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Greniers citadelles de l’Atlas..‘Igherm’ ou ‘Agadir'

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  • Greniers citadelles de l’Atlas..‘Igherm’ ou ‘Agadir'

    Les greniers collectifs, appelés aussi greniers-citadelles, les igherm1, sont des constructions utilitaires traditionnelles berbères du nord Maghreb utilisées du sud-ouest du Maroc à la Lybie tripolitaine.

    Bâtiment à vocation défensive et de stockage, c’est dans les massifs de l’Atlas qu’ils ont toujours été les plus nombreux et, pour certains toujours en activité.

    Construction

    La décision de bâtir un grenier était prise par l’assemblée des représentants tribaux et familiaux : les inflass 2.

    Chaque personne, chaque famille ou clan y était représenté et ceux ayant participé à sa construction disposait d’une pièce fermée.

    C’est particulièrement dans le Haut et l’Anti Atlas, le massif du Sirwa, régions aux villages difficilement accessibles, où les sécheresses souvent endémiques rendent les récoltes aléatoires que leur utilisation perdure le plus.

    Des petites forteresses à l’architecture défensive

    Trônant sur des promontoires ou des pitons rocheux, s’intégrant parfaitement au paysage, ils semblent prolonger comme une extension naturelle le socle sur lequel ils ont été érigés, pour dominer et surveiller les chemins d’accès et les alentours.

    Généralement construits sur un terrain appartenant à un clan dominant ou sur une terre inculte à l’écart du village, ils étaient bâtis avec les matériaux locaux, pisé, pierres sèches, briques ; parfois le soubassement était en pierre et le haut du bâtiment en pisé.

    Une seule porte en permettait l’accès, seules des bouches d’aération apparaissaient dans leurs murs.

    Un intérieur rationnel et défensif

    Ces greniers d’un genre particulier étaient dotés de lieux collectifs : cuisine, toilettes, pièce de réunion.

    Suivant l’importance du grenier, s’y adjoignaient parfois, en plus des ‘cases’ familiales, une petite forge, une écurie, une salle de prière ou une petite mosquée.

    Toutes ces pièces se répartissaient sur un ou plusieurs étages disposés autour d’une cour centrale. On y accédait par des escaliers qui étaient, suivant les régions, taillés dans des plaques de calcaire, puis sertis dans les murs ; ou davantage dans le sud, par des échelles en bois de palmier.

    Les igherm, s’ils faisaient partie intégrante d’un bâtiment fortifié plus important, étaient munis de tours d’angle. Un grand grenier pouvait être pourvu de plusieurs citernes d’eau en réserve.

    Un rôle politique et social

    Devenant peu à peu une institution, dès le moyen âge, l’igherm s’est progressivement doté d’une chartre, l’llouh. Les plus anciennes dateraient du Xe siècle.

    Hormis leurs vocations défensives et de réserve, par nécessité, les igherm ont de plus en plus assumé un rôle social et politique dans la tribu ou le village.

    C’est le conseil du village qui en gérait le fonctionnement. A l’Igherm N’Ougdal, village proche du col du Tichka, l’âge requis pour y participer était de 40 ans.

    Généralement, celui-ci se réunissait deux fois dans l’année durant des fêtes religieuses, le vendredi après midi était réservé au traitement des différends entre villages ou familles.

    En plus de la gestion des pâturages, des bassins d’irrigation, des travaux collectifs pour les entretiens des chemins et des parties communes du grenier, des divers conflits, les inflass étaient aussi les témoins des différentes transactions en représentant équitablement chaque famille ou chaque clan.

    dz(0000/1111)dz

  • #2
    entretien avec SALIMA NAJI

    Salima Naji est architecte DPLG (diplômée de l’École d’architecture de Paris-La-Villette), et docteur en Anthropologie (École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris).

    Elle exerce au Maroc en privilégiant les matériaux locaux dans le respect de l’environnement et de la culture des lieux. Depuis les toutes premières réalisations, la démarche s’inscrit dans une volonté de collaboration avec les artisans locaux. Conformément aux enseignements du grand architecte égyptien Hassan Fathy, elle les fait intervenir en leur rendant leur place dans une architecture qui reste cependant contemporaine. Les procédés constructifs ancestraux sont redécouverts, perfectionnés s'il le faut : Pisé, pierre, bois, stipes de palmier ou autres fibres, toutes les techniques des traditions vernaculaires du Maroc sont ainsi réinvesties dans une construction écologique sublimant le geste de l'artisan.

