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Chronique d'insurgés de 1871

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  • Chronique d'insurgés de 1871

    Rédigée de la prison civile à Sétif.

    Louange à Dieu Unique !
    A monsieur le procureur de la République à Sétif,

    Après la formule d’usage ; j’ai l’honneur de vous exposer ma conduite envers les Ouled Mokrane et de vous faire connaître les circonstances et les motifs de ma fuite avec eux, ainsi que tout ce qui s’est passé pendant mon séjour parmi eux ; en un mot de vous retracer les réponses aux questions que vous m’avez posées.

    Dès qu’une colonne expéditionnaire sortie de Sétif pour marcher contre le Bach-Agha Mokrani, je me disposai à me joindre aux Caïds qui suivaient cette colonne. Je pris conseil à cet effet du Lieutenant Ahmed Ben Zidan, Caïd du Guergour qui me dit approuver mon dessein. J’achetai aussitôt un cheval du Caïd Si Mohamed Aktouf, Caïd des Béni Ourtilan pour le prix de onze cent cinquante francs et je convins avec Ben Zidan que je viendrais le rejoindre à la colonne avec ma suite et que je resterais attaché à sa personne. Aussitôt mes préparatifs terminés, je me mis en route et je rejoignis la colonne à Bordj Bou Arréridj où elle venait d’arriver.

    Le lendemain de mon arrivées, les goums arabes commandés par les Caïds une troupe de chasseurs furent envoyés contre les Ouled Khellouf, je me joignis à l’expédition et je me joignis au combat que se livra jusqu’au soir.

    Le lendemain de cette expédition, la colonne toute entière s’avança sur le Bordj Medjana, le Bach-Agha voulut résister à la colonne et des engagements eurent lieu jusqu’au soir. La colonne campa sur les positions du Bordj où elle passa la nuit et la journée du lendemain ; et le jour suivant, elle se dirigea sur Sera.

    Arrivée à un endroit nommé Soumafe, un combat s’engagea et dura jusqu’à la nuit. C’est dans ce combat que vingt insurgés furent faits prisonniers il avait assisté de ce combat en tirant avec Ben Zidan, Si Mohamed Taher Aktouf Si Ahmed Ben Djeddou et monsieur le capitaine Olivier, Mon intention bien arrêtée était de rester à la colonne tant que durerait l’expédition. Mais le lendemain matin, monsieur le Colonel Bouvalet me fit appeler, ainsi que mon collègue Si Seddik Ben El Hadj Tayeb, Cadi de Takitount, et en la présence de Ben Zidan, il nous demanda pourquoi nous étions venus ainsi nous joindre à la colonne malgré nos fonctions de Cadi.

    Je lui répondis que nous étions désireux de prouver notre bon vouloir en participant aux combats et que d’autre part nous avions craint en restant au milieu des populations, de devenir l’objet de suspicions dans le cas où des événements viendraient à se passer dans nos tribus. Le colonel nous enjoignit de partir sans retard avant la nuit.

    Je fus surpris de cette mesure. J’étais bien monté, j’avais avec moi trois cavaliers que j’avais armés et équipés à mes frais et le colonel m’ordonnait de me retirer alors qu’il supportait à la colonne des Cheikhs et d’autres gens n’ayant pour monture que des mulets et ne pouvant être d’aucune aide dans le combats. Je ne puis m’expliquer cet ordre qu’en admettant que le colonel, considérant que nous étions pas du Makhzen, voulait nous éviter des fatigues auxquelles nous n’étions pas accoutumés.

    Je reviens donc à ma demeure et je trouvai les gens de ma tribu surexcités par les propos qui circulaient. Beaucoup de gens étaient allés rejoindre le Bach-Agha pour combattre dans les bandes insurgées. D’autres se rendaient auprès de Si Aziz Ben Haddad qui déjà, à ce moment, faisait ses préparatifs.

    D’autres enfin se munissaient de provisions nécessaires pour se mettre en marche. Un grand nombre des habitants de mon village de Louta-Takourt, étaient déjà partis et pour la plupart se trouvaient avec le Bach-Agha. Un nommé Si Mohamed BenMamar, Mokaddem des Khouans, demeurant dans mon village, faisais des provisions de munitions qu’il envoyait charger sur son mulet.

    En présence de tous ces préparatifs, je songeais aux moyens de me rendre à Sétif avec ma femme. Voyant qu’il me serait impossible d’échapper au danger même par la ruse, je me rendis un certain jour auprès de Si Lakhdar Ben Ouari, frère du Caïd Sid, à Maoaklan, et je lui demandai ce qu‘il avait résolu de faire dans le cas où il serait attaqué par les insurgés, s’il voulait rester et se défendre dans son Bordj, que dans ce cas, je ferais de même et me défendrais dans ma maison ; ou bien s’il se décidait à se réfugier à Sétif, de vouloir bien m’en prévenir afin que je puisse me munir d’une tente de voyage pour le suivre. Si Lakhdar me répondit être décidé à rester dans le pays et à défendre la propriété de sa famille jusqu’à la mort. Je quittai Si Lakhdar, confiant dans ses paroles et je repris le chemin de ma demeure.

    Arrivé à l’oued Sebt, je fis la rencontre de Si Larbi Ben Laala, Cadi des Béni Abbés, et de Si Seddik Ben El Hadj Tayeb, Cadi de Takitount qui étaient descendus chez Lakhdar Ben Abderrahman El Adjabi ; ils me dirent qu’ils se rendaient à Sétif et m’engagèrent à les y accompagner, je leur répondis qu’il me restait encore quelques dispositions à prendre pour les miens mais que dans deux ou trois jours, je le rejoindrais à Sétif.

    Je désirais partir avec ma femme, je ne vis même pas la possibilité de m’échapper seul. Je me décidai à attendre comme Si Lakhdar Ben Ouari, comptant sur la parole qu’il m’avait donnée,

    Je résolus de résister avec lui si nous étions attaqués ou de fuir avec lui.
    Au bout de quelques jours, une colonne commandée par les Ouled Mokrane vint camper dans les Ouled Abdellah, et la colonne de Si Aziz Ben Cheïkh El Haddad arriva à Dra Larbaa. Je fus informé un matin que les Ouled Abid avait pris la fuite abandonnant leurs Bordjs pendant la nuit. Je montai aussitôt à cheval, accompagné d’un domestique monté sur une mule et emportant ce qui m’était nécessaire pour me rendre à Sétif. Le chemin, je répondais à tous ceux qui me demandaient où j’allais, que je rejoignais la colonne des Ouled Mokrane.

    Le mezzouar village où j’habitais nommé Ameur Ben Brahim, ayant deviné sans doute mon intention de me rendre à Sétif a dû se rendre avant mon départ à la colonne des Ouled Mokrane accompagné du nommé Abdelkader Ben Abderrahman des Béni Adjab, car dans la matinée, je fus arrêté par des cavaliers des Ouled Mokrane au nombre de huit parmi lesquels se trouvait El Hocine Ben Bou Sadia et Ben Rabah Ben Goutal les seuls sont les noms me soient connus. Avec eux, se trouvaient deux cavaliers du pays et de trente a quarante fantassins du village des Megarba, tribu des BéniYala, tous armés de fusils. Cette troupe attendait mon passage près de l’Oued Sebt.

