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Match Hillary Clinton vs Donald Trump : 1 partout

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    Match Hillary Clinton vs Donald Trump : 1 partout



    Issue très incertaine d’une campagne qui n’a plus de favori.

    Le premier débat télévisé entre les deux candidats à l’élection présidentielle américaine dans six semaines a eu lieu pendant quatre-vingt-seize minutes près de New York le soir de ce lundi 26 septembre 2016, ce qui faisait, avec le décalage horaire, en pleine nuit en Europe.

    La situation avant ce débat était la suivante : la candidature du milliardaire Donald Trump au politiquement incorrect, aussi invraisemblable qu’elle soit, est de plus en plus populaire. Tout le monde disait qu’il n’aurait aucune chance pendant les primaires républicaines, et finalement, très rapidement, il a pris l’ascendant sur la dizaine d’autres candidats, au grand dam de la direction du Parti républicain.

    En juillet 2016 encore, peu aurait misé sur la victoire de Donald Trump à l’élection générale. Et pourtant, malgré quelques évolutions contrastées dans les sondages, l’écart se resserre de plus en plus et la dynamique est en faveur de Donald Trump qui, par son comportement un peu rustre, peut épouser la colère des gens de la classe moyenne par un discours anti-système qui fait le bonheur de tous les populistes.

    Hillary Clinton, dont la culture politique et la perspective historique ont toujours été reconnues, qui s’est préparée à occuper la Maison-Blanche, qui a une expérience formidable en ayant pris la responsabilité de la diplomatie américaine pendant quatre ans (le premier mandat de Barack Obama), qui est intelligente, qui a le soutien de toutes les têtes pensantes, et même du camp d’en face puisque la famille Bush votera pour elle, avait tous les atouts pour gagner haut la main cette élection.

    Et pourtant, c’est de moins en moins probable. Déjà en 2008, on disait qu’elle remporterait à la fois les primaires démocrates et l’élection générale, et finalement, elle a été battue par Barack Obama. Même à ces primaires de 2016, cela a été laborieux pour elle avec la dynamique de Bernie Sanders.
    Il manque à Hillary Clinton cet élément un peu magique, qui permet de donner une dynamique électorale en sa faveur. Tout le monde se dit qu’elle va être élue et certains ne vont pas l’aider, ne vont pas se mobiliser, par manque de motivation, manque d’enthousiasme.

    Tandis qu’en face, Donald Trump a une sorte de baguette magique. Il est plus vieux que sa concurrente mais c’est lui qui l’attaque sur la santé, l’endurance, la forme physique (avec raison peut-être). C’est lui l’incompétent, l’inexpérimenté et il réussit à retourner ses handicaps en atouts en mettant Hillary Clinton dans le même sac que tous les gouvernements américains depuis vingt ans avec cette question que Marine Le Pen ne manquera pas de poser au futur candidat LR : pourquoi ne l’aviez-vous pas fait avant ?!
    Si ce premier débat a été réussi pour chacun des deux candidats, c’est parce que chacun a été bon. Donald Trump a évité de dire des bêtises ou des grossièretés. Mieux, il a insisté sur son côté "gentil", rappelant qu’il a très peu dépensé (pour l’instant) pour sa campagne tandis que son adversaire a payé des dizaines de millions de dollars de spots publicitaires pour le critiquer. Quant à Hillary Clinton, elle s’est montrée joviale, dynamique, elle a montré qu’elle était en forme et qu’elle savait même faire de l’humour (on lui reproche généralement d’être trop glaciale).


    Les boules puantes


    Cela n’a pas empêché les deux protagonistes d’envoyer des flèches empoisonnées, sur tous les sujets qui fâchaient l’autre, mais de manière courtoise et presque "gentille" ! D’ailleurs, chacun parlait à l’autre par son prénom (ce qui est très courant aux États-Unis), mais parfois, Donald Trump insistait sur la "Secrétaire Clinton" pour mettre en évidence qu’elle a été Secrétaire d’État et qu’elle était donc du pouvoir sortant. Hillary Clinton préférait regarder la caméra alors que Donald Trump lui regardait droit dans les yeux.

    Passons rapidement sur les "boules puantes". Donald Trump a parlé du manque d’endurance de son adversaire (référence à son malaise du 11 septembre 2016), aux emails diplomatiques envoyés depuis sa messagerie personnelle (33 000).

