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L'imam Abou Hamza a endoctriné les terroristes londoniens

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  • L'imam Abou Hamza a endoctriné les terroristes londoniens

    Les six accusés des attentats ratés du 21 juillet 2005 sont de véritables extrémistes préparés au djihad. Le procès entre dans sa deuxième semaine.

    Coiffé d'une casquette de base-ball blanche, l'homme vêtu d'un blouson trop étroit monte à l'étage du bus à impériale n° 26, se dirige d'un pas assuré vers les fauteuils du fond et pose son sac à dos. À 13 h 01, il se penche vers le sol... Les images sont floues, tremblantes, sans son. On distingue pourtant une expression d'effroi sur le visage des passagers : ils ont entendu une détonation, comme une explosion. C'est la panique.

    Filmée le 21 juillet 2005 par une caméra de surveillance, cette scène a été visionnée par les jurés chargés de juger six hommes accusés d'avoir organisé les attentats kamikazes ratés du 21 juillet 2005 à Londres, deux semaines après ceux du 7 juillet qui avaient fait 56 morts et plus de 700 blessés. Aujourd'hui, le procès entre dans sa deuxième semaine, et le jury commence à mieux cerner la vie des comploteurs.

    Apprentis chimistes

    L'homme à la casquette blanche est Muktar Said Ibrahim, un Érythréen de 28 ans, arrivé en Grande-Bretagne à 14 ans et naturalisé en 2004. Lors d'un voyage dans un camp soudanais, il a appris le maniement du lance-roquettes. En 2005, il part au Pakistan pour mener le djihad, « son rêve ». Plutôt qu'au combat, Ibrahim semble s'être initié au terrorisme. À son retour à Londres, il s'impose comme chef de la bande. Le jeune Érythréen est un habitué de la mosquée de Finsbury Park. Jusqu'à son emprisonnement pour incitation au meurtre et à la haine raciale, l'imam extrémiste Abou Hamza y a inculqué l'idéologie du djihad. « Le procès montre, s'il en était besoin, qu'il a joué un rôle central dans la radicalisation des musulmans en Grande-Bretagne », analyse Bob Ayers, expert du groupe de réflexion Chatham House.

    Parfois accompagné d'Adel Yahya, Éthiopien de 24 ans, soupçonné d'avoir participé à l'organisation du complot, Yassin Omar fréquentait aussi la fameuse mosquée du nord de Londres. Ce Somalien de 26 ans est arrivé en Angleterre au début des années 1990. Quatre jours avant de tenter de faire exploser une rame de métro, il s'est marié. Partisan des talibans afghans, Yassin Omar a versé dans l'islamisme extrême à l'université. « Les organisations les plus radicales opèrent depuis longtemps sur les campus parce qu'elles savent qu'elles y trouveront des jeunes gens impressionnables », note Paul Wilkinson, professeur au centre d'études sur le terrorisme à l'université de Saint-Andrews. Un ancien ami a témoigné de la radicalisation de l'accusé : « Yassin a dit qu'il ne croyait pas que les attentats du 11 septembre avaient été organisés par Ben Laden. Si je me souviens bien, il a dit qu'Abu Hamza avait dit ça et qu'Abu Hamza connaissait Oussama Ben Laden. »

    Les bombes ont été confectionnées dans l'appartement de Yassin Omar, au nord de Londres. Sur place, les enquêteurs ont trouvé de l'acide sulfurique, de la farine, de l'acétone, du fil électrique, des ampoules... Pendant des heures, Omar et Ibrahim ont fait bouillir de grandes quantités de peroxyde d'hydrogène pour en augmenter la concentration. En deux mois, le gang a acheté 443 litres de ce produit utilisé par les coiffeurs. Les deux apprentis chimistes étaient aidés par Manfo Kwaku Asiedo. À lui seul, ce Ghanéen de 32 ans, arrivé en Grande-Bretagne en décembre 2003 sous un faux nom, s'est procuré 218 litres de peroxyde.

    Quatorze mois avant la tentative d'attentat, plusieurs de ces hommes étaient sous surveillance. Le jury a pu voir les photos prises par des agents de Scotland Yard en mai 2004 sur un camp d'entraînement improvisé, en Écosse. On y reconnaît Yassin Omar, Muktar Said Ibrahim, mais aussi Hussein Osman. Âgé de 28 ans, cet Éthiopien devait se faire exploser à la station Shepherd's Bush. Pour sa défense, il a assuré aux policiers que le complot était un canular : les détonateurs ne devaient pas fonctionner. Pourtant, Ramzi Mohammed, 25 ans, kamikaze désigné de la station de métro Oval, a laissé une lettre qui atteste du contraire. La veille de l'opération, ce Britannique d'origine somalienne y « supplie Allah de l'admettre au paradis » et termine par une adresse à ses deux fils : « Adam, occupe-toi de ton petit frère Malik et nous nous retrouverons au paradis. »

    Le procureur Nigel Sweeney a assuré qu'au moins trois des six accusés se disaient prêts pour mener le djihad. Sur le pied de guerre pendant quatre mois auparavant, ces jeunes musulmans extrémistes d'origine africaine ne sont en rien, a-t-il insisté, de pâles imitations des terroristes des attentats du 7 juillet 2005, mais tout aussi dangereux que ceux-ci.

    Par le figaro
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