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Le général à la retraite Toufik et les opportunistes : on achève bien les chevaux !

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  • Le général à la retraite Toufik et les opportunistes : on achève bien les chevaux !

    Le général à la retraite Toufik et les opportunistes : on achève bien les chevaux !
    AP - 19 Oct, 2016 | 19:25


    L’auteur de ces lignes a fait partie des nombreux citoyens sur lesquels s’est abattue la lourde main de la SM – l’ancêtre du DRS – après le coup d’Etat du 19 juin 1965. Certains pourraient en déduire qu’il est la personne la moins indiquée pour parler avec objectivité de la police politique. Il aurait été tentant, les yeux voilés par le ressentiment, de saisir l’occasion des attaques récurrentes contre le général Toufik pour régler de vieux comptes en faisant chorus avec ceux qui veulent charger la Sécurité militaire (quels que soit l’époque et le sigle : DGPS, DCSA, DRS) de tous les maux et de tous les échecs algériens depuis que cet important démembrement de l’ANP a été érigé en police politique par Houari Boumediene. Nous avons tenu, au moment où certains de mes compagnons et moi-même avons donné notre version des évènements que nous avons vécus, de ne jamais parler de ce qui s’était passé dans les sous-sols de quelques casernes d’Alger. C’était notre façon de dissocier l’ANP des violences de la structure de répression qu’un homme, fou de pouvoir a lovée, pour plus de dissuasion, au sein de l’armée.

    Le général Toufik et l’ancien DRS n’ont évidemment aucune responsabilité dans les actes de la SM, version Kasdi Merbah. Réchauffer de vieilles vindictes, c’était se placer dans l’escadron, dont les rangs ont grossi avec le temps, des arlequins costumés pour l’hallali. Certains, les crocs aiguisés sur le marbre où le bon Lafontaine a gravé la devise du plus fort, avaient fait dans l’amalgame et s’en sont donné à cœur joie. On oublie de parler du rôle et des méthodes de la police politique depuis la réunion du CCE du Caire en août 1957 pour se focaliser sur les heurs et malheurs d’une personne.

    Abdelhamid Brahimi ouvre le bal

    Abdelhamid Brahimi, ancien chef de gouvernement de Chadli Bendjedid au milieu de la décennie 1980, longtemps auto-exilé à Londres, avait été le premier à ouvrir le bal. Il avait tiré à boulets rouges sur Toufik. Toufik n’était plus en charge de responsabilités. Il ne craignait plus sa réaction. «Toufik épluchait les pommes de terre et les carottes» (à l’époque, Brahimi, lui, faisait sans doute partie d’un premier collège de l’ALN exempt des tâches subalternes).

    Toufik n’a pas été critiqué pour sa gestion particulière des crises nées des contradictions, des antagonismes, de l’arriération et de la propension à la violence d’une partie de la société algérienne, ou encore pour sa responsabilité personnelle dans le rebond et le maintien du système en place sous le prétexte que ce système est le seul garant de la stabilité du pays, mais pour sa prétention, selon ses détracteurs, à vouloir, dans l’ombre, régenter le pays par la manipulations...

    Un ministre, hier tout fier d’étaler sa proximité avec Toufik, avait accusé soudain ce dernier d’avoir fabriqué des dossiers contre des personnes à des fins inavouables. Ce n’était donc pas la nécessité de restructurer un service pour le rendre davantage apte à son but et à sa fonction qui avait inspiré les changements mais, nous avait dit ce ministre, la colère d’avoir vu ce même service entreprendre des actions contraires à certains intérêts. Quand le désir de plaire à tout prix conduit aux pires maladresses ! Un autre, responsable de parti celui-là, n’en finit pas de rappeler à l’ancien chef hier tout puissant du DRS, la vieille et triste histoire du citron pressé. Certains ont la peau épaisse et dure. Et celui-là l’avait ainsi sans doute. Il se retrouva, quand sa saison passa, parce que citron quand même, dans la fosse à rebuts, vidé de sa substance. Les anciens parlent de bouc émissaire. Le rôle du bouc émissaire est d’être chargé à fléchir de tous les péchés du clan avant d’être mené à l’autel sacrificiel.

    Le général Toufik, qui voit ses basques mordillés chaque jour un peu plus par les petites dents des créatures qu’il a lui-même usinées, peu méditer à loisir sur l’implacable logique du système qu’il a tant protégé.

    Le summum de l’irresponsabilité

    L’écumant responsable du FLN tient Toufik pour responsable de tous les drames qu’a connus le pays : l’attaque de Tiguentourine, les manifestations d’In Salah contre l’exploitation du gaz de schiste, l’affaire des moines de Tibhirine, les désordres de Ghardaïa, en un mot, l’auteur de tous les problèmes de l’Algérie.

    Beaucoup s’offusquent, à juste raison, que des ministres, que des cadres applaudissent un discours irresponsable, un discours de règlements de comptes et de division. Les officiers issus de l’armée française ? Qui a nommé au poste de vice-ministre de la Défense Abdelmalek Guenaïzia, un des plus emblématiques des DAF ? Comment ose-t-il contredire le président de la République qui a rappelé à l’occasion du 5 Juillet ce qu’a fait l’ANP pour la sauvegarde de l’Algérie républicaine ? L’ANP n’était-elle pas commandée en 1992 par d’autres DAF ? Comment applaudir un homme qui dénie au commandant Azzedine, à Yacef Saâdi, à Zohra Drif, à Lakhdar Bouragaâ, entre autres grands patriotes, de s’exprimer sur l’état actuel du FLN ? Ou applaudit un homme qui affirme que l’instabilité vécue par Ghardaïa a été fomentée par les services ? C’est un outrage à tous les cadres, à tous les hommes, tous démembrements de l’Etat confondus, qui se sont investis pendant des années pour ramener la concorde entre les citoyens. Un homme qui laisse entendre que le drame de Tiguentourine a été provoqué ou facilité par les mêmes services ?

    Personne n’a envisagé, avant d’applaudir, les conséquences de telles assertions : le retour de flammes dans la région du M’zab et les questionnements des chancelleries étrangères, surtout celles dont les ressortissants ont perdu la vie à Tiguentourine.

    Saïdani et son parterre de clercs euphoriques savent-ils le bénéfice que vont tirer de leur show ceux qui, depuis des années, par les moyens de la désinformation ou de la justice internationale, veulent atteindre l’ANP à travers ses chefs à la retraite ou encore en activité ? Savent-ils que le général Toufik n’intéresse les lobbies des droits de l’Homme, les officines, les résiduels du parti défait et les excités de la compétence universelle qu’en tant que figure de proue des services qui ont tant donné pour la sécurité du pays et sa stabilité ? Saïdani a offert à tout ce beau monde ligué pour créer un foyer d’instabilité en Algérie des armes qu’ils sauront mettre en batterie. Les listes accusatoires sur lesquelles figure la fine fleur de notre institution militaires vont être réactivées.