    Tandis que Hillary Clinton a parlé du prêt de 14 millions de dollars que le père de Donald Trump lui avait consenti pour démarrer sa carrière d’homme d’affaires, argument que le candidat républicain a retourné à son avantage en disant qu’il avait bâti sur cela un empire qui faisait plus d’un milliard de dollars.

    Hillary Clinton a réclamé aussi la publication de son avis d’imposition. Donald Trump a estimé qu’il ne pouvait pas le faire car il est en cours de contrôle fiscal et a évalué à 650 millions de dollars ses revenus annuels (ce qui est peu, dit-il). Hillary Clinton a beaucoup insisté sur le manque de transparence des revenus de son compétiteur, l’accusant de ne pas payer d’impôt fédéral, de ne pas être aussi riche qu’il ne le prétend, car il a beaucoup de dettes (3,5 milliards de dollars ?), et évoquant de possibles conflits d’intérêts avec la fonction présidentielle. Donald Trump s’est vu aussi reprocher d’avoir encouragé Vladimir Poutine à pirater les systèmes de renseignements américains et d’avoir refusé de reconnaître que Barack Obama était un vrai citoyen américain.


    Un vrai clivage entre deux Amérique

    Ce que je viens d’écrire est sur la forme, mais sur le fond, j’ose le dire ici, ce débat était de bonne tenue, presque tous les sujets brûlants ont été abordés, de manière plutôt constructive et il y a ainsi la révélation qu’il y a bien deux modes de pensée, deux perspectives qui s’affrontent. Donc, de façon inattendue, j’ai trouvé ce débat enrichissant.

    Sur le fond, les arguments populistes utilisés par Donald Trump sont les mêmes que ceux utilisés par exemple en France par le FN : bouh l’immigration (là, ce sont les Mexicains) ! bouh les délocalisations ! bouh l’insécurité ! bouh les terroristes ! bouh Daech ! bouh les impôts ! bouh la dette publique ! etc.
    Dans les propos de Donald Trump, il y a toujours "eux" et "nous". Le "eux", ce ne sont pas les "Arabes" mais les Mexicains. Il s’est opposé à l’immigration (voudrait construire un mur à la frontière et voudrait même qu’il soit financé par le Mexique !). Tout va mal aux États-Unis (il n’a pas vu la France !). Il a dénoncé les délocalisations des entreprises vers le Mexique, vers la Chine, etc.

    Il a proposé un programme économique résolument protectionniste. Instituer des taxes pour entrer sur le marché américain, et il a fait aux Américains le coup de François Hollande de 2012 : renégocier les traités commerciaux avec les partenaires américains. Là encore, la ficelle est la même que les populistes en France qui, eux, dénoncent l’existence même des négociations pour le Traité transatlantique (la peur et l’ignorance commandent toujours un réflexe identitaire de repli sur soi).

    Pour doper la vie économique, il a proposé de baisser considérablement les impôts des sociétés de 35% à 15%, et de déréglementer, réduire les réglementations. Il a dit un discours mille fois entendu en France (qui ne serait pas crédible pour des oreilles françaises concernant les États-Unis) qu’il y avait trop de barrages bureaucratiques pour créer des entreprises !

    Donald Trump a dénoncé l’immense dette publique évaluée à 20 000 milliards de dollars. A rappelé son opposition à la guerre en Irak qui a déstabilisé tout le Moyen-Orient et qui a déjà coûté 6 000 milliards de dollars selon lui, qui auraient été mieux utilisés en les injectant dans l’économie américaine.

    Un argument qui peut être convaincant aux États-Unis, c’est quand Donald Trump a clamé : « Il est temps que ce pays ait un leader qui connaisse l’argent ! ». On peut imaginer les réactions que cela produirait si un candidat à l’élection présidentielle disait cela en France mais aux États-Unis, il rappelle l’importance de la réussite mais surtout, de la prise de risque. En ce sens, en fustigeant que certaines entreprises de Donald Trump ont fait faillite, Hillary Clinton a une approche plus latine qu’américaine, en ce sens que pour les Américains, généralement, l’erreur est pédagogique et fait beaucoup apprendre (donc, la faillite d’une entreprise n’a rien de honte, c’est juste une expérience de plus).