    Les cavaliers me demandèrent où j’allais, je leur répondis que je rejoignais la colonne de Bou-Mezrag. Tu mens, repris l’un d’eux, tu cherches à gagner Sétif, Bou-Mezrag nous envoie pour nous emparer de tes biens et nous saisir de ta personne. aussitôt Ben Rabah Ben Goutal se jeta sur moi, m’enleva mon fusil des mains et me fit descendre de mon cheval que monta El Hocine Ben Bou Sadia. Ben Rabah Ben Goutal me pris ensuite mes deux pistolets et abdelkader Ben Abderahman El Adjbi ainsi qu’un autre cavalier étranger du goum vint me dire que El Hocine Ben Bou Sadia me demandait cent douros pour laisser mes biens et me conserver la vie sauve. Je répondis que je n’avais pas d’argent sur moi en ce moment, mais que si l’on voulait me conduire à ma demeure, je trouverais la somme. Ils me dirent que s’il en étais ainsi, j’allais être tué et mes biens seraient pillés.

    Le même temps, Ben Rabah Ben Goutal arma son fusil et voulut le décharger sur moi, mais il en fut empêché par El Hocine Ben Bou Sadia, par Ameur Ben Brahim et par Abdelkader Ben Abderrahman. Je remis aussitôt les cent douros demandés à El Houcine Ben Bou Sadia. On me fis monté le cheval de Abdelkader qui était complètement épuisé et celui ci monta la jument de El Hocine Ben Bou Sadia et on m’emmena dans la direction de Maoaklan.

    Le chemin, des ordres furent donnés aux contingents de s’emparer de mes troupeaux de moutons et de se les partager. Arrivés à Maoaklan, je ne trouvai pas Bou-Mzrag. Il n’y avait là en fait de Ouled Mokrane que lakhdar Ben Abderrahman et Ben Guendouz ; il y avait aussi quelques Ouled Illes, entre autres Ahmed Ben Séghir Ben Illes ainsi que Si Aziz Ben Cheïkh El Haddad.

    Je me plaignais aux Ouled Mokrane de ce que m’avait pris El Hocine Ben Bou Sadia, ils me répondirent qu’ils ne pouvaient rien y faire. Je m’adressai alors à Si Aziz et mon cheval me fût rendu, j’ignore si c’est par les ordres de Si Aziz ou si mes ravisseurs le rendirent de leur gré. Mais mes objets qui m’avaient été pris ainsi que mon argent ne me furent jamais rendus. A partir de ce moment, je restai à la colonne des insurgés obligé de la suivre dans tous ses mouvement jusqu’au jour leur colonne était venue camper dans les Béni Ourtilan, ils m’ordonnèrent de transporter ma famille dans la Medjana ; j’obtins de l’installer dans El Mayen.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

  • #2
    Au bout de quelques jours, la colonne de monsieur le Général Saussier étant venu camper à Tansaout, Bou-Mezrag vint passer la nuit à El Mayen et eut dans la soirée du lendemain un engagement avec les chasseurs près de l’Oued El Mayen. Le lendemain de ce combat, nous quittâmes la Medjana. Je fus obligé de faire déménager ma famille et je la transportais par ordre à Achana, dans le village de Mazri aux Béni Aydel.

    Plus tard, quand nous revînmes dans la Medjana, ma famille n’avait pu suivre et comme elle tardait de rejoindre, on me fit accompagner de cavaliers pour emmener ma famille, qui en ce moment-la se trouvait au village de Bou Megra, près d’Achena. Bou-Mezrag avait ordonné que ma famille rejoignit en hâte, dans la même journée, nous étions de retour ramenant ma famille.

    Je restai à partir de ce moment dans la Medjana jusqu’à ce que Bou-Mezrag eut décidé de s’enfuire par la Sahara. Chaque jour je réclamais de Bou-Mezrag qu’il me fit rendre par El Hocine Ben bou Sadia ce qu’il m’avait pris. Tantôt il me promettait de provoquer à ce sujet une réunion des notables des Hachem, tantôt il me promettait de soumettre la question aux Ouled Mokrane, mais jusqu’à ce jour, mes plaintes n’amenèrent aucun résultat.

    Lorsque nous fûmes poursuivi à Ouargla à un endroit nommé El Ain El Beida, les Ouled Mokrane s’entendent avec Chérif Bouchoucha et Ben Nacer Ben Chohra, se disposèrent pour se mettre en route pour le Sahara. J’avais fait connaissance à la colonne de Si Mohamed Larbi Ben Hamouda, dont l’origine kabyle et les relations d’amitié avec les Ouled Mokrane était pour moi une garantie de protection auprès de ceux-ci. Je ne connaissais nullement Mohamed Larbi et l’intimité qui s’établissait entre nous n’a eu d’autres motifs que ceux que je viens d’indiquer.

    Pendant que les Ouled Mokrane se disposaient à traverser le Sahara, je m’entendis avec mon camarade Mohamed Larbi pour rester en arrière à Ouargla, dans l’espoir de trouver une occasion de retour auprès des français. Dans ce but, Mohamed Larbi se rendit au village le jour du départ pour trouver une habitation. Au moment du départ, je suis resté en arrière avec ma famille et celle de mon compagnon. Bou-Mezrag et Saïd Ben Bou Daoud vinrent me demander pourquoi je ne les suivais pas. Je répondais que nous n’avions pas trouvé de bêtes de somme pour le transport et que Mohamed Larbi s’était rendu au village pour s’en procurer ; Saïd Ben Bou Daoud fit aussitôt amener des chameaux lui appartenant, les fils charger en sa présence et donna ordre du départ. Il fallait obéir et le suivre.

    Mon compagnon ne nous rejoignit qu’au bout de trois jours. Nous continuâmes à suivre la caravane jusqu’au jour où nous fûmes rejoints par les goums arabes fidèles. Dès que nous eûmes la certitude que ces goums étaient alliés des français, nous descendîmes de nos montures, mon compagnon et moi, nous suivîmes lentement à pied de façon à nous attarder petit à petit de l’arrière garde de la caravane. Les cavaliers des Ouled Mokrane qui avaient été laissés sur les derrières pour protéger les derrières contre la colonne, nous demandèrent pourquoi nous étions ainsi en arrière et nous engagèrent à remonter sur nos montures et à presser notre marche ainsi que celle de nos animaux de transport. Nous leur répondîmes que nous étions harassés de fatigue et que nous n’en pouvions plus. Ces cavaliers filèrent en avant sans s’occuper davantage de nous ; seulement l’un d’eux, en passant près du chameau chargé de ce qui m’appartient, en enleva ma djebira et l’emporta en fuyant.

