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HOCEIMA:Un coup de semonce ? Nettoyage par broyage

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  • HOCEIMA:Un coup de semonce ? Nettoyage par broyage

    Il semble qu’au a été découvert une nouvelle technique d’élimination des humains jugés encombrants.

    L’indésirable peut être mis dans une benne à ordure puis broyé et malaxé dans l’engin de ramassage.

    Un marchand de poisson a ainsi été éliminé à Al Hoceima ce vendredi 28 octobre, une ville du Nord du Maroc, située dans une baie qui fut très tôt disputée aux Marocains par l’Espagne et le Portugal, une fois que ces deux nations disposèrent de l’or de leurs colonies américaines. Assez vite, les Sultans (et non les rois) ont délégué aux Rifains la défense de leurs côtes méditerranéennes. Ils étaient alors dispensés de certaines contributions fiscales destinées à l’Etat central.

    Mouhcine Fikri, la trentaine, a voulu récupérer une cargaison qu’il venait d’acquérir sur le marché de gros à la criée. Les « autorités » la lui ont confisquée car il se serait agi d’une espèce interdite à la pêche.

    Depuis, les réseaux dits sociaux s’agitent.

    Les drapeaux sont de sortie.

    Des manifestations se déroulent dans plusieurs villes du royaume, des milliers de jeunes hurlent des slogans où sont dénoncées les injustices, la corruption et l’incompétence de l’administration et des élus.

    A El Hoceima même, dans la soirée du 31 octobre, des estrades ont été montées, une sonorisation digne des grandes manifestations musicales publiques capables de toucher les dizaines de milliers de personnes rassemblées furent mise en place et des discours prononcés.

    Le souvenir de la République

    La plupart le furent en langue vernaculaire, une variante de berbère, le rifain.

    La majorité des étendards agités furent ceux de l’ ‘imazighité’, celui de la revendication identitaire non arabe. Un autre fut de sortie également, celui de la République du Rif qui a duré de 1912 à 1926. Sous la conduite de Abdelkrim el Khatabi, une poignée de milliers de combattants ont constitué une République indépendante détachée des possessions que l’Espagne avait obtenue par le traité du Protectorat en 1912.

    Pour en venir à bout, il a fallu la coalition franco-espagnole qui avait aligné un demi-million d’hommes au pied de la montagne et le pilonnage de la zone par l’aviation française. C’est à cette occasion que Franco a fait ses armes, soutenu par la logistique de Lyautey dont il avait arraché le financement à un Président du Conseil qui tergiversait pour le débours. Le chef de la résistance armée fut contraint de se rendre car l’usage des armes chimiques, les gaz asphyxiant furent très généreusement déversés dans les vallées. L’extermination par les gaz prit fin, laissant des séquelles jusqu’à ce jour avec un taux de cancer enregistré très anormal.

    En somme, les tribus du Rif avaient continué d’assurer leur rôle de défenseur de cette façade contre l’envahisseur qui venait de la mer.

    Quand il ne reste que le départ

    Cette population ne s’est jamais départie de cette tradition de farouche et fière indépendance. Une sanglante répression, menée de main de maître par Oufkir et le futur Hassan II, a saigné la région en 1958, deux ans après l’indépendance obtenue auprès du colonisateur français. Le régime de Franco ne rétrocédait pas le Sahara et des hésitations pour le Nord ont provoqué la révolte les Rifains contre la monarchie toute récente sortie des cartons des constitutionnalistes occidentaux.

    Toute cette tradition de résistance est intégralement transmise à chaque génération.

    La braise est à peine recouverte et au moindre vent, la flamme de la révolte risque de se raviver.

    La région est restée longtemps déshéritée, laissée en jachère par le pouvoir central.

    Elle est devenue rapidement exportatrice de cannabis à large échelle et d’émigrés.

    Depuis l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI des efforts ont été réalisés en matière d’infrastructures routières, aéroportuaires et touristiques.

    Rien de significatif pour contenir un chômage à deux chiffres.

    Et toujours une corruption insupportable de toute la filière administrative et des élus locaux.

    Une colonie, comme tant d’autres.

    Mouhcine Fikri a été broyé intentionnellement ou non par des agents d’une entreprise française de collecte d’ordure, Pizzomo Environnement. Depuis le décès du poissonnier, les véhicules ne font plus leur tournée de ramassage et les déchets s’accumulent.

    Même avec une oreille bien tendue, il est impossible de prélever dans les protestations pleines d’émotion, pleurs, consternation ou rage une quelconque protestation concernant l’aberration sidérante de donner à une entreprise étrangère la concession d’une telle tâche. Elle n’exige aucune technicité et ne justifie pas une sortie de devises et l’aggravation de la dette d’un pays déjà bien exsangue par les mesures d’ajustement structurel. Pizzomo travaille si bien que bientôt va lui être décerné le label de « plus propre que propre ». ‘Confiez-nous tous vos indésirables, on vous les broie’. Quand a donc sonné la fin de la colonie ?

