Maroc : Un coup d’épée dans l’eau
Soutenu par les monarchies du Golfe (à part le Koweït), le Maroc a voulu profiter du sommet arabo-africain pour tenter une opération de diversion qui a fait « pschitt ». Elle était condamnée d’avance à l’échec face à la détermination africaine
Le coup d’éclat tenté par le Maroc à Malabo (Guinée Equatoriale) en quittant spectaculairement le sommet arabo-africain, s’est finalement retourné contre lui. De retour à Alger après avoir représenté son pays à cette manifestation diplomatique, qui en était à sa quatrième édition, le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe Abdelkader Messahel, a bien résumé en quelques mots le cuisant échec: « les Marocains ont eu la leçon de leur vie ».
Rabat a mal engagé la bataille diplomatique perdue par des conciliabules de coulisses qui n’avaient pas échappés à la délégation de Messahel. Il cherchait à exclure du sommet un pays membre de l’Union Africaine (UA), la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en s’appuyant sur les monarchies du Golfe, ses alliés traditionnels, et une minorité de pays africains qui lui sont inféodés pour des raisons souvent obscures, parmi lesquelles figure en bonne place une commune proximité de la France. Commencée sur les chapeaux de roues, l’opération a rapidement trouvé ses limites. Elle est passée d’une exigence d’exclusion de la RASD du Forum, à une demande aussi déraisonnable de « suspension », pour aboutir enfin à une modeste suggestion, quelque peu ridicule, de retrait des drapeaux nationaux de la salle de conférence, afin de camoufler la présence de la république honnie par Rabat. "Cachez-Moi cette RASD que je ne saurais voir".
Camouflet pour la diplomatie marocaine agitée
Aucune de ces approches, qui voulaient faire de la chaise vide un moyen d’action diplomatique, n’a réussi à convaincre les Africains. Effacée cette note inopportune, qui a mis mal à l’aise jusqu’à dans les rangs des amis du Maroc, le sommet arabo-africain a pu se poursuivre en toute sérénité, en présence de la RASD. Elle a été confirmée comme jamais dans son statut de pays membre à part entière de l’UA. Clôturant la lamentable séquence, la présidente de l'UA DlaminiZuma a proclamé : « Nous continuerons à soutenir les peuples palestinien et sahraoui jusqu'à ce qu'ils recouvrent leurs droits nationaux».
Outre le camouflet public reçu, c’est l’autre effet boomerang qui a frappé de plein fouet la diplomatie marocaine. Alors qu’elle s’employait depuis quelques semaines à paver la route pour une éventuelle adhésion à l’Union Africaine, son nouveau dada africain, elle se retrouve, « à l’insu de son plein gré », dans le rôle du garnement chahuteur, irrespectueux, qui, ne reconnaissant pas les règles du jeu, voulait renverser la table. Ce mauvais point risque de peser lourd lorsque sa demande d’adhésion à l’UA viendra à l’ordre du jour. Il faut en effet rappeler que le Maroc, sous le règne de Hassan II, avait décidé en 1984 de claquer la porte de l’ancêtre de l’organisation panafricaine actuelle, l’OUA, pour protester déjà contre l’adhésion de la RASD. Le pas de clerc diplomatique de Malibo devrait compliquer encore plus une mission passablement difficile, puisque le Maroc, qui estimait pouvoir « réintégrer » l’UA sans autre forme de procès, devra présenter une demande formelle d’adhésion à l’UA. Avec une exigence, qui n’a pas échappé à sa diplomatie, de reconnaître la totalité des membres de l’Organisation actuelle, et, donc, de la RASD. La diplomatie marocaine n’est pas sortie de sa Berezina africaine.
Le Polisario, grand vainqueur
S’agissant des pays du Golfe qui se sont laissé entraîner dans l’incertaine aventure par Rabat : sept sur les 21 membres de la Ligue arabe (l'Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats Arabies Unis et le Bahreïn, le Yémen et la Jordanie), ils auront reçu à leur frais la belle leçon de non-ingérence, dont parle Abdelkader Messahel. L’Egypte, pressée de les rejoindre, s’est tenu à l’écart, de même que la Tunisie. Après la déconvenue marocaine, la seule issue qui reste est le retour de Rabat à la table de négociations avec le Polisario pour en finir avec un conflit qui dure depuis plus de quarante ans et de clore ainsi le chapitre de la décolonisation en Afrique.
