Le champ de gravitation d'un trou noir déforme fortement l'image du disque d'accrétion qui l'entoure et qui contient un plasma chaud et lumineux en rotation autour de l'astre. On peut s'en rendre compte avec cette image, extraite d'une simulation de ce que verrait un observateur s'approchant de l'astre compact selon une direction légèrement inclinée au-dessus du disque d'accrétion. La partie du disque située derrière le trou noir semble tordue à 90° et devient visible au-dessus du trou noir. Du fait du décalage Doppler, le disque d'accrétion est plus lumineux d'un côté que de l'autre. Jean-Pierre Luminet a fait la première simulation de ces images en 1979, bien avant celle montrée dans Interstellar qui contient, fiction oblige, quelques simplifications trompeuses. © Jean-Pierre Luminet, Jean-Alain Marck
Interstellar est un film de science-fiction plus proche du Gravity d'Alfonso Cuarón que du 2001 : l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Seuls les spectateurs ayant déjà lu et digéré Trous noirs et distorsions du temps de l'astrophysicien relativiste Kip Thorne ainsi que Warped Passages de la physicienne des particules Lisa Randall en apprécieront vraiment la subtilité et la richesse. Les happy few qui ont lu en son temps la traduction française de The Fourth Dimension: A Guided Tour of the Higher Universes du mathématicien Rudy Rucker se sentiront eux aussi plus à l'aise pour comprendre les références aux trous de ver et aux possibilités magiques ouvertes par une cinquième dimension spatiale de l'espace-temps dont il est question dans Interstellar.
Interstellar est sorti en France le 5 novembre 2014. Il conte de façon réaliste les aventures d'hommes et de femmes qui cherchent à sauver l'humanité de l'extinction en colonisant des exoplanètes. Le voyage interstellaire y est supposé possible grâce à la découverte d'un trou de ver dans le système solaire. © Warner Bros. France, YouTube
D'Arthur Clarke à Kip Thorne et de Kubrick à Nolan
Par son souci du réalisme scientifique et par certains éléments que l'on peut voir comme des clins d'œil, tels le voyage vers Saturne où se trouve un trou de ver ou les robots qui évoquent le monolithe noir et Hal 9000, le film de Nolan fait penser à 2001 dont l'auteur du roman éponyme, Arthur Clarke, fut le scénariste et le conseiller technique. On ne peut de même s'empêcher de songer au roman La Guerre éternelle de Joe Haldeman, tout aussi réaliste avec ses sauts collapsar, ses voyageurs interstellaires en état de biostase et la prise en compte des effets relativistes sur l'écoulement du temps. Les décalages temporels font que certains personnages du film restés sur Terre envoient durant plusieurs décennies des messages aux héros partis explorer les exoplanètes autour du trou noir supermassif baptisé Gargantua, tandis qu'il ne s'écoule que quelques heures pour ces derniers. De tels décalages ont déjà été relatés par Arthur Clarke dans son roman Chants de la Terre lointaine, où il est déjà question de permettre à l'espèce humaine de survivre à l'agonie de la planète bleue en colonisant d'autres mondes, grâce à des sondes emportant des embryons humains, que des robots seront chargés de faire naître puis d'élever jusqu'à l'âge adulte.
Dans cette vidéo, Christopher Nolan débat avec Kip Thorne au sujet d'Interstellar et de l'image d'un trou noir entouré d'un disque d'accrétion qu'il contient. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle avec deux barres horizontales en bas à droite pour faire apparaître les sous-titres en anglais. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle et cherchez « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître le menu du choix de la langue, choisissez « français », puis cliquez sur « OK ». © YouTube, CBMTrailers
Mais rentrons dans le vif du sujet, à savoir le décryptage de certaines notions scientifiques qui soutiennent la trame d'Interstellar. Celle qui s'impose visuellement est sans conteste l'image d'un trou noir supermassif en rotation contenant des millions de masses solaires de par sa taille et qui est entouré d'un disque d'accrétion. On la doit à l'origine au physicien américain Kip Thorne, qui est le conseiller scientifique du film, l'un des plus grands spécialistes mondiaux de l'astrophysique des trous noirs. Carl Sagan l'avait déjà consulté au milieu des années 1980 pour son roman Contact en lui demandant s'il était scientifiquement crédible de faire voyager entre les étoiles son héroïne, Eleanor Arroway, à l'aide d'un trou noir. C'est théoriquement impossible mais Kip Thorne ne tarda pas à découvrir que la relativité générale d'Einstein contenait tout de même des solutions décrivant des trous de ver traversables, pourvu que l'on dispose d'énormes quantités de ce qu'on appelle l'énergie exotique.
