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Abdelghani Youmni, économiste: «Le Maroc est une base arrière de l’industrie low cost française»

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  • Abdelghani Youmni, économiste: «Le Maroc est une base arrière de l’industrie low cost française»

    L’économiste Abdelghani Youmni nous livre son analyse de l’action gouvernementale et ses recommandations pour une société plus égalitaire. Les priorités d’après lui : la réforme de l’éducation et de la fiscalité.

    L’heure est au bilan pour Abdelilah Benkirane. Au tour de ses adversaires de présenter leurs programmes, mais surtout leurs promesses. Le débat politique, marqué par les joutes verbales et la prééminence du « tahakoum », n’aborde que peu les choix de politiques publiques à mener. Abdelghani Youmni, professeur d’économie et de management public à l’université Mundiapolis de Casablanca et à l’Institut d’études politiques de Bordeaux, s’en désole. Dans cette interview, il nous livre sa recette pour redresser l’économie marocaine. Cet économiste politisé est aussi secrétaire de la section casablancaise du parti socialiste français. Il évoque quelques-unes de ses idées pour diminuer les inégalités, en rationalisant les subventions, notamment.

    Telquel.ma : Comment qualifieriez-vous la situation économique actuelle ?

    Abdelghani Youmni : En résumé, notre économie reste trop dépendante de nos besoins énergétiques et alimentaires, ce qui rend notre balance commerciale déficitaire en permanence. L’économie marocaine est à la merci de la demande intérieure et de la pluviométrie. En matière de politique économique, les transferts sociaux et les subventions sont aveugles, ils ne bénéficient pas aux couches sociales les plus démunies mais à l’ensemble de la population marocaine. Il faut faire le choix d’un interventionnisme éclairé, appelez-le keynésianisme si vous préférez.

    Quel bilan faites-vous de la politique économique menée ces cinq dernières années ?

    Abdelilah Benkirane n’a pas atteint son objectif, qui était d’assurer les conditions nécessaires à un sentier de croissance forte, inclusive et durable. Il avait promis un taux de croissance entre 5 % et 6 %, elle est de moins de 4 % en 2015, de ramener le chômage de 11 % à 8 %, il est de 10,6 %, et de baisser le taux de pauvreté de 8 % à 4 % alors qu’il est de 11 % aujourd’hui.

    Tout n’est pas de sa faute, mais ce que j’impute à ce gouvernement, c’est son immobilisme et le manque de réformes économiques. Seules des mesurettes ont été prises. Le manque de cadres et de technocrates dans ce gouvernement, sans vision globale, l’explique sans doute. Hormis la santé, je n’ai remarqué aucun changement notable pendant ce quinquennat.

    Il y a eu des déclarations populistes contre les rentiers de l’État, le clientélisme, les fonctionnaires fantômes, mais elles n’ont pas été suivies d’effet. Le train de vie d’une certaine oligarchie, les abus de position, certains agréments, le pillage des sables et de la richesse halieutique défiscalisés se poursuivent.

    Mais que retenir de ces cinq dernières années alors ?

    Le bilan économique ne commence que fin 2013 avec le départ de l’Istiqlal. Ce bilan est succinct : l’indexation des produits pétroliers sur le prix du baril, la concrétisation de la mise en place des métiers mondiaux du Maroc, mais il s’agit là d’une volonté royale, tout comme l’aéronautique, l’automobile, les chantiers structurants autoroutiers et portuaires et l’offshoring.


    Mis à part la concrétisation des volontés royales, le gouvernement n’a-t-il donc rien fait de positif ?

    Si, la contribution libératoire, qui a permis de récupérer au moins 27,8 milliards de dirhams et la réforme des retraites, juste et nécessaire.

    En tant que socialiste, vous devez être satisfait de la décompensation, permettant de mieux cibler les aidés, non ?

    Bien sûr qu’il faut décompenser et ensuite cibler les bénéficiaires des aides, comme cela a été fait au Brésil ou en Iran. Ce qui a été réalisé jusqu’à présent est bien mais le gouvernement a échoué parce qu’il n’a pas fait une vraie et courageuse réforme de la caisse de compensation. Il faut numériser l’état civil et créer une agence d’allocation et d’inclusion sociale pour attribuer les subventions et éviter la tricherie et ainsi pouvoir distribuer des allocations monétaires pour le logement, l’éducation et la santé. L’urgence absolue est d’instaurer une sorte de minimum vieillesse pour les gens qui ne peuvent pas toucher de pension de retraite parce qu’ils n’ont jamais ou pas assez travaillé.

