Faire face aux revendications marocaines
En 1956, au moment de l’indépendance du Maroc, les deux enclaves de Ceuta et Melilla ainsi que les peñones de la côte méditerranéenne sont restés espagnols en vertu de leur appartenance antérieure à l’Espagne. Mais, rapidement, la politique extérieure de Rabat s’est donné pour objectif de récupérer tous les territoires qui forment l’espace géographique marocain : la zone sud du Protectorat (Tarfaya) en 1958 puis la colonie espagnole d’Ifni en 1969 ont ainsi été les cibles de revendications avant de rentrer dans le giron marocain.
Seule exception, le Sahara occidental n’a toujours pas, aujourd’hui, de statut définitif sur le plan juridique : l’occupation marocaine de 1975(9) y a provoqué le départ des Espagnols mais aussi la résistance armée des Sahraouis qui, depuis plus de trente ans, réclament l’indépendance.
Dès 1961, soutenu par de nombreux pays arabes ainsi que par l’URSS, le Maroc a également porté ses revendications concernant les villes de Ceuta et Melilla devant l’assemblée générale de l’ONU. En 1966, le roi du Maroc Hassan II est même allé jusqu’à soutenir les prétentions espagnoles sur Gibraltar, affirmant que, si le territoire britannique était décolonisé, alors Ceuta et Melilla devraient automatiquement être restituées au Maroc. Ce fut le « leitmotiv » de la politique étrangère d’Hassan II pendant de nombreuses années.
Depuis 1975 et l’échec de la décolonisation du Sahara occidental, le Maroc utilise régulièrement l’argument de la revendication sur les villes de Ceuta et de Melilla pour faire pression sur l’Espagne dans le dossier du Sahara : après avoir obtenu le soutien de Washington et de Paris, Rabat tente en effet de faire avaliser son projet d’ « autonomie régionale de la province du sud » par Madrid, l’ancienne puissance coloniale, ce qui reviendrait de fait à intégrer le Sahara occidental dans le territoire marocain ; pour Rabat, la présence espagnole à Ceuta et à Melilla est une survivance anachronique du colonialisme en Afrique.
La tension entre les deux pays a atteint son paroxysme en juillet 2002, lors de la plus grave crise bilatérale vécue depuis des décennies : le Maroc décida alors d’occuper l’îlot d’El Perejil, petit rocher inhabité situé à l’ouest de Ceuta, provoquant la riposte, dix jours plus tard, des forces spéciales espagnoles qui le reprirent. Cet épisode nécessita ensuite l’intervention de la diplomatie américaine pour trouver une issue rapide à la crise.
Face à ces incessantes revendications, la population de Ceuta et de Melilla s’est longtemps sentie abandonnée par Madrid qui, bien qu’affirmant sans ambigüité « l’hispanité » des deux villes, avait plutôt tendance à ménager Rabat. C’est la raison pour laquelle les chefs de gouvernement qui se sont succédé à Madrid ont soigneusement évité tout voyage officiel.
Le roi Juan Carlos a rompu cette loi non écrite en 2007 en effectuant dans les deux villes une visite d’État, au cours de laquelle il a affirmé sa volonté politique d’ancrer définitivement Ceuta et Melilla dans le territoire national, même au prix d’une intervention militaire.
Les populations locales ont alors retrouvé une certaine confiance en leur avenir. Celle-ci est renforcée par le fait que la population musulmane des deux entités exprime régulièrement son attachement à la nationalité espagnole : la menace d’une population musulmane qui, devenue majoritaire dans les deux villes, aurait pu réclamer son rattachement au royaume du Maroc, semble s’éloigner. Il semble bien que cette dernière apprécie les bienfaits de la démocratie hispanique.
Source: La documentation française- La librairie du citoyen-
En 1956, au moment de l’indépendance du Maroc, les deux enclaves de Ceuta et Melilla ainsi que les peñones de la côte méditerranéenne sont restés espagnols en vertu de leur appartenance antérieure à l’Espagne. Mais, rapidement, la politique extérieure de Rabat s’est donné pour objectif de récupérer tous les territoires qui forment l’espace géographique marocain : la zone sud du Protectorat (Tarfaya) en 1958 puis la colonie espagnole d’Ifni en 1969 ont ainsi été les cibles de revendications avant de rentrer dans le giron marocain.
Seule exception, le Sahara occidental n’a toujours pas, aujourd’hui, de statut définitif sur le plan juridique : l’occupation marocaine de 1975(9) y a provoqué le départ des Espagnols mais aussi la résistance armée des Sahraouis qui, depuis plus de trente ans, réclament l’indépendance.
Dès 1961, soutenu par de nombreux pays arabes ainsi que par l’URSS, le Maroc a également porté ses revendications concernant les villes de Ceuta et Melilla devant l’assemblée générale de l’ONU. En 1966, le roi du Maroc Hassan II est même allé jusqu’à soutenir les prétentions espagnoles sur Gibraltar, affirmant que, si le territoire britannique était décolonisé, alors Ceuta et Melilla devraient automatiquement être restituées au Maroc. Ce fut le « leitmotiv » de la politique étrangère d’Hassan II pendant de nombreuses années.
Depuis 1975 et l’échec de la décolonisation du Sahara occidental, le Maroc utilise régulièrement l’argument de la revendication sur les villes de Ceuta et de Melilla pour faire pression sur l’Espagne dans le dossier du Sahara : après avoir obtenu le soutien de Washington et de Paris, Rabat tente en effet de faire avaliser son projet d’ « autonomie régionale de la province du sud » par Madrid, l’ancienne puissance coloniale, ce qui reviendrait de fait à intégrer le Sahara occidental dans le territoire marocain ; pour Rabat, la présence espagnole à Ceuta et à Melilla est une survivance anachronique du colonialisme en Afrique.
La tension entre les deux pays a atteint son paroxysme en juillet 2002, lors de la plus grave crise bilatérale vécue depuis des décennies : le Maroc décida alors d’occuper l’îlot d’El Perejil, petit rocher inhabité situé à l’ouest de Ceuta, provoquant la riposte, dix jours plus tard, des forces spéciales espagnoles qui le reprirent. Cet épisode nécessita ensuite l’intervention de la diplomatie américaine pour trouver une issue rapide à la crise.
Face à ces incessantes revendications, la population de Ceuta et de Melilla s’est longtemps sentie abandonnée par Madrid qui, bien qu’affirmant sans ambigüité « l’hispanité » des deux villes, avait plutôt tendance à ménager Rabat. C’est la raison pour laquelle les chefs de gouvernement qui se sont succédé à Madrid ont soigneusement évité tout voyage officiel.
Le roi Juan Carlos a rompu cette loi non écrite en 2007 en effectuant dans les deux villes une visite d’État, au cours de laquelle il a affirmé sa volonté politique d’ancrer définitivement Ceuta et Melilla dans le territoire national, même au prix d’une intervention militaire.
Les populations locales ont alors retrouvé une certaine confiance en leur avenir. Celle-ci est renforcée par le fait que la population musulmane des deux entités exprime régulièrement son attachement à la nationalité espagnole : la menace d’une population musulmane qui, devenue majoritaire dans les deux villes, aurait pu réclamer son rattachement au royaume du Maroc, semble s’éloigner. Il semble bien que cette dernière apprécie les bienfaits de la démocratie hispanique.
Source: La documentation française- La librairie du citoyen-
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