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EDITO. L’histoire et l’oubli

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  • EDITO. L’histoire et l’oubli

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    S'il est tout à fait légitime que soit consacré un colloque international à Ahmed Ben Bella, un des tout premiers militants du Mouvement national et premier président de l’Algérie indépendante et qu’il ait eu droit à des funérailles nationales et à une statue (à Tlemcen), il est anormal voire scandaleux que d’autres figures historiques soient réléguées dans l’oubli depuis l’indépendance, la plupart quittant ce bas monde dans l’indifférence la plus totale des institutions de l’Etat et des dirigeants qui, pourtant, sans leur combat, n’auraient pas existé.

    La liste est longue ; citons le tout dernier disparu, Mabrouk Belhocine, qui a traversé avec abnégation et compétence une large partie du Mouvement national, du PPA au GPRA ; avant lui, le brave Mohamed Méchati, membre de l’OS, le courageux colonel Boubnider, le tonitrurant M’hamed Yazid qui a écrit de belles pages de la diplomatie de combat aux côtés d’Aït Ahmed. Tombé dans l’oubli et l’exil des décennies durant, celui-ci ne put accéder aux honneurs de la nation que grâce à son exceptionnelle aura auprès de la population. D’une manière générale, ce sont les pouvoirs politiques qui fixent les «critères d’accès» à l’hommage de la nation, les organisations de moudjahidine et les historiens n’ayant pas droit au chapitre ou très peu. Et c’est là que le bât blesse.

    Si Chadli Bendjedid a permis aux colonels Amirouche et si L'haouès d’avoir enfin droit à une sépulture dont les avait privés son prédécesseur, ni lui ni les autres chefs d’Etat n’ont jugé «utile» de faire la lumière sur l’assassinat de Abane Ramdane, de retrouver ses restes et de lui assurer enfin l’enterrement qu’il n’a jamais eu. Comme d’ouvrir les dossiers des assassinats des grandes figures de la guerre de Libération (Krim Belkacem, Khider), des décès intrigants (Khemisti, Medeghri), des exécutions sommaires (colonel Chaâbani) et, de manière générale, des purges décidées dans différentes wilayas en guerre et qui ont «emporté» des milliers d’officiers et de soldats de l’ALN. Il est anormal que cela dure plus de cinquante années après l’indépendance : si ces dernières années un remarquable travail mémoriel a été fait par les historiens nationaux et étrangers, les hommes politiques persistent à lire l’histoire avec une gomme, ne se détachant pas des «grilles de lecture» qui ont prévalu durant la guerre de Libération nationale.

    A l'égard des algériens, les dirigeants politiques ont un double devoir : leur livrer toute la lumière sur les épreuves traversées par leurs aînés contre le colonisateur, sans complaisance, sans parti pris, et leur faire connaître les grands hommes qui ont fait aboutir le combat populaire contre l’occupant colonial. On ne peut construire l’avenir si on ne connaît pas son passé, si celui-ci est partiel et partial. Les nations se construisent sur les événements du passé et sur les grandes figures marquantes qui forgent la personnalité nationale, constituent des répères et des phares pour éclairer l’avenir. Plus les algériens connaîtront leur histoire et s’identifieront à leurs héros, y compris ceux des civilisations anté-islamiques d’une grande richesse, plus ils affirmeront leur identité. Ils seront fiers d’être Algériens et c’est vital en ces temps de mondialisation ravageuse.

    Ali Bahmane
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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