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Attaqués au marteau et au couteau pour une clope

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  • Attaqués au marteau et au couteau pour une clope

    Un requérant d'asile algérien a été condamné mardi pour avoir violemment agressé deux noctambules dans la rue.

    «Je suis papa d'une petite fille de 4 ans. Si j'étais mort par ta faute aujourd'hui, tu en penserais quoi? Tu dirais quoi là?» Autorisé par la présidente du Tribunal correctionnel à s'adresser directement à son agresseur, Roger*, une des victimes, l'apostrophe droit dans les yeux. Mais assis en face, sur le banc des accusés, Khaled* n'ose soutenir le regard, après s'être fait traduire les propos par une interprète. Il répond toutefois qu'il n'avait pas l'intention de tuer au petit matin du 3 mai 2015, à l'avenue Tivoli de Lausanne. Il ne voulait que faire peur, déclare-t-il, puis lâche: «Je suis heureux que vous soyez en vie.» Blessé ce soir-là au thorax, avec un poumon atteint par la lame, Roger, âgé de 26 ans, rétorque aussitôt: «Frapper avec un couteau, c'est pour tuer, pas pour faire peur!»

    «Tout cela pour une cigarette...», souligne son copain, Luis*, lui aussi victime du requérant d'asile algérien agressif et colérique cette nuit-là. Très avinés comme l'ont démontré un peu plus tard des prélèvements sanguins, les deux collègues et amis discutaient sur le trottoir en face du logement de Luis vers 2h50 du matin, quand ils ont croisé trois Maghrébins qui descendaient l'avenue Tivoli. Roger leur a demandé une cigarette. Face au refus net essuyé, il s'est permis d'insister. C'est alors que le déchainement de violence est survenu. Sous l'influence de l'alcool et de la marijuana, Khaled a soudain sorti un marteau d'un sac et s'est rué sur Roger, qui est parvenu à esquiver le coup et a repoussé d'un coup de pied son agresseur, le projetant au sol. Les deux amis de l'Algérien semblent avoir tenté de le calmer, mais celui-ci, hors de lui, s'est alors saisi d'un couteau et s'est jeté sur Roger, lui perforant le thorax. Blessé, le souffle coupé, il s'est effondré. Alors que son ami Luis, incrédule, s'est agenouillé au-dessus de lui pour lui prêter secours, il a reçu un coup de lame dans le dos. Alertée, une patrouille de police arrivée sur les lieux a pris en chasse Khaled qui a fui, en prenant soin de jeter dans sa course une boulette de cocaïne et deux joints. Il a été interpellé un peu plus tard à la rue de Genève grâce à un chien policier.

    Incarcéré, il a menti pendant quatre mois aux enquêteurs, comme l'a rappelé la présidente du tribunal mardi, avant de reconnaître les faits. Le marteau et les couteux retrouvés lors de la fouille lui appartiennent. Il a prétendu durant l'enquête qu'il s'était trompé de sac en sortant cette nuit-là... Quant aux victimes, Roger a subi
    un arrêt de travail d'un mois et Luis de 15 jours.

    Troubles de la personnalité de type impulsif

    Accusé de tentative de meurtre, subsidiairement de lésions corporelles graves, Khaled dit s'excuser et n'avoir eu aucune intention de tuer cette nuit-là. Arrivé en Suisse en 2012, après avoir vécu illégalement en Italie, en Espagne, en France, puis en Belgique, il reconnaît avoir beaucoup de dettes et souffrir de dépendance à l'alcool. La Cour relève que son casier judiciaire ne plaide pas en sa faveur: déjà trois autres condamnations depuis 2013. Appelé à la barre, un médecin psychiatre qui a réalisé une expertise sur Khaled à la demande de la justice a conclu qu'il souffrait de troubles de la personnalité de type impulsif. Inquiète, la Cour se demande alors comment canaliser cette impulsivité agressive, et quel traitement préconiser.

    Mardi, la procureure a fait une proposition à la défense et à la présidente (les deux victimes n'étaient pas assistées d'avocats): que le tribunal ne retienne que des lésions corporelles simples mais qualifiées, ainsi que la violation de la loi sur les stupéfiants. Le Ministère public a donc demandé une peine privative de liberté de trois ans ferme contre Khaled, avec déduction des jours de détention provisoire et d'exécution de peine anticipée déjà effectués, ainsi qu'un traitement médical obligatoire et un suivi obligatoire, y compris une fois sorti de prison.

    Après délibération, la Cour s'est rangée derrière cette proposition de condamnation. Elle n'a donc pas retenu l'intention d'homicide dans l'acte répréhensible de Khaled, mais elle a souligné sa culpabilité lourde, son orgueil déplacé et ses pulsions agressives: «Son attitude est détestable et inquiétante».
    20 minutes
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