    Pendant des années, des hommes de bonne volonté – avocats, journalistes, représentants de la société civile, anciens combattants de la guerre de Libération et aussi militaires à la retraite – se sont mobilisés, dans l’anonymat le plus total, pour défendre leur pays et l’institution militaire. Ils ont lutté pieds à pieds, par leurs écrits, leurs témoignages, leurs action contre les ténors de la désinformation anti-algérienne. Ils ont apporté un soutien non négligeable aux autorités officielles attelées à la tâche de préserver les intérêts et la stabilité de l’Algérie. Comment se faire entendre des autres quand la voix autorisée du secrétaire général du FLN prend à «contrepied» tous leurs arguments d’une façon aussi tonitruante ?

    Au-delà du destin de Toufik, on peut parler, pourvu qu’on prête l’oreille aux échos qui parviennent de derrière toutes les façades des ONG «spécialistes» de l’Algérie et de certains parquets européens de désastre moral pour l’Algérie.

    La nouvelle configuration

    Avec le départ de Toufik, l’ère de la police politique toute puissante par la couverture de l’ANP est-elle vraiment révolue ? Beaucoup ne le croient pas. Un débat autour de cette question aurait intéressé les Algériens. Nul doute qu’avec la nouvelle configuration du commandement de cette structure à la tête de laquelle ont été placés des officiers engagés pour leur pays et expérimentés, les missions basiques de la SM (encore une fois, quel que soit son sigle) resteront les mêmes mais les changements qui sont intervenus – c'est-à-dire qui dépend de qui – sont une excellente chose pour l’ANP, parce qu’ainsi, elle demeurera éloignée des tâches de police politique. Elle a déjà fort à faire sur le terrain. Elle le démontre tous les jours. Dire cela, ce n’est pas se positionner aux côtés de ceux qui se sont réjouis de l’opprobre jeté sur l’ancien chef du DRS pour d’autres raisons. L’atmosphère particulière qui a régné dans le pays après les déclarations outrancières de personnalités qui voulaient «régler son compte» à Toufik, avait faussé la bonne perception de la portée des mesures positives qui avaient étés prises par le président de la République.

    Les changements (de positionnement géographique) qui ont eu lieu, il y a quelque temps, au-delà des vraies raisons qui les ont motivées, auraient pu être l’occasion d’une réflexion globale pour évaluer l’impact sur le pays de la démarche imaginée et mise en œuvre par le pouvoir politique depuis 1962 et qui a consisté à impliquer l’ANP, dans une gestion policière de la société algérienne. Cela n’a pas été fait. L’arbre a caché la forêt.

    Un chef innovant

    Attentif aux grands équilibres de la société algérienne, «entremetteur» intelligent (au sens noble du terme), créateur de passerelles et de liens entre les différents acteurs de la vie politique algérienne, Toufik a été assurément un chef innovant à la tête du DRS. Son style et sa méthode n’ont copié en rien ceux de ses prédécesseurs. Kasdi Merbah a sévi à un moment particulier de l’histoire du pays. Houari Boumediene, son donneur d’ordre direct, ayant pris le pouvoir par le coup d’Etat et ne pouvant le garder que par la force, dans un moment où de grands acteurs de la révolution écartés par Ben Bella prétendaient revenir sur la scène politique, avait fait de la SM le bras frappant de son régime.

    La nouvelle donne internationale, les changements au sein de la société algérienne, le multipartisme, la naissance d’une presse indépendante et pugnace, le développement des réseaux sociaux et la démarche prudente du pouvoir politique contraint de feindre la démocratie par l’artifice, ont contraint la police politique à s’adapter et à mettre en place des machineries soft. Les partis «champignons» maîtrisés par les quotas ou les strapontins, ceux ayant une assise dans la société, rebelles aux ukases, soumis à l’humiliation des délitements internes par l’action mercenaire de «redresseurs», les consultations contrôlées par le double fond de l’urne, les médias tenus en laisse par le robinet de la pub, à sec ici, goutte à goutte là-bas, plein débit plus loin, la vassalisation de la haute administration par la gestion des carrières, la dévitalisation de la société civile par l’angoisse de la sonnerie de l’aube (réminiscence de l’époque de la SM de Ferhat Zerhouni).

    C’est cette ingénierie complexe et le style particulier de son maître d’œuvre qui ont fait le mythe de Toufik. Le déchaînement du terrorisme salafo-djihadiste a amené le DRS à disposer de ressources financières, humaines et matérielles pour faire face à l’offensive. Il est devenu, par la force des choses, une armée au sein de l’armée, ensuite, un Etat au sein de l’Etat. Toufik n’a jamais été ce que d’aucuns ont pensé (ou espéré) : une sorte de contre-pouvoir pouvant jouer les censeurs, les correcteurs ou les opposants dans un système dont il était l’un des concepteurs. Formaté dans la loyauté – plutôt que dans l’allégeance –, il est allé jusqu’au bout de sa logique, exécutant sans états d’âme son contrat. Le passage en force de 2008, auquel il a prêté main forte, a été son non-retour. Bouteflika et Toufik, hommes de paix, avaient été rapprochés par la convergence des buts et la similitude de la démarche. Houari Boumediene agissait par l’exclusion et Kasdi Merbah veillait à tarir tout effet négatif, Bouteflika par le rassemblement et Toufik par la consultation et le dialogue, mettait en place la structure, les étages courants et la façade de l’édifice. L’Algérie des dogmes, des passions, des accès de colère cycliques et ravageurs et de la démesure en tout, doit être, selon le chef du DRS, régentée plutôt que gouvernée.
    Othmane BENZAGHOU

  • #2
    Pour certains peuples, la démocratie ne peut être que prudente et maîtrisée. L’ouverture débridée de la fin de la décennie 1980 a conduit à la guerre civile. Nul mieux que lui, et pour cause, ne savait la détermination, les moyens, les buts et les appuis extérieurs de ceux qui ont réussi, à un moment donné, à entraîner dans leur aventure criminelle, une partie de la jeunesse algérienne. Nul mieux que lui ne pouvait mesurer qu’elle aurait été le prix à payer pour une solution uniquement militaire. Dès lors, la démarche d’Abdelaziz Bouteflika ne pouvait que lui convenir. Sa proximité avec le chef de l’Etat était fondée sur la conviction qu’il fallait parier sur les efforts de ce dernier pour ramener la paix dans le pays. Il le soutiendra de toutes ses forces, quelquefois malgré les réticences de compagnons outrés par les propos satinés du Président en direction des «égarés». «Quand on veut ramener la paix, on utilise un langage de diplomate», se borne-t-il à répondre quand les ires alentour montaient crescendo.