    Les élections législatives récentes, au taux de participation qui avoisine ceux des démocraties vieillies de moins de 40%, ont reconduit au pouvoir la majorité précédente du Parti de la Justice et du Développement, un avatar peu reluisant des Frères Musulmans. Une absence de vision stratégique ainsi qu’une conduite des affaires limitées au placement d’une armée de militants dans des postes clés et malgré l’émergence de scandales sexuels n’ont pas réussi à l’éliminer du champ politique.

    Il faut rappeler à cet égard que le PJD a bénéficié de toute la sollicitude attentive de la NED, du MEPI et de CSIS, tous ces machins faux-nez de la CIA qui favorisent la démocratie dans le monde.

    Les islamistes du PJD disposent des techniques de manipulation des masses enseignées par leurs maîtres. Ils parviennent à mobiliser et transporter par cars un public impressionnant pour figurer dans des manifestations dont il ne sait pas le thème ni le lieu de leur tenue.

    Le programme économique de libéralisation à l’extrême avec privatisation progressive de tous les secteurs, y compris l’Education Nationale, pour lequel il a été conformé est scrupuleusement appliqué.

    Les autres partis par ailleurs n’offrent pas non plus un programme alternatif, mais en raison de l’obsolescence de leurs cadres et de leur usure, ils ont été écartés. L’autre hypothèse assez forte qui expliquerait l’engouement des Usa pour ce vieux parti ‘islamiste’ rénové en 1996 est la nécessité de discréditer l’islamisme politique en manipulant des marionnettes corrompues.

    28 millions sans effet

    Des Bouazizi qui s’immolent en silence, il y en a régulièrement, y compris en Algérie et en Pologne. Les suicides des retraités en Grèce ne font pas de bruit non plus.

    Des bavures policières et des arrestations iniques d’étudiants, simplement disparus ou condamnés à des peines aberrantes qui s’effectuent avec une bonne régularité au Maroc ne semblent pas alerter outre mesure les doitdelhommistes locaux ou internationaux.

    Pourquoi maintenant ?

    Même la vieille machinerie de l’ONU s’en mêle.

    Avec toute l’émotion dont est capable cet appareillage fondu aux couleurs de la bannière étoilée, elle garde un œil sur la situation au Maroc.

    La récente visite de Mohamed VI à Poutine, son discours à Ryad dénonçant les interventions intrusives de puissances tierces dans les affaires des pays arabes ne doivent pas être étrangers à cette soudaine crise de larme hystérique.

    Il est vrai que les 28 millions de dollars extorqués par le gang de la Fondation Clinton n’ont pas été assez persuasifs pour repositionner favorablement les Usa dans l’affaire du Sahara marocain.

    Les voyages récents du Roi du Maroc en Afrique de l’Est en rognant légèrement les intérêts d’autres puissances ont excité la production des glandes lacrymales de ces entités sensibles. Il a été particulièrement bien reçu en Tanzanie, riche de ses mines d’or et de diamants. Une croissance de 4 à 5% du PIB du royaume doit dégager des besoins d’expansion d’une bourgeoisie locale.

    Semonces

    Qadhafi avait en son temps essayé de se rallier des pays africains.

    La flambée qui a suivi l’homicide odieux d’Al Hoceima est-elle une démonstration du pouvoir de nuisance des amis du Maroc qui lui veulent du bien ?

    La capacité de la puissance tutélaire à souffler sur les braises, dont elle est en grande partie responsable, n’est plus à démontrer. George Soros est le plus grand fabricant de drapeaux de la révolte en mode express. Ceux qui ont flotté hier proviennent-ils de ses réserves ?

    Partout se tiennent des cellules dormantes, ou à moitié éveillées, qui sur un signal vont enfourcher les vents d’une révolte légitime nourrie de désespoir, frustration et absence de perspective. Des jeunes étasuniens prennent résidence chez l’habitant, investissant les vieilles villes traditionnelles au prétexte de réaliser des études sociologiques dans des médinas insalubres. Un véritable quadrillage urbain est pratiqué.

    Au sein de cellules syndicales dans des campagnes les plus reculées du Maroc, des Français et des Etasuniens viennent donner leurs conseils de stratégie à des ouvriers agricoles.

    La sociologie et le droitdelhommisme sont des instruments redoutables aux mains des opérateurs des révolutions colorées.

    Elles sont colorées car elles ne changent rien au fond des vraies questions sociales.

    Celles-ci, aucun parti ne les prend en charge.

    Nous continuerons à nous lamenter, éplorés, les Bouazizi et les Fikri, tant que la vie de milliards d’individus sera façonnée par les décisions d’établissements financiers dont les responsables se tiennent très loin de ceux dont ils conditionnent la misère.

    Badia Benjelloun
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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