Dans ce texte inédit, le grand intellectuel amazigh porte un regard critique sur le monde musulman tel qu’il est devenu, formaté grâce aux différentes interventions occidentales, qui ont enfanté ceux-là mêmes que l’Occident combat aujourd’hui.
Chacune des grandes religions a été, au départ, un questionnement sérieux visant à percer le mystère de l’existence et du destin final de l’être humain. Mais les réalités sociopolitiques ont à chaque fois détourné ce questionnement, pour en faire un instrument de lutte pour l’accès au pouvoir. J’ai commencé à me convaincre de l’évidence de ce phénomène historique le jour où, à l’âge de vingt-deux ans, il m’a été donné, tout à fait par hasard, d’entendre de la bouche d’un alem respectable et respecté, la phrase laconique suivante : « La religion, c’est de la politique ».
Par ailleurs, l’étude comparée des religions a établi que le monothéisme a porté à ses plus hauts sommets la radicalisation des exigences dans la quête d’une pureté chimérique de la foi. Il en résulte que la pensée cléricale a fini par s’aveugler sur la diversité des mentalités et des tempéraments humains, forcément influencés par les facteurs espace et temps. L’absolutisme religieux verse ainsi dans le totalitarisme politique, puis génère dans les âmes une cruauté sans limite. La certitude d’avoir bien accompli son devoir à l’égard du Tout-Puissant avalise n’importe quelle atrocité, et procure probablement au bourreau un sentiment de plénitude psychique, voire une sensation de bien-être physique.
De ce point de vue, la possibilité d’établir un parallèle historique entre la chrétienté et l’islam devient évidente. Il se révèle déjà dans la comparaison des graves évènements survenus à Albi, en France, au début du XIIIème siècle, avec les massacres collectifs commis en 1016, dans la ville tunisienne de Kairouan.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faut bien que l’islam, après quatorze siècles d’expansion, de succès et de revers, ait ses propres guerres de religion. Celles de la chrétienté, perçues à travers la perspective historique, apparaissent désormais comme de violents soubresauts annonciateurs du siècle des lumières.
Alors que le monde avance…
C’est par effraction que la modernité est entrée dans la « Maison Islam», à l’époque de la politique colonialiste de la canonnière. Après l’invasion de l’Egypte par Napoléon Bonaparte, en 1798, l’islam est vaguement informé de la profonde mutation qu’a connue l’Europe en trois siècles. Il commence alors à sortir de sa léthargie, à s’interroger sur son propre devenir, et se livre à une pénible catharsis initiée par quelques penseurs, dont, notamment, Jamaleddine Al Afghani, Mohamed Abdou et Mostafa Al Manfalouti. Cet examen de conscience suscite une vive réaction, en Arabie surtout, où le wahhabisme naissant cherche à s’affirmer en se durcissant davantage. Mais bien plus tard, en 1923, la laïcité fait irruption en Turquie, là-même où siégeait l’Etat musulman le mieux organisé et le plus prestigieux de l’époque. Quelques autres penseurs ont cru pouvoir profiter de cette débâcle pour hisser pour de bon les couleurs de la modernité, en Egypte principalement. La Seconde guerre mondiale freine leur élan, puis la victoire des Alliés va permettre aux Etats-Unis de devenir maîtres du jeu au Moyen-Orient.
Grâce à la manne pétrolière, le wahhabisme, la tendance la plus intransigeante de la théologie musulmane, se revigore dès les années 1930, prend du poil de la bête à partir de 1945, finit par mettre à son service l’appareil éducatif en 1970, et se fixe comme objectif la conquête spirituelle de la planète entière, par tous les moyens. Le résultat est sous nos yeux, depuis le début de ce siècle.