    Mon cousin Si Mohamed Ben Larbi était un peu avant, je l’avais envoyer arrêter ma mule qui fuyait, les cavaliers l’arrêtèrent, le firent monter sur ma mule et l’entraînèrent avec eux. Quant à mon compagnon et moi, nous revîmes un peu en arrière où se trouvaient nos bagages et nous attendîmes que les goums arabes et la colonne française nous eussent atteints.
    Nous fûmes d’abord aperçus par un des officiers qui nous fit conduire devant le chef des goums le commandant Rose. Amenés ensuite devant Monsieur le Général de Lacroix à Ouargla, nous lui fîmes connaître tous les faits qui précèdent. Le Général prenant en considération les circonstances qui avaient amené notre fuite, nous mis en liberté et nous donna des chameaux pour nous rendre à Bordj Bou Arréridj, nous et nos femmes.

    Arrivé à ma demeure, je me reposais deux nuits, et aussitôt j’abandonnai ma femme pour me rendre auprès de vous à Sétif. Vous m’avez fait emprisonner, je ne puis que rendre grâce à Dieu de me retrouver soumis à vos ordres.
    Tel est l’exposé de ma conduite durant mon séjour au milieu des Ouled Mokrane, je continue par ce que j’ai vu ou entendu durant cette période.

    Un certain jour que nous étions campés à l’ouest de Bordj Medjana, dans un endroit appelé Zemoura, Bou-Mezrag me fit appeler ainsi qu’un de ses cousins nommé El Messaoud Ben Abderahman frère de Saïd Ben Daoud, et il nous ordonna d’écrire des lettres à tous les personnes que nous désignerait Si El Hadj Larbi, ancien Cadi de l’ouest ( province d’Alger),qui, après s’être enfui de son pays et s’être réfugié auprès de Bou-Mezrag, se trouvait à cette époque avec nous.

    Sur les indications de Si El Hadj Larbi, nous avons écrit environ cinquante lettres, dont une à Ben Bou Sakia Laieb ( le jambe de bois) et une à Boualem Ben Chérifa. Voici la teneur de ces lettres : j’ai reçu vos lettres dans lesquelles vous me dites que si je continue à soutenir la lutte, de vous en informer afin que vous l’engagiez aussi dans votre pays et que nous nous soutenions les uns les autres. Sachez qu’en ce moment, je persiste dans mon attitude hostile.
    Si vous êtes disposés à vous lever, hâtez-vous, sinon faites comme vous l’entendez.
    Toutes ces lettres étaient rédigées dans ce même sens.

    Un autre jour, je me trouvais avec les goums de Theniet El khemis, près de Boni, tandis que la colonne campait à Boni et qu’une autre colonne était à Tansaout, Bou-Mezrag me fit mander, je le trouvais entouré de tous les Ouled Mokrane. Il me dit d’écrire aux tribus entre autres, aux Zouaoua et aux Béni Yala et de leur dire : « gardez-vous bien de vous soumettre aux Français car vous en éprouviez des regrets. Le Chérif Bouchoucha avec d’autres est entré dans Tougourt, ils l’ont dévasté et ils se dirigent à Biskra ; dans peu de temps ils seront dans ce pays et alors ils se repentiront ceux qui auront fait soumission. Nous vous envoyons un des Ouled Mokrane avec un goum, organisez-vous en colonne et venez camper à Djemaa Gueddouz sur L’oued Zemmoura pour y attendre la colonne française de Tansaout. »

    Une autre fois, nous étions campé dans les Ayad, pendant une nuit se trouvaient réunis le Caïd Ahmed Bey, Mohamed Ben Adda, le Caïd Illes et d’autres. Bou-Mezrag m’appela et me dit d ‘écrire au Caïd Saïd Ben Abid et de lui dire ce qui suit : « tu avais fait la promesse au Bach-Agha de prendre part à l’insurrection, tu m’as fait savoir ensuite que tes enfants étaient au collège, tu ne pouvais agir sans t’exposer à ce qu’on retienne tes enfants, mais je viens d’apprendre que tes enfants sont revenu du collège, qu’attends-tu donc pour te lever ? J’ai pensé que tu gardais rancune à cause de ton Bordj que nous avons brûlé. Cependant, nous ne l’avons pas fait par haine pour toi, bien au contraire, nous l’avons fait par amitié pour toi, dans le but de détourner des soupçons qui planaient sur toi d’être d’entente avec le Bach- Agha ; et si nous avions traversé ton pays sans y brûler tes Bordjs, les autorités t’auraient fait arrêter. Tu as bien dû comprendre que si nous avions agi par haine, nous aurions dévasté toutes tes propriétés, nous aurions mangé les récoltes et pillé tes silos ainsi que tous les biens que tu avais déposés chez les gens des tribus de ton commandement Au lieu de cela, nous avons recommandé à ces gens de veiller sur les biens que tu leur avais confiés ainsi que sur tes récoltes et sur tes grains en silos.

    N’est-ce pas là une preuve de notre amitié? Si tu as oublié l’amitié que nous avons pour toi, nous n’avons pas oublié, nous, celle que tu as eu pour nous. Ainsi je te préviens que sous peu doit arriver un homme qui deviendra maître de notre pays, je ne voudrais pas qu’il te trouvât avec les français. C’est le petit nombre qui restera avec eux, il ne voudrait pas bien pour toi que tu ne fasses pas partie de ce petit nombre. C’est un conseil que je te donne.

    Une lettre semblable fût adressée à ses parents El Hadj Chérif et son fils Bouzid, Caïd des Béni Chebana et Si Saci, frère du Caïd Abid.
    Ces deux lettre furent scellées du sceau de Bou-Mezrag et envoyée par un homme des .…, tribu de Sahel Guebli, le nommé Ali Ben khaled.
    Ce sont là les lettres les plus importantes que j’ai écrites.

    J’ai également entendu dire plusieurs fois par les Ouled Mokrane et par Bou-Mezrag que Saïd Ben Abid et Ahmed Ou M’henna et Si Ahmed Ben Djeddou, Le Caïd Ourabah et Ben Ali Chérif, avaient juré au Bach-Agha de s’insurger avec lui. Cet accord aurait été pris le jour de l’entrevue pour la réconciliation de Ben Ali Chérif avec Aziz Ben El Haddad. On disait que d’autres Caïds encore s’étaient engagés dans d’autres circonstances, on citait Daouadi Ben Couscous et certains Caïds de l’ouest ( province d’Alger), comme s’étant engagés vis-à-vis du Bach-Agha dans le but de s’insurger avec lui.

    On disait que les motifs qui poussaient à l’insurrection était qu’on ne pouvait pas accepter le gouvernement civil qui venait d’être établi dans tout le pays.