    Après avoir arpenté les vallées pré-sahariennes pendant près de dix ans, pour rendre compte des traditions artistiques des Kasbas du Sud marocain, elle a consacré plusieurs années de recherches aux greniers-citadelles du Maroc. Elle a interrogé la vitalité des pratiques conservatoires en privilégiant les formes construites, le grenier communautaire qui a le plus souvent bénéficié de la solidité d’un matériau – la pierre – sans négliger cependant les autres patrimoines tangibles et intangibles, dont les traditions transmises oralement.

    Parallèlement à ses recherches, elle s’investit ainsi depuis plusieurs années dans des actions concrètes de sauvetage ou de développement culturel. Elle a ainsi assuré la réhabilitation de plusieurs igudars (greniers collectifs, Amtoudi, Innoumar), de mosquées et de ksours (villages fortifiés d’Assa et d’Agadir Ouzrou). Elle œuvre aussi à la sauvegarde de la médina de Tiznit.

    Elle a reçu le Prix Jeunes Architectes, de la Fondation EDF en juin 2004.
    Elle a été déclarée "Inspiring women, expanding Horizon" par la Mosaic Foundation à Washington en 2008.
    Elle a été honorée par la cérémonie du Takrim de l’Ordre des Architectes du Royaume en 2010.
    Elle a reçu en 2011, le Prix Holcim du Développement Durable, "Bronze Afrique-Moyen-Orient [3rd International Holcim Awards competition Sustainable construction projects shaping better communities in Africa Middle East] pour le projet d’un centre de formation professionnelle à Marrakech pour la Fondation Alliances.

    Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence sur les architectures vernaculaires du Sud Marocain : Art et architectures berbères en 2001, Portes du Sud en 2003, Greniers collectifs de l’Atlas en 2006 et Fils de saints contre fils d’esclaves en 2011.
    Expert, elle a participé à plusieurs jurys internationaux.
    Dans le cadre d’une sensibilisation au Maroc, elle a organisé (commissaire et scénographe) l’exposition itinérante « Architecture des oasis, vitalité d’un patrimoine en danger » Espace BMCI - Route des Zaërs, Rabat, 2002 ; Villa des Arts, Musée de la Fondation ONA, Casablanca, 2003 ; Musée amazigh d’Agadir, 2004.


    dz(0000/1111)dz

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    • #3
      Bravo à cette dame qui s'implique dans la préservation de ce patrimoine berbère typique du Maghreb.
      Chez nous les derniers greniers dans les Aurès sont en train de devenir des ruines, faute de restauration !
      "When I saw the Hoggar Mountains, my jaw dropped. If you think of Bryce, or Canyonlands National Park, you're close, but the Hoggar Mountains are more spectacular." David Ball, Empire of sands

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      • #4
        La valorisation des monuments historiques

        Aujourd’hui, la notion du patrimoine fait partie des différents thèmes d’actualité qui font couler beaucoup d’encre tels que l’environnement, l’écologie, le développement durable, la conservation intégrée….
        En effet, cette notion est au cœur des préoccupations de l’homme contemporain.
        L’humanité entière s’intéresse et s’interroge avec passion sur l’importance, du sens qu’elle doit accorder à cette notion. Malgré l’évolution et le développement atteints par l’homme, ce dernier est à la recherche de ses racines, de son identité, de sa mémoire qui constituent le patrimoine qu’il doit conserver.

        Témoin de l’histoire d’un peuple, le patrimoine constitue non seulement une base importante pour la construction des identités mais aussi une assise référentielle pour le changement et le développement de celui-ci.
        Il permet de comprendre le passé d’une société pour mieux orienter son avenir. Il est l’élément fédérateur entre les générations : passées, présentes et futures.
        Fil conducteur intergénérationnel, le patrimoine attribut aux nations une confiance en soi grâce au lien séculaire qu’elles tissent avec leur territoire.
        Il leur accorde la capacité de prendre en charge leur propre destin tout en ayant une identité propre puisée dans les legs laissés par les ancêtres.

        En fait, les traces du passé laissées par les générations antérieures qu’elles soient matérielles ou immatérielles, orales ou écrites, enfouies ou apparentes, sont les composantes du patrimoine que l’humanité tente de sauvegarder tant bien que mal suivant les ressources que chaque nation possède.

        Il est clair que la préoccupation et le regard porté sur le patrimoine est en premier lieu international. Vu le rôle que joue le patrimoine dans la vie des individus et par extension des sociétés
        dz(0000/1111)dz

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