Volkswagen et le groupe Sovac, distributeur officiel de ses marques en Algérie, ont signé, ce dimanche 27 novembre, un protocole d’accord pour la construction d’une usine de production de véhicules à Relizane. La signature s’est déroulée sous l’égide du ministre de l’Industrie et des Mines Abdeslam Bouchouareb et d’une forte délégation du groupe allemand comprenant des représentants de la marque Seat, Volkswagen, et Skoda. Dans cet entretien accordé à TSA, Mourad Oulmi, PDG de Sovac évoque les perspectives pour le marché automobile algérien.
Pourquoi le groupe Volkswagen a-t-il choisi l’Algérie et non un autre pays du Maghreb ?
Il s’agit du premier projet de Volkswagen dans toute la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le seul projet sur le continent africain se situe en Afrique du Sud où le groupe est présent depuis 50 ans. Volkswagen a choisi l’Algérie car nous avons bien communiqué sur ce marché, nous avons fait beaucoup de marketing en mettant en avant le potentiel de notre pays. Nous sommes le premier distributeur dans la région Mena et l’objectif est de devenir, d’ici 2025, le premier distributeur Volkswagen en Afrique et dans la région Mena. Quand vous pesez entre 60.000 et 100.000 véhicules, alors vous pourriez influer aussi sur les décisions d’un constructeur automobile.
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L’Algérie a des ressources humaines, des ressources naturelles. C’est un pays stable et le marché est porteur. Nous avions beaucoup de concurrence car nos voisins voulaient ce projet. Il y a beaucoup de politique autour de ces projets mais nous avons été plus convaincants. Après une quinzaine d’années de négoce, il est naturel de passer de l’importation à la production et l’industrie.
Quel est le taux de participation de Volkswagen ?
Le cahier des charges oblige à une participation du constructeur. C’est une obligation introduite par le ministère de l’Industrie afin d’avoir un gage de qualité, de standard et d’engagement du constructeur. En Algérie, il y a la loi du 49/51 et c’est la première fois que Volkswagen prend une participation minoritaire dans un pays étranger. D’habitude, Volkswagen est à 100% partout, que ce soit en Afrique du Sud, au Mexique, en Argentine… La seule exception concerne la Chine où ils sont à 50-50. Honnêtement, cela a pris beaucoup de temps pour arriver à la signature d’un protocole. Presque une année de discussions et de négociations ont été nécessaires car, chez eux, c’est dogmatique de ne pas prendre une participation minoritaire. Il a fallu convaincre la marque Volkswagen, les filiales et le Board des propriétaires pour que la participation minoritaire soit validée. Finalement, le 18 novembre, les propriétaires de Volkswagen l’ont validé.
Quels sont les investissements prévus et la capacité de l’usine à son démarrage et à terme ?
Nous envisageons 12.000 véhicules pour la première année de production, avant d’atteindre 100.000 véhicules par an à la cinquième année. Pour ce projet, l’investissement total est de 250 millions d’euros.
Quels sont les modèles qui seront produits ?
Nous avons quatre profils de clients. Pour la jeunesse algérienne, il y aura la Seat Ibiza. Pour la clientèle intermédiaire, 35 ans et plus, il y aura la Golf Série 7. Pour les fonctions libérales, administrations et fonctionnaires, on proposera la Skoda Octavia. Pour les entreprises, nous produirons le Volkswagen Caddy. Ce sont des véhicules qui ne seront pas en concurrence avec les produits qui existent déjà sur le marché. Nous ne voulons pas empiéter sur le fourgon Sprinter qui est produit par Mercedes-Benz et la Safav (Société algérienne de fabrication de véhicules, NDLR) ni sur la Symbol de Renault.
Cela obéit à des segments de clientèle et on se projette aussi vers l’avenir. Si on veut augmenter le taux d’intégration, il faudra un volume de vente conséquent. Pour atteindre cela, il faut qu’il y ait des produits différents. Et c’est le rôle de l’État de réguler le marché. Il y a eu des négociations entre le gouvernement algérien et la partie allemande pour définir les produits choisis pour le marché algérien. Bien sûr, le groupe Volkswagen reste ouvert aux futures demandes. La production évoluera avec le marché. Il faut préciser que tous les modèles qui vont être produits sont les derniers modèles du constructeur. Ce sont les mêmes véhicules que ceux produits en Europe.
