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La base américaine secrète en Algérie: Comme si vous y étiez

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  • La base américaine secrète en Algérie: Comme si vous y étiez

    Le Canard enchaîné a livré, dans sa dernière édition, une révélation sur une base américaine secrète en Algérie.

    L’information est très importante, encore que décalée. Elle a le mérite de lever un black-out sur cette question, observée avec rigueur, autant par la presse algérienne, pour les raisons évidentes que l’on sait, que par la presse française, qui ne s’intéresse à nos histoires que dans la mesure où elles pourraient les concerner directement.

    Iherhir n’est pas Tamanrasset…

    Le problème, dans cet article du Canard enchaîné, est que les informations qu’il donne ne sont pas tout à fait exactes.

    En fait, j’avais déjà traité de ce sujet en 2008, dans mon ex blog, Tahia bladi, aujourd’hui perdu. Dans les articles que j’avais publié sur cette affaire de base secrète américaine, j’avais donné des indications très précises, sur l’emplacement de cette base, sur la société qui l’avait réalisée, sur certains opérateurs qui ont été impliqués dans sa réalisation technique, sur les cercles qui ont pesé sur la lourde décision de son implantation, à l’insu du peuple algérien.

    J’avais bien précisé qu’il ne fallait pas confondre cette base, avec l’antenne de la CIA qui se trouvait à Tamanrasset, au niveau de la base aérienne.
    C’est dans cette confusion qu’est tombé le Canard enchaîné.

    Cette antenne américaine, n’a jamais été vraiment secrète. Elle avait été installée au début des années 90, masquée par l’opération qui consistait à allonger la principale piste d’atterrissage de Tamanrasset, qui devait éventuellement servir de voie de dégagement d’urgence pour la navette Coloumbia. C’est à la faveur de ces travaux, financés par les USA, que la « station d’écoute », pour reprendre les vocables officiels, fut installée à l’intérieur d’une caserne de l’armée algérienne, où se trouvaient déjà ceux de la DRS.

    Le nombre des agents américains qui se trouvaient dans cette structure avoisine la dizaine de personnes. Le chiffre de 400 agents, avancé par le Canard enchaîné, est tout à fait invraisemblable. Il est tout à fait inimaginable que tant d’agents puissent passer inaperçus, des années durant, dans une ville comme Tamanrasset, où tout se sait. Cette station d’écoute, dispose d’un matériel très sophistiqué, capable de capter des conversations, mêmes codées, à une très longue distance. Chose que le régime algérien cache à tous ses voisins, et au peuple algérien.

    Je crois que le Canard enchaîné a été induit en erreur, en citant ce chiffre, par une circonstance un peu particulière. Parce qu’effectivement, la vraie base secrète, celle d’Iherher, qui n’a jamais été vraiment opérationnelle, a dû accueillir, dans l’urgence, et avant même qu’elle ait été achevée, 400 Marines qui venaient d’une base américaine en Allemagne, et qui se rendaient au Mali, pour une opération dont on ne sait rien. les aéronefs qui les transportaient se sont posés sur la piste d’Iherher, d’ou les Marines ont été acheminées, de nuit, vers le nord du Mali.

    Construire une base est aussi facile que de créer l’AQMI …

    Mais qu’en est-il, en réalité de cette base américaine d’Iherher ?
    Cette base, aujourd’hui démolie en grande partie, avait été projetée par les concepteurs néocons qui avaient commencé par envisager la politique du Grand Moyen Orient, puis celle, plus réaliste, de l’Africom.

    Le Sahel, avait fini par s’imposer comme une région d’une grande importance géostratégique. Des gisements très importants y avaient été décelés, ainsi que dans les pays limitrophes. La Chine, qui avait compris que c’était là, la seule région pétrolifère où elle pouvait enfoncer un coin, avait commencé à s’installer en Afrique. Et tout particulièrement au Soudan. D’où le tollé sélectif soulevé par la guerre du Darfour. Des condamnations, du même type que ceux qui concernaient le Tibet, axés sur une politique d’endiguement de la Chine(Containment).