    Son parti pris le mènera à fabriquer une classe politique de «service» et une opposition utile, sans se rendre compte que le délitement moral des chargés de mission agira, par son effet soporifique, sur l’ensemble de la société au point de la rendre indifférente aux affaires de la cité. Distant et austère, probe et propre, il n’a été à l’écoute des citoyens que pour veiller à la case «RAS» (rien à signaler). Réservé et inaccessible, il n’intervenait jamais au bénéfice de quelqu’un, fût-il un compagnon de route, sauf une fois, quand il sera trop tard...

    L’isolement d’un chef commence lorsqu’il ne sait pas défendre les siens. Cet homme en apparence froid qui désarçonne le vis-à-vis par le silence et la fixité du regard, avait pour les grands soldats de sa génération – les anciens comme il aimait à les appeler – beaucoup de considération, surtout pour celui, souvent présent sur la scène médiatique, dont il avait pu apprécier l’abnégation et le courage de la décision au moment des grands périls.

    Mediene a su éviter à l’institution militaire, qui affrontait le déferlement terroriste, le piège de l’isolement en donnant à de nombreux citoyens et aux moudjahidine l’occasion de servir leur pays aux côtés de leurs jeunes frères de l’ANP. Le commandant Azzedine fut de ceux qui répondirent à son appel. Bouzegza et Zbarbar furent les lieux où El-Mekhfi, soutenu par Azzedine, infligea aux GIA leurs premières défaites. En évoquant les «14» par le ricochet de Toufik, et en les décrivant comme des marionnettes, Saïdani démontre son ignorance du poids et de la densité des liens qui unissent les gens de l’ALN à ceux de l’ANP. Il ignore leur attachement viscéral aux valeurs portées jadis par le FLN dont ils furent l’âme et la substance charnelle. Mais Saïdani ignore tant et tant de choses…

    L’erreur du général Toufik au moment où, plus tard, voyant le Président affaibli par la maladie, il avait voulu mettre en place une alternative pour le plus grand bénéfice du pays, a-t-il cru, est de n’avoir pas accordé suffisamment d’importance à la nouvelle configuration du pouvoir au sommet ; pouvoir, malgré les apparences, plus que jamais robuste et imaginatif. Il n’a pas vu les raisons pour lesquelles cette nouvelle configuration ne pouvait pas être déconstruite. Ses adversaires ont pu craindre, à un moment donné, une résistance de sa part. C’était mal connaître l’homme. La stabilité du pays lui importait plus que son destin personnel. Le souffle et le soufre de la déflagration de 88 ont marqué sa vareuse d’une façon indélébile. Pour rien au monde il ne voulait revivre l’angoisse et les affres qui l’ont torturé lui et ses compagnons pendant ces journées de braises où le pays a failli basculer dans l’inconnu.

    Le mythe

    Sa discrétion et son humilité l’ont conduit trop longtemps à vivre à l’écart des tumultes. Il est devenu, dans l’imaginaire populaire, une sorte de sphinx, d’énigme, d’ombre tangible à l’entrée de la caverne au fond de laquelle bruissent les machineries mystérieuses et complexes du «système». Un «rab dzaïr» (Dieu de l’Algérie) doté de plusieurs bras, tel Kali la déesse hindoue de la transformation, de la préservation et du châtiment, autant de titres qui collent parfaitement à l’homme et à sa machine.

    Ce mythe de Toufik, qui rejaillissait sur ses compagnons des autres corps de sécurité, fer de lance de l’ANP pour ses missions de sauvegarde de la stabilité du pays, faisait croire à beaucoup d’Algériens que quels que soient les périls, l’Algérie aura les moyens de rester debout.

    Pour les Algériens, le DRS et son ancien chef, le DRS et ses chefs, tous ses chefs, au moment où les conséquences de la gestion hasardeuse de Chadli Bendjedid et de ses commis ont désarticulé le pays et l’ont placé à la merci des démagogues du FIS, le DRS a été le fer de lance des institutions républicaines de l’Etat qui ont, avec une extraordinaire abnégation, sauvé la République. Sauvé la République en répondant à la violence par des actions adéquates, sans jamais tomber dans le piège de la responsabilité collective. Sauver la République, surtout par le choix délibéré de la persuasion et du dialogue avec ceux qui ont pris les armes contre leur pays.

    Certains mythes tiennent un pays debout. Le vide, pour l’instant comblé par la main, le regard d’Abdelaziz Bouteflika, et par son charisme, peut-il devenir un trou noir aspirant, giratoire, toutes les aspérités à l’entour ? Ce chef, pourtant parfaitement averti des faiblesses, des égoïsmes et de la fragilité de la parole des hommes politiques, a semblé surpris par le manque d’égards et de gratitude de ceux qui lui doivent tant de choses. Les Algériens aussi.

    Mohamed Makhdari
    Othmane BENZAGHOU

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    • #3
      Contribution : Khaled Nezzar, les raisons de la colère