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Quand sortira la première voiture ? De quel modèle s’agira-t-il ?
Ce sera la Golf série 7, puis ensuite la Seat Ibiza. C’est prévu pour la fin du premier semestre 2017.
Combien d’emplois seront créés ?
1.800 emplois directs et 3.500 emplois indirects.
Comment va évoluer le taux d’intégration ?
La réglementation exige deux choses : une participation de celui qui a le savoir-faire et un taux d’intégration de 15% en trois ans et 40% à partir de la cinquième année. Le point important, et c’est une première, c’est que Volkswagen Group offre à l’Algérie la licence de production. Celle-ci sera gratuite. Il n’y aura pas de royalties non plus. Cela fait partie de la négociation. Le ministère de l’Industrie en a fait la demande et Volkswagen a accepté car nous leur offrons un marché. Ça prouve l’engagement et la volonté de la part du constructeur d’aider le développement de l’Algérie.
Volkswagen a une politique d’accompagnement des équipementiers. On doit leur faire un diagnostic, un audit, effectuer un plan d’action, une mise à niveau et une formation. Cela demande un délai de 12 à 18 mois. Une fois qu’ils sont certifiés et homologués par Volkswagen, alors les sous-traitants pourront vendre à Volkswagen en Allemagne, en Espagne, dans toutes les usines. L’objectif caché est de développer une industrie de sous-traitance.
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Donc, l’Algérie peut devenir un pays producteur de pièces de rechange ?
Oui. Aujourd’hui, vous avez plus de 1.200 équipementiers installés au Maroc. En Tunisie, il doit y en avoir entre 300 et 400 qui exportent déjà. Donc, il n’y a aucune raison pour que l’Algérie ne devienne pas un pays exportateur de pièces de rechange. D’autant plus qu’il existe des accords de libre-échange entre l’Algérie et l’Europe. On ne paie pas de droit de douane quand on exporte depuis l’Algérie. Ensuite, il y a 48 heures, voir 24 heures de bateau entre les deux zones. Vous avez aussi plus de 114 usines d’assemblage et de fabrication de véhicules dans toute l’Europe. L’Algérie a en face d’elle des millions de véhicules qui sont produits chaque année. Nous pouvons être capables de fabriquer au moins quelques pièces. En termes de logistique, nous sommes bien placés. Nous avons aussi de la main d’œuvre qualifiée et un coût de l’énergie qui est plus intéressant qu’au Maroc ou en Tunisie.
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Même si l’Algérie se spécialise dans la production d’une seule pièce qu’on trouve dans chacun des véhicules alors on pourra produire des millions de pièces par an. Aujourd’hui, les véhicules doivent répondre aux normes d’environnement, la plasturgie est en train de remplacer le métal. Si on se focalise sur la plasturgie, alors ce sera une aubaine pour nous. On pourra atteindre 5 à 10 milliards d’euros d’exportation en pièces de rechange.
Des projets comme cela prennent du temps. Mais désormais, il y a une stratégie du gouvernement qui est claire et qui consiste à réduire les importations et aller vers l’industrie automobile. Il y aura beaucoup de facilitation pour permettre aux investisseurs nationaux d’aller vers cette filiale et la développer. Il y a une véritable volonté politique.
Comment se manifeste cette volonté politique ?
Elle se manifeste par la mise en place du cahier des charges qui exige du concessionnaire qu’il fasse des investissements industriels et semi-industriels. Après, il y a un dispositif d’aides pour faciliter l’investissement tels que les exonérations, le taux bonifié et l’accès au foncier. Sur ce dernier point, on peut citer notre cas. Nous avons obtenu un terrain de 150 hectares à Relizane, chose qui n’aurait pas été possible il y a une dizaine d’années. Ce sont des indicateurs encourageants. L’automobile est classée comme filiale stratégique.
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Après la crise de ces derniers mois, vous percevez des perspectives positives pour le marché de l’automobile en Algérie ?
J’espère qu’avec ce que nous allons produire, et ce que produit Renault et Mercedes, on pourra faire face à la demande du marché. Vous avez des grands constructeurs et des projets sérieux. Dans deux-trois ans, les constructeurs installés en Algérie pourront répondre à la demande locale et par la suite exporter. On pense aussi, après la cinquième année, avec les opportunités qu’offre la zone arabe de libre échange, exporter vers les pays arabes. L’avenir est prometteur pour l’automobile en Algérie soit en termes de développement de la sous-traitance soit en termes d’exportation vers d’autres marchés africains.