afrique-asie
Soutenu par les monarchies du Golfe (à part le Koweït), le Maroc a voulu profiter du sommet arabo-africain pour tenter une opération de diversion qui a fait « pschitt ». Elle était condamnée d’avance à l’échec face à la détermination africaine
Le coup d’éclat tenté par le Maroc à Malabo (Guinée Equatoriale) en quittant spectaculairement le sommet arabo-africain, s’est finalement retourné contre lui. De retour à Alger après avoir représenté son pays à cette manifestation diplomatique, qui en était à sa quatrième édition, le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe Abdelkader Messahel, a bien résumé en quelques mots le cuisant échec: « les Marocains ont eu la leçon de leur vie ».
Rabat a mal engagé la bataille diplomatique perdue par des conciliabules de coulisses qui n’avaient pas échappés à la délégation de Messahel. Il cherchait à exclure du sommet un pays membre de l’Union Africaine (UA), la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en s’appuyant sur les monarchies du Golfe, ses alliés traditionnels, et une minorité de pays africains qui lui sont inféodés pour des raisons souvent obscures, parmi lesquelles figure en bonne place une commune proximité de la France. Commencée sur les chapeaux de roues, l’opération a rapidement trouvé ses limites. Elle est passée d’une exigence d’exclusion de la RASD du Forum, à une demande aussi déraisonnable de « suspension », pour aboutir enfin à une modeste suggestion, quelque peu ridicule, de retrait des drapeaux nationaux de la salle de conférence, afin de camoufler la présence de la république honnie par Rabat. "Cachez-Moi cette RASD que je ne saurais voir".
Camouflet pour la diplomatie marocaine agitée
Aucune de ces approches, qui voulaient faire de la chaise vide un moyen d’action diplomatique, n’a réussi à convaincre les Africains. Effacée cette note inopportune, qui a mis mal à l’aise jusqu’à dans les rangs des amis du Maroc, le sommet arabo-africain a pu se poursuivre en toute sérénité, en présence de la RASD. Elle a été confirmée comme jamais dans son statut de pays membre à part entière de l’UA. Clôturant la lamentable séquence, la présidente de l'UA DlaminiZuma a proclamé : « Nous continuerons à soutenir les peuples palestinien et sahraoui jusqu'à ce qu'ils recouvrent leurs droits nationaux».
Outre le camouflet public reçu, c’est l’autre effet boomerang qui a frappé de plein fouet la diplomatie marocaine. Alors qu’elle s’employait depuis quelques semaines à paver la route pour une éventuelle adhésion à l’Union Africaine, son nouveau dada africain, elle se retrouve, « à l’insu de son plein gré », dans le rôle du garnement chahuteur, irrespectueux, qui, ne reconnaissant pas les règles du jeu, voulait renverser la table. Ce mauvais point risque de peser lourd lorsque sa demande d’adhésion à l’UA viendra à l’ordre du jour. Il faut en effet rappeler que le Maroc, sous le règne de Hassan II, avait décidé en 1984 de claquer la porte de l’ancêtre de l’organisation panafricaine actuelle, l’OUA, pour protester déjà contre l’adhésion de la RASD. Le pas de clerc diplomatique de Malibo devrait compliquer encore plus une mission passablement difficile, puisque le Maroc, qui estimait pouvoir « réintégrer » l’UA sans autre forme de procès, devra présenter une demande formelle d’adhésion à l’UA. Avec une exigence, qui n’a pas échappé à sa diplomatie, de reconnaître la totalité des membres de l’Organisation actuelle, et, donc, de la RASD. La diplomatie marocaine n’est pas sortie de sa Berezina africaine.
Le Polisario, grand vainqueur
S’agissant des pays du Golfe qui se sont laissé entraîner dans l’incertaine aventure par Rabat : sept sur les 21 membres de la Ligue arabe (l'Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats Arabies Unis et le Bahreïn, le Yémen et la Jordanie), ils auront reçu à leur frais la belle leçon de non-ingérence, dont parle Abdelkader Messahel. L’Egypte, pressée de les rejoindre, s’est tenu à l’écart, de même que la Tunisie. Après la déconvenue marocaine, la seule issue qui reste est le retour de Rabat à la table de négociations avec le Polisario pour en finir avec un conflit qui dure depuis plus de quarante ans et de clore ainsi le chapitre de la décolonisation en Afrique.
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