      Contribution : Khaled Nezzar, les raisons de la colère 1re partie

      Le soir - Dimanche 14 février 2016
      Par Mohamed Makhdari


      Khaled Nezzar est de nouveau à la «une». Hélas ? Oui, assurément ! On aurait aimé voir cet homme, retiré des affaires de l’Etat depuis plus de deux décennies, vivre en paix le reste de son âge. Cela n’est pas le cas. Cela ne peut pas être le cas.
      Le général à la retraite Khaled Nezzar, poursuivi en Suisse, depuis octobre 2011, pour «crimes de guerre» perpétrés, selon ses accusateurs, à l’occasion des évènements qui se sont déroulés en Algérie au cours de la décennie 1990, a connu une carrière militaire et politique riche en péripéties. Après avoir combattu dans les rangs de l’ALN, il assure, l’indépendance du pays conquise, de nombreux commandements dans l’ANP. En 1987, il est à la tête des forces terrestres. Le 16 novembre 1988, il est nommé chef d’état-major. Le 25 juin 1990, il devient ministre de la Défense. Il exerce ces hautes responsabilités au moment où l’Algérie est dans une zone de grandes turbulences.
      Celui qui s’est trouvé un jour, sans qu’il l’ait cherché, au mauvais moment et au mauvais endroit, mais qui a su faire face pour empêcher la roue de l’Histoire de tourner à l’envers, focalise sur sa personne des haines tenaces.
      Plus que tous les autres chefs militaires algériens, Khaled Nezzar demeure, aux yeux des intégristes, le principal responsable de l’arrêt du processus électoral de 1992 qui a mis fin à leur espoir de faire de l’Algérie une république théocratique et celui qui, le premier, a organisé la contre-offensive que l’armée a menée contre leurs phalanges armées.
      Une fois leur parti dissous, leurs chefs dispersés par la prison ou l’exil, l’exaltation de leurs partisans retombée, le zèle de leurs sympathisants refroidis, d’anciens affidés du FIS, dont les compagnons salafo-djihadistes ont massacré par dizaines de milliers leurs coreligionnaires, dévasté le potentiel économique de leur pays et porté atteinte à son renom, continueront à le cibler par des campagnes de diffamation répandues par tous les moyens de la communication à leur portée ou par des plaintes à répétition portées devant des juridictions étrangères.
      Beaucoup estiment que si l’ancien ministre de la Défense avait respecté la loi non écrite du système -la grisaille atone de la retraite - sa stature se serait estompée en silhouette et il n’aurait pas attiré autant d’inimitiés. Le «mauvais» exemple qu’il a donné en quittant le pouvoir de son plein gré, ses prises de position publiques souvent à contre-courant du discours officiel, ses sentences lapidaires concernant certains hommes politiques expliquent la tentative de dévoiement, par la rhétorique et le mensonge, de la démarche salvatrice qui fut la sienne.
      L’accuser malgré l’évidence des faits et les démentis répétés de l’ancien président de la République d’avoir perpétré un coup d’ Etat, oublier sciemment dans quel contexte politique et sécuritaire a eu lieu l’interruption du processus électoral, jeter la suspicion sur la sincérité de son engagement dans la guerre de Libération (les mémoires de Bendjedid ou plus récemment les déclarations d’un ancien chef de gouvernement), tenter d’étouffer sa voix par des injonctions comminatoires, «taisez-vous, général !», déconsidérer par des analyses spécieuses son combat pour défendre l’honneur de l’armée de son pays, a facilité les cabales médiatiques et judiciaires dont il est régulièrement l’objet.
      La dernière en date des opérations de lynchage s’est développée à la suite de son intervention sur le plateau d’une télévision privée. Il a prêté le flanc et offert l’occasion, diront certains. Sans doute n’ont-ils pas tort. Filmé sous un angle défavorable, pris en «sandwich» par de piètres questionneurs, il verra s’ouvrir contre lui un procès à charge où interviendront des témoins rameutés par le média en question : «Le voilà Nezzar. Nous l’avons ligoté. Affûtez vos couteaux !»
      Nezzar a-t-il voulu, en la date-anniversaire de l’interruption du processus électoral de janvier 1992, dire à ceux qui ne savent rien et qui prétendent juger, à ceux qui feignent d’avoir oublié et à ceux qui édictent que la décennie 1990 sera un trou noir qui ne devra laisser passer aucune lumière, que l’intégrisme est toujours là, qu’il n’a pas désarmé et qu’il avance ? A-t-il voulu démontrer que le silence ne sert ni la paix ni l’Histoire ? L’interdit l’aurait donc acculé à l’exercice difficile des explications et des éclairages dans le plus hostile des cadres ? Ou bien savait-il le retour imminent de certains anciens responsables, le carquois plein de flèches aux pointes trempées dans le fiel d’un long exil ? Les conséquences prévisibles de cette tentative de communication, du fait de la démarche orientée des interviewers du scandale et du scoop à tout prix, ont mis le général Nezzar dans un engrenage qui le conduit à des révélations en cascade qui suscitent — c’était prévisible — un véritable tir de barrage.
      Nezzar a-t-il voulu suggérer en désignant de l’index certaines parties, qu’on a voulu «essuyer le couteau » sur sa vareuse et, qu’ayant été laissé seul face à la meute, il est en droit de se défendre et de nommer chacun par ses œuvres ?
      Nul ne peut denier au général Nezzar le droit de s’exprimer et de dire ses vérités, disent ceux qui ne lui veulent que du bien. Un de ses proches résume ainsi le sentiment général de ceux qui ont été surpris par sa prestation chez le média des Frères musulmans : «Nezzar doit se souvenir des grands services qu’il a rendus à son pays et qui lui font obligation, sur certaines questions sensibles, de retenue et de réserve».
      D’autres ajoutent : «L’officier qui, sans aura historique, sans socle partisan, au moment des périls, alors que les clercs trahissaient et que les notables politiques vendaient leur âme à la criée, a su garder à l’esprit une idée simple : «la mission du soldat est la défense de son peuple» et a agi courageusement selon cette conviction, cet homme risque de devenir banalement commun et d’altérer la belle image de marque qu’il a conquise de haute lutte et à laquelle beaucoup d’Algériens souscrivent : l’autorité morale. Le pays qui lui doit tant est toujours dans l’œil du cyclone. Il exige de tous ceux qui ont contribué à sa sauvegarde de rester à la hauteur de ce qu’ils ont fait».
      Pour l’Histoire et pour la vérité, le général Nezzar n’a pas été laissé seul dans l’épreuve que lui a imposée un ministère public suisse à mille lieues des réalités algériennes. Des Algériens se sont mobilisés. De grands noms de la société civile fidèles à leurs idéaux et à leurs principes ont signé des pétitions. Pas uniquement pour Nezzar, mais parce que indignés que des juges étrangers, qui ne savent rien de la tragédie que nous avons vécue, s’arrogent le droit d’interpeller de hautes personnalités et de les interroger sur des questions de politique intérieure qui n’ont rien à voir avec les actes qu’ils prétendent leur reprocher (voir l’interrogatoire du général Nezzar paru dans la presse en octobre 2011). En colère de découvrir que leur pays ne pèse plus grand-chose sur la scène internationale et qu’il n’a plus la densité qui faisait naguère sa force et imposait le respect à ses partenaires, des compagnons de la guerre de Libération ou de l’ANP lui ont fait barrage de leur corps. Des fidèles de toujours sont restés à ses côtés sans céder à la lassitude ou au doute.
      Les plus hautes autorités du pays, conscientes des arrière-plans de la cabale, ont agi avec rapidité, détermination et vigueur dès le début de l’affaire. La poursuite de la procédure ne fait pas perdre leur sang-froid à ces hautes autorités qui estiment que le rôle traditionnel de la Suisse - le rapprochement des extrêmes et le concours à la paix dans le monde - finira par prévaloir et s’illustrer, en ce qui concerne l’Algérie, par la reconnaissance de ses efforts pour ramener la paix chez elle grâce à la politique de réconciliation nationale initiée par le président de la République et approuvée par référendum par le peuple algérien.
      Les Suisses finiront, tôt ou tard, par se déterminer aux côtés de l’immense majorité du peuple algérien qui a voté pour la paix et non pas aux côtés de ceux qui, mus par le ressentiment, ou par d’autres raisons, la rejettent en engageant des procédures ou en recourant aux attentats terroristes.
      La Suisse peut-elle envisager de devenir le théâtre d’affrontement entre islamistes et leurs adversaires, encourageant ainsi les extrémistes à aller plus loin encore ?
      Les autorités algériennes optent pour la patience et les explications dans un climat serein, et pour l’approfondissement de la coopération dans tous les domaines avec la Suisse, confiantes que les réalités algériennes (et du monde) finiront par s’imposer aux amis suisses. Elles ordonnent la mise en sourdine du tintamarre qui a suivi l’interpellation du général Nezzar en attendant que l’excitation retombe.
      Tout le monde s’y attellera. A commencer par le général Nezzar qui mettra tout son poids dans la balance pour convaincre les membres de la «Fondation pour la Mémoire de la Terre» de renoncer à leur projet d’exhumer des cartons, où il attendait une sortie au grand jour, le noir et lourd dossier de la «Compagnie Genevoise» qui a appliqué dans les concessions octroyées par Napoléon III (20 000 hectares) le 26 août 1853 dans le canton de Sétif, avec une rigueur et une précision suisses, l’infâme code de l’indigénat qui a réduit à l’esclavage et à la famine des dizaines de milliers d’Algériens.
      C’est sur l’intervention de Ali Haroun, ami de longue date de Nezzar, que les attaques dans la presse contre la Suisse cesseront. Lorsqu’un journal algérien écrira: «l’Algérie sera moins solidaire quand un citoyen suisse en mal de dépaysement s’égarera dans le désert», le chef du gouvernement, appliquant le principe de précaution, instruit les services de sécurité de redoubler de vigilance pour protéger les citoyens suisses présents ou de passage en Algérie. Les incroyables outrances de Kadafi, lorsque son fils a été interpelé à Genève, pour des faits de brutalités, ne feront pas école en Algérie. Nezzar, s’il devait participer à l’instruction, le ferait dans un climat serein et apaisé.
      Dans l’affaire suisse, l’analyse hâtive de commentateurs friands de raccourcis : «les déboires suisses de Nezzar proviennent d’Alger» ne résiste pas à l’examen. Nezzar, malgré son franc-parler, souvent dérangeant, reste un symbole. Ne pas le défendre, c’est raviver les espoirs d’un FIS dissous officiellement mais dont l’idéologie reste présente sur le terrain, c’est rompre dangereusement les grands équilibres de la société algérienne dont Abdelaziz Bouteflika s’est proclamé garant.
      Ponce Pilate est-il suisse ?
      Les autorités politiques fédérales suisses, bien que désolées, se disent dans l’impossibilité d’intervenir pour arrêter la machine judiciaire.
      Surprenante réponse. On veut bien tenir un pays en amitié, commercer avec lui, y domicilier une ambassade et ignorer que cette présence, cette amitié et cette coopération auraient été difficiles si la charte pour la paix et la réconciliation nationale n’avait pas changé les choses en Algérie.
      La plupart des intervenants algériens dans le dossier reconnaissent cependant que les politiques suisses n’ont plus la partie belle. Ils ont en face d’eux le puissant lobby des droits de l’Homme, l’opinion publique, la législation de leur pays et la règle incontournable de la séparation des pouvoirs.
      Othmane BENZAGHOU

