Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Malaise en démocratie

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Malaise en démocratie

    Le milliardaire Donald Trump se vante de ne pas payer d’impôt, estimant que cela prouve qu’il est futé (smart). Le candidat à la présidence des États-Unis admet avoir spéculé et s’être enrichi sur le dos des plus vulnérables pendant la crise financière de 2008… et il récolte des intentions de vote à la pelle, souvent parmi les plus démunis. Allez donc comprendre!

    Eh bien, justement.

    Une chroniqueuse du grand hebdomadaire allemand Die Zeit estime que plusieurs démocraties libérales — allemande, française, britannique — paient aujourd’hui le prix pour avoir délaissé les intérêts d’une frange de l’électorat, qui n’a pas bénéficié de la mondialisation et du progrès technologique. Tout comme les États-Unis, elles sont aux prises avec la montée en popularité de candidats déraisonnables et abonnés au mensonge. Pour les partisans de ces candidats, les «faits» et la «raison» sur lesquels s’appuient les Hillary Clinton et les Angela Merkel pour favoriser le libre-échange ou la diversité culturelle ne sont pas «raisonnables».

    Lorsqu’un Donald Trump clame, en plein débat télévisé, qu’il serait temps que des pays comme le Japon, par exemple, paient pour la protection militaire que les États-Unis leur assurent, les partisans de Hillary Clinton sont outrés. Mais les gens qui ne peuvent se payer des études ou des soins de santé alors que Washington dépense des milliards pour protéger des pays lointains applaudissent. Pour ces hommes et ces femmes, ces interventions coûteuses sont déraisonnables.


    Qu’est-ce que la raison? Qui décide de ce qui est raisonnable? Est-ce toujours le point de vue du citoyen du monde épris de libéralisme?

    Dans trop de pays, rappelle Die Zeit, des démocraties ont laissé des gens s’appauvrir sans instaurer un meilleur contrôle de l’évasion fiscale des plus riches. Il faut donc se réjouir de voir la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, monter au créneau pour exiger que des multinationales paient leur juste part d’impôt. Mieux approvisionnés, les États-nations pourront peut-être se préoccuper plus efficacement des orphelins du progrès technologique et du commerce international.

    Se moquer des «ignares» qui appuient Trump ne réglera rien. Il faut leur donner des raisons de croire en quelqu’un d’autre que lui. Les éditoriaux désapprobateurs des grands journaux, du New York Times au Washington Post, ne convaincront pas les électeurs déçus de leurs élites. Bien sûr, Donald Trump déforme la réalité. Il affirme (à tort) que les Chinois ont inventé la crise du réchauffement climatique, que l’économie des États-Unis n’a jamais été aussi mal en point, alors que le taux de chômage est en baisse depuis 2010 — il est passé de 9,6 % à 5 % en mars 2016, selon le Bureau américain des statistiques du travail.

    Il est tragique que des électeurs préoccupés par le chômage, la criminalité ou les mouvements migratoires n’estiment trouver d’écoute que dans des organisations autoritaires ou populistes. En Allemagne, la droite populiste d’AfD (Alter*native für Deutsch*land, Alternative pour l’Allemagne) gagne en popularité, portée par le même sentiment d’exclusion qui a mené une majorité de Britan*ni*ques à voter pour quitter l’Union européenne. En Autriche, Norbert Hofer, le candidat du parti d’extrême droite, pourrait remporter le troisième tour de l’élection présidentielle, le 4 décem*bre. En France, Marine Le Pen domine les enquêtes d’opinion.

    Aux États-Unis, les services de renseignements craignent même une opération de piratage à grande échelle — de la Russie — visant à miner la confiance des électeurs dans leur système électoral. Cette manœuvre profiterait à Donald Trump, qui ne cache pas son admiration pour le leader russe, Vladimir Poutine.

    Dure saison pour les démocraties libérales.

    L'Actualité
Chargement...
X