« Oui, peut-être, mais vos guerres religieuses sont bien plus meurtrières que tout conflit passé connu de l’histoire », pourrait-on reprocher aux musulmans. Là justement réside le paradoxe. D’abord, les donneurs de leçons feignent de ne pas connaître les vrais commanditaires des carnages actuels, bien qu’il soit de notoriété mondiale que ce sont eux qui ont permis au jihadisme d’inscrire ses premiers faits d’armes et de s’affirmer dans la guerre contre l’URSS sur le sol afghan. Après avoir fait profiter le radicalisme musulman d’une prospérité économique jamais égalée, les voilà qui le mettent dans la situation du serpent qui se mord la queue. Ces donneurs de leçons feignent aussi d’ignorer que leur enfant gâté a toujours été bicéphale, et que, depuis une quinzaine d’années, ses deux têtes, la politique et l’idéologique, ne s’accordent plus sur quoi que ce soit, de la manière de porter la barbe à la façon de distinguer ses amis de ses ennemis… Et c’est ainsi que l’Occident a réussi, sans l’avoir voulu peut-être, à rendre le jihadisme fascinant pour tous les damnés et les paumés de la terre, et extrêmement attractif pour les moins de trente ans rêvant
d’avoir un harem de 72 houries éternellement jeunes et belles.
Qui a créé le monstre ?
D’autre part, posons à ces meneurs de jeu macabre la question qui vaille : qui fournit en armes et en munitions de destruction massive la barbarie hypocritement décriée et condamnée, n’est-ce pas l’Occident ? Les plus embarrassées devant ce tragique destin, ce sont les élites musulmanes éprises de liberté et de modernité. Aussi suis-je persuadé que les carnages en cours actuellement, en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Afrique, interpellent d’abord les trois monothéismes, si laïcisés soient-ils. Les juifs et les chrétiens ont aussi leurs fondamentalistes. Un débat sérieux entre les trois rameaux de l’abrahamisme pourrait déboucher sur une vision lucide sur l’avenir que nous voulons pour l’humanité. La science moderne a dégagé d’immenses horizons où peuvent s’exercer aussi bien l’esprit contemplatif à l’orientale que l’esprit prométhéen à l’occidentale. L’astrophysique et la physique des particules élémentaires offrent à l’un comme à l’autre de vastes domaines d’investigation et d’émerveillement.
Contempler, s’interroger et agir ne s’excluent absolument pas. Il est donc permis de, premièrement, interpréter le verset coranique « Homme, tu chemines péniblement, très péniblement, vers ton Seigneur, et tu le rencontreras » de la manière suivante : l’esprit humain fera la jonction avec l’Esprit tout court, lorsque la conscience que nous avons de l’univers sera en mesure de concevoir l’infinitude du temps et de l’espace. Et deuxièmement, de comprendre dans son vrai sens le verset glorifiant «…Ceux qui en réfèrent à Dieu en toute posture, et réfléchissent sur la création des cieux et de la terre… Seigneur, ce n’est pas en vain que tu as créé tout ceci ».
Eros et Thanatos
Ce n’est pas demain, bien sûr, que le genre humain sera guéri de sa schizophrénie lancinante du balancier, de la déclamation de l’hymne à la vie, à l’occasion des mariages et des naissances, à celle de l’hymne à la mort, lors des déclarations de guerre et des saluts aux drapeaux nationaux : Eros et Thanatos continueront longtemps encore à nous tirailler à leur guise.