      Commentaire


      • #4
        La procédure ouverte contre Nezzar arrive au moment où Amnesty International, Human Rights Watch : MERS, la Déclaration de Berne, le Conseil suisse pour la paix, Trial (Association suisse contre l’impunité) et l’ONG féministe pour la paix, entre autres, réunis au moment de l’éclosion des «printemps arabes», demandent un soutien actif et crédible au changement dans les pays arabes et exigent que «la Suisse doit également proposer son soutien pour la mise en place d’institutions démocratiques et respectueuses de l’Etat de droit, pour la réforme de l’appareil répressif ainsi que pour l’investigation et la sanction des droits humains... Enfin la Suisse doit également contribuer plus activement à sanctionner, sur la base du droit international, les crimes contre l’humanité…» Tout est dit.
        Ces acteurs puissants et déterminés ont su atteler à leur charrette militante des juges volontaristes forts de la séparation des pouvoirs, qui auront là l’occasion de tenir la dragée haute aux diplomates.
        L’arrêt du 25 juillet 2012 de la Cour des Plaintes de la Confédération qui autorise les poursuites contre l’ancien ministre de la Défense amène ce dernier à participer à l’instruction.
        Les conséquences pénales et le discrédit moral qui auraient découlé d’une dérobade auraient été immaîtrisables.
        Nezzar, qui ne supporte pas d’être traité de «criminel de guerre», est convaincu que le MPC helvétique va s’en tenir strictement aux faits allégués et qu’il demandera aux plaignants d’en apporter les preuves. Il n’a, à ce moment, aucune raison de douter de l’impartialité de la juge qui l’a interrogé.
        Ayant condamné la torture quand il était en charge de responsabilités et donné des instructions pour en poursuivre les auteurs avérés, il a estimé que le MPC suisse ne tarderait pas à comprendre ce que cachent les dénonciations qui lui ont valu son interpellation : un podium médiatique et la caution de la justice d’un pays démocratique aux thèses du FIS. Il est convaincu, et les autorités algériennes également, que dès que la raison politique – l’arrêt du processus électoral - va percer sous les allégations de ses prétendus crimes de guerre, les choses n’iront pas plus loin.
        Pour lui, ce qu’il n’a pas pu faire entendre à Paris en 2002, lorsqu’il est allé confondre un des diffamateurs de l’ANP parce que la presse algérienne a fait une lecture étriquée de l’action qu’il a intentée et que l’écho médiatique international a été étouffé par les sponsors de ses vis-à-vis, peut-être, au fond, que cette procédure en Suisse n’est pas une mauvaise chose si elle devait produire, par un effort pédagogique patient, l’effet inverse de celui espéré par l’enseigne «Trial et frères».
        La fameuse phrase de Monsieur Philip Grant, le président de Trial : «Le vent des printemps arabes a soufflé à Genève», au lendemain de son interpellation, a sonné fort à Alger.
        A en croire monsieur Grant, un procès contre Nezzar aurait un effet déclencheur, serait un percuteur, une sorte d’étincelle allumant le cordon bickford vers le baril de poudre algérien. La théorie des dominos…