    Les Américains étaient tout à fait déterminés à faire main basse sur cette région, de la même manière qu’ils contrôlaient le Golfe et le moyen Orient, à fortiori que le Sahel se révélait un centre stratégique pour le futur. Situé au vrai centre du monde géographique, allant du Canal de Suez jusqu’à l’océan atlantique, ce couloir pétrolifère, sera appelé à devenir, dans l’imagination des futurologues américains, la vraie frontière extérieure entre l’Europe et l’Afrique. Une région tampon, qui sera déterminante dans les flux migratoires.
    Pour cela, et d’autres raisons encore, les Américains décidèrent de créer l’Africom, sous des prétextes philanthropiques qui seraient ridicules s’ils n’étaient cyniques.

    L’Africom aurait donc mission de veiller à la sécurité de cette région, de lutter contre le terrorisme international et de le prévenir. Mais comme il était inexistant en ces lieux désolés, il fallait donc le créer. Certains services américains, qui avaient enrôlé des généraux algériens, mais aussi des personnalités politiques, et qui connaissaient très bien la technique du DRS qui consiste à créer des groupes terroristes, comme les GIA, puis à les utiliser contre les populations civiles, demandèrent donc à leurs amis du DRS de provoquer un climat de violence dans le Sahel et dans les pays limitrophes.

    Ils savaient bien que le DRS était parfaitement capable de ce genre de mission, puisqu’ils l’avaient déjà éprouvé dans des opérations internationales, dans le traitement et le retournement d’islamistes, dans leur enlèvement, leur transport, et jusqu’à leur torture ou leur discrète exécution, quelque part dans le Sahara. La sous traitance du DRS, dans la « lutte anti-terroriste » est un secret de polichinelle. Plusieurs hauts gradés américains, et y compris deux secrétaires d’Etat, ont publiquement salué l' »efficacité » des « forces de sécurité » algériennes. Une efficacité et une compétence tout à fait remarquables, pour des techniques qui font appel à la gégène, à la tronçonneuse, et autres tenailles.

    Et c’est ainsi que le DRS, qui avait déjà infiltré très profondément le GSPC, jusqu’à sa plus haute hiérarchie, demanda à celui-ci de s’affilier à la Qaeda. Et c’est ainsi que le GSPC du DRS devint la Qaeda du Maghreb Islamique, avec la bénédiction du numéro 2 de la Qaeda de Ben Laden.

    Les pays du Maghreb et du Sahel allaient découvrir, en l’espace de quelques semaines, que ce GSPC agonisant, qui parvenait à peine à trouver de la nourriture et des abris de fortune, dont les émirs négociaient une reddition généralisée, était devenu une force militaire organisée, puissamment armée, dotée d’un budget qui lui permettait de rouler carrosse en plein désert, et de relancer sa politique de recrutement. La nouvelle Qaeda était devenue subitement d’une telle puissance, que même les chefs coutumiers touaregs, et les gros contrebandiers du Sahel, les groupes de pression les plus influents dans ces régions, venaient faire acte d’allégeance aux émirs.

    Néocons, généraux algériens, copains comme cochons…

    Avant cela, les choses ne traînaient pas. Les Américains avaient réussi à pénétrer au coeur du régime algérien, en y faisant nommer un de leurs agents les plus efficaces, comme Ministre de l’Energie, c’est à dire du Pétrole et du Gaz. Le fameux Chakib Khalil, dont on dit qu’il fut l’un des meilleurs assassins financiers de la CIA. Comble du cynisme, cet homme devint, non seulement Ministre du pétrole algérien, mais président de l’OPEP.

    Il faudrait toute une encyclopédie pour traiter de toutes les affaires où il avait mouillé, et qui se calculent en dizaines de milliards de dollars.
    Mais l’une des plus emblématiques de son action fut celle de la BRC. Un méga scandale qui fit étouffé, dans un consensus général, par tous les barons du régime, y compris par le Président de la République et les génraux les plus influents du régime. Parce que Chakib Khalil les avait tous mouillés. En centaines de millions de dollars. La BRC fut dissoute en violation de la loi, sans véritable audit.

    Entre autres affaires, toutes plus incroyables les unes que les autres, il y eut celle de la base américaine.

    Plusieurs généraux, dont deux principaux, parmi les plus terrifiants du régime, celui qui contrôlait le trafic de drogue à destination de l’Europe et l’un des plus grands criminels contre l’humanité, commis contre des populations civiles, avaient accepté de parrainer l’affaire. C’était le temps des affaires. En ces années 90, pendant que la mort s’abattait sur les populations, que le terrorisme faisait des ravages, jusqu’en France, et qu’il instaurait un climat de terreur indicible, les généraux, leurs clientèles et leurs parentèles, s’enrichissaient en milliards de dollars.

