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Le déni d’algérianité comme remède pour une école malade ?

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  • Le déni d’algérianité comme remède pour une école malade ?

    Ils se sont mis à six («Sauvons notre école» dans Le Soir d’Algérie du 28 octobre 2016) pour nous expliquer qu’un islamo-arabisme éclairé est préférable à l’arabo-islamisme «sot» qui prévaut actuellement dans notre système éducatif. Le salafisme
    — qui affiche une position dominante dans l’école algérienne
    — aurait le tort de s’écarter de deux choses : «ses traditions hanafites et malékites», d’une part ; et, d’autre part, «le patrimoine littéraire classique» de l’arabe. Deux rectifications mineures, en somme, pour faire éclore l’école d’un «accomplissement individuel et social heureux» !

    Certes, dans une telle vision, c’est à tamazight qu’il revient de côtoyer la langue arabe dans l’académie (unique) de LA langue; même si une concession est péniblement faite à l’enseignement des poètes malhùn (dans «notre moyen-arabe maghrébin» — oh le beau concept !).
    Voilà la réforme «Moussa-Hadj» que nous prodiguent avec véhémence ces compatriotes dont je récuse l’arrière-plan idéologico-politique des argument avancés :
    - Ils ont tort de ré-écrire l’histoire culturelle et civilisationnelle de ce pays avec l’encre usagée de débats portés ailleurs (en Syrie, en Irak ou en Egypte, pour l’essentiel) ; comme si notre histoire était transparente et nous, des clones sans personnalité...
    - Ils ont tort de laisser croire que les normes linguistiques sont produites et validées par une académie ; comme si les langues n’étaient pas le produit de leurs locuteurs (natifs) mais celui d’une institution ...
    - Ils ont tort de penser que la solution linguistique nationale consiste à élever l’arabe scolaire et tamazight au rang de langue au détriment de la langue sociale et ciment de notre culture maghrébine, celle que je nomme le maghribi - à ce propos, je note que nos sauveteurs nous ont concédé une promotion puisque notre langue native majoritaire passe du statut de «dialecte» à celui de «moyen-arabe» — ...
    - Ils ont tort de poser des constats de carence de l’apprentissage de l’arabe scolaire pour en tirer des conclusions à connotations «schizophréniques» ; comme si l’échec de l’arabisation ne reposait pas sur cette situation de diglossie non assumée et de la minoration endémique de la langue native de la majorité des élèves de ce pays...
    - Ils ont tort de faire croire que la langue de l’école peut se substituer à celle de la naissance ; c’est bien l’inverse qui nous sauverait : que la langue de naissance serve de support à l’épanouissement culturel, scientifique et multilingue...
    - Ils ont tort de penser que la solution du problème posé par tamazight se réglera en imposant cette langue à tous les locuteurs de notre pays pour «la redécouvrir et l’assimiler comme une part oubliée de sa propre profondeur historico-culturelle» ; comme si tamazight n’était pas boudé déjà par les locuteurs berbérophones natifs ...
    - Ils ont tort de penser que la question linguistique de ce pays trouvera sa solution dans des dispositifs superstructurels sans assises humaines et sociales ; comme si la science du langage ne nous avait pas enseigné qu’il fallait avant tout se soucier de QUI PARLE QUOI, A QUI, QUAND et COMMENT : là sont les véritables repères d’une politique linguistique démocratique et aux contours méthodologiques universels...
    - Ils ont tort, enfin, de nier à ce point cette langue, le maghribi «alias» ed-darija, qui repose sur une littérature de MILLE ANS ; comme si nous n’avions pas de patrimoine littéraire avéré et disponible, comme si nous n’avions pas notre propre «classicisme» pour aller chercher ailleurs, une culture de substitution...
    Oui pour une réforme du système éducatif de fond : à savoir une algérianisation assumée, en conformité avec les recommandations de l’Unesco et de la Banque mondiale.
    Une algérianisation linguistique qui assurera à la langue de la culture et de la civilisation arabes la place qu’elle mérite sans pour autant se faire hara-kiri.
    A. E
    Le Soire D'Algerie
    dz(0000/1111)dz
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