    Soyons réalistes : le montant de la charge de compensation peut-il suffire à financer l’ensemble de ces subventions ?

    Non, mais nous avons, en revanche, de nombreuses niches fiscales en jachère, qui concernent aussi bien les riches que les pauvres, puisque beaucoup de personnes riches et pauvres travaillent dans l’informel. Les niches se trouvent partout, dans l’immobilier et l’agriculture, mais aussi dans le tourisme à l’étranger, avec un nouveau phénomène non négligeable. Les Marocains en voyage à l’étranger se font détaxer leurs marchandises, mais ne déclarent pas à leurs achats à leur retour, et donc ne paient la TVA nulle part. Il faut aussi instaurer un impôt progressif sur les grandes fortunes, qui prend en compte les biens et les revenus immobiliers, les placements financiers et les liquidités.

    Cette réforme fiscale courageuse doit toucher positivement la classe moyenne par le biais de dégrèvement de l’impôt sur le revenu. Cette classe est aujourd’hui le parent pauvre de la fiscalité et de l’impôt injuste. Nombreuses sont les familles qui travaillent dans le secteur formel, mais doivent payer un gros chèque pour mettre leurs enfants dans une école privée. On peut imaginer que l’État offre une prestation indirecte à ces familles en diminuant l’impôt sur le revenu. Une sorte d’effet de levier : de la justice sociale contre l’injustice fiscale.

    Vous parlez de subventions de l’éducation. Vous êtes donc pour sa privatisation ?

    Même si je défends le service public, la privatisation de l’éducation est inévitable puisque l’Etat ne peut pas à lui seul la financer. En revanche, on peut l’accompagner par des partenariats publics-privés (PPP), dans lesquels on peut imaginer que l’État mette un foncier à disposition, propose une fiscalité avantageuse, limite les prix et exige la qualité.

    Pour la qualité, de la formation professionnelle notamment, je suis favorable à la venue de patriciens et d’enseignants étrangers qui viendraient former des ingénieurs et des techniciens : des personnes que l’on payerait pour former de nouvelles ressources humaines, puisque c’est ce dont nous manquons, le Qatar et les Emirats arabes unis le font déjà. Le Maroc ne compte que 30.000 ingénieurs. La Chine en forme 1 million par an, l’Inde 500 000 et la France 40 000 ! La réforme de l’éducation, avec celle de la fiscalité, sont interdépendantes, urgentes et indispensables pour le Maroc.

    A-t-on assez mis le turbo sur l’industrie ?

    On va dans le bon sens mais notre industrie n’est pas assez intégrée. Nous manquons de clusters, de centres universitaires de recherche et développement et de ruches scientifiques imbriquées. Prenons l’exemple de l’automobile. L’ambition est de créer 175 000 emplois dans ce secteur d’ici 2020. Ceci ne peut être possible que s’il y a une vraie synergie entre Renault, Peugeot, les équipementiers marocains et étrangers et notre système de formation professionnelle et académique. Or, pour le moment, même si Peugeot veut construire ses moteurs au Maroc, le capital humain nécessaire reste très insuffisant, voire inexistant.

    Le Maroc se retrouve être une base arrière de l’industrie low cost française, comme le Mexique l’est pour les États-Unis. Est-ce gênant ? Non, mais cette colocalisation est incomplète. J’aimerais davantage un modèle Japon-Taïwan avec un vrai transfert de savoir-faire. Les industriels européens ne jouent pas assez le jeu du transfert de compétences et des technologies et les Marocains ne sont pas assez exigeants. En somme, nous avons une industrie plus taylorienne que fordiste.

    Que pensez-vous des plans sectoriels : de leur contenu mais aussi de leur élaboration par des cabinets de consultants extérieurs ?

    Le plan émergence est une bonne chose. Concernant le plan Azur, on peut dire que notre politique touristique ne fonctionne pas, en témoigne le nombre de ministres du tourisme, plus de 32 depuis 1956. Le plan Maroc vert, même s’il contient des ratés, est plutôt positif. Il est vrai qu’on aurait du élaborer ces stratégies avec une dose de cabinets, une dose de technocrates et une dose de politiques. Mais le véritable problème est qu’il n’y a pas d’évaluation de toutes ces politiques publiques. D’ailleurs, par qui les faire évaluer ? McKinsey ne pourra pas critiquer la stratégie qu’il a élaborée !

    Vous avez évoqué la contribution libératoire, que pensez-vous de la convertibilité du dirham ?

    Je pense que le drame de l’Afrique de l’ouest est le franc CFA, parce qu’il est directement convertible en euro. Cela a permis à beaucoup de personnes de faire de l’évasion monétaire en Europe. La non convertibilité du dirham pour les particuliers permet à la richesse de profiter au Maroc, mal certes, mais une large partie de la valeur ajoutée reste confinée dans le pays.