Les générations à venir auront à assumer la longue et lourde tâche d’avoir à assimiler, lentement et méthodiquement, l’idée que le volet culturel de la civilisation a sorti l’homme de l’animalité, et que l’adage romain « Homo homini lupus » (l’homme est un loup pour l’homme) doit être définitivement enterré. Au Xème siècle déjà, le poète arabe Al Moutanabbi, pourtant adulateur des seigneurs de guerre, a fini par s’interroger, à un moment de grande lucidité, sur la cause réelle des luttes sans merci qui opposent les humains. En trois vers, il fera un saisissant raccourci de la longue histoire des conflits interhumains, depuis l’ère de la pierre taillée jusqu’à celle de la lance, et, par anticipation, jusqu’à l’ère de la bombe atomique. Ci-après, je livre à votre réflexion la teneur de chacun de ces trois vers :
• « A chaque fois que le temps qui passe fait pousser une tige droite, l’homme s’en saisit et se fabrique une lance »
• « Rien pourtant de nos besoins ne justifie le fait de nous haïr les uns les autres et de chercher à nous exterminer »
• « Seulement voilà : tout homme, au sens fort du mot, préfère affronter les affres de la mort, plutôt que celles de l’humiliation »
Excusez-moi de n’avoir pas pu faire passer dans cette traduction le souffle lyrique de chacun des vers. Mais j’espère avoir traduit correctement l’idée que l’humiliation des faibles par les forts serait, selon le poète, la seule vraie cause des haines sociales et des cercles vicieux qu’elle engendre. Ceci m’amène à évoquer ci-après l’un des versets coraniques consacrés à l’éthique sociale qui devrait régir les communautés humaines : « …C’est Dieu qui a établi entre vous des hiérarchies, en avantageant les uns par rapport aux autres, vous mettant ainsi à l’épreuve de l’usage que chacun fait de l’avantage dont il bénéficie ».
Au lieu d’être constamment sur le qui-vive, en s’épiant haineusement les uns les autres, les grands groupements humains gagneraient, en toute sérénité et en bonne intelligence, à unir passionnément leurs efforts pour préparer la conquête de l’univers. Il suffirait pour y arriver que les nations initient à l’astronomie, dès l’enfance, trois ou quatre générations successives. Et si on y arrive, les concepteurs de la station spatiale internationale tournant actuellement autour de la terre seraient considérés par l’histoire du futur comme des pionniers de l’ère extraterrestre, où les « fils d’Adam remonteraient vers le ciel ». La terre deviendrait alors un beau musée vivant, qui ne risquerait plus d’être une fosse commune où l’humanité se serait laissé enfouir dans ses propres toxines, comme il arrive aux colonies de bactéries.
Les yeux ouverts, je viens de faire, il me semble, un trop beau rêve. J’en conviens, mais tout un chacun sait que c’est le tapis volant des Mille et une nuits qui a été le précurseur virtuel de tous les aéronefs. Il y a dans mon rêve l’esquisse d’un vaste programme éducatif pour le XXIème siècle, que l’UNESCO devrait prendre au sérieux.
Chacune des grandes religions a été, au départ, un questionnement sérieux visant à percer le mystère de l’existence et du destin final de l’être humain. Mais les réalités sociopolitiques ont à chaque fois détourné ce questionnement, pour en faire un instrument de lutte pour l’accès au pouvoir. J’ai commencé à me convaincre de l’évidence de ce phénomène historique le jour où, à l’âge de vingt-deux ans, il m’a été donné, tout à fait par hasard, d’entendre de la bouche d’un alem respectable et respecté, la phrase laconique suivante : « La religion, c’est de la politique ».
Par ailleurs, l’étude comparée des religions a établi que le monothéisme a porté à ses plus hauts sommets la radicalisation des exigences dans la quête d’une pureté chimérique de la foi. Il en résulte que la pensée cléricale a fini par s’aveugler sur la diversité des mentalités et des tempéraments humains, forcément influencés par les facteurs espace et temps. L’absolutisme religieux verse ainsi dans le totalitarisme politique, puis génère dans les âmes une cruauté sans limite. La certitude d’avoir bien accompli son devoir à l’égard du Tout-Puissant avalise n’importe quelle atrocité, et procure probablement au bourreau un sentiment de plénitude psychique, voire une sensation de bien-être physique.
De ce point de vue, la possibilité d’établir un parallèle historique entre la chrétienté et l’islam devient évidente. Il se révèle déjà dans la comparaison des graves évènements survenus à Albi, en France, au début du XIIIème siècle, avec les massacres collectifs commis en 1016, dans la ville tunisienne de Kairouan.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faut bien que l’islam, après quatorze siècles d’expansion, de succès et de revers, ait ses propres guerres de religion. Celles de la chrétienté, perçues à travers la perspective historique, apparaissent désormais comme de violents soubresauts annonciateurs du siècle des lumières.
