Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Tunisie : opération séduction en direction des investisseurs

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Tunisie : opération séduction en direction des investisseurs

    Quarante-huit heures durant, à Tunisia 2020, la Tunisie va mettre en avant ses atouts pour changer la donne économique avec ses partenaires extérieurs.


    La nuit est tombée sur La Marsa. Une équipe de policiers, lourdement armés, fait le tri parmi les véhicules à l'entrée de cette ville dorée du nord de Tunis. Le cortège de Manuel Valls se profile dans un halo de girophares, le rouge strie la pénombre. On fait place, on gère à coups de sifflet des automobilistes retors. Le Premier ministre français file vers la résidence de l'ambassadeur dans sa voiture blindée. Valls n'est qu'un parmi d'autres à venir assister à Tunisia 2020, la conférence internationale au profit de la jeune démocratie arabe. 70 pays ont choisi d'être présents, officiellement ou via des entrepreneurs. On annonce des milliers d'accrédités. De quoi transformer une partie de la capitale tunisienne en un bunker. Le Palais des congrès accueille les conférenciers, les business boys et les journalistes.

    Un événement économique et politique

    Ce happening voulu par le président de la République Béji Caïd Essebsi et ses deux gouvernements, celui d'Habib Essid auquel a succédé en août l'équipe de Youssef Chahed, sera quoi qu'il arrive un succès. Il place Tunis au centre de l'échiquier politico-économique durant une poignée de jours. La délégation saoudienne a été reçue lundi par l'Utica ( le syndicat patronal ) pendant que le président de la Banque européenne d'investissement ( BEI ), Werner Hoyer, préparait la signature de plusieurs prêts. Les Allemands, représentés protocolairement par un ancien président de la République, alignent des patrons de PME, alors que la Turquie entend prendre pied dans la Tunisie de 2016 avec ses entrepreneurs. Dès ce mardi, on va assister à une ribambelle d'accords signés. Prêts, dons, investissements : toute la palette des interventions financières sera déroulée au profit d'un pays qui souffre d'une profonde crise économique.

    Une économie encore fragile

    Si la révolution fête ses six ans le 14 janvier 2017, la révolution économique n'a guère commencé. Le pays continue de vivre au rythme d'un capitalisme de rentes, incarné par une kyrielle de familles qui monopolise de nombreux secteurs d'activités. Les bâtisseurs des années 1960 ont légué à leurs enfants des groupes puissants sur le marché interne. Laissant peu de place aux nouveaux entrants. Les piliers de la croissance économique sont plus que fragiles. Le tourisme a chuté à la suite des attentats du Bardo puis de Sousse en mars et juin 2015. L'agriculture, atout de la Tunisie, connaît des années fortes et d'autres plus faiblardes. Le manque de pluies se faisant de plus en plus sentir, l'huile d'olive et les dattes demeurent les deux flambeaux du secteur.

    Un pays divisé, une administration compliquée

    Dès la chute de Ben Ali, dont le régime mafieux a privilégié quelques familles au détriment de l'intérêt national, des investisseurs sont arrivés. Mais certains ont calé devant la complexité administrative due à des lois d'un autre siècle. Certains métiers sont régis par des textes datant de 1960… À l'État de faire le ménage dans la forêt de textes et de décrets obsolètes ou contre-productifs. Les très nombreux participants de ce sommet Tunisia 2020 attendent des réponses de la part des dirigeants tunisiens. Si les États, les grandes institutions fourniront leurs parts d'aides et de crédits, les investisseurs privés veulent qu'on les rassure sur ce fameux « climat des affaires ». Par sa situation géographique, son régime démocratique en voie de construction, la Tunisie a des atouts. Et des individus. Lui manque aujourd'hui une capacité à se rassembler. Ce qu'un dirigeant de l'Utica, le Medef tunisien, résumait ainsi, l'an passé : «Individuellement, nous regorgeons de talents dans de nombreux domaines, mais collectivement, il faut avouer que nous ne sommes pas bons du tout.» Une fracture qui se constate entre deux Tunisie : celle des côtes et celle de l'intérieur. De Tunis à Sousse, on bénéficie d'un dynamisme et d'une présence de l'État que l'on ne constate pas à Kasserine ou à Tozeur, dans le Sud. Ainsi, certains gouvernorats affichent un taux de chômage de près de 40 %.