    Bien sûr qu’il faudra une convertibilité, mais pas tout de suite, seulement quand nous aurons une maturité économique et une confiance des investisseurs étrangers et locaux. Souvent, convertibilité et démocratie sont corrélées.

    telquel

  • #2
    @ soufiane

    Sans vouloir sortir du sujet ..enfin pas trop
    Comment ,en tant qu'observateur , voit tu ces élections ? Est ce que le climat propagé par le palais royal ne risque pas de les faire tourner au vinaigre ?

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    • #3
      Si je peux repondre;
      Le champ politique marocain n'offre aucune alternative digne au.pjd.sinon je suis sur qu'il ne passera pas.
      Le pam n'aurait jamais scoré autant sans l'interieur.
      La multitude des partis empeche la majorité.
      Nabila mounib aurait pu convaincre si elle investissait plus le terrain et mit en sourdine son coté feministe,ceci car la gauche traditionnel est reelement parti en cacahuete.

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      • #4
        Sans vouloir sortir du sujet ..enfin pas trop
        Comment ,en tant qu'observateur , voit tu ces élections ? Est ce que le climat propagé par le palais royal ne risque pas de les faire tourner au vinaigre ?
        Franchement c'est difficile de prévoir quoique ce soit pour ces élections. Est ce que le PJD se maintiendra au mm niveau que les précédentes élections, reculera t'il ou avancera en nombre de sièges? Le seul vrai truc qui risquera de les faire reculer c'est la réforme des retraites, ils ont touchés aux salaires des fonctionnaires et ça aura probablement un impact difficile à estimer pour le moment. Je connais une épouse d'un membre du PJD qui m'a dit qu'elle votera contre le PJD sans le dire à son époux, justement car ils ont osé toucher à son salaire et son age de retraite, elle a votée PJD la première fois. Le PSU je crois ils pourront faire une percée, c'est possible, suffisante pour leur donner qq sièges qu'ils utiliseront pour faire de l'opposition frontale par la suite ce qui fera de l'ombre aux autres partis, mounib a de la gueule.

        L'abaissement du seuil électoral à 3% risque d’émietter encore plus les résultats de ce scrutin, il faut voir à quel point ca impactera la distribution des sièges entre partis. Cette fois chabat semble prêt à faire alliance avec le PJD, donc une alliance PJD+PI+PPS+autres en gouvernement ou PAM+RNI+USFP+MP (plus ou moins l'ancien G8). Le PAM par contre s'il passe en première place, c'est possible que les PJD feront un ras le bol comme a fait chabat les dernières élections contre l'intérieur, mais je pense que ce sera passager et ils rentreront dans l'ordre, ils s'imposent la ligne rouge de ne pas affronter directement le palais, benky l'a dit clairement, et même kabbaj le salafi n'a pas daigné passé en justice contre son exclusion par respect au Roi cette frange d'islamiste croient vraiment à imarat al mouminin il me semble!

        Si le PAM ne passe pas premier par contre, il faut voir s'il pourra se maintenir sans fracture jusqu'aux prochaines élections, c'est un parti bourré d'arrivistes et ce genre de personnes n'ont pas la capacité d'attendre longtemps en opposition sans "bouffer" quoi que ce soit.

        Pour la dernière sortie de casa, anti PJD, c'est prouvé que l'intérieur est derrière, les gens le disent clairement sur les vidéos, je pense que le palais tape sur le PJD pour deux raisons: Il a peur qu'il grandit, qu'il gagne en popularité et domine la scène, le palais a toujours détesté les partis qui dominent depuis 56. Des politiques de l'époque disent que Hassan 2 été heureux et a même stimulé la sortie de l'USFP du PI, et il a enchaîné dans ce sens par la suite. Le PJD est maîtrisé par benky, qui est probablement un agent ou au moins il est préféré par le mekhzen car il est prêt à céder et n'affronte pas le palais, mais malgré ca si le PJD grandit cela ferai de l'ombre au palais et il le voit clairement comme un danger. Le second point très important, c'est personnel je crois, M6 n'aime pas les islamistes, on a vu el hima et mezouar boire de l'alcool à qatar, c'est des gens de la bouteille, M6 aussi surement, et M6 a dit à l’ambassade US (wikileaks) qu'il n'aimait pas les islamistes, M6 s'habille en ado occidental dans ses selfies, il boit, je ne sais s'il fume encore, il aimait la zik et le rai, c'est claire que le type est anti islamiste, sa façon de vivre l'est aussi. De plus ils font de l'ombre à son pouvoir de amir al mouminin. Ce qui explique cette animosité du palais contre le PJD malgré que le parti semble bien maîtrisé et lui fait allégeance presque totale.
        Dernière modification par soufiane-oujda, 25 septembre 2016, 02h00.

