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L'avenir noir de l'Opep

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  • L'avenir noir de l'Opep

    L'Opep a finalement trouvé un accord mercredi portant sur une réduction de sa production de 1,2 million de barils par jour. Le cours du baril a réagi en augmentant de plus de 8%, à près de 49 dollars. Mais ce succès cache mal les difficultés du cartel à peser sur le marché à long terme

    Les Cassandre en sont pour leurs frais. Les 14 pays membre de l'Opep ont réussi à trouver un accord, le premier depuis 2008, pour réduire leur production de 1,2 million de barils par jour (mbj) pour la ramener à 32,5 mbj.

    Les marchés à terme l'ont salué, le cours du baril de brut à New York bondissant de plus de 8% pour venir flirter les 49 dollars, un niveau inédit depuis 8 mois.

    Du point de vue de la communication, le cartel marque un point en ayant réussi à faire l'unanimité, ce qui était loin d'être gagné. Pour autant, le but de l'accord, qui vise à réduire les parts de marché des membres pour maintenir les prix internationaux du baril de brut, n'est pas sûr d'être atteint. Et les raisons ne manquent pas.

    Une baisse anticipée
    D'abord, cette réduction doit être relativisée car l'Opep a pompé en octobre 33,8 mbj, ce qui représente un record historique. Ses pays membres avaient donc déjà anticipé la baisse en... augmentant leur production.

    Ensuite l'Opep ne pèse plus autant que par le passé sur le marché pétrolier. Elle fournit à peine plus d'un tiers du pétrole consommé dans le monde, ce qui réduit de facto son influence. Car même si la Russie a dit qu'elle allait s'engager à ne pas augmenter sa production, l'accord est pour certains pays producteurs et surtout les compagnies privées à travers le monde une opportunité d'élargir leurs parts de marché.

    Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande mondiale en 2017 devrait s'établir à 97,5 mbj contre 96,3 mbj en 2016. Du côté de la production, celle non Opep s'établirait à 56,7 mbj en 2016 et pour s'élever à 57,2 mbj en 2017.

    Par ailleurs, on ne connaît par encore le quota de production fixé par pays. L'Irak et l'Iran ont averti avant la réunion qu'ils ne baisseraient pars leur production, car ils veulent revenir à leur part de marché d'antan, qui a été réduite par les guerres pour le premier et les sanctions pour le deuxième.

    Le principal effort devrait donc être réalisé par l'Arabie Saoudite, qui compte pour 40% de l'offre actuelle de l'organisation.

    Le mirage de la stabilité
    Par le passé, rares sont les pays membres qui ont respecté leurs quotas, d'autant que chacun le fait sur la base d'un engagement qui ne fait pas l'objet d'un contrôle indépendant. Certains pays, faut-il le rappeler, dont le budget dépend essentiellement des recettes pétrolières sont dans une situation économique grave : Algérie, Nigéria ou encore Venezuela.

    En outre, le manque à gagner, par la limitation des ventes, réduit le nombre de pétro-dollars, qui alimentent les réserves de change qui ont déjà fortement baissé chez les pays producteurs. Même l'Arabie Saoudite a subi cet effet ce qui l'a conduit à se financer sur le marché obligataire pour pouvoir précisément s'engager dans un modèle économique moins dépendant des recettes pétrolières.

    De fait, depuis la chute brutale des prix en 2008 qui étaient montés jusqu'à 148 dollars, les prix sont erratiques. En début d'année, ils étaient même passés sous les 30 dollars. Or, le cartel a montré tant dans la phase d'ascension des prix avant septembre 2008 qu'après la chute qu'il ne jouait plus vraiment son rôle de stabilisateur du marché pour l'économie mondiale. Si évidemment la première phase était à son avantage (prix élevés conjugués à de bonnes parts de marché), la deuxième l'est moins (prix faibles, réduction des parts de marché dus à l'émergence rapide de la production américaine avec la révolution du « fracking »).

    Une nécessaire révolution culturelle
    Cette perte d'influence du cartel va aller en augmentant. Avec les progrès de l'efficience énergétique et le ralentissement de la demande pétrolière chinoise, qui avait tant soutenue les cours avant 2008, la demande pétrolière mondiale tend chaque année à augmenter moins rapidement que celle sur l'offre.

    Même la prime de risque géopolitique a disparu, les sanctions contre la Russie, la guerre en Syrie, celle de l'Irak avec l'Etat islamique, ou encore la crise au Nigéria ou la chute de l'activité dans un grand pays émergent comme le Brésil ne semblent plus avoir de véritable effet sur les cours.

    Enfin, sur fond de lutte contre le réchauffement climatique, la décarbonisation de l'économie comme en témoigne le développement croissant de la voiture électrique va peser structurellement sur un des derniers bastions du marché des hydrocarbures : le transport.

    Il faudrait donc une révolution culturelle au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole pour pouvoir continuer à jouer le rôle de premier plan dans l'économie mondiale, sinon cette influence va se transformer en capacité de nuisance qui va s'amenuiser au fil des années.

    La Tribune fr
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