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Horlogerie suisse en crise : L’emploi des frontaliers dévisse

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  • Horlogerie suisse en crise : L’emploi des frontaliers dévisse

    Les ventes de montres suisses à l’étranger, notamment en Asie, chutent depuis plus d’un an. Une crise profonde qui contraint les entreprises horlogères à procéder à des licenciements. Des travailleurs frontaliers brisent l’omertà qui règne dans le secteur.

    «Le climat social est délétère », soupire Pierre*, 37 ans. Le frontalier, qui réside près de Morteau, vient de perdre son emploi d’opérateur en horlogerie dans le canton de Neuchâtel. Les ventes de montres suisses à l’étranger sont en chute libre depuis plus d’un an. Rien qu’au premier semestre 2016, les exportations ont baissé de 10 %. Dans le Val de Morteau, où le chômage a augmenté de 14,8 % en 2015, soit un taux de 7,2 %, la situation continue de se dégrader. Des travailleurs frontaliers, premiers touchés par les remous que traverse l’économie suisse, brisent l’omertà qui règne dans le secteur.

    « Manque de perspectives »
    « Ça fait plus de dix ans que je bosse dans l’horlogerie, c’est du jamais vu. Avant, on trouvait facilement un job avec un bon salaire mais les opportunités se font de plus en plus rares depuis un an. Et pour ceux qui ont conservé leur emploi, il y a les vagues de licenciements et la crainte permanente de se faire virer », dit Pierre. Pessimiste, le trentenaire décrit une industrie « minée par le manque de perspectives : la quasi-totalité des horlogeries ont lancé des plans de restructuration ces derniers mois. »

    Même son de cloche chez Stéphanie*, ancienne employée dans une société située aux Brenets. Sentant le vent tourner il y a un an, elle a choisi de rendre son tablier. « Au bureau, j’épluchais la presse quotidienne suisse. Tous les jours, il y avait des annonces de licenciements… Dans les couloirs, les rumeurs se multipliaient et les gens se regardaient en chiens de faïence. Qui sera le prochain ? », se souvient la jeune femme.

    Et puis les têtes sont tombées dans cette filiale d’un grand groupe de luxe : d’abord le directeur général, en poste depuis une quinzaine d’années, puis le directeur logistique… « Entre 2008 et 2015, les effectifs ont diminué de moitié au sein de l’entreprise », argumente-t-elle. Elle poursuit : « Quand on arrive le matin et qu’on vous dit que c’est fini, c’est dur ! »

    La souplesse du droit du travail en Suisse. Les travailleurs frontaliers connaissent les règles du jeu. « C’est un choix de vie. On connaît tous le refrain par cœur : “En Suisse, on perd son emploi un jour et on en retrouve un le lendemain” », relativise Pierre. Sauf que depuis quelques mois, la mélodie n’est plus la même, à écouter le frontalier qui peine à retrouver un poste : « Quand il s’agit de serrer la vis, les premiers exposés sont les intérimaires et les contrats à durée déterminée qui sont, pour la plupart, des Français. Alors quand j’entends parler de la Suisse comme d’un paradis pour les frontaliers, ça me fait doucement rigoler. »
    L'est républicain
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