    Chacun d’eux avait son propre monopole. Qui celui du blé, qui celui du médicament, qui celui de la drogue, qui celui de l’armement et ainsi de suite, pour tout ce qui pouvait rapporter. La construction de cette base fut donc placée sous la protection de ces deux généraux majors.

    Dans la pratique, le terrain choisi soigneusement pour cette base, par les Américains eux-mêmes, se trouve dans le Sahara, au Tassili, au sud-est du pays, près des frontières de la Libye et du Niger, à quelques kilomètres d’un hameau qui porte le nom de Iherhir, au sud d’Illizi.

    La suite...........
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Les travaux ont été confiés à la BRC. De grosses enveloppes ont été « remises » à plusieurs barons du régime, dont Chakib Khalil et nos deux généraux. Cet argent n’a pas été versé par les Américains, mais par la BRC, Brown Root & Condor (BRC, joint-venture entre Sonatrach et Haliburton, une société qui appartient à Dick Cheney, entre autres néocons du même cru)

    La BRC a sous traité la partie BTP de cette base à la société canadienne RSW – SCATT ».

    Un nombre impressionnant de troupes a été déployé autour du chantier, en plein désert. Nul ne pouvait approcher, à moins de 10 km du site. Mais les quelques informations qui nous sont parvenues, malgré tout, nous apprennent que la circonférence du mur d’enceinte de cette base est d’une dizaine de kilomètres. Plusieurs infrastructures y sont présentes, dont une piste d’atterrissage de 4000m, une piscine olympique d’une capacité d’accueil de 1000 personnes. C’est dire que ce n’est pas un petit cantonnement de fortune, destiné à accueillir une unité de l’armée.( Encore que, selon des informations dignes de foi, cette base a longtemps servi de base arrière à l’émir du GSPC, Abderazak el Para, qui se trouve en ce moment même en villégiature chez le DRS, alors que la justice algérienne, qui sait très bien où il se trouve, l’a condamné à une peine par contumace.)

    Des officiels algériens se vantent de construire une base américaine…

    En 2004, la firme RSW-Scatt a invité de hauts gradés algériens à visiter une de ses filiales, au Canada. Ces responsables avaient donné une courte interview au journal d’entreprise, et ils se sont laissés photographier. Ils ne pensaient pas que ce tout petit journal d’entreprise pouvait tomber entre les mains de l’opposition algérienne. Nous avons gardé leurs photos et leurs déclarations.

    Voici un extrait de cet article:

    « Une délégation d’Algérie a effectué un court séjour à Eastmain les 18 et 19 mai dernier. Le commandant de la base aérienne de Tamanrasset, Yazid Zeraïbi, le commandant Ahmed Mouhamou, du ministèrede la Défense, et Pierre Demers, ing., directeur de projet à la firme RSWScatt, souhaitaient visiter nos infrastructures pour en savoir davantage sur ce qui se fait chez nous.Mentionnons que l’Algérie est à construire un campement à la base militaire de Tamanrasset, campement qui pourra accueillir 2 000 personnes. (l’article sur la délégation algérienne sur la photo de gauche)-Le commandant de la base aérienne de Tamanrasset, Yazid Zeraïbi, le commandant Ahmed Mouhamou, du ministère de la Défense, et Pierre Demers, ing., directeur de projet à la firme RSW-Scatt ont fait partie de la délégation en visite au chantier. »

    Il faut juste préciser que « le campement à la base militaire de Tamanrasset » dont il est question était la façade officielle du projet de « IHERHIR »
    La base de Iherhir fut démolie après le scandale BRC. Le régime algérien comprit qu’il était temps de mettre fin à un conflit de clans qui risquait de l’emporter corps et biens. Il comprit, en effet, que si le peuple algérien était informé de tous les aspects de ce scandale, y compris cette affaire de haute trahison qu’était la construction de cette base secrète, cela pourrait aboutir à un situation qu’il ne pourraait plus contrôler. De plus, les choses commençaient à changer aux USA, et les forces néocons avaient effectué un repli stratégique sur certaines de leurs stratégies.

