Par Sarah Smaïl | Actualité
Le président français François Hollande a déclaré jeudi 1er décembre qu’il ne briguerait pas un second mandat en 2017. Une première dans l’histoire de la Ve République et une mauvaise nouvelle pour l’Algérie.
Dès son élection en 2012, François Hollande s’était rapproché de l’Algérie, et a réussi à réchauffer les relations entre les deux pays, après une période de froid glacial sous le règne de Nicolas Sarkozy. Hollande, qui entretient de bonnes relations avec le président Abdelaziz Bouteflika, a effectué plusieurs visites en Algérie. Le parcours personnel du président Hollande le portait déjà à être proche du pays, M. Hollande ayant travaillé huit mois à l’ambassade de France à Alger. Il a donc des liens affectifs avec l’Algérie. Comme Jacques Chirac et François Mitterrand, qui ont connu la Guerre de l’indépendance.
« François Hollande est l’un des rares hommes politiques à avoir compris que l’Algérie était une question à part, qui concerne 6 à 7 millions de personnes en France, entre les anciens soldats, les immigrés, leurs descendants et les harkis », a dit l’historien Benjamin Stora à l’Express.
Durant son mandat, François Hollande a même fait quelques gestes symboliques en direction de l’Algérie. En 2012, année de son élection, le président Hollande avait affirmé que la République reconnaissait avec « lucidité » la répression « sanglante » de la manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961. « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression » avait-il déclaré. « La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes ». Une déclaration qui lui avait valu de nombreuses critiques à droite.
Sur le plan économique, le président Hollande avait conclu un partenariat d’exception avec son homologue algérien, permettant aux entreprises françaises d’obtenir de nombreux contrats en Algérie. Renault a installé une usine de montage de véhicules à Oran, et Cevital a acquis des usines en France.
« La France est le premier partenaire économique de l’Algérie » et « entend le rester et même entend encore développer sa présence », avait déclaré Hollande en 2012.
| LIRE AUSSI : François Hollande critique le système colonial, répond à Nicolas Sarkozy et appelle à l’amitié avec l’Algérie
Le renoncement de Hollande à briguer un deuxième mandat, et la défaite d’Alain Juppé à la primaire de droite, ouvrent la voie à une nouvelle génération de responsables politiques peu attachés à l’Algérie.
Les candidats déclarés ou pressentis donnés comme favoris à la présidentielle française incarnent une nouvelle vague politique qui manifeste moins l’intention d’un rapprochement avec l’Algérie ou le Maroc.
À commencer par Manuel Valls, sans doute le plus grand bénéficiaire du retrait de François Hollande. Le premier ministre devrait démissionner de Matignon et annoncer sa candidature à la primaire socialiste. Il est le favori des sondages pour représenter la gauche en 2017.
Au cours de l’été 2016, Manuel Valls a affirmé des positions fermement anti-voile et anti-burkini, lançant notamment fin août une déclaration qui a été très contestée : « Sur la place des femmes nous ne pouvons transiger. Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! C’est ça la République ! C’est ça Marianne ! »
Du côté algérien, lors de sa visite en Algérie en avril dernier, le Premier ministre avait tweeté sur son compte officiel une photo qui le montrait assis près d’un président Bouteflika extrêmement fatigué, accompagnée du message « Échanges économiques, humains et sécurité : la relation franco-algérienne est forte, historique et stratégique ». Un dérapage que l’Algérie lui a fortement reproché et que le pouvoir algérien n’est pas prêt de pardonner.
Avant cette visite, la presse française rapportait la gêne d’Emmanuel Macron, autre candidat à la primaire de gauche, de serrer la main au ministre de l’Industrie et des mines Abdeslam Bouchouareb, dont le nom était apparu dans les Panama papers. Il s’inquiétait pour « l’image du gouvernement français » soit « écornée », selon le Figaro.
L’ancien ministre de l’Économie considère par ailleurs que la colonisation a eu des éléments « de civilisation », déclarant lors d’un entretien avec Le Point : « Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie ».
À droite, l’Algérie ne compte pas beaucoup d’amis parmi les candidats. Il y a d’abord les positions anti-islam, anti-immigration et anti-algérienne de Marine Le Pen, la candidate du Front National (extrême droite). Et puis, le vainqueur de la primaire de droite, François Fillon n’est aussi extrémiste que la candidate du FN. Le candidat de la droite et du centre est certes moins pro-marocain que Sarkozy, mais il est aussi brutal sur la question de la mémoire.
Dans son ouvrage « Vaincre le totalitarisme islamique » publié fin septembre, il dit qu’il n’y a « pas de problème religieux en France », mais qu’il y a « un problème lié à l’islam ». Concernant la colonisation, l’ex-premier ministre sous Sarkozy (2007-2012) a également affirmé que la France n’était « pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord ».
François Fillon a également manifesté son opposition à la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie le 19 mars en France, déclarant : « célébrer le 19 mars, c’est exprimer à l’égard des victimes, c’est à dire des harkis et des pieds-noirs, une forme de mépris ».
Lors de la campagne pour la primaire de la droite, il n’a pas visité l’Algérie, devenue ces dernières années, une escale.
Il reste Arnaud Montebourg, candidat à la primaire socialiste qui affirme ses origines algériennes, attendu en Algérie dans une semaine dans le cadre de sa campagne électorale. Mais il n’est pas le favori des sondages devant respectivement François Fillon, Marine Le Pen, Manuel Valls et Emmanuel Macron.
