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La nouvelle suprématie américaine

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  • La nouvelle suprématie américaine

    C'est une vidéo de deux minutes et des poussières qui a été visionnée sur le Net des centaines de milliers de fois. On y voit des jeunes étudiants de la prestigieuse Stanford Graduate School of Business, visages lisses et sourires Colgate, répéter à l'envi la devise de leur école: Change Lives, Change Organizations, Change the World.

    Ce petit film prêterait à sourire s'il n'incarnait parfaitement l'esprit qui souffle sur la Mecque des universités américaines. Chaque année, cette machine à prix Nobel aspire des milliers de jeunes du monde entier, fascinés par l'usine à rêves de la Silicon Valley toute proche. Dès la fin de leurs études, la plupart irrigueront les start-up de Palo Alto et les géants de la Valley. Tous croient dur comme fer au mythe de l'Amérique inoxydable. Tous ont cette vision quasi messianique des Etats-Unis.

    Combien de fois a-t-on annoncé la chute de l'Empire américain? "L'hyperpuissance des Etats-Unis n'a duré finalement que de la chute du mur de Berlin à 2003, date à laquelle les Etats-Unis commettent une erreur stratégique énorme: l'invasion de l'Irak", explique Ali Laïdi, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques.

    L'émergence du rouleau compresseur chinois et le réveil de la grande Russie nationaliste ont fait le reste. "Les Etats-Unis peuvent encore user du privilège du dollar, de leur impérialisme juridique et financier, de leur domination technologique pour relancer leur économie. Mais ils ne peuvent plus réguler le capitalisme mondial. Ils restent la seule puissance stratégique mais ne peuvent plus ni gagner la guerre, comme l'ont montré les défaites d'Irak et d'Afghanistan, ni imposer la paix, comme le prouve le dépècement de l'Ukraine par la Russie", écrit l'essayiste Nicolas Baverez.

    Une reprise atypique

    Quel que soit le sexe du futur locataire de la Maison-Blanche, c'est une "Amérique Janus" qu'il devra piloter. Jamais les inégalités n'ont été aussi criantes, tandis que la pauvreté frappe 15% de la population, contre 11% en 2000. En même temps, jamais les géants comme Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft... n'ont paru aussi puissants.





    Sur les dix entreprises les mieux valorisées de la planète, toutes sont américaines, et quatre d'entre elles sont des mastodontes du numérique: en tête Apple, puis Alphabet (ex-Google) et Microsoft, qui trustent les trois premières places, d'après le dernier classement de PwC. La grande crise de 2008 est partie des Etats-Unis, mais le pragmatisme et la réactivité des politiques économiques lui ont permis de redécoller très rapidement.

    Reste que la reprise actuelle est totalement atypique, comme le décrit Florence Pisani, économiste chez Candriam: "Cette reprise est à la fois une des plus longues d'après-guerre mais aussi la plus molle." L'Oncle Sam fêtera son 87e mois de croissance consécutif en octobre alors que, en moyenne, les périodes d'expansion n'ont pas excédé soixante mois depuis 1945. De même, l'activité est aujourd'hui supérieure de 15% par rapport au creux de juin 2009 tandis que, au même stade du cycle lors des reprises précédentes, le rebond pouvait atteindre 25%.

    Le "corporate America" n'a jamais été aussi puissant




    Répartition par pays des 100 plus grosses capitalisations boursières mondiales.Source: PwC.


    La cause de cette atonie: un investissement des entreprises faiblard (5% de croissance en moyenne sur les six dernières années, contre 10 à 15% de progression dans les précédentes phases de reprise), malgré des profits record. "C'est un peu comme si le progrès technique n'avait plus autant d'effet d'entraînement sur l'activité qu'avant. Le vieillissement de la population, la détérioration de l'éducation de base, l'alourdissement de la dette publique, l'accroissement des inégalités pèsent structurellement sur la croissance potentielle du pays", affirme l'économiste Michel Aglietta.

    Bienvenue dans le monde du pouvoir intelligent

    Et si tout simplement les outils statistiques, les thermomètres, n'étaient pas suffisamment sophistiqués pour prendre réellement la température de cette économie, au coeur d'une révolution technologique sans précédent? De fait, la puissance américaine n'est plus hard ni soft, mais smart. Bienvenue dans le monde du "pouvoir intelligent", selon l'expression du spécialiste en relations internationales Joseph Nye. A l'ère du capitalisme cognitif, la suprématie américaine est incontestable.

    La reprise la plus lente de l'après-guerre




    Comparaison des phases d'expansion depuis 1945. Source: Réserve fédérale de Minneapolis, Candriam.


    "Dans la plupart des technologies clés, à savoir le big data, l'Internet des objets, le séquençage du génome, la cybersécurité, les technologies spatiales et de transport, l'avantage des Etats-Unis est considérable", explique Bernard Benhamou, le directeur de l'Institut de la souveraineté numérique.

    L'an passé, les Etats-Unis ont déposé presque 58000 demandes internationales de brevets, pratiquement deux fois plus que la Chine. Huit des dix plus grandes entreprises de la planète qui travaillent sur le véhicule autonome sont américaines. Près de 439.000 serveurs se trouvent sur le sol américain, soit deux fois plus que ceux des neuf États qui les suivent; 38% des data centers y sont également installés.

    "La suprématie américaine sur Internet est manifeste à tous les niveaux: infrastructures physiques, avancées techniques, recherche technologique, poids économique et, surtout, influence réglementaire", observe Frédérick Douzet, professeur de géopolitique à Paris 8 et titulaire de la chaire Castex de cyberstratégie.

    Les inégalités minent le pays




    Revenu moyen des ménages américains, base 100 en 1975. Source: Thomson Datastream, BEA, Federal Reserve Bank of Saint Louis.


    Les Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et leurs petits-cousins les Natu (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) avalent le monde, rachetant à coups de centaines de millions de dollars des start-up inconnues. Ils en ont les moyens: 1000 milliards de dollars de réserves pour les seuls Gafam. Uber, qui ne veut pas se faire distancer par Google et Tesla dans la course à la voiture connectée, aurait mis dernièrement sur la table, d'après Bloomberg, 680 millions de dollars pour racheter la pépite Otto, une start-up de 91 salariés qui a développé un kit pour transformer n'importe quel poids lourd en véhicule autonome.

    Dans cet écosystème reliant commande publique, recherche privée, start-up et grands groupes, Washington veille au grain. In-Q-Tel, le fonds d'investissement de la CIA doté de 30 milliards de dollars, serait présent au capital de plus d'une centaine de start-up, dans les secteurs aussi sensibles que les nanotechnologies, les biotechs, les logiciels d'analyse ou les infrastructures de réseaux. "Les liens entre la CIA et les start-up ne servent pas seulement la sécurité des Etats-Unis, mais assurent aussi sa puissance économique", conclut Ali Laïdi (Iris).

    La bataille avec le géant chinois ne fait que commencer.

    Béatrice Mathieu
    L'Express
    Dernière modification par zek, 05 octobre 2016, 10h17.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Après le déclin des industries classiques américaines ( notamment automobile) tous le monde voyaient le déclin des USA
    Mais il faut bien avouer qu'ils ont su rebondir avec panache sur le créneau des nouvelles technologies ,qu'ils dominent outrageusement sur une bonne partie du monde
    Maintenant ces technologies vont détruirent énormément d'emplois notamment dans les services , ce qui va être compliqué à gérer pour eux et pour nous un plus tard

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