    Bou-Mezrag dit devant moi qu’il avait reçu une lettre de certaines autorités supérieures dans les quelles on lui disait : l’autorité civile est au pouvoir, vous autres les arabes, vous n’aurez le droit de nous faire aucun reproche car l’autorité civile a en main tous les pouvoirs et occupe toutes les positions. Elle ne tient aucun compte des positions acquises ; agissez comme vous l’entendez mais ne venez pas plus tard nous faire des reproches.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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    • #3
      Pendant notre engagement à travers le Sahara, nous fîmes halte dans une bourgade appelée Atziouna, les Ouled Mokrane apprirent que Tougourt est tombée au pouvoir du Chérif Bou Choucha et aurait été repris ensuite par Boulekhras Bengana. Bou-Mezrag résolut de se rendre à Tougourt. Il proposa aux Ouled Mokrane son projet de se rendre auprès de Boulakhras, leur disant que ce chef se joindrait à eux ou tout au moins qu’il leur faciliterait les moyens de se rendre à Oued Souf et de là gagner la Tunisie. Ben Abdesselem combattit ce projet disant que Boulakhras, après avoir fait des promesses au Bach-Agha, ne les ayant pas tenues, il y avait tout lieu de craindre qu’il cherchât à s’emparer des Ouled Mokrane pour les livrer aux français dans le but de se faire bien venir d’eux. L’avis de Ben Abdesselem prévalut et nous nous rendîmes à Ouargla, les Ouled Mokrane avaient toujours l’intention de se rendre en Tunisie.

      Les notables des Chaamba et les Mokaddems se réunirent et vinrent dire aux Ouled Mokrane ; « pourquoi vous préoccuper des moyens de passer en Tunisie, les gens de Tougourt et de l’Oued Souf sont vos alliés ; vous craignez de manquer de grains, il vous viendra toujours de Souf ; nous retournerons avec vous à Tougourt, nous nous en emparerons alors, s’il plaît à Dieu, les grains ne vous coûteront pas cher. »

      Un certain jour je rencontrai le nommé Si L’mbarek Ben Sidi Ali Tiar, taleb des Khouans du Cheikh El Haddad, lequel après avoir suivi les Ouled Mokrane jusque dans le Sahara, les avait ensuite quitté pour se rendre auprès de Ben Nacer Ben Chohra dont il instruisait alors les enfants. Ce taleb me dit tenir de Ben Nacer que le fils de Sid El Hadj Abdelkadrer était avec lui du côté de Tebessa et qu’ils avaient ensemble levé des contingents considérables. Qu’un Général lui ayant écrit à lui, Ben Nacer, une lettre dans laquelle il lui disait de rentrer dans le pays, qu’on lui donnerait le commandement de tout son pays, lui offrant même de l’indemniser des frais du voyage à raison de trois mille francs par étape, il aurait montré cette lettre au fils d’Abdelkader et que celui-ci ayant eu peur sans doute que Ben Nacer ni l’arrêtât ensuite, pris la fuit pendant la nuit suivante.

      J’ai fini l’exposé des faits qui se sont accomplis pendant mon séjour au milieu de Ouled Mokrane et mon voyage dans le Sahara.

      Je reviens maintenant à certains événements qui se sont passés avant l’insurrection du Bach-Agha :

      Un certain jour, à l’occasion d’une noce, j’avais invité tous les Caïds à se rendre à la fête. Plusieurs avaient répondu à mon invitation ; c’était Saïd Ben Abid, Si Boouzid Ben El Hadj Chérif, Si Ahmed Ben Djeddou, Si Mohamed Tahar Aktouf et quelques autres ainsi que les Cheïkhs du Sahel Guebli, des Béni Yala, des Béni Ourtilan et d’autres encore.

      Une rixe s’engagea entre les habitants du village de Loutta Netkourt, d’une fraction de la tribu de Sahel Guebli et des habitants des Béni Brahim, fraction de la tribu des Beni Yala, mais aucune blessure n’étant résulté de la rixe. D’ailleurs les Caïds des deux tribus rivales avaient été eux-même témoins des faits. Il ne devait donc s’en suivre aucun trouble. Pendant que tout les Caïds se trouvaient encore réunis à ma demeure, un spahi arriva de Sétif apportant à tous les Caïds des lettres de Monsieur le Général Augeraud, par lesquelles le Général les invitait à se rendre en hâte à Sétif pour y entendre des communications relatives au service et à l’intérêt des justiciables.

      Les Caïds se réunirent tous dans une prairie près du village et tinrent un conciliabule. Lorsqu’ils se furent séparés, Si Ahmed Ben Djeddou et Si Mohamed Tahar Aktouf me dirent que le Caïd Saïd leur avait conseillé de ne pas se rendre à Sétif, leur disant que la nuit précédente, il avait reçu de ses amis de Sétif une lettre dans laquelle on l’informait que les civiles s’étaient porté en foule pendant la nuit à la demeure du Général Augeraud et l’avaient menacé de le tuer s’il remettait pas ses fonctions, et que le Général n’avait dû son salut qu’à sa présence d’esprit et à son sang froid.

      Les Caïds plaisantèrent sur ce que venait de leur dire leur collègue Saïd Ben Abid, ils ne se rendirent pas moins à Sétif. Mais le Caïd n’y alla pas, il envoya à sa place son fils Ali Ben Ouari. Le chef du bureau s’étonna que le Caïd ne soit pas venu, il en fit le reproche à son fils. une deuxième puis une troisième convocation fût envoyé au Caïd Saïd Benabid ce n’est qu’ à la troisième et peut-être même la quatrième invitation que le Caïd Saïd ayant su que tous les autres Caïds s’étaient rendus à Sétif, et craignant que son refus n’entraînât une punition, envoya d’abord à Sétif ses enfants pour être envoyés au collège de Constantine, il ne vint lui-même à Sétif que plus tard.

      Je vais exposer certains autre faits dont je n’avais pas parlé au cours de l’instruction, pensant qu’en raison de leur notoriété, vous les connaissiez bien plus exactement que je n’ai pu les connaître.

      Bien avant que le Bach-Agha ne se déclarât en insurrection, les populations se préoccupaient de former des soffs, d’acheter des armes et de la poudre sur les marchés et de se razzier les uns les autres. Tout cela se pratiquait ostensiblement et était à la connaissance de tout le monde ; les Caïds voyaient ce qui se passaient et ne cherchaient en aucune façon à l’empêcher ; quelques uns même avaient installé dans leurs maisons des ouvriers en fer chargés de fabriquer des armes, Ils se hâtaient tous d’acheter des chevaux, ils réglaient les différends dans les tribus selon les anciennes coutumes.

      Le Caïd Saïd entre autres avait monté et équipé à ses frais environ soixante cavaliers des Hachems de la Medjana, il leur avait donné à chacun tout l’équipement et l’armement. le Caïd Saïd et le Bach-Agha ne cessaient d’échanger des correspondances et de s’envoyer des messages. Toutes les lettres échangées parvenaient par l’intermédiaire de Si Dahman Ben Alleg, celui-ci recevait des lettres du Bach-Agha qu’il faisait parvenir Caïd Saïd et réciproquement. Plusieurs fois Si Dahman Ben Alleg se rendit en personne auprès du Bach-Agha et en partit pour se rendre aussitôt auprès de Saïd Ben Abid ; parfois il donnait rendez-vous au Caïd dans les Ouled Aid ou dans les Ouled Abdellah.

      Vers l’époque où le Bach-Agha se disposait à se lever, tous les Caïds sortirent de leurs Bordjs leurs mobiliers, le Caïd Saïd en fit transporter de tous les côtés : dans les Béni Ourtilan, dans les béni Sliman, dans les Ouled El khalf et jusque chez les M’rabtine, les Zouaoua, les Ferdjioua. Si Ahmed Ben Djeddou avait envoyé ses biens dans les Zemmoura ; Si Mohamed Tahar Aktouf les avait dans les Béni Yala.