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        • #5
          l'image de bad boy de M6 est calculée c évident !
          ce n'est pas nécessairement un mode de vie..qd bien même le gars aimerait la bouteille.. on a l'impression que ses apparitions sont à chaq fois des messages.. dont celle où il tombe la chemise en europe pendant la visite de Mr Ban

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          • #6
            L'industrie automobile est sur la bonne voie il faut persévérer.

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            • #7
              l'image de bad boy de M6 est calculée c évident !
              Les selfies en masse avec des citoyens ordinaires c'est calculé oui, mais son style vestimentaire c'est une vraie catastrophe. Ca ne colle ni avec notre culture, un homme dépassant les 50 ans doit être zen, et non pas s'habiller en ado en manque de je ne sais quoi, ca ne colle pas non plus avec l'image d'autres princes et rois, il suffit de comparer avec le style vestimentaire des princes anglais charles et william par exemple qui ont du style et de la classe ....

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              • #8
                Abdelghani Youmni, économiste: «Le Maroc est une base arrière de l’industrie low cost française»
                Ben il faut fermer toutes ces usines et ouvrir des laboratoires de nanotechnologies et des entreprises de conception de voitures électriques .............

                Pfffff ; je ne vois pas l'utilité de telles sorties lorsqu'on sait qu'on est dans un pays du tiers monde qui a toujours un rang à 3 chiffres dans là majorité des classements internationaux .
                " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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                • #9
                  Ca ne colle ni avec notre culture, un homme dépassant les 50 ans doit être zen, et non pas s'habiller en ado en manque de je ne sais quoi,
                  pourquoi se montre-t-il comme ça ?

                  c cela qui est important..

                  pour moi il se construit une image de roi rebelle qui sort du rang (par rapport aux anciennes alliances du royaume).

                  d'un autre côté, c une image qui le rapproche de la jeunesse..

                  c populiste mais c une "proximité" qui marche bien chez les gens..

                  Commentaire


                  • #10
                    les rapports au roi ont changé au maroc...
                    autant son père était l'indiscutable père fouettard autant M6 met en place un pouvoir économique.. avec moins de culte de la personne..

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                    • #11
                      Thanks soufiane
                      J'ai pas grand chose à rajouter mis à part le niveau internationale et le contexte qui va avec
                      Les pays du golfes sont farouchement opposés à ce type de courant ( pjd) et la France s'est lancé dans une sorte de croisade qui par nature ne peut pas exclure ses ex colonies
                      Ça fait beaucoup d'ennemis pour le pjd , il doit jouer très fin si il veut pas se retrouver écarté de grès ou de force

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                      • #12
                        Dans tout ça ,c'est le degré de tranparence de ce genres d' elections qui est determinanant pour l'avenir.C'est dangereux ,je suppose , pour le palais de laisser faire à 100 % mais à combien la chose est jouable pour tous les acteurs ?
                        une pensée n’existe vraiment que si elle est comprise.

                        Commentaire


                        • #13
                          Le pjd peut vanter la popularitéé qu'il veut il ne s'approchera jamais de celle du Roi

                          Et benki le sait tres bid
                          toute attaque frontalee avec le palais sera suivi dun effondrement de popularité

                          Bcp d'electeurs du pjd de 2011 ne vont plus voter pour lui en 2016
                          mais bcp d'electeurs qui n'ont pas voté pour lui en 2011 vont le faire en 2016

                          Parceque c'est le moins mauvais des choix
                          .
                          .
                          ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
                          Napoléon III

                          Commentaire


                          • #14
                            e pjd peut vanter la popularitéé qu'il veut il ne s'approchera jamais de celle du Roi


                            La popularité du roi repose essentiellement sur son rôle de pilier de l'unité nationale
                            Celle du pjd est construite sur la lutte contre l'autoritarisme , les passes droits , la corruption ect

                            Hors quand les médias du palais taclent a longueur de journée le pjd ou que ce dernier organise une manif honteuse ....c'est le roi lui même qui se fait gardien de la corruption et du système d'hier
                            Ces deux popularité sont contradictoires et s'oppose , ce qui n'est pas une bonne chose pour le pays

                            Commentaire


                            • #15
                              Benki c un agent du Roi

                              et le logo PJD c pour le prétendue électorat islamique

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