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Secteur bancaire : Les établissements publics ne sont pas à vendre, selon l’argentier du pays

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  • Secteur bancaire : Les établissements publics ne sont pas à vendre, selon l’argentier du pays

    Écrit par Farid Messaoud

    Dans un entretien accordé à nos confrères de l’APS, le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, a tout dit ou presque. Il a d’abord apporté un éclairage au sujet de la privatisation des banques publiques, précisant que l’ouverture du capital des banques «n’est pas à l’ordre du jour».

    Le ministre coupe ainsi court à un débat naissant sur une proposition portant ouverture du capital des banques publiques (privatisation) qui figurait dans la première mouture de l’avant-projet de loi de finances 2017. Des arbitrages ont été faits et la proposition en a été retirée. La privatisation, le gouvernement en avait parlé pour la première fois en 2006. Il avait alors proposé à la vente le CPA et la BDL. Le CPA, sous la coupe de l’Etat, était une banque performante. Elle avait fait courir des banques étrangères connues à l’échelle planétaire : BNP Paribas, Société générale, Natexis Banque, le Crédit lyonnais, le Crédit agricole Indosuez, le Crédit industriel et commercial (CIC), HSBC… Le CPA s’était engagé depuis quelques années dans le financement des activités libérales. Il n’était pas un canard boiteux. La BDL était également un établissement performant, disposant de portefeuille hétéroclite, gérant l’argent de sociétés privées et de sociétés publiques. Les deux opérations ont tourné court pour des raisons liées à la crise financière engendrée par les subprimes. Privatisation pou pas, le marché financier est dominé par les banques publiques. N’est-ce pas là un paradoxe dans un pays à économie libérale qui a ouvert son secteur bancaire à la concurrence en 1990 ? Pas de paradoxe, estime le ministre des Finances pour qui l’Algérie «n’a pas fermé la porte» à la possibilité d’agréer de nouvelles banques. Et de préciser : le pays veut établir des partenariats avec de grandes banques internationales de premier ordre. Mais, cela est-il possible ? Hadji Baba Ammi explique que les grandes banques conditionnent leur implantation en Algérie par une détention majoritaire dans le capital, alors que cette condition est en contradiction avec le principe de l’établissement de l’activité bancaire sous forme de partenariat prévu par la loi de finances de 2009 qui limite les participations étrangères à 49% pour tous les investissements étrangers.

    Maintien des acquis sociaux
    Le ministre des Finances a par ailleurs évoqué le chapitre des dépenses publiques que le gouvernement veut dégraisser, mais pas au détriment de l’investissement, des subventions et du pouvoir d’achat des ménages. «Nous n’allons pas, dit-il, réduire les dépenses budgétaires. Mais, ajoute-t-il, nous allons les stabiliser sur les trois prochaines années», manière d’affirmer la politique sociale de l’Etat et que l’Exécutif maîtrise la situation. Dans d’autres pays, poursuit le ministre, les coupes budgétaires se traduisent par des licenciements, une hausse du taux de chômage et l’arrêt des projets publics, alors qu’en Algérie, le gouvernement a continué à financer les projets en cours de réalisation et a maintenu les acquis sociaux et le subventionnement des produits de large consommation. Selon le premier argentier du pays, ce n’est pas par austérité que le gouvernement s’est abstenu de lancer de nouveaux projets, mais plutôt par souci d’achever ceux qui sont déjà en chantier. Baba Ammi précise, à ce propos, que la préservation des acquis sociaux, qui coûtent à l’Etat près de 30% du PIB, devrait se traduire, en 2017, par une stabilité des prix des produits de base et un maintien des dépenses de l’éducation, de la santé ainsi que celles des dispositifs de l’emploi de jeunes. Il soutient à ce sujet que la hausse de la TVA prévue par le projet de loi de finances 2017 ne concerne en aucun cas les produits de base qui sont, d’ailleurs, exonérés de cette taxe. La politique sociale du gouvernement sera maintenue tant que le gouvernement n’a pas mis en place un système de subventions efficace, avance le ministre qui fait savoir qu’un dispositif de ciblage de subventions est actuellement à l’étude. Il reconnaît toutefois que les subventions généralisées pèsent lourdement sur le budget de l’Etat et qu’elles ne sont pas équitables, car ne profitant pas toujours aux plus défavorisés. Le Fonds de régulation des recettes (FRR), dont les avoirs s’établissent actuellement à près de 740 milliards de dinars, a été également évoqué par le ministre des Finances. Le FRR sera encore sollicité en 2017 pour combler le déficit budgétaire, note le ministre.

    Le FRR fait partie du passé
    L’année prochaine, indique-t-il, on va puiser les 740 milliards de dinars qui restent dans ce fonds. Le gouvernement a introduit dans le projet de loi de finances 2017 une disposition qui va lui permettre de le faire. Baba Ammi dit, cependant, s’attendre à une hausse des recettes budgétaires qui vont permettre de suppléer progressivement aux ressources puisées jusque-là dans le FRR. La maîtrise des dépenses et la hausse progressive de la fiscalité ordinaire devraient contribuer à réduire progressivement le déficit budgétaire pour les prochaines années. La logique budgétaire prônée par le pays semble confortée par le FMI. Ce dernier a tablé dans son rapport d’octobre en cours, relatif aux politiques budgétaires dans le monde, sur une «réduction progressive» du déficit budgétaire de l’Algérie durant les cinq prochaines années à -3,9% du PIB en 2021 contre -16,2% du PIB en 2015. Selon le ministre, la hausse progressive attendue des recettes de la fiscalité ordinaire sera beaucoup plus induite par la croissance de l’activité économique que par une augmentation des taxes. La gestion des finances publiques telle qu’elle a été menée jusqu’à présent nous a permis de préserver notre économie des chocs extérieurs, rappelle le ministre, s’appuyant sur le constat du FMI qui a mis l’accent sur la résilience de l’économie algérienne face au choc provoqué par la chute drastique des cours du brut. Les dernières prévisions du FMI et de la Banque mondiale évoquent une croissance soutenue de l’Algérie comparée à celle d’autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du nord (Mena). Le FMI a souligné que l’Algérie figurait parmi les pays émergents et en développement qui ont réussi à maintenir une position extérieure nette positive grâce à son très faible endettement extérieur. Sur ce point, le ministre affirme que ce niveau bas de la dette délivre à l’Algérie des capacités importantes en cas d’endettement, en donnant la possibilité, si la nécessité l’exige, au groupe Sonelgaz notamment de recourir au marché financier international pour financer son important programme d’investissements. Mais malgré cette possibilité, Sonelgaz ainsi que Sonatrach n’y ont pas eu recours jusqu’à présent, car le besoin ne s’en est pas fait sentir, selon le ministre.

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    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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