      Parmi les personnes à qui le Caïd Saïd avait confié ses biens dans les Béni Ourtilan, El Hadj Ali Ben Sellin et Sidi Yahia Ben Mesmoudi. Et dans les Ouled Khalf, Si Saad Ould El Ksantini et Tahar Ben Belgace ; Mohamed Laala et Bachir Ben Hamou.
      Aux Béni Sliman : Si Abdellah El Ouhrani.
      Aux Zouaoua : Si Madani Ben Messaoud et son frère Si Zouaoui.

      Tout cela prouve bien que ses Caïds étaient d’accord avec le Bach-Agha pour s’insurger et qu’ils savaient d’avance ce qui devait se passer. Si ces Caïds avaient été sincèrement attachés au gouvernement français, pourquoi auraient-ils ainsi transporté tout ce qu’ils possédaient des tribus au lieu de le transporter à Sétif ; Si encore ces Caïds n’eurent pas été d’accord avec le Bach-Agha, comment s’expliquer qu’ils soient venus seuls se joindre aux troupes française et qu’il aient laissé leurs frères combattre dans l’autre camp, combattant au milieu des insurgés ; comment s’expliquer aussi que leurs maison et tous leurs biens soient restés intacts.

      Tous ces biens qu’ils avaient confiés à leurs amis, ils les ont sans doute portés sur leurs états de pertes comme s’ils avaient disparu de leurs Bordjs et peut-être en ont-ils depuis touché la valeur des caisses de l’Etat.

      Quand les chefs investis de fonctions ont tenu une conduite semblable, est-on autorisé à blâmer ceux qui étaient sous leurs ordres. Vous m’avez demandé de vous faire connaître tout ce qui est à ma connaissance, je vous avais juré de ne rien omettre de ce que j’ai vu ou entendu. Je me suis vu dans la nécessité de le faire, mais si je n’avais été engagé par mon serment, je ne l’aurais certainement pas fait.

      Depuis que je suis détenu ici en prison, Si Aziz Ben Haddad m’avait dit qu’une fois le Bach-Agha lui avait écrit une lettre dans laquelle se trouvait une autre lettre du fils de Sid El Hadj Abdelkader et que le Bach-Agha lui disait dans cette lettre : ne te suffit-il donc pas de notre parole et de celle de Caïds qui se sont engagés en ta présence ; ne te suffit-il donc pas encore de la parole de tous les autre Caïds de l’ouest et de l’est. Te suffira-t-il cette fois de la lettre que vous trouverez sous celle-ci, quand tu auras vu d’où elle vient et pour qui elle a été adressée ?…etc.

      C’est là tout ce que je sais. Salut !

      De la part de Abdelaziz Ben Mohamed.
      Sétif le 4 juin 1872
      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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      • #4
        Erreur de rubrique, c'est pour Bouillon de culture. Si Nassim veut bien avoir la gentillesse de déplacer le topic Merci
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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        • #5
          Les noms des déportés algériens entre 1874-1876 (archive Nettlau n° d'inv. 3155*)

          Les noms ont été notés phonétiquement par le fonctionnaire du 'Commandant Territorial'. L'orthographe est donc incertaine

          9me Convoi (arr. 16.08.1874) Loire, Déportation Simple

          Noms des déportés algériens

          2745 Ahmed ben Amor, cultivateur (farmer, landbouwer)
          2746 Ali ben Saad, cultivateur
          2747 Ahmed ben Saïd, cultivateur
          2748 Ali Amzian Ou Rezzouz, d[joua]d (= noble, nobleman, edelman)
          2749 Ali Amzian Naït Ou Azzoug, djouad
          2750 Bel Kassem ben Gassem, djouad
          2751 El Arbi ben Laribi, djouad
          2752 Haoussim ben Ali, mokrain (mokadem, inspecteur des impôts, inspector of taxes, belastinginspecteur(?))
          2753 Lounès-ben-El-Hadj-Mohamed-ou-Allah, cultivateur
          2754 Mady Mohamed ben Moussa, djouad
          2755 Hasen El Achebeb, caïd (chef)
          2756 Lakdar ben Doudou, caïd, France
          2757 Mohamed ben Belkassem, cultivateur
          2798 Mahmed ben Messaoud, djouad
          2759 Mohamed ben Ahmed ou El Haoussin, djouad
          2760 Mohamed ben El Hadj Ahmed ben Caleb, fs de Saron?
          2761 Mohamed Ben Ali, cultivateur
          2762 Mohamed ben Belkassem ou Hanouch, domestique
          2763 Mohamed ben El Hadj Ahmed ben Dahmani, cultivateur
          2764 Mohamed dit Ahmed ben El Hadj Ali ben Dahmani, djouad
          2765 Mohamed Ben Saad, djouad
          2766 Mohamed Ben Saïd, cultivateur
          2767 Si Ahmed ben Saïd dit Al Beggare, khadji, Dumbéa (juge, judge, rechter)
          2768 Mohamed ben Haz Allah, khadji
          2769 Omar Hamided, caïd
          2770 Rabah Naït Zerroug, cultivateur, 10 ans de détention
          2771 Ramdan ben Mohamed, djouad
          2772 Saïd ben Ahmed, cheik
          2773 Si Raham ben Mohamed ou El Hadj, cultivateur
          2774 Simain ben Omar, djouad
          2775 Si Saadi ben Allel, propriétaire (land owner, grondbezitter)
          2776 Tahar ben Akli, cultivateur, décédé, le 7 7me 1876
          2777 Tahar ben Kerrich, djouad