        L’arrêt du 25 juillet :
        Les conclusions des magistrats de la Cour des plaintes condensées dans l’arrêt du 25 juillet 2012 (objet d’une fuite qui arrange la partie plaignante), visiblement influencées par « l’intime conviction » de la parquetière en charge de l’instruction, désireuse coûte que coûte de continuer les poursuites, confèrent aux affidés d’un parti islamiste radical, qui a voulu imposer par la violence terroriste un califat hors de siècle en Algérie, le statut de belligérants et les présentent comme de simples opposants armés tandis que les actions de maintien de l’ordre des forces de sécurité sont placées dans la rubrique des crimes de l’Etat. En Algérie on déchante. La confiance est ébranlée.
        Les magistrats, certainement en toute bonne foi, ont fondé leur décision sur des publications en ligne qui répercutent les thèses des résiduels du FIS, ou celles de livres écrits par des étrangers, mais signés par d’anciens membres de l’ANP, souvent déserteurs. La propagande qui a induit en erreur les juges suisses vient de loin.
        L’arrêt du processus électoral en janvier 1992, imputé et reproché à Nezzar, a été ressenti par les membres des organisations islamistes partout dans le monde comme un terrible revers. Le pouvoir algérien de l’époque n’a eu aucune idée de l’impact émotionnel que son acte salvateur a provoqué au sein des organisations islamistes en Suisse, en Allemagne, en Angleterre, pour ne citer que les pays où elles connaissent de remarquables fortunes politiques. Les membres du HCE, et à leur tête Khaled Nezzar, ont été l’objet, dans les discours des frères, des mêmes anathèmes que ceux lancés, en leur temps, aux dirigeants arabes laïques, ennemis de leur confrérie.
        Mourad D’hina, ingénieur dans un centre de recherche genevois, pourvoyeur d’armes et de bombes aux GIA algériens, président de l’ONG Rachad, Rachid Mesli, avocat, condamné à trois ans de prison pour complicité avec des terroristes, président de l’ONG «Karama» ainsi que d’autres milieux hostiles, ont balisé le terrain aux avocats autoproclamés des droits de l’Homme en Algérie.
        Ces associations émanations des islamistes radicaux algériens, bénéficiant des largesses des dictatures médiévales du Moyen-Orient, confortablement installées en Europe grâce à la permissivité des autorités politiques, profitant de la naïveté de milieux religieux, intellectuels ou judiciaires, à l’abri de toute surprise du fait de l’impuissance de services de police paralysés par les règles de l’Etat de droit, ont su tisser avec des ONG occidentales et des institutions spécialisées de l’ONU, par l’entrisme et la propagande, des relations utiles à leur cause.
        Le discours des anciens activistes du FIS, des intellectuels bon chic-bon genre, des ingénieurs, des avocats, des médecins qui ne sauraient être porteurs d’une idéologie mortifère, a été émouvant. Ils ont plaidé la cause de la démocratie et du choix souverain du peuple foulé aux pieds par «une junte composée de généraux violents et corrompus dirigés par Khaled Nezzar». Ils ont rencontré une bonne écoute.
        Lorsque le terrorisme de leurs GIA a commencé à révulser la conscience humaine, leur principal souci a été de blanchir les organisations criminelles des horreurs commises en les imputant à l’armée et aux forces de sécurité algériennes.
        Les approches des magistrats suisses recoupent, point par point, les assertions de ces associations et consolident les accusations des plaignants et de leurs témoins.
        Cette lecture guidée les conduit allégrement, prétextant l’influence supposée du général Nezzar sur ses anciens compagnons à incriminer l’ensemble des hautes autorités militaires de l’Etat algérien de 1992 à 1999. Leur arrêt a accentué la pente naturelle tracée et satinée par les a priori du parquet. La Cour des plaintes, non seulement n’a reconnu aucune immunité au général Nezzar et a autorisé la procédure ouverte contre lui, mais l’étend, de facto, à tous les responsables algériens qui ont mené la résistance au terrorisme islamiste. On est loin du cadre de l’affaire Nezzar et des faits précis qui lui sont reprochés. La procédure, avec l’arrêt en question, a visiblement glissé.
        Le pré jugé - écrivons-le en deux mots - d’un général Nezzar, maître et responsable de tout, même après qu’il eut quitté le pouvoir, clamé par les plaignants, accepté sans débats par le parquet, retenu tel quel par les hauts magistrats de la Cour des plaintes, fait de l’ancien ministre de la Défense un authentique parrain et assimile les institutions algériennes à une mafia.
        Le général Nezzar, rencontré incidemment par l’auteur au mois de novembre 2015, lui confie, sans rentrer dans les détails de l’instruction, que plus de quatre années après son interpellation, l’étendue de la période pénale recoupe toujours la mise en prévention initiale et, qu’au début de chaque audience, le MPC rappelle le cadre temporel de son action (1992 à 1999) sans tenir aucunement compte du fait que Nezzar a quitté ses fonctions officielles depuis janvier 1994. Le MPC suisse, qui décide, par cet étonnant passé outre à la logique du temps et de l’espace, que la planète est plate et qu’elle ne tourne pas, ou qu’il y a une vie après la mort, enrichit la justice universelle d’une remarquable jurisprudence. «Et pourtant elle tourne !», s’était exclamé, en son temps, un autre célèbre justiciable confronté lui aussi au tragique entêtement des juges. Mais cette aberration apparente cache autre chose, comme nous le verrons plus loin.
        Pour les Algériens, la décennie 1990 est sans doute la période la plus douloureuse de leur longue et tragique histoire, pour conjurer son retour, dans un élan de sagesse retrouvée, faisant taire leurs doutes et leurs ressentiments, ils ont opté, encore souffrants, pour la réconciliation même si, réalistes, ils ont compris qu’il fallait patiemment la construire. Pour certaines parties étrangères, ouvertement à la rescousse de leurs bourreaux, c’est une période pénale qui ne concerne que les grands patriotes qui ont résisté dans le cadre des lois algériennes à la barbarie.
        Othmane BENZAGHOU

