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Les ratés du « réalisme prospectif » au Maroc (par Serfaty)

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  • Les ratés du « réalisme prospectif » au Maroc (par Serfaty)

    Rares furent les interventions dans la presse de l'icône maroco-brésilienne Abraham Serfaty.

    Dès lors, en soumettant au Monde diplomatique son assertion intitulée " Les ratés du "réalisme prospectif" au Maroc, l'un des plus célèbres prisonniers politiques du monde; excelle lors d'une analyse rare et pourtant si idoine envers l'ignominie du régime royaliste du Makhzen,
    ___________________

    Extraits:

    Le dictionnaire Robert note à juste titre : « Le vote du 20 décembre 1852 chargeant le prince Louis-Napoléon de faire une Constitution sur les bases de sa proclamation du 2 décembre était un plébiscite et non un référendum . »

    Précision intéressante, car elle permet de comprendre que le peuple n’est pas consulté pour affirmer le droit mais pour le déléguer, pour aliéner sa souveraineté au profit de celui qui le consulte, qui détient la force mais a besoin de légitimité.
    Toutes les Constitutions marocaines depuis 1962 reflètent l’aliénation de la souveraineté du peuple soumis à la monarchie qui, dans l’histoire, s’est constituée « par la rencontre entre l’ambition expansionniste d’oligarchies tribales et les noyaux de grands commerçants intéressés surtout au contrôle politico-militaire des routes transsahariennes de l’or et de leur débouché en Méditerranée ".

    Par la beïa (serment d’allégeance), les notables se soumettaient au chef, dans le cadre de la dynastie qui avait su s’imposer par la force. C’était l’Etat-makhzen, il perdure aujourd’hui.

    Sous des formes modernisées, puisque le peuple se voit désigné dans les Constitutions successives comme « détenteur de la souveraineté » . Mais pour en être aussitôt dépouillé au profit non plus du sultan, mais du roi « inviolable et sacré »

    Abraham Serfaty, Monde diplomatique, novembre 1992

  • #2
    Maroc: 12 ans de prison pour une lettre au roi "inviolable"



    Douze ans de prison pour une simple lettre adressée au roi ? L’histoire de Kaddour Terzhaz, un franco-marocain de 72 ans, retraité de l’armée de l’air marocaine est abracabrantesque. A moins qu’il ne s’agisse d’un règlement de compte de la part de certains généraux influents…

    Cet officier supérieur marocain, marié à une Française – d’où sa double nationalité – avait sous sa responsabilité directe, dans les années 1970 et 1980, les pilotes chargés de bombarder, dans le Sahara, les colonnes du Polisario. Certains d’entre eux ont été faits prisonniers par le Polisario. A l’époque, le roi Hassan II ne voulaient pas entendre parler de ces hommes. Ils étaient, à ses yeux, des « disparus » : Reconnaître qu’ils étaient prisonniers, c’était, déjà, admettre l’existence de la guérilla indépendantiste…

    En septembre 2003 cependant, grâce à l’activisme de la Croix Rouge, plusieurs d’entre eux ont été libérés. Dont Ali Najab. Lui qui a passé 25 ans dans les camps de Tindouf n’accepte pas le climat de défiance qui règne autour des prisonniers libérés, et moins encore le règlement militaire qui veut- au Maroc, mais pas seulement- qu’un prisonnier de guerre soit rayé des tablettes de l’armée avec le grade qu’il avait le jour de sa capture. Et comme nous sommes au début du règne de Mohammed VI, dans un Maroc où souffle un vent de liberté, il crée une association pour défendre la cause de ex-prisonniers de guerre. Il prend aussi contact avec Kaddour Terzhaz, dont il connaît le franc parler. Celui-ci décide alors d’écrire au roi.

    Sa lettre, très respectueuse, reprend l’argumentation d’Ali Najab. Il souligne le caractère particulièrement dangereux des missions des pilotes dont les appareils nétaient pas à l’époque équipés de protections anti-missiles, avant d’en appeler à la « sollicitude » du souverain et de plaider pour des reconstitutions de carrière.

    Il envoie sa lettre au Palais après en avoir remis une copie à l’ancien pilote. Nous sommes en 2005.

    Kaddour Terhzaz ne recevra jamais de réponse à sa lettre. Mais, trois ans plus tard, le 9 novembre 2008, il est arrêté. Jugé par un tribunal militaire, accusé d’avoir « divulgué des secrets de la défense nationale » il est condamné, le 28 novembre, pour « atteinte à la sûreté externe de l’Etat ».

    Entre temps, la hiérarchie militaire est entrée en possession sans que l’on sache comment, du double de la lettre remis à l’époque à Ali Najab. Et le patron de l’armée, le général Abdelaziz Bennani a décidé de porter plainte contre Kaddour Terhzaz. Avec, en guise d’argument, l’allusion faite par l’officier, dans sa lettre, à l’absence de protection anti-missiles.

    Ce serait cela le « secret » militaire « divulgué » par Kaddour Terhzaz. Or, non seulement Kaddour Terhaz n’a rien divulgué- il n’a jamais rendu publique sa lettre au roi- mais ce « secret » n’en est pas un. « Nos avions n’étaient pas équipés de moyens électroniques anti-missiles. Nous le savions et nous sommes quand même allés au combat » déclarait notamment Ali Najab dans une interview publiée le 21 avril 2006 par l’hebdomadaire Maroc Hebdo International ». Des propos qui ne lui avaient pas valu à l’époque le moindre ennui…


    Source: L'Express.fr

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