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Mourir coûte plus cher en Suisse romande

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  • Mourir coûte plus cher en Suisse romande

    Des chercheurs de l'Uni de Berne ont comparé les coûts engendrés dans la dernière année de vie de plus de 110'000 personnes. Ils ont constaté de grosses disparités régionales.

    Combien vaut une année de vie supplémentaire? Vaut-il la peine de se battre pour la vie d'une personne grièvement malade? A partir de quel moment médecins, proches et patients acceptent-ils la mort? On ne répond pas de la même manière à ces questions d'éthique médicale selon la région de Suisse dans laquelle on se trouve. C'est ce que révèle lundi le «Tages-Anzeiger» en se référant à une récente étude, réalisée par des chercheurs de l'Université de Berne.

    L'école s'est en effet intéressée aux coûts de la dernière année de vie des Suisses en analysant les données des assureurs maladie pour plus de 113'000 décès entre 2008 et 2010. Résultat: il existe de grosses disparités régionales. Et c'est en Suisse romande que les coûts sont largement les plus élevés.

    Si la moyenne helvétique des coûts se situe à 32'500 francs, les frais s'élèvent à 8140 francs dans la région la moins chère et à 57'100 francs dans la région la plus chère. Les chercheurs ont volontairement tu les noms de ces endroits, par peur que les médecins de la région la plus onéreuse soient cloués au pilori et que les patients vivant dans le lieu où ces coûts sont les moins élevés aient l'impression qu'on ne s'occupe pas assez bien d'eux.

    Lausanne en tête de classement

    Le journal alémanique note néanmoins que les différences sont particulièrement marquées entre les différentes régions linguistiques. Un coup d'oeil sur les villes montre que les habitants de Winterthour (ZH) causent, avec une moyenne de 26'600 francs, le moins de coûts alors que ceux de la région lausannoise en provoquent le plus avec 44'200 francs. Les villes de Zurich (33'900 francs), Berne (34'800 francs) et Bâle (36'400 francs) se situent en milieu de classement.

    Ces différences intriguent les chercheurs. Certes, les causes du décès et leur répartition ont une influence. Et les coûts des prestations médicales ne sont pas uniformes sur le plan suisse. Mais cela n'explique pas tout aux yeux des auteurs qui remarquent que des prestations chères sont appliquées plus souvent que d'autres dans certaines régions, note Radoslaw Panczak, de l'institut de médecine sociale et préventive de l'Uni de Berne.

    Des mesures politiques pour endiguer les coûts

    Les chercheurs pensent plutôt que les différences sont d'ordre «culturel». Selon les régions linguistiques, les personnes n'ont ainsi pas la même relation avec la mort ou le système de santé. Une deuxième étude de l'Université de Berne vient conforter cette thèse. Elle avait révélé que la probabilité de mourir dans un lit d'hôpital était bien plus élevée en Suisse romande qu'en Suisse alémanique, où les personnes ont plus tendance à mourir dans des EMS. Et comme les coûts des soins sont plus élevés en milieu hospitalier que dans un home, ce facteur a probablement une influence sur la différence des coûts révélée par la première étude, écrit le «Tages-Anzeiger».

    Les scientifiques pointent également un phénomène linguistique. Selon eux, les médecins romands abordent les douleurs et les symptômes du malade de manière plus agressive – donc de manière plus coûteuse. Ils seraient aussi moins à l'écoute des patients qui ne désirent qu'un traitement minimal, voire aucun traitement.

    Réduire les coûts

    Mais selon les chercheurs, il est tout à fait possible de réduire les coûts par des mesures politiques, au-delà donc des différences culturelles. Ils comparent ainsi les hôpitaux de Neuchâtel et d'Yverdon, en particulier le groupe des femmes de plus de 65 ans.

    Selon eux, cette catégorie de patientes coûte deux fois moins cher à Neuchâtel que chez sa voisine vaudoise. Explications selon eux: Neuchâtel a mis en place depuis longtemps des structures Spitex (soins à domicile) très fortes, ce qui permet aux personnes âgées de rester dans un environnement de soins rentable plus longtemps qu'ailleurs.
    Coûts moyens à charge des caisses maladie par personne dans les 10 plus grandes villes de Suisse

    1) Lausanne avec 44'200 francs
    2) Genève avec 42'600 francs
    3) Lugano avec 39'200 francs
    4) Bâle avec 36'400 francs
    5) Berne avec 34'800 francs
    6) Zurich avec 33'900 francs
    7) Lucerne avec 31'800 francs
    8) Bienne avec 29'800 francs
    9) Saint-Gall avec 29'400 francs
    10) Winterthour avec 26'600 francs


    (ofu)
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