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Rachida Miri, dans l’ombre de la révolution algérienne

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  • Rachida Miri, dans l’ombre de la révolution algérienne

    mardi 1 novembre 2016 | Par Samira Hadj Amar |

    Rachida Miri est née à Oujda, en 1937. À 79 ans, lorsqu’elle regarde en arrière, elle ne « regrette absolument rien » de sa vie. « J’ai fait ce que j’ai toujours eu envie de faire », confie-t-elle.

    C’est à Boumerdès, dans un appartement décoré par elle-même, qu’elle nous reçoit. La dame est accueillante et chaleureuse, prête à partager le moindre souvenir qui a lié son destin à celui de l’Algérie.

    À peine sortie de l’adolescence, elle a été choisie par Omar Gharbi, président de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema). Avec tant d’autres jeunes algériens d’Oujda pour rejoindre l’appel à la Révolution. « Vous savez, à 7 ans déjà, ma sensibilité était déjà développée. J’interrogeais Dieu sur les injustices sociales, en particulier lorsque ma mère me demandait d’aller porter un tajine au pauvre devant notre porte », raconte-t-elle.

    « Le soir de notre recrutement, Abdelhafid Boussouf, dont j’ignorais l’identité à ce moment-là, nous avait reçus un par un dans une salle. Il a, avec la force qui se dégageait de sa voix, réussi à imprégner mon âme », raconte-t-elle. Abdelhafid Boussouf avait, ce soir-là, prévenu les jeunes recrues des difficultés qu’elles allaient rencontrer en cours de mission.

    Elle se souvient mot par mot des phrases du fondateur du Malg : « Vous allez avoir faim, vous allez avoir soif, vous allez marcher pieds nus sur des cailloux, vous allez souffrir… ». « C’est naturellement, dit-elle, que nous avons tous accepté volontairement de rejoindre la cause révolutionnaire ».



    Nom de guerre : « El Aarem »

    « Nous étions dans la maison d’Omar Gharbi. Jeunes filles et garçons, prêts à tout pour libérer l’Algérie. Bien sûr, nous avons d’abord été formés en politique. C’est-à-dire, depuis la création des partis, depuis les actions politiques de Messali Hadj et tout ce qui a suivi après », raconte-t-elle. Il y aura ensuite la formation militaire. Aux entraînements, Houari Boumediene l’a remarquée et décide de lui attribuer son nom de guerre. Ça sera El Aarem (puissante).

    «Au départ, j’étais un peu gênée, je pensais que c’était un mot négatif et puis j’ai découvert par la suite son véritable sens et notamment que c’est Boumediene qui me l’avait attribué pendant la formation aux maniements des armes ». Par deux ou quatre, les jeunes du Malg ont été assignés à des missions spécifiques à travers le territoire national. « J’ai été affectée dans la zone 4. La plus lointaine. Et nous l’avons fait à pied. Nous étions en civil. Nos armes cachées sous nos vêtements ».

    El Aarem a eu comme binôme l’actuel président de la République pendant neuf mois dans les maquis. « Abdelaziz était mon voisin de quartier à Oujda. Un homme charismatique », dit-elle. De lui, la moudjahida se rappelle son « aisance à manier les langues arabe et française. C’est un homme très intelligent et plus tard dans la mission, il a prouvé son leadership, en remontant le moral des maquisards que nous croisions sur les routes ».

    El Aarem et sa section ont eu à traverser monts et montagnes, ruisseaux et terres arides, pour passer en revue les besoins et les attentes des moudjahidine. «Nous marchions de nuit. Il fallait être prudent pour éviter de tomber sur les patrouilles du colonisateur. Notre rôle principal était de récolter toutes les informations (oralement) auprès de nos frères et de les consigner pour améliorer leurs conditions de lutte et de les transmettre ensuite au poste de commandement. Nous avions dû faire face à beaucoup de difficultés, il y a eu des bombardements, des embuscades… et el hamdoulillah, on a pu y échapper ».

    La nuit du harki…

    Arrivée dans un village, Rachida Miri se souvient qu’un chef de zone avait interpellé sa section sur un harki de la région. « Il avait fait un mal fou à la population ». « Alors, la section a décidé d’une stratégie pour en débarrasser la population. J’ai dû insister pour pouvoir participer à cette opération. Mais j’étais loin de me douter que j’allais me retrouver face à face avec l’homme. Il faisait nuit et malgré tout ce que nous avions planifié, j’ai été obligée de lui tirer dessus… ».

    Ce soir, El Aarem a cru que son heure était venue. Pourtant, elle survivra jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. Elle choisira l’enseignement au poste qu’on lui a proposé au sein de l’administration politique. Rachida Miri a voulu encore participer en formant des générations de lycéens à un avenir qui lui apparaissait sans aucun doute meilleur. Libre !
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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