Le président français François Hollande a déclaré jeudi 1er décembre qu’il ne briguerait pas un second mandat en 2017. Une première dans l’histoire de la Ve République et une mauvaise nouvelle pour l’Algérie.
Dès son élection en 2012, François Hollande s’était rapproché de l’Algérie, et a réussi à réchauffer les relations entre les deux pays, après une période de froid glacial sous le règne de Nicolas Sarkozy. Hollande, qui entretient de bonnes relations avec le président Abdelaziz Bouteflika, a effectué plusieurs visites en Algérie. Le parcours personnel du président Hollande le portait déjà à être proche du pays, M. Hollande ayant travaillé huit mois à l’ambassade de France à Alger. Il a donc des liens affectifs avec l’Algérie. Comme Jacques Chirac et François Mitterrand, qui ont connu la Guerre de l’indépendance.
« François Hollande est l’un des rares hommes politiques à avoir compris que l’Algérie était une question à part, qui concerne 6 à 7 millions de personnes en France, entre les anciens soldats, les immigrés, leurs descendants et les harkis », a dit l’historien Benjamin Stora à l’Express.
Durant son mandat, François Hollande a même fait quelques gestes symboliques en direction de l’Algérie. En 2012, année de son élection, le président Hollande avait affirmé que la République reconnaissait avec « lucidité » la répression « sanglante » de la manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961. « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression » avait-il déclaré. « La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes ». Une déclaration qui lui avait valu de nombreuses critiques à droite.
Sur le plan économique, le président Hollande avait conclu un partenariat d’exception avec son homologue algérien, permettant aux entreprises françaises d’obtenir de nombreux contrats en Algérie. Renault a installé une usine de montage de véhicules à Oran, et Cevital a acquis des usines en France.
« La France est le premier partenaire économique de l’Algérie » et « entend le rester et même entend encore développer sa présence », avait déclaré Hollande en 2012.
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Le renoncement de Hollande à briguer un deuxième mandat, et la défaite d’Alain Juppé à la primaire de droite, ouvrent la voie à une nouvelle génération de responsables politiques peu attachés à l’Algérie.
Les candidats déclarés ou pressentis donnés comme favoris à la présidentielle française incarnent une nouvelle vague politique qui manifeste moins l’intention d’un rapprochement avec l’Algérie ou le Maroc.
À commencer par Manuel Valls, sans doute le plus grand bénéficiaire du retrait de François Hollande. Le premier ministre devrait démissionner de Matignon et annoncer sa candidature à la primaire socialiste. Il est le favori des sondages pour représenter la gauche en 2017.
Au cours de l’été 2016, Manuel Valls a affirmé des positions fermement anti-voile et anti-burkini, lançant notamment fin août une déclaration qui a été très contestée : « Sur la place des femmes nous ne pouvons transiger. Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! C’est ça la République ! C’est ça Marianne ! »
Du côté algérien, lors de sa visite en Algérie en avril dernier, le Premier ministre avait tweeté sur son compte officiel une photo qui le montrait assis près d’un président Bouteflika extrêmement fatigué, accompagnée du message « Échanges économiques, humains et sécurité : la relation franco-algérienne est forte, historique et stratégique ». Un dérapage que l’Algérie lui a fortement reproché et que le pouvoir algérien n’est pas prêt de pardonner.
Avant cette visite, la presse française rapportait la gêne d’Emmanuel Macron, autre candidat à la primaire de gauche, de serrer la main au ministre de l’Industrie et des mines Abdeslam Bouchouareb, dont le nom était apparu dans les Panama papers. Il s’inquiétait pour « l’image du gouvernement français » soit « écornée », selon le Figaro.
L’ancien ministre de l’Économie considère par ailleurs que la colonisation a eu des éléments « de civilisation », déclarant lors d’un entretien avec Le Point : « Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie ».
À droite, l’Algérie ne compte pas beaucoup d’amis parmi les candidats. Il y a d’abord les positions anti-islam, anti-immigration et anti-algérienne de Marine Le Pen, la candidate du Front National (extrême droite). Et puis, le vainqueur de la primaire de droite, François Fillon n’est aussi extrémiste que la candidate du FN. Le candidat de la droite et du centre est certes moins pro-marocain que Sarkozy, mais il est aussi brutal sur la question de la mémoire.
Dans son ouvrage « Vaincre le totalitarisme islamique » publié fin septembre, il dit qu’il n’y a « pas de problème religieux en France », mais qu’il y a « un problème lié à l’islam ». Concernant la colonisation, l’ex-premier ministre sous Sarkozy (2007-2012) a également affirmé que la France n’était « pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord ».
François Fillon a également manifesté son opposition à la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie le 19 mars en France, déclarant : « célébrer le 19 mars, c’est exprimer à l’égard des victimes, c’est à dire des harkis et des pieds-noirs, une forme de mépris ».
Lors de la campagne pour la primaire de la droite, il n’a pas visité l’Algérie, devenue ces dernières années, une escale.
Il reste Arnaud Montebourg, candidat à la primaire socialiste qui affirme ses origines algériennes, attendu en Algérie dans une semaine dans le cadre de sa campagne électorale. Mais il n’est pas le favori des sondages devant respectivement François Fillon, Marine Le Pen, Manuel Valls et Emmanuel Macron.
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