarié quitte l’entreprise, licencié ou départ volontaire, il « emporte » ce compte avec lui. Le nouveau système est paramétré pour qu’il soit aussi coûteux que l’ancien pour les entreprises autrichiennes. A. Kettemann, J. Zweimüller et moi-même avons examiné les effets de ce changement. Ils sont instructifs. Quand une entreprise fait face à des difficultés, les salariés régis par l’ancien système … attendent … ils attendent d’être licenciés, condition nécessaire pour toucher l’indemnité. Ceux régis par le nouveau système partent … vite … et retrouvent un emploi plus rapidement et surtout se dirigent vers les entreprises en croissance, jeunes, celles qui ont besoin de salariés pour grandir et prospérer.

    Les jeunes entreprises laissées pour compte

    Pourquoi parler de l’Autriche quand on cherche à faire disparaître le chômage en France ? En France, le système qui prévaut au moment du licenciement tétanise les salariés. Quand leur entreprise va mal, ils attendent… tous leurs droits sont liés à cette entreprise. Y compris la manière dont ils seront accompagnés une fois au chômage. Et les entreprises qui voudraient embaucher ces salariés ne le peuvent pas.

    Un des éléments, mais pas le seul, qui fait que la dynamique de croissance de la productivité et la croissance des jeunes entreprises est bloquée dans notre pays. Or, les travaux récents démontrent que la croissance de l’emploi n’est pas assurée par les PME, encore moins par les grandes entreprises. L’emploi se crée dans les jeunes entreprises, celles dont l’activité explose en peu d’année.

    A force de protéger les entreprises en place, qu’elles marchent bien ou mal, les jeunes entreprises sont laissées pour compte. Sans parler de celles qui voudraient se créer: tout est fait pour empêcher leur naissance ou leur croissance. Les réglementations sur le marché du travail certainement mais aussi celles qui prévalent sur le marché des biens, c’est-à-dire les règles de concurrence et d’entrée sur un marché. Les cars, présents dans tous les pays du monde, ont dû attendre Emmanuel Macron pour exister. Les réglementations sont nombreuses qui ont vocation à protéger les entreprises en place. Mais peu voire pas de mécanismes destinés à protéger, assurer les salariés dans une économie mondialisée où la concurrence est la règle voire le moteur de notre richesse collective future.

    Et ce qui est vrai pour les entreprises l’est aussi pour les hommes/femmes politiques ou les syndicalistes, les dirigeants d’entreprise. Notre représentation est tout aussi bloquée que nos salariés. Ceux qui sont en place ont capturé le système. Et le système de gouvernance de notre pays est gelé depuis la fin des Trente Glorieuses… Ainsi, créer un syndicat invité à la table de négociation n’est pas simple et le nombre d’adhérents est faible. Un homme politique de moins de 50 ans ne peut être légitime pour diriger un pays. Et être jeune n’est pas un avantage car le dynamisme ne peut, bien évidemment, compenser le manque d’expérience… Ne soyons pas surpris qu’un de nos principaux produits d’exportation soit notre jeunesse…

    Pour supprimer le chômage, dégrippons les mécanismes que 50 ans d’efforts collectifs ont mis à l’arrêt… avec les meilleures intentions du monde.

    Francis Kramarz, professeur Ensae et Polytechnique, directeur Crest.

    NB : Ce texte s’appuie sur les réflexions contenues dans un livre à paraître le 22 septembre, écrit par F. Kramarz et P. Tibi, Plus de Marché pour Plus d’Etat, éditions RB-Eyrolles.


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