Alors que le monde avance…
C’est par effraction que la modernité est entrée dans la « Maison Islam», à l’époque de la politique colonialiste de la canonnière. Après l’invasion de l’Egypte par Napoléon Bonaparte, en 1798, l’islam est vaguement informé de la profonde mutation qu’a connue l’Europe en trois siècles. Il commence alors à sortir de sa léthargie, à s’interroger sur son propre devenir, et se livre à une pénible catharsis initiée par quelques penseurs, dont, notamment, Jamaleddine Al Afghani, Mohamed Abdou et Mostafa Al Manfalouti. Cet examen de conscience suscite une vive réaction, en Arabie surtout, où le wahhabisme naissant cherche à s’affirmer en se durcissant davantage. Mais bien plus tard, en 1923, la laïcité fait irruption en Turquie, là-même où siégeait l’Etat musulman le mieux organisé et le plus prestigieux de l’époque. Quelques autres penseurs ont cru pouvoir profiter de cette débâcle pour hisser pour de bon les couleurs de la modernité, en Egypte principalement. La Seconde guerre mondiale freine leur élan, puis la victoire des Alliés va permettre aux Etats-Unis de devenir maîtres du jeu au Moyen-Orient.
Grâce à la manne pétrolière, le wahhabisme, la tendance la plus intransigeante de la théologie musulmane, se revigore dès les années 1930, prend du poil de la bête à partir de 1945, finit par mettre à son service l’appareil éducatif en 1970, et se fixe comme objectif la conquête spirituelle de la planète entière, par tous les moyens. Le résultat est sous nos yeux, depuis le début de ce siècle.
« Oui, peut-être, mais vos guerres religieuses sont bien plus meurtrières que tout conflit passé connu de l’histoire », pourrait-on reprocher aux musulmans. Là justement réside le paradoxe. D’abord, les donneurs de leçons feignent de ne pas connaître les vrais commanditaires des carnages actuels, bien qu’il soit de notoriété mondiale que ce sont eux qui ont permis au jihadisme d’inscrire ses premiers faits d’armes et de s’affirmer dans la guerre contre l’URSS sur le sol afghan. Après avoir fait profiter le radicalisme musulman d’une prospérité économique jamais égalée, les voilà qui le mettent dans la situation du serpent qui se mord la queue. Ces donneurs de leçons feignent aussi d’ignorer que leur enfant gâté a toujours été bicéphale, et que, depuis une quinzaine d’années, ses deux têtes, la politique et l’idéologique, ne s’accordent plus sur quoi que ce soit, de la manière de porter la barbe à la façon de distinguer ses amis de ses ennemis… Et c’est ainsi que l’Occident a réussi, sans l’avoir voulu peut-être, à rendre le jihadisme fascinant pour tous les damnés et les paumés de la terre, et extrêmement attractif pour les moins de trente ans rêvant
d’avoir un harem de 72 houries éternellement jeunes et belles.
Qui a créé le monstre ?
D’autre part, posons à ces meneurs de jeu macabre la question qui vaille : qui fournit en armes et en munitions de destruction massive la barbarie hypocritement décriée et condamnée, n’est-ce pas l’Occident ? Les plus embarrassées devant ce tragique destin, ce sont les élites musulmanes éprises de liberté et de modernité. Aussi suis-je persuadé que les carnages en cours actuellement, en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Afrique, interpellent d’abord les trois monothéismes, si laïcisés soient-ils. Les juifs et les chrétiens ont aussi leurs fondamentalistes. Un débat sérieux entre les trois rameaux de l’abrahamisme pourrait déboucher sur une vision lucide sur l’avenir que nous voulons pour l’humanité. La science moderne a dégagé d’immenses horizons où peuvent s’exercer aussi bien l’esprit contemplatif à l’orientale que l’esprit prométhéen à l’occidentale. L’astrophysique et la physique des particules élémentaires offrent à l’un comme à l’autre de vastes domaines d’investigation et d’émerveillement.