    Une page blanche et beaucoup de questions

    Ces deux jours seront un électrochoc bienvenu pour une Tunisie minée par le chômage de masse, une jeunesse sans espoir, un pouvoir d'achat peau de chagrin, une corruption pharaonique qui gangrène tous les secteurs d'activités. Cet afflux d'étrangers, qui viennent soit par devoir diplomatique, soit par réelle ambition, aura le mérite d'attirer l'attention sur l'économie. Des rafales d'accords divers et variés seront paraphées par le chef du gouvernement et le ministre du Développement. À eux de débloquer les nombreux freins qui ont mis la Tunisie dans une situation financière délicate. La loi de finances 2017 actuellement en débat à l'Assemblée des représentants du peuple propose un budget de 32 milliards de dinars, dont près de 25 % devront être empruntés. Le puissant syndicat UGTT, un quasi-monopole, menace de déclencher une grève générale de la fonction publique le 8 décembre prochain si les augmentations prévues ne sont pas respectées. La bienveillance internationale ne pourra résoudre tous les problèmes internes.

    L'enjeu : surmonter le ras-le-bol général

    Pour le pouvoir politique en place depuis fin 2014, ce gigantesque roadshow est vital. Nidaa Tounes, le parti de BCE, et Ennahda, le parti de Ghannouchi, codirigent le pays. Un attelage insolite entre islamistes et essebsistes. Peu est de dire que le Tunisien en a ras le bol de son quotidien. Ras le bol du manque d'emplois pour ses enfants, ras le bol de ses difficultés à payer loyers et autres factures, ras le bol de la politique, un sentiment exacerbé par l'implosion progressive de Nidaa Tounes, parti confronté à une guerre des ego et des clans pendant que l'économie vacille de plus en plus. La retombée de ce sommet, s'il se déroule positivement, ne se fera sentir que d'ici un an.

    le Point

  • #2
    Près de 8 milliards $ de promesses obtenues par la Tunisie au 1er jour de sa conférence sur les investissements

    (Agence Ecofin) - Les pays présents à la conférence Tunisie 2020 ont sorti les chéquiers pour appuyer la Tunisie, qui a pour objectif de mobiliser 30 milliards $ pour le financement de ses projets. Les engagements chiffrés donnés dès le premier jour de la rencontre s'élèvent à près de 8 milliards $.

    Avec l'annonce d'une enveloppe de près de 1,5 milliard $, le Qatar a pris la tête des partenaires bilatéraux. L'émirat est légèrement devant la France, l'autre pays fortement présent à la conférence tunisienne, avec son premier ministre et près de 250 hommes d'affaires. Les engagements chiffrés de l'hexagone se rapprochent de 1,36 milliards d'euros (environ 1,4 milliard $).

    Près de 60 millions d'euros seront issus de la reconversion de la dette tunisienne en financement du développement. Cinq conventions de financement ont été signées avec divers acteurs, pour environs 100 millions d'euros, et l’Agence Française de Développement devrait investir 250 millions d'euros par an en appuis au plan quinquennal tunisien 2016-2020, soit 1,25 milliard d'euros.

    Dans les autres engagements obtenus, le Koweit a promis de prêter 500 millions $, la Turquie 100 millions $, et le Canada s'est engagé à investir 24 millions $ dans le pays.

    L’Arabie Saoudite a promis pour sa part, un don de 100 millions $. A côté de ces appuis bilatéraux, le Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social (FADES) s'est engagé à apporter 1,5 milliard $ et la Banque Européenne d'Investissement a promis près de 2,65 milliards $ d'ici 2020 en plus des conventions de financement de 502 millions d’euros signées à la veille de l’évènement.

    Les autorités tunisiennes espèrent encore obtenir des engagements de financement ou d'investissements de près de 4,5 milliards $ avant la fin de la conférence. « La Tunisie traverse un moment particulier et a besoin d'un appui dont elle aurait pu se passer normalement », a fait savoir le président Beji Caid Essebsi (photo) lors de son discours.

    Les aides, les dons et les prêts ne sont pas la seule dynamique de la conférence Tunisie 2020. En marge de cette rencontre, la Société Telnet Holding et Airbus Safran Launchers ont signé un accord de partenariat de 120 millions de dinars tunisiens (51,8 millions $), pour le développement des microsatellites en Tunisie.

    Commentaire

    Chargement...
    X