Pourquoi le groupe Volkswagen a-t-il choisi l’Algérie et non un autre pays du Maghreb ?
Il s’agit du premier projet de Volkswagen dans toute la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le seul projet sur le continent africain se situe en Afrique du Sud où le groupe est présent depuis 50 ans. Volkswagen a choisi l’Algérie car nous avons bien communiqué sur ce marché, nous avons fait beaucoup de marketing en mettant en avant le potentiel de notre pays. Nous sommes le premier distributeur dans la région Mena et l’objectif est de devenir, d’ici 2025, le premier distributeur Volkswagen en Afrique et dans la région Mena. Quand vous pesez entre 60.000 et 100.000 véhicules, alors vous pourriez influer aussi sur les décisions d’un constructeur automobile.
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L’Algérie a des ressources humaines, des ressources naturelles. C’est un pays stable et le marché est porteur. Nous avions beaucoup de concurrence car nos voisins voulaient ce projet. Il y a beaucoup de politique autour de ces projets mais nous avons été plus convaincants. Après une quinzaine d’années de négoce, il est naturel de passer de l’importation à la production et l’industrie.
Quel est le taux de participation de Volkswagen ?
Le cahier des charges oblige à une participation du constructeur. C’est une obligation introduite par le ministère de l’Industrie afin d’avoir un gage de qualité, de standard et d’engagement du constructeur. En Algérie, il y a la loi du 49/51 et c’est la première fois que Volkswagen prend une participation minoritaire dans un pays étranger. D’habitude, Volkswagen est à 100% partout, que ce soit en Afrique du Sud, au Mexique, en Argentine… La seule exception concerne la Chine où ils sont à 50-50. Honnêtement, cela a pris beaucoup de temps pour arriver à la signature d’un protocole. Presque une année de discussions et de négociations ont été nécessaires car, chez eux, c’est dogmatique de ne pas prendre une participation minoritaire. Il a fallu convaincre la marque Volkswagen, les filiales et le Board des propriétaires pour que la participation minoritaire soit validée. Finalement, le 18 novembre, les propriétaires de Volkswagen l’ont validé.
Quels sont les investissements prévus et la capacité de l’usine à son démarrage et à terme ?
Nous envisageons 12.000 véhicules pour la première année de production, avant d’atteindre 100.000 véhicules par an à la cinquième année. Pour ce projet, l’investissement total est de 250 millions d’euros.
Quels sont les modèles qui seront produits ?
Nous avons quatre profils de clients. Pour la jeunesse algérienne, il y aura la Seat Ibiza. Pour la clientèle intermédiaire, 35 ans et plus, il y aura la Golf Série 7. Pour les fonctions libérales, administrations et fonctionnaires, on proposera la Skoda Octavia. Pour les entreprises, nous produirons le Volkswagen Caddy. Ce sont des véhicules qui ne seront pas en concurrence avec les produits qui existent déjà sur le marché. Nous ne voulons pas empiéter sur le fourgon Sprinter qui est produit par Mercedes-Benz et la Safav (Société algérienne de fabrication de véhicules, NDLR) ni sur la Symbol de Renault.
Cela obéit à des segments de clientèle et on se projette aussi vers l’avenir. Si on veut augmenter le taux d’intégration, il faudra un volume de vente conséquent. Pour atteindre cela, il faut qu’il y ait des produits différents. Et c’est le rôle de l’État de réguler le marché. Il y a eu des négociations entre le gouvernement algérien et la partie allemande pour définir les produits choisis pour le marché algérien. Bien sûr, le groupe Volkswagen reste ouvert aux futures demandes. La production évoluera avec le marché. Il faut préciser que tous les modèles qui vont être produits sont les derniers modèles du constructeur. Ce sont les mêmes véhicules que ceux produits en Europe.
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Quand sortira la première voiture ? De quel modèle s’agira-t-il ?
Ce sera la Golf série 7, puis ensuite la Seat Ibiza. C’est prévu pour la fin du premier semestre 2017.
Combien d’emplois seront créés ?
1.800 emplois directs et 3.500 emplois indirects.
