Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Portrait et sociologie des Français de confession musulmane

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Portrait et sociologie des Français de confession musulmane

    Le profil des musulmans de France est aujourd’hui trop mal connu. Afin de pallier ce déficit, l’Institut Montaigne a conduit avec l’Ifop une enquête pionnière auprès des musulmans vivant en France, sans la restreindre aux personnes immigrées ou issues de l'immigration. Cette étude constitue une avancée essentielle dans la connaissance de leur profil social, de leurs attitudes et de leurs aspirations. L’analyse de ces données inédites a été réalisée par Antoine Jardin, docteur en science politique et ingénieur de recherche au CNRS.

    Cette méthodologie a permis d'avoir une estimation solide du nombre de personnes musulmanes ou d'origine musulmane dans la population.

    Quelle méthodologie ?
    L'Ifop a eu recours à un très vaste échantillon national représentatif, de plus de 15 000 personnes, à l’intérieur duquel un sous-échantillon de 1 029 personnes se déclarant de confession musulmane ou ayant au moins un parent musulman a été extrait.

    Cette enquête étant pionnière en France, il convient d’utiliser ses résultats avec précaution et mesure. Les enseignements qu’elle indique reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation et non pas une prédiction. L'analyse des données a été réalisée au moyen de techniques vérifiables et s'inscrit dans le respect des normes académiques les plus exigeantes à ce jour.

    Qui sont les musulmans de France ?
    Le portrait des musulmans de France tel qu’il ressort de cette enquête décrit une réalité très contrastée. La première, à rebours de beaucoup d’idées reçues, est qu’il n’y a ni « communauté musulmane », ni « communautarisme musulman » unique et organisé. Il existe des Français de culture et de confession musulmane, dont le sentiment d’appartenance à la communauté musulmane est avant tout individuel : peu d’engagement associatif au nom de l’islam ou encore la faiblesse d’un sentiment de destinée collective.

    Le mouvement de « sortie » intergénérationnelle de l'islam apparaît deux fois plus important que le mouvement de conversion à l'islam.

    Les résultats de cette enquête indiquent que les personnes qui se déclarent musulmanes représentent 5,6 % de la population métropolitaine de plus de 15 ans en métropole. Parmi notre échantillon de 1 029 personnes, 155 personnes - 15 % de cet échantillon – se déclarent non musulmanes mais ont au moins un parent musulman, soit 1 % de l’échantillon global. Ces trajectoires de « sortie » de la religion musulmane – ou de désaffiliation – sont deux fois plus importantes que les trajectoires « d'entrée », puisque 7,5 % des enquêtés se déclarent musulmans tout en indiquant qu'aucun de leurs parents n'est lui-même musulman.

    Si les parents des enquêtés sont, dans la grande majorité des cas, nés à l’étranger, plus d’un répondant sur deux est né en France, 24% sont français par acquisition et 26% sont de nationalité étrangère.

    Une population plus jeune que la moyenne nationale. Les musulmans de l’échantillon sont âgés, en moyenne, de 35,8 ans contre 53 ans pour les chrétiens et 43,5 ans pour les personnes sans religion par exemple.

    La structure socioprofessionnelle de la population qui se définit comme musulmane dans cette enquête est marquée par une surreprésentation des milieux populaires et des populations éloignées de l’emploi. Elle compte près de 25 % d’ouvriers, contre 13,1 % dans l’échantillon global, et les 38 % d’inactifs contre moitié moins dans l’échantillon global.

    Le profil social des musulmans en activité souligne une exposition relativement forte aux formes d'emploi précaires (CDD, intérim, temps partiel). Pour autant, on voit aussi émerger une classe moyenne et supérieure : 10 % de professions intermédiaires et 5 % de cadres et professions intellectuelles supérieures parmi les musulmans de religion ou de culture.

    Deux tiers des musulmans pensent que la laïcité permet de vivre librement sa religion en France. Une majorité de musulmans en France s’inscrit dans un système de valeurs et dans une pratique religieuse qui s’insèrent sans heurts dans le corpus républicain et national (46 %).