          11e Convoi Calvados (arr. 18.01.1875), Déportation Simple

          2919 Ahmed Amar Amziam, cultivateur
          2920 Ahmed ben ben cheik Messaoud, djouad
          2921 Ahmed ben Naceur ben ali Chabbi, djouad
          2922 Ahmed Boumezrag El hadj El Mokrani, djouad
          2923 Ahmed ou Arab Naït ou Yahia, cultivateur
          2924 Ahmed ou Lounès, caïd
          2925 Aïssa ben Béchar, cultivateur
          2926 Ali ben Galouz, kalif, mort le 18 9me 1875
          2927 Ali ben Mohamed ou Kafsi, caïd (=chef)
          2928 Ali ben Ostman, bachaga(?) (directeur, director, leider)
          2929 Ali ben Telaache, caïd, mort le 18 Janvier 1875
          2930 Ali ben Tahar, cultivateur
          2931 Ali Boudjema, djouad
          2932 Ali ou Ameur ou Boudjemah, caïd
          2933 Ali ou Saïd, spahi (cavalier, horseman, ruitersoldaat)
          2923 Amar ben el Ouennoughi, spahi
          2935 Ameur ou Ahmed, cultivateur
          2936 Ameur Naït Amara, djouad, mort en rade le 18 Janvier 1875
          2937 Azzis ben Mohamed Amzian ben cheik El Haddad, caïd
          2938 Bachier ben ali Bouguerrah, cultivateur
          2939 Brahim ben Amar, spahi
          2940 Cheikh Mohamed ou El Maoussin, spahi
          2941 El Hadj ben Mohamed El Djadj, spahi
          2942 Kaddour ben Kaddour ben Ali Embarredz (?), cultivateur
          2943 Mohamed ben Mohamed Amziam ben cheikh El [H]addad, marabout (teachter, leraar)
          2944 Messaoud ben El Kaïd, marabout
          2945 Mohamed Amokrani ben Belkafsem ou Kafsi, propriétaire
          2946 Mohamed Aresqui ben Amadouch, mokkadem (chef)
          2947 Rabia ben Ali, amir (chef, commander, legeraanvoerder)
          2948 Mohamed ben Ali, cultivateur
          2949 Mohamed ben Lakdar, spahi
          2950 Mustapha ben Naceur, cultivateur, P.D. [presqu’ile Ducos]
          2951 Saïd Naït ou El Hadj, amir
          2952 Salah ben Aiech ben Chitter, cheikh
          2953 Si Saïd ben Ali, amir
          2954 Taeb ben Embarreck ben Bonfils, cultivateur
          2955 Si Saïd ben Ramdan, fertkath (?)
          2956 Touzi ben Amara, cultivateur
          2957 Yousef ben Amokrani, adel (?)
          2958 M’ahmed ben Kaddeche, cultivateur
          2959 Mohamed ou Ali ou Saanoum, mokkadem
          2960 Hadj Ahmed ben Abed, cheikh

          11e Convoi Calvados (arr. 18.01.1875), Enceinte fortifiée

          838 Adallah ben ali Chabbi, cultivateur. D.S. [= Déportation simple]
          839 Abdallah ben Amar, djouad. D.S.
          840 Ahmed ben Brahim, djouad. N[ou?]
          841 Ahmed ben Dahmani, djouad. D.S.
          842 Ali ben Amor, djouad
          843 Ali El Srir ben Yalaoui (?), cheik
          844 Amar ben Adallah El Yalaoui, cultivateur. D.S.
          845 Brahim ben Cherif, cheik. N
          846 Hadj Ahmed ben Abed, djouad. Commué D.S.
          847 Khaled ben Dahmani, cultivateur
          848 Lakdar ben Ali Chabbi, djouad. D.S.
          849 M’ahmed ben Kaddèche, djouad. D.S.
          850 M’ahmed Naït Amar. D.S.
          851 Mohamed ou Ali ou Gaumoun (?) mokadem. Commué D.S.
          852 Mohamed ou Ameur, cultivateur
          853 Mohamed ben El Hadj ben Ganah, cheik. Commué D.S.
          854 Salah ben Abassi, djouad. Décédé le 13 Avril 1877
          855 Salah ben Ali Bouguerrah, Krammes (?). D.S.
          856 Salah ben Dahmani, cheik
          857 Tahar ben Ahmed Salah, cultivateur. N

          12me Convoi Garonne (arr. 12 mars 1875); Commués

          2968 Mohamed-ben-El-hadj-ben-Ganah, cheikh

          15e Convoi Rhin (arr. 30 janvier 1876) Déportation Simple

          3101 Abdallah-ben-Amar
          3102 Amar ben Abdallah ben Yalaoui
          3115 Si-Mohammed Naït Braham
          3128 Ahmed-ben-Dalmani
          3129 Addallah ben Ali Chabbi
          3130 Salah ben Ali Bouguerrah
          3131 Lakdar ben ali Chabli
          3237 El Hadj ali ben Reghris
          3242 Sadock ben el Moulock
          3351 Salah ben Dalmani
          3352 Ali et Amir ben Malahoui
          3353 Tohab ben Ahmed Jallah

          15e Convoi Rhin (arr 30 janvier 1876) Enceinte fortifiée

          887 Boudjenah ben Cheik. Décédé le 11 juin 1877
          897 Ahmed ben Aiech. "Eclaireur" (= corps d’armée, armed forces, legermacht, 1878)
          898 Amar ben Salem
          899 Chelehi-ben-Dou
          900 El Mebrouk ben Saïd "Eclaireur"
          902 Mohamed ben Salem "Eclaireur"
          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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          • #6
            Cheikh El Haddad

            Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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            • #7
              L'évasion d'Aziz Ben Cheikh Al-Haddad, du bagne de la Nouvelle-Calédonie.

              L'évasion d'Aziz Al-Haddad, du bagne de la Nouvelle-Calédonie.
              11 février 2015, 12:41


              C’est au bagne de l’île d’Oléron qu’Henri Rochefort découvrira le sort d'un groupe d'insurgés algériens arrêtés en 1871. Ces kabyles du pacifique.
              En Nouvelle-Calédonie,les déportés algériens, dont M’hamed, le propre frère de Aziz, qui réunirent l’argent qui lui permit de fuir, clandestinement sur un bateau en partance vers l’Australie. A la tombée de la nuit, il atteint à la nage une barque venue le chercher pour rejoindre un navire britannique qui doit appareiller le lendemain pour Sydney en Australie.

              Aziz fit le circuit étonnant et inaccoutumé à l’époque : Nouméa – Sydney – Suez – La Mecque.

              Cette évasion suscita en Algérie un grand embarras aux autorités françaises. De Sidney, Aziz enverra trois lettres à sa famille. Elles seront saisies par les autorités françaises. Dans l’une d’elle Aziz écrit : « Le 10 juin (1881), je prendrai mon passage surun bateau à vapeur qui me conduira de Sidney à Suez. Je compte revenir de là àla Mecque où je retrouverai après la saison du pèlerinage […] je rentrerai ensuite en Algérie si le Gouverneur Général m’y autorise. Je lui ai adressé une lettre à cet effet. Quant à vous, dés que vous aurez reçu la présente, il faudra vous rendre avec le Cheikh de la tribu auprès de l’Administrateur d’Akbou qui vous aidera auprès du Gouverneur […]. Si vous recevez une réponse favorable m’accordant ma grâce, […] soyez alors en paix car sitôt après le pèlerinage, je vous écrirai soit d’Alexandrie soit de Tunis. Vous m’enverrez alors la lettre du Gouverneur Général, je me rendrai auprès de lui à Alger et de là, chez vous. Si au contraire, la réponse est défavorable, je verrai à me choisir une résidence et vous viendrez m’y rejoindre ».

              A Suez où il parvint au cours du mois d’octobre 1881, les autorités françaises, le font suivre par des espions qui le décrivent ainsi : « Si Aziz ben Cheikh El Haddad est de haute taille, maigre et brun ; il a de fort grand yeux, la barbe noire et la voix forte. Il s’habille généralement de blanc comme ses compatriotes et a pour habitude de se cacher la moitié du visage avec un pan de son haïk. »

              A partir du 11 janvier 1882 Aziz est à Djedda dans un dénuement total. Là il contacte le vice-consul de France, qui intercède auprès du Ministre des Affaires étrangères pour obtenir son rapatriement en Algérie. (Lettre du 188 avril 18822 adressée par le vice-consul de Djeddah au Ministre des Affaires étrangères. Reproduite par M.Lallaoui).

