« Et annonce la bonne nouvelle aux endurants … »
بسم الله الرحمن الرحيم
« Lorsque le Prophète ﷺ reçut pour la première fois la visite de Jibril lui apportant la Révélation, paniqué, il alla demander conseil chez Waraqa ibn Nawfal, cousin de son épouse Khadijah. Ce dernier lui répondit : ‘C’est l’archange qu’Allah a envoyé autrefois à Mûsa (‘aleyhi salam). Plût à Allah que je fusse jeune en ce moment ! Ah! Comme je voudrais être encore vivant à l’époque où tes concitoyens te banniront!’. ‘Ils m’exileront donc?’, s’écria le Prophète ﷺ. ‘Oui, reprit Waraqa. Jamais un homme n’a apporté ce que tu apportes sans être persécuté! Si je vis encore en ce jour-là, je t’aiderai de toutes mes forces.’ »
– Hadith rapporté par l’imam Muslim
« Khabbab ibn al-Aratt raconte : « Nous nous plaignîmes un jour auprès du Messager d’Allah ﷺ alors qu’il était allongé à l’ombre de la Ka’ba, la tête appuyée sur son manteau. Nous dîmes : ‘Pourquoi n’appelles-tu pas pour nous le secours d’Allah ? Pourquoi ne pries-tu pas pour nous ?’ Le Prophète ﷺ se leva & dit : ‘Parmi ceux qui vivaient avant vous, on prenait l’un deux, on lui creusait un trou & on l’y mettait. On apportait ensuite une scie qu’on lui plaçait sur la tête qu’on sciait ainsi en deux morceaux. Ou bien on passait sur sa tête un peigne de fer jusqu’à lui arracher ce qu’il y avait au dessous de sa chair & de ses os. Cela ne suffisait malgré tout pas à lui faire renier sa foi. Par Allah, Allah accomplira cette chose (l’islam) jusqu’à ce que le voyageur aille sur sa monture de San’a au Hadramawt ne craignant qu’Allah ou le loup pour ses troupeaux. »
– Hadith rapporté par l’imam al-Bukhari
De polémique médiatique en loi d’exception, de burkini en pâtissière, il est devenu de bon ton dans la communauté musulmane de sombrer dans la « pleurniche » victimaire, et, face à l’état de la Oumma dans le monde, dans le découragement le plus complet, oubliant par là que notre lieu saint ne se nomme pas « Mur des Lamentations », que « l’islam domine et n’est pas dominé » & que « le croyant fort est meilleur et plus aimé d’Allah que le croyant faible », ne serait-ce que dans son état d’esprit & sa vision du monde*, qui se doivent d’être fondés sur une certaine « virilité intellectuelle ». Oubliant aussi & surtout par là qu’il s’agit là d’une Sunna d’Allah, de l’une des lois immuables qui régissent l’univers & l’existence humaine : l’hostilité sans bornes des détracteurs de l’islam, ainsi que nous le rappelle le Seigneur des Mondes dans Son Livre…
« Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion. » Sourate al-Baqarah, 2/120
Ibrahim, ‘Issa, Nûh (‘aleyhim salam), pour ne citer qu’eux, ont tous été rejetés par leurs peuples respectifs, qui essayèrent même d’attenter à leur vie, les Gens du Fossé furent brûlés vifs pour leur foi, les Gens de la Caverne durent fuir leur cité. Notre Prophète ﷺ, la meilleure des créatures, a été insulté, calomnié, moqué, boycotté pendant trois longues années, caillassé par les idiots de Taif; l’on répandait des épines sur son chemin, l’on versait des entrailles d’animaux sur son dos pendant qu’il priait, on lançait des excréments sur sa porte ou des pierres sur son visage; l’infâme ‘Uqba ibn Abi Mu’ayt tenta même de l’étrangler avec son manteau, lui qui était, avant la Révélation, l’un des hommes les plus éminemment respectés de la Mecque. Ses Compagnons étaient persécutés de la façon la plus dure, comme nous le rappellent les histoires de Bilâl ibn Rabah, de Khabbab in al-Aratt ou encore de ‘Ammar ibn Yasir & ses parents. Bien plus tard, l’imam Mâlik, l’imam Abû Hanifa, l’imam Ahmad, ibn Taimiyya, ont tous connu l’emprisonnement, le fouet, les sévices, les tortures, les procès injustes pour leur amour de l’islam authentique, de sa justice & de son intégrité…
« Est-ce que les gens pensent qu’on les laissera dire: « Nous croyons! » sans les éprouver? » Sourate al-Ankabut, 29/2
Ainsi, ces exemples, parmi tant d’autres, tirés du Qur’an, de la Sîra & de l’histoire islamique nous rappellent que l’opposition farouche des ennemis de la Vérité est une constante historique; et les difficultés passagères que nous pouvons vivre nous paraissent bien peu au regard des véritables épreuves qu’ont vécu les Prophètes, leurs Compagnons & leurs successeurs, les savants, d’hier comme d’aujourd’hui, dans l’appel à l’islam. Surtout, n’en déplaise aux « modérés », ils nous rappellent également qu’il s’agit bel & bien d’une lutte entre foi & mécréance, entre islam & Jahiliyyah, une lutte en cours depuis la nuit des temps & qui ne cessera qu’au Jour du Jugement, dans laquelle tous les autres facteurs, économiques, sociaux, politiques ou ethniques, sont secondaires : ainsi que nous le dit Allah dans le récit des Gens du Fossé …
« Ils ne leur reprochaient que d’avoir cru en Allah, le Puissant, le Digne de louange. » Sourate al-Buruj, 85/8
L’ennemi de l’islam ressent naturellement la puissance de cet appel et de cette vérité claire & simple sur laquelle il repose, comme l’admettait récemment Patrick Buisson; il pressent, au premier abord, le danger qu’il représente pour son mode de vie & son système basés sur le faux, le vice & la désobéissance au Créateur. Ainsi, le musulman, réel ou supposé, de « culture » ou de religion, même lorsqu’il est le plus éloigné du message de l’islam & le plus en phase avec les valeurs occidentales, se voit presque toujours projeter au visage le contenu authentiquement révolutionnaire de l’appel islamique. Souvent bien malgré lui, sa simple apparence d’islamité suffit à provoquer chez son interlocuteur la peur panique & l’hostilité naturelle que ressent l’adepte du faux quand le vrai se présente à lui. Il n’y a ainsi rien d’étonnant à ce que la femme voilée soit la plus visée par les Abû Jahl de notre époque : en tant qu’emblème de la pudeur & de la pureté islamiques, sa simple présence, sa simple existence rappellent instinctivement, souvent inconsciemment au mécréant endurci la dégénérescence de son mode de vie & de sa civilisation pervertie.