    La pratique sociale la plus répandue reste le non-port du voile. Les deux tiers des femmes de culture musulmane déclarent ne pas porter le voile. 57% déclarent ne l’avoir jamais porté et 8% déclarent l’avoir déjà porté, mais ne plus le faire aujourd’hui.

    Quatre traits partagés sont caractéristiques des musulmans de France :

    1. une pratique religieuse régulière :

    31 % des enquêtés qui se déclarent musulmans se rendent une fois par semaine dans une mosquée ou une salle de prière, contre 8,2 % dans la population générale ;

    2. le respect marqué de la norme alimentaire halal :
    70 % des enquêtés déclarent « toujours » acheter de la viande halal, 22 % en achètent « parfois » et seulement 6 % « jamais » ;

    3. le soutien au port du voile, majoritaire malgré d’importants clivages :
    environ 65 % des musulmans – de religion ou de culture – se déclarent favorables au port du voile ;

    4. l’absence d’un communautarisme musulman généralisé :
    78 % des enquêtés qui se déclarent musulmans – inscrits sur les listes électorales – disent qu’ils ne votent pas systématiquement pour un candidat musulman aux différentes élections.

    Mais le portrait des musulmans de France ne se limite bien évidemment pas à ces traits communs. Ce sont davantage les différences et les divergences qui dominent.

    L’analyse méthodique des résultats permet d’identifier trois groupes :

    • la « majorité silencieuse »,
    groupe composé de 46 % des sondés. Leur système de valeurs est en adéquation avec la société française, qu’ils contribuent d’ailleurs à faire évoluer par leurs spécificités religieuses ;

    les « conservateurs ». Groupe plus composite, ils composent 25 % de l’échantillon et sont au cœur de la bataille politique et idéologique que les propositions de notre rapport doivent permettre de conduire et de remporter. Fiers d'être musulmans, ils revendiquent la possibilité d'exprimer leur appartenance religieuse dans l'espace public. Très pieux (la charia a une grande importance pour eux, sans passer devant la loi de la République), ils sont souvent favorables à l'expression de la religion au travail, et ont très largement adopté la norme halal comme définition de "l'être musulman". Ils rejettent très clairement le niqab et la polygamie et acceptent la laïcité ;

    les « autoritaires » forment le dernier groupe, soit 28 % de l'ensemble. Ils sont majoritairement jeunes, peu qualifiés et peu insérés dans l'emploi. Ils vivent dans les quartiers populaires périphériques des grandes agglomérations. Ce groupe se définit davantage par l'usage qu'il fait de l'islam pour signifier sa révolte vis-à-vis du reste de la société française que par son conservatisme.

    Institut Montaigne
    Dernière modification par benam, 24 septembre 2016, 15h52.
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

  • #2
    Intéressant...

    • les « autoritaires » forment le dernier groupe, soit 28 % de l'ensemble.
    Je les pensais moindres. Ils sont vraiment nombreux. Ca fait peur.


    Bonjour Benam..

    Commentaire


    • #3
      Salut Bachi,
      Il est toutefois intéressant de voir la corrélation implicite de leur caractère "autoritaires" avec:
      Ils sont majoritairement jeunes, peu qualifiés et peu insérés dans l'emploi. Ils vivent dans les quartiers populaires périphériques des grandes agglomérations. Ce groupe se définit davantage par l'usage qu'il fait de l'islam pour signifier sa révolte vis-à-vis du reste de la société française que par son conservatisme.
      Ils rejettent la société qui les a rejetés.
      Ils s'inscrivent beaucoup plus dans la tradition de ces couches des populations qui ont, depuis 200 à 300 ans ans, été les exclus et les victimes de l'évolution de la société industrielle puis de consommation. Ils sont bien plus dans la tradition de ces ouvriers artisanaux ou manuels qui cassaient les machines qui les privaient de leur gagne-pain, de ces mouvements ouvriéristes qui s'organisaient en sociétés secrètes dont certaines sont allées jusqu'à perpétrer des attentats...
      "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

      Commentaire


      • #4
        oui Benam, et ce faisant, ils utilisent l'Islam. Mais tellement mal qu'ils le mettent dans la boue et tous les musulmans paient un peu pour cette folie.

        Commentaire

        Chargement...
        X