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    Salut!

    Dans cette rubrique je propose aux forumeurs passionnés d'écriture de soumettre leurs textes au jeu de la critique littéraire et à trouver un titre au texte. Je rappelle, critiquer les textes et non les auteurs

    Je commence. C'est un dialogue entre un ver et un serin.

    《- Pourquoi les hommes marchent-ils verticalement ? Demande le vers. Nous sommes
    bien, calés contre le sol, la reptation c'est plus stable.

    - Le serin répond. Eh ben! Ils trouvent ça plus vif. D'ailleur, je les entend des fois dire de quelqu'un qui est assis "il est debout" tout bêtement parcequ'il ne dort pas.
    Ils disent aussi que ramper est une forme de servilité et de soumission.

    - C'est quoi servilité et soumission ? Demanda le ver.

    - Servilité! répondit le serin, on n'a pas ça chez nous, c'est pour ça que tu ne connais
    pas. Mais il faut juste savoir que les hommes ne sont pas comme nous, ils pensent eux.
    Ils produisent des idées, construisent des raisonnements et sont même capables de
    pensées abstraites.

    - Mais tu ne m'as toujours pas expliqué ce mot servilité, s'impatienta le ver, toi qui a
    longtemps vécu en compagnie de l'homme.

    - Mon cher, quand l'homme pense, inévitablement il doute et quand il doute, ça va de soi, il suspend son raisonnement, donc il n'est plus aussi sûr qu'il voudrait l'être, répliqua le
    serin. Tiens, sais-tu ce que les hommes ont en commun quand ils se rencontrent ?

    - Ça, je crois savoir, tous les deux cherchent à savoir comment se porte l'autre, et je
    pourrai même te dire pourquoi ils font ça. Répondit le ver.

    - Ah bon ! S'exclama le serin.

    - Oui, en se rencontrant, chacun veut être sûr de qui est le plus fort, afin de ne pas être
    écrasé. Enchaîna le ver.

    - Tu n'as pas vraiment tort, dit le serin, je n'ai pas vu la chose du même coté, mais il y a de la vérité dans ce que tu dis. Moi j'aurai tendance à avancer que leshommes ont en
    commun un sentiment qu'ils appellent confiance, et chacun décide à qui il va faire
    confiance et en qui il va douter. Il arrive même, comble de l'abération, que l'homme
    puisse douter de sa personne. Et comme tu l'as si bien dit, quand l'homme doute de sa
    force par rapport à une autre personne, il succcombe à la servilité, se soumet et du coup, se met à ramper aux pieds du plus fort.

    - Mince alors! Moi je ne pense pas, je ne doute pas et je ne sais même pas ce que c'est
    la confiance et la servilité et pourtant je rampe. S'exclama le ver.

    - Toi, tu rampes par fonctionnalité, répond le serin, parcontre l'homme épouse le sol par
    trébuchement.

    - Là je t'arrête. Comment ce même homme peut-il être capable, à la fois, de penser et de trébucher ?

    - Tu t'imagines! Et bien, le fait de penser, de construire un raisonnement et de lier des
    propositions pour aboutir à une conclusion, handicape grandement le rapport entre
    hommes. Je m'explique. Il m'arrive de me battre contre un autre oiseau pour un grain.
    Des fois je prend le dessus et des fois je prend des becs. Comme nous sommes
    dépourvus de raisonnement, une fois la prise de bec passée, selon une expression
    humaine, nous oublions. Chez l'homme ça ne se passe pas de la même façon.
    Lui, n'oublie pas, se soumet à un exercice de supputation et décide de la suite des
    actions. Quand un homme est aux prises avec son semblable, il ne lâche pas prise aussi facilement. Et comme il a de la suite dans ses idées, il va emettre une conclusion. L'un
    va conclure que le vaincu va s'en souvenir et se venger. L'autre va déduire que le
    vainqueur imbu de sa force ne va plus s'empêcher de lui porter d'autres attaques.

    - Mais ça ne va pas finir, si chacun se met à produire des supputations. S'inquiéta le ver.

    - Détrompes-toi. Si les hommes se mettent en état d'opposition, c'est pour mieux se
    juger, car l'homme juge à tout bout de champ. Il ne peut s'en passer de juger. Et dis toi
    bien que si les hommes se jugent entre-eux selon certains caractères, c'est pour
    mieux se différentier alors que réellement ils ne peuvent être que semblables.
    Les hommes s'attribuent toutes sortes de caractères. Ils se disent méchants, bons,
    égoïstes, altruistes, lâches, courageux, passionnés, cartésiens, espiègles, naïfs, mais oublient qui ils sont réellement.
    Je m'explique. Qui est le méchant ? C'est celui qui, intentionnellement commet un acte
    contraire aux règles de comportement communément admises par les hommes. Qui est le bon ? C'est quelqu'un qui agit en accord avec ce que les hommes admettent comme
    vertu. L'égoïste veut tout pour lui, l'altruiste aime partager. Le lâche rechigne à se faire
    mal, le courageux prend des risques. Le passionné privilégie son coeur, le cartésien
    préfère son cerveau. L'espiègle calcule, le naïf compte. Tout ce beau monde ne fait que se plier au dictât de leur intellect qui leur construit un raisonnement conforté par une suite d'arguments qu'il pose pour logiques.
    Les hommes ont la singularité de fonder leur raisonnement à partir de postulats qu'ils
    doivent admettre pour vrais avant de raisonner.

    - Si je comprend bien, ils se mettent à priori d'accord sur ce qu'ils vont déduire de leur
    raisonnement.

    - Les hommes sont doués d'intelligence. Ils ne prennent pas l'information comme nous,
    toute crue, ils la traitent eux. Par exemple, nous mangeons notre nourriture telle qu'on la
    trouve, mais l'homme la modifie, la met à son goût. Pareil avec l'information, l'homme ou plutôt son cerveau l'adapte à sa compréhension, fait de sorte qu'elle lui soit connue.
    Je m'explique. L'homme s'estime l'obligé du binôme - connu / inconnu. L'homme croit
    connaître bien sûr tout ce qui est connu, et dans ce cas on parle de connus connus.
    Aussi, l'homme sait qu'il y a des choses qu'il ne connaît pas et ici il s'agit d'inconnus
    connus.

    - Oui le connu j'arrive à me le représenter et je sais ce que je connais. Mais comment
    savoir qu'on ignore quelque chose.

    - C'est facile. Ramenons l'affaire à notre niveau. Ce que nous connaissons c'est ce qui se passe devant notre vue. Ce que nous ignorons, c'est ce qui se passe hors de notre vue. Nous savons qu'il s' y passe des choses, mais nous ne savons pas quoi. Mais pour
    l'homme, ça ne se résume pas seulement à la vue.
    Mais ce que l'homme semble ignorer, ce sont les inconnus inconnus.

    - Là tu commences à m'embrouiller. Je sais que je te connais car je te vois. Je sais aussi que j'ignore ce que tu as dans ton bec puisque je ne le vois pas. Alors comment
    représenter ta troisième proposition, c'est quoi les inconnus inconnus ?

    - On s'est entendu que l'homme doute, postule, suppute et prouve. Dans ce processus, il passe de l'inconnu au connu. Mais ce processus est altéré par le postulat, l'hypothèse.
    Le postulat non démontrable supposé vrai oriente et conditionne la démonstration et de
    ce fait ne fait que dévoiler un inconnu.》

    A suivre..
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