Contempler, s’interroger et agir ne s’excluent absolument pas. Il est donc permis de, premièrement, interpréter le verset coranique « Homme, tu chemines péniblement, très péniblement, vers ton Seigneur, et tu le rencontreras » de la manière suivante : l’esprit humain fera la jonction avec l’Esprit tout court, lorsque la conscience que nous avons de l’univers sera en mesure de concevoir l’infinitude du temps et de l’espace. Et deuxièmement, de comprendre dans son vrai sens le verset glorifiant «…Ceux qui en réfèrent à Dieu en toute posture, et réfléchissent sur la création des cieux et de la terre… Seigneur, ce n’est pas en vain que tu as créé tout ceci ».
Eros et Thanatos
Ce n’est pas demain, bien sûr, que le genre humain sera guéri de sa schizophrénie lancinante du balancier, de la déclamation de l’hymne à la vie, à l’occasion des mariages et des naissances, à celle de l’hymne à la mort, lors des déclarations de guerre et des saluts aux drapeaux nationaux : Eros et Thanatos continueront longtemps encore à nous tirailler à leur guise.
Les générations à venir auront à assumer la longue et lourde tâche d’avoir à assimiler, lentement et méthodiquement, l’idée que le volet culturel de la civilisation a sorti l’homme de l’animalité, et que l’adage romain « Homo homini lupus » (l’homme est un loup pour l’homme) doit être définitivement enterré. Au Xème siècle déjà, le poète arabe Al Moutanabbi, pourtant adulateur des seigneurs de guerre, a fini par s’interroger, à un moment de grande lucidité, sur la cause réelle des luttes sans merci qui opposent les humains. En trois vers, il fera un saisissant raccourci de la longue histoire des conflits interhumains, depuis l’ère de la pierre taillée jusqu’à celle de la lance, et, par anticipation, jusqu’à l’ère de la bombe atomique. Ci-après, je livre à votre réflexion la teneur de chacun de ces trois vers :
• « A chaque fois que le temps qui passe fait pousser une tige droite, l’homme s’en saisit et se fabrique une lance »
• « Rien pourtant de nos besoins ne justifie le fait de nous haïr les uns les autres et de chercher à nous exterminer »
• « Seulement voilà : tout homme, au sens fort du mot, préfère affronter les affres de la mort, plutôt que celles de l’humiliation »
Excusez-moi de n’avoir pas pu faire passer dans cette traduction le souffle lyrique de chacun des vers. Mais j’espère avoir traduit correctement l’idée que l’humiliation des faibles par les forts serait, selon le poète, la seule vraie cause des haines sociales et des cercles vicieux qu’elle engendre. Ceci m’amène à évoquer ci-après l’un des versets coraniques consacrés à l’éthique sociale qui devrait régir les communautés humaines : « …C’est Dieu qui a établi entre vous des hiérarchies, en avantageant les uns par rapport aux autres, vous mettant ainsi à l’épreuve de l’usage que chacun fait de l’avantage dont il bénéficie ».
Au lieu d’être constamment sur le qui-vive, en s’épiant haineusement les uns les autres, les grands groupements humains gagneraient, en toute sérénité et en bonne intelligence, à unir passionnément leurs efforts pour préparer la conquête de l’univers. Il suffirait pour y arriver que les nations initient à l’astronomie, dès l’enfance, trois ou quatre générations successives. Et si on y arrive, les concepteurs de la station spatiale internationale tournant actuellement autour de la terre seraient considérés par l’histoire du futur comme des pionniers de l’ère extraterrestre, où les « fils d’Adam remonteraient vers le ciel ». La terre deviendrait alors un beau musée vivant, qui ne risquerait plus d’être une fosse commune où l’humanité se serait laissé enfouir dans ses propres toxines, comme il arrive aux colonies de bactéries.
Les yeux ouverts, je viens de faire, il me semble, un trop beau rêve. J’en conviens, mais tout un chacun sait que c’est le tapis volant des Mille et une nuits qui a été le précurseur virtuel de tous les aéronefs. Il y a dans mon rêve l’esquisse d’un vaste programme éducatif pour le XXIème siècle, que l’UNESCO devrait prendre au sérieux.
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