Comment va évoluer le taux d’intégration ?
La réglementation exige deux choses : une participation de celui qui a le savoir-faire et un taux d’intégration de 15% en trois ans et 40% à partir de la cinquième année. Le point important, et c’est une première, c’est que Volkswagen Group offre à l’Algérie la licence de production. Celle-ci sera gratuite. Il n’y aura pas de royalties non plus. Cela fait partie de la négociation. Le ministère de l’Industrie en a fait la demande et Volkswagen a accepté car nous leur offrons un marché. Ça prouve l’engagement et la volonté de la part du constructeur d’aider le développement de l’Algérie.
Volkswagen a une politique d’accompagnement des équipementiers. On doit leur faire un diagnostic, un audit, effectuer un plan d’action, une mise à niveau et une formation. Cela demande un délai de 12 à 18 mois. Une fois qu’ils sont certifiés et homologués par Volkswagen, alors les sous-traitants pourront vendre à Volkswagen en Allemagne, en Espagne, dans toutes les usines. L’objectif caché est de développer une industrie de sous-traitance.
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Donc, l’Algérie peut devenir un pays producteur de pièces de rechange ?
Oui. Aujourd’hui, vous avez plus de 1.200 équipementiers installés au Maroc. En Tunisie, il doit y en avoir entre 300 et 400 qui exportent déjà. Donc, il n’y a aucune raison pour que l’Algérie ne devienne pas un pays exportateur de pièces de rechange. D’autant plus qu’il existe des accords de libre-échange entre l’Algérie et l’Europe. On ne paie pas de droit de douane quand on exporte depuis l’Algérie. Ensuite, il y a 48 heures, voir 24 heures de bateau entre les deux zones. Vous avez aussi plus de 114 usines d’assemblage et de fabrication de véhicules dans toute l’Europe. L’Algérie a en face d’elle des millions de véhicules qui sont produits chaque année. Nous pouvons être capables de fabriquer au moins quelques pièces. En termes de logistique, nous sommes bien placés. Nous avons aussi de la main d’œuvre qualifiée et un coût de l’énergie qui est plus intéressant qu’au Maroc ou en Tunisie.
| LIRE AUSSI : VIDÉO. Production de véhicules : l’appel d’Issad Rebrab
Même si l’Algérie se spécialise dans la production d’une seule pièce qu’on trouve dans chacun des véhicules alors on pourra produire des millions de pièces par an. Aujourd’hui, les véhicules doivent répondre aux normes d’environnement, la plasturgie est en train de remplacer le métal. Si on se focalise sur la plasturgie, alors ce sera une aubaine pour nous. On pourra atteindre 5 à 10 milliards d’euros d’exportation en pièces de rechange.
Des projets comme cela prennent du temps. Mais désormais, il y a une stratégie du gouvernement qui est claire et qui consiste à réduire les importations et aller vers l’industrie automobile. Il y aura beaucoup de facilitation pour permettre aux investisseurs nationaux d’aller vers cette filiale et la développer. Il y a une véritable volonté politique.
Comment se manifeste cette volonté politique ?
Elle se manifeste par la mise en place du cahier des charges qui exige du concessionnaire qu’il fasse des investissements industriels et semi-industriels. Après, il y a un dispositif d’aides pour faciliter l’investissement tels que les exonérations, le taux bonifié et l’accès au foncier. Sur ce dernier point, on peut citer notre cas. Nous avons obtenu un terrain de 150 hectares à Relizane, chose qui n’aurait pas été possible il y a une dizaine d’années. Ce sont des indicateurs encourageants. L’automobile est classée comme filiale stratégique.
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Après la crise de ces derniers mois, vous percevez des perspectives positives pour le marché de l’automobile en Algérie ?
J’espère qu’avec ce que nous allons produire, et ce que produit Renault et Mercedes, on pourra faire face à la demande du marché. Vous avez des grands constructeurs et des projets sérieux. Dans deux-trois ans, les constructeurs installés en Algérie pourront répondre à la demande locale et par la suite exporter. On pense aussi, après la cinquième année, avec les opportunités qu’offre la zone arabe de libre échange, exporter vers les pays arabes. L’avenir est prometteur pour l’automobile en Algérie soit en termes de développement de la sous-traitance soit en termes d’exportation vers d’autres marchés africains.
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