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Karl Marx - Capital et travail

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  • Karl Marx - Capital et travail

    Marx a révolutionné la théorie sociale en proposant 
une vision critique du capitalisme et de l’histoire centrée sur des notions de crise et de lutte des classes.
    En 1859, dans son « Avant-propos » de la Critique de l’économie politique, Karl Marx raconte comment il fut amené à abandonner l’idéologie de Georg Hegel pour adopter une conception matérialiste de l’histoire. Selon lui, ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, « c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience ».


    La théorie des classes sociales


    La société vue par Marx est semblable à une pyramide. À sa base, l’infrastructure économique est caractérisée par un mode de production composé de « forces productives » (hommes, machines, techniques) et de « rapports de production » (esclavage, métayage, artisanat, salariat). Ce mode de production est « la fondation réelle sur laquelle s’élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale ». Au cours de l’histoire, plusieurs modes de production se sont ainsi succédé : antique, asiatique, féodal et bourgeois. Arrivées à un certain degré de développement, les forces productives entrent en conflit avec les rapports de production, ce qui débouche sur la lutte des classes. C’est alors que « commence une ère de révolution sociale ». Le changement dans les fondations économiques s’accompagne d’un bouleversement plus ou moins rapide dans l’édifice « des formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques, philosophiques, bref les formes idéologiques, dans lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le poussent au bout ». Marx oscille cependant, professant parfois un déterminisme sommaire et une mécanique implacable des lois de l’histoire, et ailleurs une vision plus ouverte et complexe de l’organisation sociale.


    Ce qui lui importe est de décrire la dynamique d’une société qui, selon lui, se joue autour d’un conflit central : la lutte des classes, entre bourgeoisie et prolétariat. La bourgeoisie, poussée par la concurrence et la soif de profit, est conduite à exploiter les prolétaires. Condamnée à la paupérisation, au chômage endémique, la classe des prolétaires n’a comme seules issues que la révolte sporadique ou la révolution. Pour que la lutte de classes aboutisse à un changement de société, il faut que la révolte se transforme en révolution.


    Utilisant un vocabulaire hérité de Hegel, Marx distingue la « classe en soi » de la « classe pour soi ». La classe en soi définit un ensemble d’individus qui ont en commun les mêmes conditions de travail, le même statut, les mêmes problèmes, mais qui ne sont pas forcément organisés autour d’un projet commun. La classe pour soi est une classe qui, ayant pris conscience de ses intérêts communs, s’organise en un mouvement social à travers syndicats et partis, se forgeant ainsi une identité.


    La théorie des idéologies


    Même s’il décrit avec beaucoup de finesse plusieurs classes et fractions – aristocratie financière, bourgeoisie industrielle, petite bourgeoisie, prolétariat, petite paysannerie, grands propriétaires fonciers… –, selon Marx, la dynamique du capitalisme, la concentration de la production, les crises périodiques tendent à radicaliser l’opposition entre deux d’entre elles : le prolétariat et la bourgeoisie.

    Marx situe l’idéologie comme l’ensemble des idées dominantes véhiculées par une société, un groupe social, dans le cadre des superstructures de la société. Elle est conditionnée par le cadre économique et est une sorte de reflet de celui-ci. Ainsi, la bourgeoisie ascendante a valorisé les idéaux de liberté, des droits de l’homme, de l’égalité des droits dans le cadre de son combat contre l’ordre ancien. Elle tend à transposer en valeurs universelles ce qui n’est que l’expression de ses intérêts de classe.


    Il y a aussi chez Marx une théorie de l’idéologie comme aliénation. Le terme est emprunté au philosophe Ludwig Feuerbach, auteur de L’Essence du christianisme (1841), pour qui la religion est une projection dans le « ciel des idées » des espoirs et croyances des hommes, pris à croire à l’existence réelle des dieux qu’ils ont inventés. Marx reprend cette idée (la religion est « l’opium du peuple »). Plus tard, il la transposera à l’analyse de la marchandise.


    Le rôle ambigu de l’État


    Dans certains textes de Marx (1), l’État se trouve réduit à un rôle simple, direct et brutal : un instrument aux mains de la classe dominante (la bourgeoisie) destiné à dominer la classe des prolétaires. Il envoie la police et l’armée pour mater les insurrections populaires ; la justice et le droit sont au service des puissants et de la propriété privée. L’analyse est sans nuance. Il faut dire qu’il écrit cela en 1848, à une époque où une répression sévère s’abat sur le peuple insurgé. Dans d’autres textes, Marx nuancera son analyse. Pour assurer sa domination, la bourgeoisie confie à l’État la gestion de ses intérêts généraux, mais il bénéficie d’une certaine autonomie. Parfois, il s’élève même « au-dessus des classes » pour rétablir un ordre social menacé.

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    Version abrégée d’un article paru initialement dans Xavier Molénat (dir.), La Sociologie. Histoire, idées, courants, Éd. Sciences Humaines, rééd. 2009.

    Karl Marx (1818-1883)

    Né à Trèves (Rhénanie), il poursuit des études de droit et de philosophie. Après avoir été directeur de journal, il est expulsé de Paris et de Cologne et s’installe à Londres, où il survit grâce à l’aide de son camarade Friedrich Engels. Il crée la Ire Internationale des travailleurs en 1864. Après sa mort, Engels finira de publier les tomes II et III de son maître livre, Le Capital.
    Œuvres principales
    • L’Idéologie allemande

    Avec Friedrich Engels, 1845-1846, rééd. La Dispute, 2012.
    
• Manifeste du Parti communiste

    Avec Friedrich Engels, 1848, rééd. Flammarion, coll. « GF », 1998.
    
• Le Capital

    1867, rééd. Gallimard, coll. « Folio », 2008.



    L'influence du marxisme

    Le marxisme a profondément influencé les sciences sociales du XXe siècle. En économie, il a suscité une analyse de l’impérialisme (Rosa Luxembourg, Ernest Mandel), une théorie du développement (théorie de la dépendance) et de nouvelles formes de capitalisme (l’école de la régulation).

    En sociologie, la théorie marxiste des classes a engendré un débat toujours renaissant sur le thème : « Les classes sociales existent-elles encore ? » La sociologie de la connaissance et de la culture fut développée par Karl Mannheim, Georg Luckas, Walter Benjamin, Theodor Adorno ou Antonio Gramsci.

    En histoire, le marxisme a influencé des historiens du capitalisme comme Eric Hobsbawn ou Immanuel Wallerstein.

    Bien qu’il ait connu un déclin notable depuis les années 1980, le marxisme connaît un regain d’intérêt depuis le début des années 2000. La philosophie reste l’un de ses principaux bastions avec des auteurs qui se réclament encore ouvertement du marxisme-léninisme comme Alain Badiou (marxiste platonicien) ou Slavoj Zizek (marxiste hégélo-lacan

    Scienceshumaines
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