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        • #5
          Un procès politique :
          Dans le «Tages Anzeiger» du 3 août 2012 Stefan Schürer, commentateur politique, note que l’arrêt qui autorise le MPC à poursuivre la procédure contre le général Nezzar est «un arrêt hautement politique sur une question extrêmement controversée». L’analyse de Schürer recoupe les conclusions du juriste Sam Lyes, enseignant à la Faculté de droit et des sciences politiques à Tizi-Ouzou, selon lequel : «la procédure ouverte (contre le général Nezzar) devant les juridictions suisses concernant le conflit interne qu’a vécu l’Algérie durant des années n’est point un procès contre une personne privée. Il s’agit plutôt d’un procès mettant en cause un Etat étranger pour sa politique de lutte contre le terrorisme, et ce, à travers la poursuite de son ex-ministre de la Défense… membre d’un organe de transition de surcroît».
          Le bâtonnier Marc Bonnant, évoquant l’affaire Nezzar dans la presse de son pays, écrit :
          «Marshall McLuhan a théorisé en 1967 déjà, un fait depuis longtemps constaté : le monde n’est qu’un seul et même Village –un village global-, une seule et même communauté. Les Etats exerçaient les uns sur les autres un droit de regard. De l’intransigeance du regard, ils sont passés aux actes et considèrent légitime l’ingérence. Militaire sous l’égide de l’ONU et humanitaire dans le cadre d’organisations et de conventions internationales.
          «Désormais, le droit d’ingérence sera aussi…judiciaire. Notre pays a décidé de s’inscrire dans ce mouvement. Ainsi, à défaut de faire l’Histoire, la Suisse l’écrira. Par ses juges à Bellinzone».
          Les hautes autorités de la République prenant acte de la volonté de Nezzar qui a décidé d’affronter ses adversaires pour les raisons que nous avons évoquées plus haut, lui donnent les moyens de se défendre et de communiquer. Il va le faire dans un climat apaisé sans faire montre de colère ou de vindicte à l’égard de ses accusateurs, sauf peut-être envers celui qui a essayé de monnayer le retrait de sa plainte, nous dira-t-il sans s’étaler outre mesure sur le reste. A aucun moment il ne leur contestera le droit de demander des comptes pour ce qu’ils disent avoir subi, laissant à la justice le soin de faire la part de chacun. Plus tard, le 2 mai 2013, sortant, ébranlé, d’une confrontation avec un plaignant, il s’étalera sur les responsabilités de ceux qui ont conduit le pays à la tragédie qui a occasionné tant de souffrances. Il en sort renforcé dans sa décision d’aller au bout et au fond des choses et, pour lui, cette clarification, ces vérités seront, d’une certaine manière, une réparation morale à ceux qui ont subi.

          L’enfer est pavé de bonnes intentions :
          La procédure concernant le général Nezzar dure maintenant depuis plus de quatre ans. A part le prévenu, les plaignants et les autorités directement concernées, personne ne sait grand-chose de la façon dont l’instruction se déroule et ce qui s’y dit. Le général Nezzar, pour une fois discret, ne communique pas sur ce qui se passe précisément dans les bureaux de la procureure suisse. Les informations parues dans la presse et quelques rares confidences glanées çà et là nous permettent cependant de faire des recoupements qui renseignent sur l’évolution du dossier. Un journal suisse vient de nous apprendre que la magistrate en charge de l’affaire depuis octobre 2011 a été licenciée. Désaveu pour son alignement invariable sur les thèses des milieux islamistes et son acharnement à vouloir déférer devant le tribunal, en se contentant de sa seule «intime conviction», l’homme qui, le premier, a refusé le diktat des fanatiques et donné le signal de la résistance ? Sa hiérarchie, respectueuse de la législation et des engagements internationaux de la Suisse, lui a donné tout le temps pour étayer le dossier et démontrer la véracité des accusations. Cette hiérarchie se serait-elle réveillée devant le manque de résultats (le contraire se serait su) et aurait-elle décidé d’intervenir pour regarder de plus près une affaire dont une magistrate, enfermée dans ses certitudes, semble faire une affaire personnelle, démarche qui coûte de l’argent au contribuable suisse et met à rude épreuve la diplomatie de la Confédération? Ou bien a-t-elle subi les conséquences de sa gestion maladroite du dossier Falciani, le voleur de fichiers bancaires, qui a mis dans l’embarras beaucoup de monde en Suisse? Toutes les supputations sont permises. Revenons un peu en arrière, voyons un peu comment cette dame, à l’aise dans sa nouvelle robe universelle, est rentrée à l’envers dans le combat mondial contre le terrorisme salafo-djihadiste.
          Partout en Europe, l’heure est à la solidarité avec ceux qui dénoncent les systèmes de fer qui cadenassent la libre expression, à l’aide aux opposants qui luttent contre les régimes violents (Birmanie, Tunisie, Libye, Syrie, Egypte), elle est au soutien aux minorités qui défendent leur croyance ou leur particularisme, (Ouighours, Aziris, Chrétiens d’Orient, Kurdes) elle est au prêche pour la démocratie pluraliste, elle est à la condamnation de la torture et des mauvais traitements. Une bannière frappée de mots fluorescents résume ce programme: les droits de l’Homme. Elle flotte dans les salles où se tiennent les rencontres, les colloques et les conférences. Elle est présente sur les plateaux de télévision où sont conviés experts, spécialistes et autres connaisseurs du monde arabe ou musulman. Portée par ce vent divin, convaincue qu’elle agit pour le bonheur de ses contemporains, confortablement adossée à la règle de la séparation des pouvoirs, en phase avec l’action d’ONG qui sauront la soutenir le cas échéant en rameutant les médias, la procureure helvétique engage son action contre le général algérien. Au moment où elle le fait, au moment où elle décide de plonger dans le labyrinthe algérien, elle n’a aucune idée précise de ce qui s’est passé en Algérie au cours de la décennie 1990. Elle ne sait rien de l’idéologie des intégristes et de la violence qui l’accompagne. Elle ignore que l’Algérie a été l’objet d’une tentative d’assujettissement à un ordre rétrograde, moyenâgeux, tirant ses justifications d’une exploitation de l’islam aussi aberrante que sanguinaire. Elle ne comprend pas qu’en y résistant et en s’y opposant, l’action de l’armée et de la majorité des citoyens a évité au pays l’installation d’un ordre taliban. Elle ne fait aucun lien entre les GIA algériens et le salafo-djihadisme qui ravage le monde musulman, frappe périodiquement l’Europe et qui a endeuillé, quelques années auparavant, la Suisse à Louxor. L’Algérie est une terra incognita pour cette magistrate. Trial et les plaignants lui ont dit beaucoup de choses. Elle n’a retenu que «l’essentiel» : au début de la décennie 1990, dans ce pays d’Afrique du Nord, une junte militaire, avec à sa tête le général Nezzar, après avoir précipité le pays dans la guerre civile, a entrepris, pendant dix ans, par la torture, les disparitions de personnes et le massacre de villageois, de réduire toutes les oppositions.
          Qu’importe si les plaignants contre Nezzar disent la vérité ou profèrent des mensonges. Peu lui importe ce qu’ils ont fait, quelles étaient leurs idées et la façon avec laquelle ils ont voulu les faire triompher. Elle n’est pas là pour faire de la politique mais instruire des faits précis.
          Nezzar fait partie de la catégorie d’hommes que ses mentors abhorrent le plus : les militaires du tiers monde, les militaires sans lesquels aucun système répressif ne peut fonctionner. Il est forcément coupable. Cela lui suffit. Sa conviction est faite. Elle n’en démordra plus. La route est balisée pour une instruction au long cours. Elle dure encore. Depuis octobre 2011, la procureure Boillat tourne autour de quatre questions sans pouvoir leur apporter de réponses convaincantes. Et c’est ce qui a rendu difficile la mise en état de son dossier. Comment cacher au tribunal devant lequel elle espérait pouvoir déférer le général algérien que la prétendue «junte» d’Alger était, à part le général Nezzar, composée de civils, ( un célèbre chirurgien, recteur de la mosquée de Paris, un journaliste de renom, un grand avocat et un ancien combattant de la guerre de Libération). Comment reconnaître que le militaire accusé d’avoir perpétré un coup d’Etat «pour préserver des acquis et des privilèges» avait annoncé, par avance, le temps où il resterait au pouvoir et qu’il a tenu parole ? Comment expliquer que, sur les trois ministres qui se sont succédé en Algérie à la tête du ministère de la Défense, au cours de la décennie 1990, la fameuse période pénale, et les quatre chefs d’état-major, seul le général Nezzar est poursuivi ? Ce ne seraient donc pas des faits de torture qui lui sont reprochés (pourquoi ne pas les reprocher également aux autres ?) mais son acte politique du 11 janvier 1992: l’interruption du processus électoral. Comment alors empêcher le tribunal de conclure qu’on lui demande de se prononcer, non sur les actes «criminels» d’un homme, mais sur les décisions politiques d’un Etat ?

