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Énergies renouvelables : la leçon marocaine

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  • Énergies renouvelables : la leçon marocaine

    Face aux défis du changement climatique, le royaume chérifien a décidé de prendre le taureau par les cornes avec le Plan Maroc vert. Explications.

    Parmi les premiers investisseurs du continent dans les énergies renouvelables, le Maroc (un milliard de dollars sur l'année écoulée) s'est engagé dans une stratégie ambitieuse destinée à renforcer son indépendance énergétique. Cette stratégie s'appuie sur la réduction de la facture du pays et sur la valorisation du potentiel exceptionnel dans les domaines hydrauliques, éoliens, solaires et marins. Elle vise une capacité de 2 000 MW d'ici à 2020 à partir de projets phares dans le solaire et l'éolien.

    Cinq sites ont été identifiés : Ouarzazate, Aïn Béni Mathar, Foum Al Oued, Boujdour et Sebkhat Tah. Alors qu'il vise à produire plus de 50 % de ses besoins en électricité à partir d'énergies renouvelables, le pays a inauguré, en février dernier, le complexe solaire Noor à Ouarzazate.

    Encourager l'investissement privé

    Le royaume, qui s'est s'engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2030 de 32 % par rapport aux émissions projetées pour la même année, veut notamment promouvoir le savoir-faire acquis dans le domaine des énergies renouvelables. « La COP22 est africaine, pas marocaine, elle ne nous appartient pas », a rappelé Ahmed Baroudi, directeur général de la Société d'investissements énergétiques (SIE) avant la conférence mondiale sur le climat qui vient de s'achever à Marrakech. Son institution, créée en 2010, a pour objectif de promouvoir l'investissement privé dans les énergies renouvelables. « Le Maroc a accueilli l'événement, mais son rôle ne s'est pas limité à l'organisation. Cela a été une opportunité de mettre en lumière les synergies possibles dans le domaine énergétique entre le Maroc et l'Afrique », dit-il, ajoutant : « Le fonds d'investissement de la Banque africaine de développement, Africa 50, a été précisément implanté au Maroc, au sein de Casablanca Finance City, pour impulser l'investissement privé dans les infrastructures, dont les infrastructures énergétiques. Comme nous le faisons déjà à la SIE. »

    Ainsi, il apparaît clairement qu'au cœur de la stratégie énergétique marocaine, la SIE est le bras financier de l'État pour la réalisation du mix énergétique, à l'horizon 2020. Elle intervient autant dans l'investissement que dans le développement de projets d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique.

    Promotion d'une économie verte

    Au-delà de la promotion des énergies renouvelables (ENR), ce que le Maroc entend développer, c'est une filière « verte », créatrice de richesses locales et d'emplois pour favoriser la transition vers une économie « verte ». « Le droit au développement durable ne veut pas dire protéger l'environnement au détriment de l'économie », souligne d'ailleurs Hakima El-Haite, ministre déléguée chargée de l'Environnement dans une interview accordée à la Banque mondiale. Et d'ajouter : « Mais cela signifie être assez sage pour trouver l'équilibre entre le développement économique, l'ascension sociale et la protection de la ressource – pour avoir suffisamment de ressources pour nos enfants et nos petits-enfants. »

    Et en effet, force est de constater que depuis 2011, le Maroc s'est inscrit dans une politique de développement durable, un principe écrit dans la Constitution du royaume, avec notamment la décision, dès 2012, du démantèlement progressif des subventions aux combustibles fossiles. Ce qui a encouragé des entreprises privées à investir dans les ENR et l'efficacité énergétique. Cela les a conduits à produire 500 MW d'énergie éolienne pour leur propre consommation si l'on en croit les données de l'Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et l'efficacité énergétique.

    Au cœur de la stratégie du royaume, il y a le secteur de l'énergie qui a bénéficié d'investissements conséquents dans les ENR, ensuite l'agriculture, à travers le Plan Maroc vert, qui vise une agriculture plus durable, inclusive et résistante, enfin, le tourisme qui a intégré dans sa feuille de route les principes du développement durable. Un écosystème favorable dans lequel les banques privées n'hésitent plus à investir à l'image du Groupe Banque populaire qui vient d'investir 1,2 milliard de dirhams dans la production de bus électriques « made in Morocco », dans le cadre d'un partenariat entre le royaume et la Chine.

    « Notre modèle, nous sommes prêts à le partager »

    Fort de cette expertise saluée par des partenaires comme la Banque mondiale, le Maroc se tourne vers ses « frères africains » pour un partage dans la logique de la coopération sud-sud si chère au roi Mohammed VI. « Notre modèle, nous sommes prêts à le partager », indique ainsi Ahmed Baroudi. Et de préciser son souhait, à partir de la COP22, de multiplier les accords afin de dupliquer le modèle marocain sur le continent. « Le Maroc et l'Afrique, plus généralement, doivent arrêter d'être la poubelle du monde », poursuit-il avant d'ajouter : « Un des plus gros contributeurs au gaz à effets de serre (GES), ce sont les automobiles, dont une grande partie vient d'Europe. Pour arrêter, il n'y a pas dix mille solutions, il faut créer de la valeur en Afrique. »

    le Point fr
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