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Maghreb : les ravages du débat politique français

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  • Maghreb : les ravages du débat politique français

    Ce sera la grande absente du débat des primaires : la politique étrangère. À gauche, à droite, chez les écolos. Ce devrait être de même pour le débat des présidentiables. Le théorème des communicants selon lequel ces affaires sont étrangères aux électeurs laissera dans l'ombre un volet essentiel : la stratégie diplomatique en Algérie, au Maroc, en Tunisie… Hormis le volet sécuritaire, le contre-terrorisme, qu'on laisse aux militaires et aux barbouzes, ces choses-là seraient trop sérieuses pour les confier aux politiques, on discutera des 3 I. : Identité, Islam, Immigration.

    L'époque de Chirac d'Arabie est révolue

    La nostalgie à l'égard de Jacques Chirac imprègne l'opinion publique arabe. De lui, il demeurera ad vitam le veto opposé à la guerre en Irak voulue par Bush junior et ses faucons. Il restera ces images à Jérusalem en 1996 d'un président bravant la police israélienne qui tenait brutalement à distance journalistes et Palestiniens. Chirac d'Arabie est né ce jour. En deux actes, l'un politique, l'autre humain, la politique française redevenait à l'écoute des souffrances endurées par les peuples arabes. Depuis, aucun président n'a su afficher une ligne diplomatique intelligible pour l'opinion publique arabe. Ni Sarkozy, malgré l'épopée libyenne qui a désormais un effet boomerang, ni Hollande, malgré l'engagement au Mali et au Sahel, n'ont su délivrer un cap intelligible. Faute d'une politique arabe limpide, le brouhaha politicien fait désormais figure de boussole.

    Les ravages du débat sur l'autre, l'étranger

    À 2 500 kilomètres de Paris et de ses plateaux médiatiques, difficile de reconnaître la France. Le charivari de déclarations sur la déchéance de nationalité, sur les binationaux, sur les immigrés et les migrants fait de la patrie des Lumières un réservoir de réactionnaires repliés sur leur lopin identitaire. « Nos ancêtres les Gaulois » de Nicolas Sarkozy a pour volonté de séduire les bastions FN, leur piquer des voix. Mais pendant ce temps, l'image de la France au Maghreb se dégrade, ternie par ce flot de querelles identitaires qui tourne autour des musulmans, de l'islam et des Arabes. La communauté française résidant en Algérie (35 000 personnes), au Maroc (30 000), en Tunisie (25 000) peine à reconnaître son pays. Difficile d'être fier de sa nation lorsque celle-ci s'embourbe dans des polémiques qui font d'Astérix la nouvelle Marianne.

    L'image d'une France qui se cadenasse

    Dans les années 1990, Chirac, Juppé, Séguin avaient mis en place un cordon sanitaire pour contrer Le Pen et ses idées. Ils avaient refusé toute porosité entre une droite extrême et l'extrême droite. Hormis une petite phrase sur les odeurs, Chirac n'a jamais transigé sur ces sujets. Sarkozy et quelques autres ont fait voler en éclats ce barrage. Désormais, une partie des Républicains dit à ses électeurs ce qu'ils ont envie d'entendre. La base devient la ligne idéologique. Et les Arabes, arrêtons de mettre des cache-sexe aux mots, deviennent le fantasme numéro un d'une des principales puissances mondiales. Ce qui ne sera pas sans conséquence sur l'influence de l'Hexagone de ce côté-ci de la Méditerranée. Les réseaux sociaux, premiers médias de la région, relaient les petites phrases des candidats. On partage les saillies, les propositions (qui relèvent parfois du concours Lépine de la démagogie), les accusations. Bref : la France ne sort guère grandie de cette séquence électorale qui s'éternisera jusqu'en juin 2017. Selon les résultats à la présidentielle et aux législatives, on sera inch'Allah fixé sur ce que veulent les futurs dirigeants du pays à l'égard du monde arabe. Ne pas oublier que les communautés algériennes, tunisiennes… sont très importantes sur le sol français.

    le Point
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