              Aziz épousera une « Habašiyya » dont il aura deux enfants : un garçon et une fille. Il reste à la Mecque jusqu’en 1895.

              Amnistié, Aziz décida de renter en Kabylie, pour réclamer la restitution des terres de sa famille, séquestrées par les français. Selon les dispositions spéciales contenues dans le code de l’indigénat, les autorités françaises refuseront son retour en Algérie.

              Si Aziz Ben Cheikh Al-Haddad mourut à Paris le 22 août 1895, dans les bras du communard Eugène Mourot, ancien déporté à l’Ile des Pins. Dans un appartement situé dans le quartier du Père-Lachaise à Paris. Eugène Mourot, chez qui Aziz trouva refuge, était un ancien déporté en Nouvelle-Calédonie, et le rédacteur du journal « Mot d’Ordre ». Il était le secrétaire d’Henri Rochefort, un autre évadé du bagne de la Nouvelle-Calédonie, en 1874.

              Lallaoui Mehdi. Kabyles du pacifique,Paris, Société Européenne des Arts Graphiques “Au nom de la mémoire”
              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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              • #8
                Kabyles du Pacifique, communards et Nouvelle-Calédonie


                Femmes Kabyles 1866

                En 1871, dès que Paris proclame la Commune, les délégués de l’Algérie, Alexandre Lambert, député des départements d’Algérie, Lucien Rabuel, Louis Calvinhac, déclarent, « au nom de tous leurs commettants, adhérer de la façon la plus absolue à la Commune de Paris. L’Algérie tout entière revendique les libertés communales. Opprimés pendant quarante années par la double centralisation de l’armée et de l’administration, la colonie a compris depuis longtemps que l’affranchissement complet de la Commune est le seul moyen pour elle d’arriver à la liberté et à la prospérité ». Paris, le 28 mars 1871 (Journal Officiel de la Commune de Paris)

                En Algérie, depuis le début de l’année, une insurrection a éclaté ; elle a des causes multiples : famine de 1869, oppression et arbitraire de l’administration et de l’armée, dépossession des biens et des terres redistribués aux colons.

                « Les deux événements historiques ont des liens objectifs entre eux, les insurgés algériens de 1871 et les Communards de Paris ont lutté contre le même gouvernement bourgeois, les premiers pour la libération nationale, contre l’esclavage colonial, les seconds pour la libération sociale contre l’esclavage salarial… »

                L’insurrection s’étend sur une grande partie du territoire algérien, la Kabylie, les environs d’Alger, les Aurès, ou le Hodna… dirigée, entre autres, par Mohamed El Moqrani Boumezrag, Améziane Ben Cheihh El Haddad, puis ses fils Aziz et Mohamed El Haddad ; elle dure un an, et s’achève en janvier 1872. La répression est impitoyable ; massacres, déportations, condamnations à mort, amendes, séquestres collectifs et individuels, expulsion des tribus de leur territoire. Comme il est écrit, le 1er juin 1871, dans le journal des colons La Vérité algérienne, « l’insurrection fournissait une occasion providentielle pour asseoir une forte domination européenne… », et pour récupérer les terres pour les colons.


                Mohamed El Moqrani

                Plus de 200 kabyles présumés coupables de l’insurrection sont traduits devant la Cour d’assise de Constantine en 1873, la plupart sont condamnés à la déportation en Nouvelle Calédonie. Louise Michel, débarquée quelques mois plus tôt, écrit dans Souvenir de ma vie leur arrivée : « Nous vîmes arriver dans leur grand burnous blanc, les arabes déportés pour s’être, eux aussi, soulevés contre l’oppression. Ces orientaux emprisonnés loin de leurs tentes et de leurs troupeaux, étaient simples et d’une grande justice, aussi, ne comprenaient-ils rien à la façon dont on avait agi avec eux ». Certains sont dirigés vers l’Île des Pins, qui accueille les déportés simples, d’autres, les déportés en enceinte fortifiées, sont dirigés à Ducos ou à l’île de Nou près de Nouméa où ils sont enchaînés à « la barre de justice » et à qui on verse la soupe dans des galoches. Dans la colonie pénitentiaire, ils sont appelés les « Arabes », puis en tant que groupe de migrants, ils sont entrés dans l’histoire sous le nom des « Kabyles du Pacifique ».

                Lorsqu’en 1879 l’amnistie des communards est proclamée, les déportés kabyles en sont exclus ; obligation leur est faite de résider sur le territoire calédonien. À Paris, les communards Rochefort, Allemane, Louise Michel, mènent une campagne active pour leur libération.

                L’amnistie tant attendue n’intervient que le 1er février 1895, mais il faut attendre 1904 pour que soit levée l’obligation de résidence. Aziz El Haddad, en fuite depuis une quinzaine d’années, vient à Paris dès février 1895 réclamer la restitution de ses biens ; il s’éteint dans les bras du communard Charles-Eugène Mourot, ancien déporté qui lui a donné asile au 45 du boulevard Ménilmontant, face au Père Lachaise. Les anciens communards se cotiseront pour rapatrier son corps en Kabylie.

                La plupart des déportés kabyles resteront en Nouvelle-Calédonie où ils feront souche. On les retrouve aujourd’hui dans la vallée de Nessadiou, à Bourail, à Nouméa, fermiers, chauffeurs de taxi, éleveurs de chevaux ou de moutons, universitaires… et fiers de leurs ancêtres.

                LOUIS ET ANNIE GAYAT
                Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                • #9
                  Extrait du livre:
                  PALESTRO Lakhdaria
                  “Réflexions sur des souvenirs d’enfance pendant la guerre d’Algérie.”

                  Le mercredi 19 avril 1871, une effervescence de l’activité fut remarquée sur le marché de Beni-Khalfoun. Les notables religieux et les chefs des tribus avoisinantes se réunirent et décidèrent d’attaquer Palestro le lendemain à l’aube. Le 20 avril, un drapeau fut hissé sur la koubba d’Ouled Nbaba Ali. Ce fut le signal de l’attaque. De l’est, Saïd Ouali, amin[82] en chef des Beni-Khalfoun, monté sur un cheval noir, surgit à la tête de 1500 à 1800 hommes et cerna le village. De l’ouest, au même moment, le caïd Ben Dahman d’Ammal et le caïd Bentahar de Bouderbala lancèrent sur Palestro leurs hommes au nombre de 1200 à 1500.

                  La ferme et la briqueterie du maire Bassetti, que la population locale détestait, furent les premières pillées et incendiées. Puis ce fut le tour de la ferme des Broussais où se trouvait un Européen isolé, resté comme gardien. Ce dernier, réputé être un brave homme, fut épargné et pris sous « laanaya»[83] de Mohand Oulhadj. Le long de la route nationale, deux colons espagnols isolés furent dépouillés de leurs biens mais eurent la vie sauve. Sur leur chemin, un groupe de villageois d’Ouled Aissa pilla la maison cantonnière de Zbarboura. La famille du cantonnier fut épargnée et prise sous « laanaya » de Haj Amar, notable religieux d’Ouled Aissa [2].

