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Pourquoi l'Inde veut s'offrir le Rafale

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  • Pourquoi l'Inde veut s'offrir le Rafale

    L'Inde a sept bonnes raisons de s'offrir le Rafale de Dassault Aviation. Notamment un besoin urgent de renouveler le parc vieillissant de son aviation de combat tout en diversifiant ses sources d'approvisionnement.

    Que l'Inde s'offre 36 Rafale, le dernier né d'une longue lignée d'avions de combat fabriqués par Dassault Aviation, n'est pas réellement une surprise. D'une manière générale, New Delhi achète de façon assez régulière des armement français. Notamment l'armée de l'air indienne (IAF) qui s'est depuis 1953 équipée d'avions de combat auprès de Dassault Aviation (de l'Ouragan au Mirage 2000 en passant par le Jaguar).

    Et surtout, l'Inde, qui s'approvisionne principalement auprès des constructeurs russes (MiG et Sukhoï) a besoin de diversifier ses achats, notamment auprès de la France, afin de compter sur des avions fiables pour des missions de combat difficiles.

    1/ Un besoin urgent de renouveler la flotte de combat

    New Delhi a un véritable besoin pressant pour renouveler sa flotte avec des avions modernes pour contrer la montée en puissance dans le domaine aérien de la Chine et du Pakistan. D'autant que l'armée de l'air indienne perd accidentellement beaucoup de ses avions de combats, notamment russes. L' IAF, la quatrième puissance aérienne mondiale, a ainsi perdu 38 MiG-21 entre 2003 et 2013. Ce qui peut augurer d'une deuxième commande de Rafale tant les besoins de l'IAF restent énormes. D'ailleurs, la France se montrerait raisonnablement optimiste sur une deuxième commande de Rafale pour fournir au total 126 appareils à l'Inde.

    En outre, New Delhi doit faire face à de régulières violations de son espace aérien par des avions pakistanais ou chinois. Les Rafale seront donc bien utiles pour protéger l'espace aérien indien. Car lors de ces trois dernières années (de 2013 à fin novembre 2015), l'Inde a comptabilisé 32 violations au total de son espace aérien par des avions de pays étrangers. Sans compter les infiltrations de soldats pakistanais par la vallée du Kashmir. Le gouvernement indien se plaint régulièrement de ces provocations.

    2/ L'armée de l'air indienne veut le Rafale

    Très vite, le ministère de la Défense indien avait d'ailleurs annoncé son intention d'acheter 36 Rafale après l'annonce à Paris en avril 2015 du Premier ministre indien Narendra Modi d'acquérir sur étagère ces appareils. Dans un communiqué daté du 8 décembre 2015, le ministère de la Défense indiquait que son équipe de négociation avait "recommandé un projet d'accord" sur cette acquisition. L'état-major de l'armée de l'air a toujours souhaité disposer de Rafale dans sa flotte et a tenté d'influencer la décision des pouvoirs publics en faisant régulièrement des déclarations positives sur l'appareil français.

    Le gouvernement indien souhaite acquérir "dès que possible" les 36 Rafale en raison d'un "besoin opérationnel crucial" des forces aériennes indiennes, avait souligné le 10 avril 2015 le Premier ministre indien Narendra Modi dans une déclaration conjointe franco-indienne. Dans la foulée, le ministre de la Défense Manohar Parrikar avait expliqué le 14 avril la nécessité de renforcer rapidement la défense indienne. "L'armée de l'air a un besoin urgent de bons appareils de quatrième génération" (du type Rafale, ndlr), a-t-il poursuivi. "Les appareils de cinquième génération ne viendront que dans 10 à 15 ans".

    Les 36 Rafale ainsi que les systèmes associés et les armements seront livrés "dans la même configuration" que celle exigée dans le cadre du fameux contrat M-MRCA, qui a été annulé par New Delhi l'été dernier. Les Rafale avaient été testés et approuvés par l'armée de l'air indienne.

    3/ L'Inde achète régulièrement des avions français

    L'Inde a été le premier pays étranger à acheter en 1953 des avions de combat à Dassault Aviation. Elle a commandé 71 Ouragan équipés de réacteurs Rolls Royce. Ils ont été rebaptisés Toofani par l'Armée de l'air indienne. En mars 1957, l'armée de l'air française livre à l'Inde 33 exemplaires supplémentaires. Les Ouragan indiens resteront en première ligne jusqu'en 1967. Puis, New Delhi achète en 1957 110 exemplaires du Mystère IV, un programme lancé au début des années 1950.

    L'Inde continue ses emplettes en France avec le Jaguar, l'avion de combat franco-britannique d'attaque au sol, fabriqué par la société franco-anglaise SEPECAT créée en mai 1966 pour concevoir et construire cet appareil. Démarchée dès 1968, l'Inde signe en avril 1979 une commande pour 130 Jaguar, incluant un contrat de fabrication sous licence pour 95 exemplaires ainsi qu'un transfert de technologie.

    Enfin, l'Inde a commandé 46 Mirage 2000EH et 13 Mirage 2000 TH biplaces en octobre 1982 afin de disposer d'avions de combat de supériorité aérienne capable de prendre la relève de ses MIG-21 russes. Le premier Mirage 2000 indien avait été mis en service en septembre 1984. Le contrat de modernisation des 51 Mirage 2000 H et TH indiens avait été signé en 2011.
    4/ Des avions régulièrement engagés dans des conflits

    L'armée indienne n'a pas hésité à engager les avions de combat français. Les Ouragan indiens ont participé aux opérations aériennes durant la guerre sino-indienne de 1962. Tout comme les Ouragan, les Mystère IV sont engagés lors des conflits de 1965 et 1971 contre le Pakistan dans des missions d'attaque au sol.