Il est donc malheureux de constater, bien souvent, la réaction « hors sujet » des musulmans face à cette pression, entre incompréhension du sens profond de cette opposition des islamophobes les plus implacables (qui vire souvent à l’obsession pathologique, comme actuellement dans la classe politique française), défaitisme, victimisation associée à une tentative de se défendre selon les codes imposés par l’ennemi (droits de l’Homme, ONU, démocratie), à travers un prisme gauchisant, et, dans le pire des cas, volonté de « réformer » l’islam pour le rendre acceptable selon la norme occidentale**. Car si les têtes de la mécréance ont pleinement conscience de l’essence du combat qu’ils mènent contre l’islam, largement étudié à travers think tanks & autres travaux universitaires ou intellectuels, le musulman lambda, pour sa part, est trop souvent anesthésié par les concepts occidentaux qui le fascinent & l’aliènent, en gangrénant sa vision du monde & en altérant sa compréhension de sa propre religion.
« Ils aimeraient vous voir mécréants comme ils ont mécru: alors vous seriez tous égaux ! » Sourate an-Nisa, 4/89
Le point fondamental à développer est donc celui de la nature de la lutte que l’on nous mène, et que l’on doit mener : car lorsque le musulman en assimile sa compréhension coranique profonde, il ne peut qu’en venir à la conclusion que toute tentative de conciliation « à long terme » avec le Taghout, qu’elle soit offensive (« réclamer » ses droits à l’intérieur du cadre imposé par l’ennemi) ou défensive (tenter de « se faire accepter » en se faisant discret), est par définition vouée à l’échec; à moins évidemment d’en arriver à l’apostasie pleine & entière, seule solution acceptable par les ennemis de cette religion. Pleurniche droits-de-l’hommiste, clins d’oeil langoureux à l’Occident et autres professions de foi de pacifisme & de modération n’y changeront rien : aucun système non-islamique ne peut tolérer à long terme un message à l’ADN si puissant qu’il remet en cause l’ensemble de ses fondements.
A ce stade, il est encore une fois nécessaire d’en revenir à l’exemple de la « virilité intellectuelle » prophétique : Quelle a été la réaction du Prophète ﷺ face à l’opposition farouche de l’oligarchie mecquoise à son message ? A-t-il ﷺ édulcoré sa prédication, accepté de transiger, d’adorer les fausses divinités de Quraysh une année sur deux, et Allah une année sur deux, comme les notables de la Mecque le lui proposaient, et comme, aujourd’hui, l’on nous propose une certaine liberté de culte (disons plutôt, liberté de prière) en échange de l’allégeance totale à la République & de l’abandon de nos pratiques cultuelles visibles ? A-t-il ﷺ accepté de ne plus prêcher publiquement l’islam pour le restreindre à la pratique de prières nocturnes dans son foyer, comme aujourd’hui certains « imams » nous enjoignent de le faire ? A-t-il ﷺ cherché à se faire accepter des polythéistes en renonçant à son monothéisme intransigeant & en reconnaissant une légitimité à leurs fausses idoles ? A-t-il ﷺ sombré dans la dépression, pensant que le secours divin ne viendrait jamais ? A-t-il ﷺ multiplié les pétitions d’appel à l’aide envoyées aux grandes puissances de l’époque, les Perses & les Byzantins, en les flattant dans leurs croyances idolâtres respectives ? A-t-il ﷺ renoncé à une partie de son message en échange d’une place d’honneur au Dar an-Nadwa de l’élite de la Mecque & de l’arrêt des persécutions physiques à l’encontre des croyants ?
« Ils aimeraient bien que tu transiges avec eux afin qu’ils transigent avec toi. »
Sourate al-Qalam, 68/9
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