Dans "Parents sous influence" (éd. Odile Jacob), Cécile David-Weill prend le contrepied des idées reçues et invite les parents à oser l'imperfection. Entretien.
Cécile David-Weill : Quand j'ai élevé mes enfants, qui sont aujourd'hui des adultes, et pour deux d'entre eux déjà eux-mêmes des parents, j'ai réalisé combien ce métier d'éducateur était bien plus difficile que ce que je pensais. Il ne suffit pas d'être de bonne volonté, d'avoir envie d'être une mère parfaite, ni même d'être submergée de bons conseils pour réussir. J'ai mis longtemps à admettre que je faisais tout de travers. Motivée par cette prise de conscience libératoire, j'ai rencontré beaucoup de parents, je les ai écoutés et j'ai consulté les meilleurs spécialistes. Grâce à ce travail, j'ai réalisé que le poids de ma propre enfance empêchait mon libre arbitre et qu'il en allait de même pour la plupart des parents. Le drame, c'est que notre propre histoire d'enfance fausse nos bonnes volontés. Il faut oser s'en débarrasser pour accepter de ne pas être parfait, mais tenter de faire au mieux.
Vous recommandez de répondre favorablement aux demandes de l'enfant le plus souvent possible. Toujours dire oui, c'est bien éduquer son enfant ?
Plus on répond positivement à un enfant, plus il prend confiance en ses désirs. Il comprend que, pour obtenir ce qu'il souhaite, il n'est pas obligé de recourir à des caprices, il lui suffit d'exprimer clairement ses demandes. Ce faisant, il apprend à s'aimer, à s'estimer, à s'écouter, il se construit positivement. Mais entendons-nous bien, je ne préconise pas le laisser-aller total. J'invite seulement les parents à réfléchir à ce qui est vraiment important. Pourquoi par exemple s'arcbouter sur des horaires stricts, alors qu'en réalité prendre un bain à 18 heures ou à 18 h 30 n'a aucune importance ? Il faut savoir céder sur ce qui n'est pas grave, accéder à des demandes un peu dérisoires afin de conserver son énergie et son autorité pour l'essentiel.
Beaucoup de vos recommandations sont iconoclastes. Ainsi, vous écrivez qu'un enfant n'a pas besoin de rendre des services pour devenir plus tard un adulte serviable. Les enfants n'ont-ils pas à participer aux tâches familiales ?
On peut bien sûr lui demander de débarrasser la table et de rendre de menus services, mais les parents ne doivent pas se leurrer. Ces demandes de service n'ont pas de vertus éducatives. L'enfant doit se constituer dans sa tranquillité, sans être trop exposé. Épargnons-nous des tensions inutiles. Je préconise de ne pas gâcher son autorité, son enthousiasme, ses forces en querelles vaines, en inquiétude et en culpabilité. Il n'y a pas besoin d'être un parent parfait pour faire œuvre éducative.
le point
Cécile David-Weill : Quand j'ai élevé mes enfants, qui sont aujourd'hui des adultes, et pour deux d'entre eux déjà eux-mêmes des parents, j'ai réalisé combien ce métier d'éducateur était bien plus difficile que ce que je pensais. Il ne suffit pas d'être de bonne volonté, d'avoir envie d'être une mère parfaite, ni même d'être submergée de bons conseils pour réussir. J'ai mis longtemps à admettre que je faisais tout de travers. Motivée par cette prise de conscience libératoire, j'ai rencontré beaucoup de parents, je les ai écoutés et j'ai consulté les meilleurs spécialistes. Grâce à ce travail, j'ai réalisé que le poids de ma propre enfance empêchait mon libre arbitre et qu'il en allait de même pour la plupart des parents. Le drame, c'est que notre propre histoire d'enfance fausse nos bonnes volontés. Il faut oser s'en débarrasser pour accepter de ne pas être parfait, mais tenter de faire au mieux.
Vous recommandez de répondre favorablement aux demandes de l'enfant le plus souvent possible. Toujours dire oui, c'est bien éduquer son enfant ?
Plus on répond positivement à un enfant, plus il prend confiance en ses désirs. Il comprend que, pour obtenir ce qu'il souhaite, il n'est pas obligé de recourir à des caprices, il lui suffit d'exprimer clairement ses demandes. Ce faisant, il apprend à s'aimer, à s'estimer, à s'écouter, il se construit positivement. Mais entendons-nous bien, je ne préconise pas le laisser-aller total. J'invite seulement les parents à réfléchir à ce qui est vraiment important. Pourquoi par exemple s'arcbouter sur des horaires stricts, alors qu'en réalité prendre un bain à 18 heures ou à 18 h 30 n'a aucune importance ? Il faut savoir céder sur ce qui n'est pas grave, accéder à des demandes un peu dérisoires afin de conserver son énergie et son autorité pour l'essentiel.
Beaucoup de vos recommandations sont iconoclastes. Ainsi, vous écrivez qu'un enfant n'a pas besoin de rendre des services pour devenir plus tard un adulte serviable. Les enfants n'ont-ils pas à participer aux tâches familiales ?
On peut bien sûr lui demander de débarrasser la table et de rendre de menus services, mais les parents ne doivent pas se leurrer. Ces demandes de service n'ont pas de vertus éducatives. L'enfant doit se constituer dans sa tranquillité, sans être trop exposé. Épargnons-nous des tensions inutiles. Je préconise de ne pas gâcher son autorité, son enthousiasme, ses forces en querelles vaines, en inquiétude et en culpabilité. Il n'y a pas besoin d'être un parent parfait pour faire œuvre éducative.
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