Un documentaire en deux parties pour entrer en douceur dans le monde de l'espace-temps d'Einstein à la base du scénario d'Interstellar. © Jean-Pierre Luminet, YouTube
Interstellar est un film de science-fiction plus proche du Gravity d'Alfonso Cuarón que du 2001 : l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Seuls les spectateurs ayant déjà lu et digéré Trous noirs et distorsions du temps de l'astrophysicien relativiste Kip Thorne ainsi que Warped Passages de la physicienne des particules Lisa Randall en apprécieront vraiment la subtilité et la richesse. Les happy few qui ont lu en son temps la traduction française de The Fourth Dimension: A Guided Tour of the Higher Universes du mathématicien Rudy Rucker se sentiront eux aussi plus à l'aise pour comprendre les références aux trous de ver et aux possibilités magiques ouvertes par une cinquième dimension spatiale de l'espace-temps dont il est question dans Interstellar.
Interstellar est sorti en France le 5 novembre 2014. Il conte de façon réaliste les aventures d'hommes et de femmes qui cherchent à sauver l'humanité de l'extinction en colonisant des exoplanètes. Le voyage interstellaire y est supposé possible grâce à la découverte d'un trou de ver dans le système solaire. © Warner Bros. France, YouTube
D'Arthur Clarke à Kip Thorne et de Kubrick à Nolan
Par son souci du réalisme scientifique et par certains éléments que l'on peut voir comme des clins d'œil, tels le voyage vers Saturne où se trouve un trou de ver ou les robots qui évoquent le monolithe noir et Hal 9000, le film de Nolan fait penser à 2001 dont l'auteur du roman éponyme, Arthur Clarke, fut le scénariste et le conseiller technique. On ne peut de même s'empêcher de songer au roman La Guerre éternelle de Joe Haldeman, tout aussi réaliste avec ses sauts collapsar, ses voyageurs interstellaires en état de biostase et la prise en compte des effets relativistes sur l'écoulement du temps. Les décalages temporels font que certains personnages du film restés sur Terre envoient durant plusieurs décennies des messages aux héros partis explorer les exoplanètes autour du trou noir supermassif baptisé Gargantua, tandis qu'il ne s'écoule que quelques heures pour ces derniers. De tels décalages ont déjà été relatés par Arthur Clarke dans son roman Chants de la Terre lointaine, où il est déjà question de permettre à l'espèce humaine de survivre à l'agonie de la planète bleue en colonisant d'autres mondes, grâce à des sondes emportant des embryons humains, que des robots seront chargés de faire naître puis d'élever jusqu'à l'âge adulte.
Dans cette vidéo, Christopher Nolan débat avec Kip Thorne au sujet d'Interstellar et de l'image d'un trou noir entouré d'un disque d'accrétion qu'il contient. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle avec deux barres horizontales en bas à droite pour faire apparaître les sous-titres en anglais. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle et cherchez « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître le menu du choix de la langue, choisissez « français », puis cliquez sur « OK ». © YouTube, CBMTrailers
Mais rentrons dans le vif du sujet, à savoir le décryptage de certaines notions scientifiques qui soutiennent la trame d'Interstellar. Celle qui s'impose visuellement est sans conteste l'image d'un trou noir supermassif en rotation contenant des millions de masses solaires de par sa taille et qui est entouré d'un disque d'accrétion. On la doit à l'origine au physicien américain Kip Thorne, qui est le conseiller scientifique du film, l'un des plus grands spécialistes mondiaux de l'astrophysique des trous noirs. Carl Sagan l'avait déjà consulté au milieu des années 1980 pour son roman Contact en lui demandant s'il était scientifiquement crédible de faire voyager entre les étoiles son héroïne, Eleanor Arroway, à l'aide d'un trou noir. C'est théoriquement impossible mais Kip Thorne ne tarda pas à découvrir que la relativité générale d'Einstein contenait tout de même des solutions décrivant des trous de ver traversables, pourvu que l'on dispose d'énormes quantités de ce qu'on appelle l'énergie exotique.
Un documentaire en deux parties pour entrer en douceur dans le monde de l'espace-temps d'Einstein à la base du scénario d'Interstellar. © Jean-Pierre Luminet, YouTube
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