Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Pas d’hommage au pionnier du mouvement national Mabrouk Belhocine

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Pas d’hommage au pionnier du mouvement national Mabrouk Belhocine

    Un des pionniers du mouvement national, Mabrouk Belhocine, s’est éteint samedi, à l’âge de 95 ans, alors qu’aucune personnalité officielle n’a daigné lui rendre hommage. Ce qui est difficile à s’expliquer lorsqu’on connaît l’engouement des officiels pour la glorification de la Révolution de Novembre et de ses symboles.

    Pourtant, cet ancien bâtonnier et intellectuel fut un témoin privilégié de toutes les grandes mutations qu’a vécues le mouvement national, depuis la création du PPA jusqu’à la fin de la guerre de Libération nationale, en passant par la crise de 1949. Il fait partie de cette catégorie d’intellectuels engagés dans la lutte pour l’indépendance et pleinement convaincus du recours à l’action armée pour s’affranchir du joug colonial.


    Dans ses mémoires, cet ancien étudiant «progressiste» reconnaît que la guerre de Libération en Algérie «a été pensée, décidée et dirigée non par des intellectuels, mais par des militants, des hommes d’action». Dans une de ses rares interviews à la presse, Me Belhocine a aussi déclaré qu’«une révolution est un mouvement social profond tendant à modifier globalement un système politique, économique, social, culturel. Ce sont généralement les élites qui peuvent penser et diriger une révolution». Après avoir côtoyé de plus près les dirigeants de cette Révolution, puisqu’il était affecté dans différents ministères du GPRA à Tunis, entre 1957 et 1962, et ayant d’abord été un collaborateur d’Abane Ramdane, Mabrouk Belhocine trouvera une autre réalité qui va l’amener rapidement à relativiser sa conception. Il découvre des dirigeants au contraire respectueux des intellectuels et constituant eux-mêmes des sortes de «synthèse entre intellectuels et hommes d’action».

    Il faut peut-être replacer le concept d’intellectuel dans le contexte de l’époque, qui est bien différent de la définition que l’on en donne de nos jours. Or, d’aucuns assimilent la place des intellectuels dans la Révolution à la propension qu’occupaient les «politiques» dans les centres de décision, en opposition aux «militaires» qui auraient toujours eu le dessus grâce à la légitimité des armes. L’exclusion d’hommes politiques consacrés tels que Ferhat Abbas, Benyoucef Benkhedda, qui eurent à présider aux destinées du GPRA, est toujours perçue comme un «bannissement» de fait de l’intellectuel, réduit au rôle de scribe ou d’idéologue. Une vision manichéenne que ne partageait pas Me Belhocine, qui a pourtant fait les frais d’une première «purge» au sein du MTLD, lors de la fameuse crise dite berbériste, dont il était un des protagonistes, aux côtés d’anciens militants de Kabylie qui ont contesté l’«ostracisme» de la direction du parti.

    Justement, la crise dite berbériste cristallise, aux yeux des historiens, ce clivage endémique entre une volonté d’émancipation idéologique, et donc fatalement intellectuelle, et une organisation bureaucratisée et soucieuse d’abord de la discipline et de l’efficacité. Née au sein de la Fédération de France du MTLD en 1949, cette crise était déclenchée par un groupe d’étudiants et de militants de tendance plutôt gauchiste dont faisait partie Mabrouk Belhocine, aux côtés des Bennaï Ouali, Laimche Amar, Hennine et Saddek Hadjeres, accusés par la direction du parti de «travail fractionnel» et de «complot berbériste», ce dont ces militants se défendaient crânement. Ces jeunes militants «récalcitrants», appelés aussi les «berbéro-matérialistes» réclamaient ce qu’ils appelaient «une rénovation idéologique du PPA/MTLD».
    Mabrouk Belhocine est né en 1921 au village Loudha, dans les Aït Waghlis (Sidi Aïch) ; il a laissé deux ouvrages : Le Courrier Alger-Le Caire (1954-1956), paru en 2000, et Les Correspondances entre l’intérieur et l’extérieur, en 2004.

    R. Mahmoudi
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
Chargement...
X