    L’arrivée de Obama au pouvoir, même si elle n’induisait pas de changements aussi radicaux qu’on pourrait le penser, avait néanmoins sonné le glas pour les plus ultra, et les plus visibles, qui dirigeaient une politique maghébine et sahélienne de la Qaeda. C’est cela qui décida probablement le régime à démolir cette base, du moins à la démanteler. C’est cela qui inversa aussi un certain rapport de forces au sein du régime, et qui déboucha sur la mise à la retraite du général M.Lamari et au limogeage de Chakib Khalil. Entre autres bouleversements souterrains.

    Et pour mieux en convaincre ceux qui resteraient un tant soit peu sceptiques, voici une localisation satellitaire qui nous a été aimablement transmise par un ami. Vous pourrez zommer au plus près. Vous verrez des infrastructures considérables, que rien ne justifie dans ce coin perdu du Tassili, une route de plusieurs kilomètres, qui ne mène nulle part, si ce n’est à cette base. Vous y verrez aussi les restes de qui ressemble à une piste d’atterrissage, dont on croit reconnaître les contours.

    Voici la géolocalisation, il suffit de cliquer dessus, et d’aller y faire un tour:

    https://www.google.co.nz/maps/@25.40...!3m1!1e3?hl=en

    par D.Benchenouf
    Le quotidien d'Algerie
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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    • #3
      Article qui date de Sep 25, 2010 , a ce jour , aucune preuve sur l existence de cette base

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      • #4
        Cette antenne américaine, n’a jamais été vraiment secrète. Elle avait été installée au début des années 90, masquée par l’opération qui consistait à allonger la principale piste d’atterrissage de Tamanrasset, qui devait éventuellement servir de voie de dégagement d’urgence pour la navette Coloumbia. C’est à la faveur de ces travaux, financés par les USA, que la « station d’écoute », pour reprendre les vocables officiels, fut installée à l’intérieur d’une caserne de l’armée algérienne, où se trouvaient déjà ceux de la DRS.
        zek,tu es entrain de nous dire que l’armée algérienne possède une station d’écoute de la CIA dans une de ses casernes?
        Peut-on en déduire que l'armée algérienne a une capacité d’écoute très fortes vu le matériel qui se trouvent ou se trouvait dans sa caserne?

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        • #5
          zek!

          et çà recommence avec tes amis les amerloques!

          cherche cherche encore !

          les poubelles du net regorgent de ce genre d'articles croustillants !

          ha ha ha !

          ahras
          Article qui date de Sep 25, 2010
          on en a parlé 10.000 fois sur ce forum. mais zek voudrait qu'on reparle encore !

          ca lui fait plaisir !
          Dernière modification par Pomaria, 05 octobre 2016, 18h56.
          Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

          Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

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          • #6
            Envoyé par Pomaria
            et çà recommence avec tes amis les amerloques, zek !

            cherche cherche encore !

            les poubelles du net regorgent de ce genre d'articles croustillants !

            ha ha ha !
            Ce sont les amis de la momie et de tous ses subalternes, rigolo.
            Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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            • #7
              je me suis encore perdu sur le site. pff, je cherchais quoi d'abord...?

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              • #8
                Plusieurs sources relativement crédibles avancent également que ce sont les américains qui ont poussés pour la création de ces groupuscules dans le sahel via le drs ,dans l'optique d'une stratégie plus globale

                L'installation définitive de bases françaises et US au sahel donne encore plus de crédit à cette version
                La question c'est plutôt : dans quel but ?

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                • #9
                  Zek, réactive nous, pendant que tu es, le "Qui tue Qui'. Tu trouveras bien des articles de 2010 qui en font toute la théorie.

                  Commentaire


                  • #10
                    Une Base américaine, sans piste atterrissage ? Ni avions ni hélicopter ? avec une mosquée et une école ??

                    Ecole :




                    Mosquée :

                    Commentaire


                    • #11
                      L'existence d'une vieille base militaire US en Antarctique se confirme avec le réchauffement des glaces: un vieux secret qui fond enfin.
                      La base US en Algérie restera secrète et ne sera pas découverte jusqu'à la prochaine inversion de pôle magnétique.