    Le programme d’Hillary Clinton est diamétralement opposé : elle veut relancer l’économie par des énergies nouvelles (Donald Trump a rétorqué qu’il avait investi dans les plaques photovoltaïques et qu’il y a perdu beaucoup d’argent !). Elle veut augmenter les impôts pour les plus riches.

    Donald Trump a aussi accusé le gouvernement Obama de ne rien faire contre l’insécurité et a martelé plusieurs fois qu’à Chicago (ville de Barack Obama), il y a eu 4 000 personnes tuées par le grand banditisme depuis le début de la Présidence de Barack Obama et 3 000 fusillades depuis le début de l’année.

    En politique étrangère, Hillary Clinton a pris un avantage. Elle a attaqué son adversaire qui ne voudrait pas limiter la prolifération nucléaire, l’accusant de vouloir que le Japon ou l’Arabie Saoudite se dotent de l’arme nucléaire.

    Donald Trump a développé une doctrine profondément isolationniste en expliquant que les États-Unis protégeaient (entre autres) des pays comme le Japon, l’Arabie Saoudite et l’Allemagne, et qu’ils le faisaient gratuitement ! Ces pays ne contribuent pas à l’effort de défense américain pour les protéger alors que cela coûte cher ! En quelques sortes, il a réclamé le droit de demander une rétribution en compensation de la couverture nucléaire.

    Donald Trump a protesté contre l’accord avec l’Iran et s’est dit persuadé que l’Iran aurait bientôt la bombe nucléaire, crainte exprimée déjà par le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou. Quant aux risques nucléaires de la Corée du Nord, il a affirmé que c’était le job de la Chine de contenir ce pays.

    Au contraire, Hillary Clinton a voulu rassurer tous les partenaires des États-Unis en disant que le pays respecterait toujours tous ses engagements internationaux. Répliquant à Donald Trump qui doutait de sa capacité à négocier avec les autres pays, elle a pu rappeler son expérience, et son endurance, avec parfois des négociations qui duraient onze heures en continu, etc.


    Match nul ?

    Hillary Clinton a fait preuve d’humour et de compétences et Donald Trump a su se brider dans son expression. Il n’a dit aucune énormité, aucune grossièreté, il est resté posé et mesuré. Certes, Hillary est restée hautaine et sûre de sa supériorité intellectuelle. Et Donald, égal à lui-même, n’a cessé de se vanter, de vanter son entreprise (l’une des plus belles du monde !), un peu comme le faisait Silvio Berlusconi. C’est dire que ce premier débat ne départagera pas les candidats au poste de commandeur en chef du pays.

    Or, je considère que si Hillary Clinton n’initiait pas rapidement un événement favorable pour booster sa campagne, elle laisserait à Donald Trump le champ libre qui pourrait l’amener à sa victoire électorale. Pourtant, l’élection de Donald Trump n’a jamais été vraiment imaginée sérieusement. Pourtant, aujourd’hui, elle paraît quasi-probable.


    Ne pas sous-estimer le peuple libre-arbitre


    On a l’impression, à écouter les commentateurs, que l’histoire se répète sans arrêt. C’était le cas pour la première campagne de Silvio Berlusconi, supposé incapable de gagner et finalement, Président du Conseil italien deux mois et demi seulement après s’être lancé en politique (les similitudes entre Trump et Berlusconi sont nombreuses),

    On a dit la même chose pour le référendum du 23 juin 2016, que le Brexit était hors des hypothèses sérieuses. Tout comme un rejet du TCE le 29 mai 2005. Et après avoir couronné avant l’heure Édouard Balladur pour 1995 et Dominique Strauss-Khan pour 2012, les commentateurs français seraient-ils si aveugles pour ne citer qu’Alain Juppé, voire Emmanuel Macron en oubliant que le vent le plus dynamique fait d’abord avancer Marine Le Pen dans la course présidentielle de 2017 ?

    L’avantage des surprises dans les consultations électorales, c’est qu’elles démontrent l’intérêt des campagnes électorales et que les électeurs ne sont pas bloqués par les schémas proposés et largement alimentés par des sondages s’auto-alimentant. L’inconvénient, c’est qu’elles permettent aussi des aventures politiques qui peuvent se révéler catastrophiques.

    Deux autres débats auront lieu en octobre 2016 et également un débat entre les candidats à la Vice-Présidence des États-Unis.
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