                  En guise de défense, les colons s’étaient cloîtrés dans trois édifices séparés à Palestro, notamment le presbytère du curé, la gendarmerie et la maison des cantonniers. Cette dernière était pourvue de vivres et de munitions. Le capitaine Auger et le curé dirigèrent la défense du premier édifice, le maire fut aux commandes du second et le chef de l’office des Ponts et Chaussées fut en charge du troisième. On regroupa les femmes et les enfants dans ce dernier, car c’était le mieux fortifié.

                  Sous l’assaut continu des Algériens, la porte du presbytère céda. Quatre colons furent tués dans cet édifice, les autres purent s’échapper en laissant derrière eux une femme. La femme fut également tuée. Le chef des Ponts et Chaussé, abandonnant son poste, laissant derrière lui femmes et enfants, prit la fuite et parvint à rejoindre Fondouk, situé à une trentaine de kilomètres de Palestro.

                  Le 22 avril, le maire Bassetti, le capitaine Auger et le chef de brigade de la gendarmerie entrèrent en négociation avec les Algériens. Ces derniers offrirent aux colons libre passage sous escorte jusqu’à Alma, et leur permirent de garder leurs armes. Tout semblait arrangé, quand soudainement, un des gendarmes braqua son arme sur un Algérien, la riposte fut immédiate. Dans la mêlée, 41 Européens furent tués et leurs maisons pillées.

                  Seuls le capitaine Auger et le fils du maire ont été épargnés par l’intervention spéciale de l’amin en chef Saïd Ouali de Beni-Khalfoun.

                  Les colons, occupant le dépôt des Ponts et Chaussé, furent coincés sur la terrasse de l’édifice pendant toute la journée du 21 avril. En début de soirée, vers 18 heures, ils se résignèrent à se rendre. L’amin Saïd Ouali, encore une fois, consentit de conduire les colons hommes à l’Alma, sous la condition de déposer leurs armes et laisser comme gage 40 otages dont 9 hommes, 20 femmes et 11 enfants. Les armes, bijoux, argent et bien de valeur furent remis aux insurgés sous l’œil attentif des chefs Saïd Ouali, Ben Dahmane, Saïd Ouramdane, et en présence d’un khoja[84] qui établit une liste de tous les objets de valeur. Les colons furent remis à Saïd Ouramdane, il les emmena au village de Hazama où ils retrouvèrent le capitaine Auger et le fils Bassetti. Ils furent bien traités durant leur captivité. Ils démontrèrent leur reconnaissance, plus tard, en signant une pétition pour demander la grâce de Saïd Ouali, condamné à mort par la cour d’assises. Les otages restèrent 22 jours en captivité. Ils furent libérés à la fin de la révolte. Deux jours plus tard, le colonel Fourchault arriva avec une forte colonne de militaires depuis Alger et la répression débuta [7].

                  Sur les 110 Européens à Palestro le 22 avril 1871, 52 furent tués, 42 prisonniers et 16 évadés. Selon les archives des répertoires de décès des territoires d’outre-mer, se basant sur leur lieu de naissance, parmi les décédés figuraient 24 italophones (Italie, Tessin, Tyrol et Piémont), 16 francophones (France métropolitaine, Alsace-Lorraine, Corse et Algérie), 4 hispanophones (Espagne), 8 listés comme inconnus. Le village fut immédiatement réédifié, 62 nouvelles familles furent installées dont 12 étaient originaires d’Alsace-Lorraine [2].

                  Une statue fut érigée à Palestro à la mémoire de ces victimes, elle était honorée avec pompes et fanfares lors de cérémonies officielles. Enfants, je passais beaucoup de temps aux abords de cet impressionnant monument aux morts, situé pas loin de notre nouvelle demeure à Palestro. C’était un lieu de rendez-vous pour moi et mes copains. Je ne savais pas pourquoi tout le monde appelait cet endroit « El bassitti [85]». Je ne savais pas non plus pourquoi cette statue était là-bàs, mais les gens qui le savaient s’empressèrent de la pulvériser au lendemain de l’indépendance du pays.



                  La répression

                  Le 21 janvier 1873, la cour d’assises française prononça 44 condamnations contre les insurgés de Palestro. Le verdict fut comme suit : 8 condamnations à mort dont Saïd Ouali, 23 condamnations à la déportation, 12 condamnations à 5 ans de prison et une condamnation à 7 ans de prison. En reconnaissance pour sa bienveillance, les colons de Palestro demandèrent la grâce de Saïd Ouali, sa peine fut commuée en déportation mais tous ses biens furent mis sous séquestre. 4 autres condamnés à mort eurent aussi leur peine commuée. Tous les biens des condamnés furent mis sous séquestre [2].

                  Selon les listes incomplètes d’embarquement des condamnés à la déportation pour la Calédonie, certains furent des Algériens originaires de la région de Palestro [8] :

                  Sur le navire Le Calvados (départ 2 septembre 1874, arrivée 18 janvier 1875) figuraient :

                  Haj Ahmed Ben Abed, cheikh, âgé de 40 ans, né à Ammal.

                  Si Saïd Ben Ali, amin, né à Beni-Khalfoun.

                  Sur le navire Le Loire (départ le 5 uuin 1874, arrivée 16 octobre 1874) figuraient :

                  Hassan El Achebeb, caïd des Zouatna, 50 ans, né Bouderbala.
                  Ahmed ben Ahmed Ben Dahman, 35 ans, fils du caïd Ben Dahman, né à Ammal.

                  Mohamed Ben Ahmed Ben Dahman, 27 ans, fils du caïd Ben Dahman, né à Ammal.

                  Mohamed Nait Sidi, cultivateur, né à Guergour, Ammal.

                  Mohamed Ben Saïd, agriculteur, 30 ans, né à Ammal.

                  Omar Hamided, caïd, 35 ans, né à Bouderbala.

                  Ramdan Ben Mohamed, cultivateur, 35 ans, né à Ammal.

                  Saïd Ben Ahmed, cheikh, 50 ans, né à Beni-Khalfoun.

                  Rabah Ben Mohamed Oulhaj, né à Beni-Khalfoun.

                  Saad Ben Allel, proprietaire, 35 ans, né Beni-Khalfoun.

                  Smail Ben Amar, ex khalifa, 60 ans, né à Ouled Ali, Beni Khalfoun.

                  Amar Ben Guergour, 50 ans, né aux Beni-Djaad.

                  Après l’insurrection de 1871, les autorités françaises confisquèrent plus de 500 000 hectares de terres tribales et placèrent la Kabylie sous un régime d’exception. Le code de l’indigénat institua de nouvelles infractions passibles de prison, comme l’insolence ou le rassemblement de personnes sans autorisation. Le gouverneur général était habilité à placer en garde à vue tout suspect pendant une période allant jusqu’à cinq années.
                  Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                  • #10
                    Merci zwina.

                    Un pan de notre histoire enterrée.

                    La télévision algérienne à consacré une série d'émission à leur descendants.

                    C'était émouvant l'Algérienite qu'ils dégageaient dans leur témoignages.
                    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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                    • #11






                      Dernière modification par zwina, 12 décembre 2016, 20h15.
                      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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