    Dans le conflit du Kargil en 1999 opposant l'Inde au Pakistan, l'IAF a contribué à une fin rapide des combats grâce notamment aux Mirage 2000, qui ont bombardé de façon très précise des positions pakistanaises. D'abord utilisés pour des missions de supériorité aérienne, les Mirage 2000 indiens sont ensuite modifiés localement afin de pouvoir effectuer des missions d'attaque au sol (qu'ils sont les seuls à pouvoir mener à ces altitudes). Les Jaguar ont été également utilisés pour des missions d'attaque. De 1987 à 1990, les Jaguar indiens ont par ailleurs réalisé des missions de reconnaissance au Sri Lanka contre les Tigres Tamouls.

    5/ La coopération russo-indienne en perte de vitesse

    La coopération militaro-technique entre la Russie et l'Inde bute sur des difficultés, à l'image des principaux partenaires de l'industrie d'armement russe même si en volume, la Russie comptait encore pour 75 % des importations d'armes indiennes entre 2009 et 2013. Pourquoi ? "Les dépassements de délais dans la réalisation des contrats sont devenus monnaie courante", expliquait en 2013 Isabelle Facon, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) dans le magazine Diplomatie. Et elle citait le cas le plus fréquemment évoqué, celui du porte-avions Gorchkov (rebaptisé Vikramaditya par l'Inde) : alors que sa livraison à la marine indienne était initialement prévue pour 2008, il a été livré en novembre 2013.

    La coopération militaro-technique russo-indienne est également affectée par une longue liste de réclamations de la partie indienne : pièces ou composants anciens, systèmes défectueux, performances insuffisantes des matériels, dépassement des coûts...

    6/ Le Rafale a fait ses preuves en opérations

    Les fameuses OPEX, opérations extérieures décidées par Nicolas Sarkozy en Libye, puis par François Hollande (Mali, Irak), ont été une vitrine commerciale pour le Rafale (combat proven). D'où les nombreuses expressions d'intérêt formulées par une petite dizaine de pays pour l'avion tricolore, dont deux ont finalisé une commande (Egypte et Qatar) : outre l'Inde, les Émirats Arabes Unis, la Malaisie, l'Indonésie, qui a choisi des Sukhoï, la Belgique et pourquoi pas la Finlande. Car l'appareil développé et mis au point par Dassault Aviation et ses partenaires au sein du GIE Rafale (Thales et Safran) a aujourd'hui atteint un degré de maturité opérationnel de très haut niveau.

    Ses nombreuses interventions en Libye, où il est entré en premier dans l'espace aérien libyen, en Afghanistan, au Mali et aujourd'hui en Irak et en Syrie, ont été suivies avec beaucoup d'attention par la plupart des armées de l'air du monde entier. Et cela compte même si cela ne fait pas gagner un contrat à coup sûr.

    "La capacité de la France à intervenir en premier, avec des matériels capables de traiter les cibles de manière précise - bien plus qu'en envoyant une centaine de Tomahawk dans la nature -, et d'y effectuer des missions longues - directement entre Saint-Dizier et le Mali - a été appréciée, avait estimé en 2013 Eric Trappier. Non seulement elle l'a été sur le plan politique - car n'importe quel pays n'a pas une telle capacité d'intervention -, mais elle l'a été aussi sur le plan des moyens matériels et de la faculté à opérer parfaitement les manœuvres. Cela s'est vu un peu partout dans le monde. L'opération au Mali a donc eu une influence positive sur l'image du Rafale, comme avant, celle effectuée en Libye".

    7/ Un armement très performant

    Ce qui fait la force du Rafale, outre ses capacités de détection, c'est son armement sophistiqué. L'avion de combat bénéficie de missiles extrêmement performants qui séduisent les pays intéressés. Grâce notamment à MBDA et à un degré moindre Safran avec la bombe guidée AASM Hammer. En Inde, ce qui intéresse particulièrement l'armée de l'air, c'est le missile air-air Meteor, développé en 2003 par MBDA pour le compte de six pays européens (Allemagne, France, Espagne, Italie, Royaume-Uni et Suède).

    Il a une capacité d'interception d'un avion adverse volant à 3.000 mètres d'altitude, à une distance de 100 km. Un armement qui n'a pas d'équivalent au monde à l'exception du missile américain AIM-120D (Raytheon). L'Inde disposera ainsi d'un avantage capacitaire unique en Asie.

    "Le Rafale est le seul chasseur au monde capable de porter 1,5 fois sa propre masse", grâce à ses capacités de 14 points d'emport, assure également Dassault Aviation. Et de préciser que "deux Rafale représentent un potentiel équivalent à six avions de la classe Mirage 2000".

    Le Rafale a été conçu pour accomplir toutes les missions de l'aviation de combat : interception et combat air-air avec canon de 30 mm, missiles Mica IR/EM et missiles Meteor (à partir de 2018) ; appui au sol avec canon de 30 mm, bombes guidées laser GBU-12/24, bombes guidées GPS AASM (utilisées en Afghanistan, en Libye et au Mali) ; frappes dans la profondeur avec missiles de croisière Scalp-Storm Shadow (utilisés en Libye) ; attaque à la mer avec missile Exocet AM39 Block 2 ; reconnaissance tactique et stratégique en temps réel avec nacelle Areos (utilisée en Afghanistan, en Libye et au Mali) ; ravitaillement en vol d'un Rafale à un autre ("buddy-buddy") et enfin dissuasion nucléaire avec missile ASMP-A.

    Par Michel Cabirol

    La Tribune
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