          L’impasse !...
          Toute la démarche de l’ancien ministre de la Défense, pendant ces longues années face à la représentante de la justice helvétique, a été guidée par le souci constant d’expliquer plutôt que de s’expliquer. Puisque le parquet suisse s’octroie le droit de rendre justice aux Algériens «victimes des agissements de la junte qui a pris le pouvoir en janvier 1992 à l’instigation du général Nezzar» et s’engage dans une lecture pénale de notre histoire récente autant lui fournir des précisions et des éclairages plus conformes à la réalité, a estimé ce dernier. Ses interventions sur l’antenne de la TV, qui a abusé de sa spontanéité et de sa bonne foi, sont-elles un résumé des explications et des éclairages donnés aux magistrats suisses ? Cela étant dit, il sera bon, un jour, pour l’édification de ceux qui veulent mieux connaître ce qui s’est passé dans le pays depuis octobre 1988 et que Nezzar a tenté d’expliquer récemment, avec sincérité et sans l’apprêt prudent qui permet d’éviter la confusion chronologique, le flou des portraits, le heurt des mots violents et les digressions inattendues, il sera bon, dis-je, de revenir un jour sur quelques pans d’Histoire. L’affaire suisse, que nous avons brièvement évoquée, sans entrer dans le détail des actes de l’instruction que nous ne connaissons pas, sera certainement un bon cadre pour récapituler, pour l’Histoire pas pour la polémique, les évènements et retrouver les hommes de la décennie 1990. La période HCE, surtout, mérite d’être mieux connue.
          Dans une situation sécuritaire difficile, avec des ressources financières quasi inexistantes, «soumise à l’arbitraire d’un embargo international quasi intégral», cible d’un déchaînement médiatique hostile sans précédent, l’Algérie du HCE a su sauvegarder la nature républicaine de l’Etat, préserver la libre expression, initier un dialogue national y compris avec la mouvance islamiste et préparer le retour à un ordre constitutionnel démocratique.
          Enfin, et ce n’est pas le moindre de ses mérites, le HCE s’est auto-dissous dès sa mission terminée, prouvant ainsi que les raisons de l'action de chacun de ses membres étaient uniquement le service de l’Algérie.
          M. M.
          Othmane BENZAGHOU

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          • #6
            tu es concient que dans le thread retour de saadani tu tombes à bras racc ourcis sur mediene et ici ton article promeut ce même mediene ?

            d'ailleurs qui est ce makhdari ?

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            • #7
              Ah bon, je tombe a bras raccourcis!!! Tu peux nous éclairer un peu mieux sur tes allucinations... Une de plus...

              PS : le téléphone arabe fait des ravages...
              Othmane BENZAGHOU

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              • #8
                hallucination.. zatla hrabeche wela champignon..?

                le thread de beaker est là..

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                • #9
                  Et? Citations ? Yakhi sketch yakhi...
                  Othmane BENZAGHOU

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                  • #10
                    Toufik doit aussi poursuivre Saidani qui l a accuser d avoir doubement failli a la protection du feu président Boudiaf ellah yerhmou assasiné et aussi a la tentative d assassinat de Bouteflika a Batna en 2007 que faut il le rappeler c est grâce a un brave policier des RG qui a flairer le coup et a avorter cette macabre tentative d assassinat présidentielle
                    Dernière modification par kaarimdz, 20 octobre 2016, 09h41.

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                    • #11
                      saadani rase gratis c tout...

                      malheureusement, il parle à un chaab de crédules qui croit aux discours !!!

                      comment un mec qui achète une bâtisse à neuilly, le nie puis le reconnait publiquement sans jamais nous expliquer comment il a monté ce financement peut encore être cru sur parole ?

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                      • #12
                        que vaut l immeuble Neuilly de saidani devant les revelations par abdelhamid brahimi du detournement des 26 milliard de dollars oeilfermé
                        Dernière modification par kaarimdz, 20 octobre 2016, 09h39.

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                        • #13
                          L’erreur du général Toufik au moment où, plus tard, voyant le Président affaibli par la maladie, il avait voulu mettre en place une alternative pour le plus grand bénéfice du pays, a-t-il cru, est de n’avoir pas accordé suffisamment d’importance à la nouvelle configuration du pouvoir au sommet ; pouvoir, malgré les apparences, plus que jamais robuste et imaginatif.
                          C'est quoi cette alternative?La même qu'en 79,on remplace un dictateur par un âne?
                          Vu l'importance qu'avait pris ce service,comment venir affirmer qu'il ne savait pas que ce pouvoir auquel il appartenait,était robuste et imaginatif?
                          Imaginatif le pouvoir?
                          Pour détruire et non construire,on voit le résultat dans lequel se trouve le pays aujourd'hui.

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                          • #14
                            que vaut l immeuble Neuilly de saidani devant les revelations par abdelhamid brahimi du detournement des 26 milliard de dollars oeilfermé
                            si tu ne fais pas la différence entre une annonce politicienne et un fait tangible prouvé cela ne sert à rien de chercher à comprendre...

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                            • #15
                              Pour rester terre à terre je dirais, en ce qui concerne tous ces corrompus qui ont gères le pays dans le passé ou actuellement et, que certains les gratifié du qualificatif de responsables ou dirigeants ils ont étés ramassés, pour leur ensemble, dans les caniveaux de mafiosi et ils se sont entre-aider pour amener le pays à l'état ou il est aujourd'hui et, si aujourd'hui ils se dévores entre eux, certainement ce n'est pas pour les beaux yeux du peuple, c'est toujours pour disposer du pouvoir et continuer leurs affaires mafieuses
                              " C’est la rivière qui apporte dans son cours l’espoir aux chercheurs d’or…Elle n’attends jamais de ces derniers qu’ils en remettent dans le sien" (r.b)

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