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                      • #12
                        Forces Spéciales US en Algérie

                        Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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                        • #13
                          Envoyé par zek
                          Voici la géolocalisation, il suffit de cliquer dessus, et d’aller y faire un tour:

                          https://www.google.co.nz/maps/@25.40...!3m1!1e3?hl=en
                          Une l'ecole devenue Base américaine secrète avec station d’écoute presque au fond d'un canyon pour écouter le noyau de la terre Yekhi hala yekhi


                          En plus le lien sur la base ? c meme pas ds la wilaya de Tamanrasset c ds la wilaya d'ilzy

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                          • #14
                            Algérie : Le sud dans l'œil des Etats-Unis

                            Algérie : Le sud dans l'œil des Etats-Unis

                            07.03.2014

                            C'est une analyse publiée par le "Combating Terrorism Center" (CTC) de l'Académie militaire de West Point qui a passé à la loupe ce qui se passe actuellement dans cette région névralgique.


                            Ce n'est pas un catalogue touristique vantant la beauté des paysages du Sahara algérien ni un rapport géophysique mettant en valeur son énorme potentiel minier et énergétique qui est venu rappeler aux Américains l'intérêt de cette vaste région, objet de toutes les convoitises. C'est une analyse publiée par le "Combating Terrorism Center" (CTC) de l'Académie militaire de West Point qui a passé à la loupe ce qui se passe actuellement dans cette région névralgique. L'analyse signée par une chercheuse spécialisée dans les questions politiques et sécuritaires de la région d'Afrique du nord et du Sahel, Hannah Armstrong, a paru il y a une semaine. Une version française vient d'être publiée par l'Institut Frantz Fanon (1). Pourquoi cette institution américaine a choisi ce moment précis pour publier cette étude qui ne se contente pas d'analyser le contexte économique et social des mouvements de protestation des jeunes chômeurs et en quoi peut-elle nous renseigner sur les perceptions stratégiques de ceux qui sont censés influencer l'élaboration de la politique étrangère américaine en direction de la région d'Afrique du nord et du Sahel et plus particulièrement de l'Algérie ? Cette analyse américaine mérite d'autant plus notre attention qu'elle est loin d'être isolée, puisqu'elle s'inscrit dans un contexte qui voit se multiplier des rapports américains plus ou moins alarmistes sur la région Afrique du nord-Sahel et plus précisément sur l'Algérie.

                            Un rapport rédigé par le Lt-colonel des forces aériennes américaines Joshua Burgess sur la sécurité dans la région Afrique du nord/Sahel a mis en évidence l'urgence d'une plus grande implication des USA et de l'Otan dans la région en coopération avec la France en recommandant explicitement la nomination d'une sorte de proconsul américain chargé de superviser la lutte antiterroriste dans la région comme si les Etats concernés -à commencer par l'Etat algérien- étaient inexistants (2). Récemment, le Département d'Etat US vient de publier son rapport annuel sur les libertés dans le monde où il épingle l'Etat algérien sur une soi-disant persécution d'un millier de juifs et n'hésite pas à recommander au gouvernement algérien de promulguer une loi condamnant l'antisémitisme sur le modèle de la loi Gayssot en France, alors que ce genre de lois n'existe pas aux Etats-Unis comme l'a si bien rappelé le site d'information alternative "Algérie solidaire" (3). Revenons à l'analyse américaine publiée par le "Combating Terrorism Center" consacrée au sud algérien. La montée des mouvements de protestation sociale des jeunes chômeurs durant ces dernières années dans le sud algérien a permis de braquer les projecteurs de l'actualité sur une région jusque-là ignorée. Les jeunes chômeurs du sud et principalement des wilayas de Ouargla et de Laghouat protestent contre la marginalisation de leur région et les déficits enregistrés en matière d'infrastructures sociales et éducatives, mais ils réclament surtout la fin des discriminations à l'embauche en dénonçant notamment le népotisme pratiqué par les responsables des sociétés de recrutement qui privilégient leurs "cousins" du nord. Aux revendications légitimes des jeunes chômeurs, le gouvernement répond par la répression et des promesses qui tardent à se concrétiser, tant les pressions des groupes détenteurs de rentes de positions sont importantes. Pourtant, cette question sociale revêt une dimension politique et stratégique indéniable. En effet, le Sahara constitue le principal poumon économique de l'Algérie, puisque son sous-sol permet au pays d'engranger plus de 97 % de ses exportations et plus de 30 % de son PIB.

                            Si on s'en tient uniquement aux faits sociaux rappelés, l'analyse américaine n'a rien avancé que les Algériens ne connaissent pas. Même si les problèmes sociaux pointés du doigt par les jeunes protestataires de Ouargla et Laghouat sont presque similaires à ce que connaissent leurs compatriotes du nord du pays, qui peut nier que les wilayas du sud, à l'instar d'autres wilayas des hauts plateaux, ont connu des retards en matière d'infrastructures économiques, sociales et culturelles ? Qui peut nier que les responsables des sociétés de recrutement du personnel salarié ou contractuel pour la Sonatrach et d'autres compagnies activant dans le secteur pétrolier et gazier pratiquent le népotisme, ce qui est vécu par les jeunes chômeurs locaux comme une discrimination insupportable ? Même s'il est difficile de parler d'une marginalisation voulue par les autorités, il est un fait que la mal-gouvernance adossée à des calculs d'apothicaire à courte vue, dans la mesure où les programmes de désenclavement et de développement de vastes régions faiblement habitées s'avèrent très coûteux par comparaison aux mêmes programmes destinés aux wilayas surpeuplées du nord, a engendré une situation sociale inadmissible qui explique largement la frustration et la colère des populations, et notamment des jeunes des régions qui se sentent ignorées par le gouvernement central.

                            La question devient d’autant plus lancinante que la nouvelle conjoncture géostratégique régionale recommande une prise de conscience aigüe des interférences existant entre les questions sociales et politiques internes et les ingérences extérieures de nature diverse qui cherchent à instrumentaliser tous les facteurs de tension sociale pour pousser leurs pions et préparer le terrain au "grand jeu" quand viendra le jour "J". Il faut être bien naïf pour croire qu’une région aussi vaste et aussi riche -le Sahara algérien est classé troisième à l’échelle mondiale en ce qui concerne les réserves de gaz de schiste, sans parler des réserves de gaz conventionnel d’autres minéraux comme l’uranium- puisse laisser indifférentes les puissances étrangères qui parient sur le pillage des richesses de la planète pour assurer leur suprématie stratégique.

                            Jusqu’ici et quoiqu’en dise une certaine propagande visant à le discréditer, le mouvement des jeunes chômeurs du sud est resté dans son écrasante majorité pacifique et ancré aussi bien dans ses revendications sociales légitimes que dans son attachement à l’unité nationale. Il n’en demeure pas moins qu’à l’instar de tout mouvement social, ce mouvement n’est pas à l’abri d’infiltrations et de manipulations en provenance de groupuscules politiques et d’ONG aux desseins inavoués. Des indices probants montrent que certains activistes entretiennent des rapports avec des ONG connues pour leurs liens avec des centres spécialisés dans la subversion transnationale au nom de l’exportation de la démocratie, comme l’organisation américaine Freedom House, proche des cercles néoconservateurs du parti Républicain et dont une des personnes ressources en Algérie n’est autre que Abderrazak Mokri, le nouveau leader des Frères musulmans du MSP qui viennent de nouer une curieuse alliance avec le RCD dans le cadre de la campagne de boycott de l’élection présidentielle.

                            Les raccourcis de l’analyse américaine sont très révélateurs à ce sujet. Le titre de l’étude est déjà instructif "L’attaque d’In Amenas dans le contexte de la montée de la protestation sociale dans le sud algérien". N’importe quel lecteur attentif pourra se poser la question du rapport entre ces deux types de faits qui ont très peu de choses à voir l’un avec l’autre, à part que tous les deux ont pour théâtre le vaste Sahara algérien. Pour étayer son amalgame, l’analyste américaine part d’un exemple assez spectaculaire. Mohamed Amine Bencheneb était un membre fondateur d’un groupuscule crée dans les années 2000 sous le nom de "Mouvement des fils du Sud" dont la vocation était de lutter contre les discriminations dont ils s’estimaient être victimes. Plus tard, ce mouvement se radicalisera et deviendra "Mouvement des Fils du Sud pour la Justice islamique" et s’alliera aux groupes terroristes activant dans la région, AQMI et le dernier-né le MUJAO. C’est dans ce cadre que Mohamed Bencheneb participera à l’attaque du complexe gazier d’In Amenas, en janvier 2013, attaque au cours laquelle il a été abattu par les forces spéciales algériennes. Pour Hannah Armstrong, "Les griefs qui trouvent leur premier recours dans des formes de protestation pacifique peuvent se dégrader et se tourner vers une forme radicale en cas de manipulation imprudente ou de coercition. Lamine Bencheneb, un homme de Illizi, dans le sud algérien, a commencé comme un manifestant pacifique en faveur des droits des sudistes à l’emploi et au développement, mais il est mort l’année dernière dans l’attaque de Tigentourine dont il a été un cerveau". La thèse développée par l’analyse américaine est très simple, voire simpliste. A supposer que Bencheneb ait commencé, comme elle l’affirme, en étant "un militant pacifique pour les droits des sudistes", rien ne pourrait justifier son basculement dans le terrorisme et dans la collaboration avec des groupes, comme le Mujao, dont les liens avec des officines étrangères sont avérés. Sinon, comment expliquer qu’un groupuscule qui prétend lutter pour le "Tawhid et le Jihad" en Afrique de l’Ouest s’attaque exclusivement à des cibles situées sur le sol algérien, sans parler de l’enlèvement des diplomates algériens au Mali ?

                            Dans la réalité, la plupart des chefs des groupuscules terroristes qui écument la région ont été directement ou indirectement liés à la contrebande (cigarettes, bétail, biens de consommation divers) et leurs liens toujours vivaces avec les groupes de contrebandiers et même des groupes de narcotrafiquants sont un secret de polichinelle. Il est curieux qu’à aucun moment l’étude américaine, pourtant très riche en détails, n’a abordé ce volet important. Par ailleurs, faut-il rappeler que sur une quarantaine d’assaillants à In Amenas, il n’y avait que trois Algériens, sans parler du fait que l’attaque fut planifiée et organisée dans l’"émirat islamique" de Brega, localité située pas très loin de Benghazi, en Libye, une région où grouillent les espions et mercenaires à la solde de l’Oncle Sam et de ses alliés de l’Otan ? Il ne s’agit pas d’un simple oubli. Le tropisme stratégique dans lequel elle s’est enfermée empêche l’analyste américaine de prendre en compte l’ensemble des facteurs qui structurent une problématique complexe dans laquelle la sécurité, la gouvernance et le développement sont certes inextricablement liés, mais dans laquelle on ne peut pas non plus occulter l’interférence d’ingérences étrangères et notamment occidentales plus ou moins soft.

                            Cependant, le lien étroit existant entre les questions sociales et les questions politiques et sécuritaires ne doit pas à servir à cultiver des amalgames et encore moins à justifier les tendances séparatistes et/terroristes, quand bien même on pourrait comprendre qu’elles se nourrissent du désespoir des jeunes chômeurs. On peut estimer que le but de l’analyse américaine était d’attirer l’attention sur la nécessité de travailler sur les facteurs sociaux qui peuvent constituer un terreau pour l’extrémisme et le terrorisme, ce qui est en soi louable. Mais tout en dénonçant à juste titre les amalgames et les accusations diffamatoires dont sont victimes les jeunes chômeurs du sud en lutte pour leurs revendications légitimes, l’analyse américaine est tombée involontairement dans le même travers. En effet, quand elle n’a pas distingué comme il faut le mouvement social des jeunes chômeurs des expressions idéologiques et politiques -au demeurant minoritaires- qui, à l’instar du nouveau mouvement "Les Fils du Sahara", mettent en cause l’unité nationale et collaborent avec des parties étrangères en vue de déstabiliser le pays, il est difficile de croire à un simple oubli. Comment aurait-elle pu faire cela, alors que la plupart des ONG qui activent aujourd’hui dans l’exportation de la démocratie en Algérie et dans le monde arabe, comme en Ukraine et au Venezuela, sont précisément d’origine américaine ?

                            Certes, il faut dénoncer avec la plus grande vigueur la politique de répression quand elle vise des mouvements de protestation sociale pacifiques, et appeler l’Etat algérien à prendre ses responsabilités comme puissance publique en vue de répondre aux revendications urgentes des jeunes chômeurs. Cependant, ce serait faire preuve d’une grande naïveté, voire d’une négligence coupable, que de dénier à ce même Etat algérien le droit de défendre la stabilité, la paix civile et la sécurité nationales, y compris par des actions impitoyables contre les groupes terroristes qui osent menacer l’intégrité et les intérêts stratégiques du pays comme cela a été le cas, en 2013, lors de la riposte cinglante de l’armée algérienne aux assaillants d’In Amenas.
                            Mohamed TAHAR BENSAADA
                            Dernière modification par choucha, 10 octobre 2016, 10h52.

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