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    Livres

    Productions et réceptions culturelles. Littérature, musique et cinéma. Recueil d'études universitaires scientifiques, sous la direction de Hadj Miliani. CRASC (URCCLLA), Oran 2016, 199 pages, 800 dinars.



    Une première partie consacrée à «l'édition et à la lecture» (trois études dont une sur l'industrie du livre, une sur la littérature de jeunesse et une autre sur les pratiques de lecture chez les étudiants), une seconde à «Réceptions et discours sur le cinéma» (une étude sur le FOFA) et une troisième aux «Chansons: textes, réceptions et Histoire» (trois études).

    En tout sept études, toutes issues des séminaires et journées d'études organisés par l'équipe de recherche sur les patrimoines culturels et les nouvelles technologies de la communication.

    Côté original des études présentées: elles ne se limitent pas aux seules production et diffusion, mais elles consacrent une attention particulière à la réception avec des enquêtes sur le terrain, avec des outils scientifiques.

    Malgré l'absence de données et de statistiques de base fiables et complètes (même celles émanant d'institutions étatiques), les résultats des sondages et enquêtes, comme d'ailleurs les entretiens, sont parlants dans tous les domaines des genres culturels abordés.

    Le livre: une cacophonie dans les chiffres, à l'origine de bien des malentendus entre les pouvoirs publics et les opérateurs et une offre de lecture presque incontrôlée.

    Le cinéma: pauvreté de l'offre cinématographique et nombre insignifiant de salles (en plus du sondage auprès du public du FOFA 2013, trois entretiens significatifs avec le réalisateur Ahmed Rachedi, le producteur Bechir Derrais et l'acteur Hassan Kachach).

    La musique, enfin: avec trois études, dont une sur la «Langue et textes dans la chanson contestataire au Maroc», une seconde sur «La chanson qu'on écoute» dans la société post-moderne et une troisième menée par Hadj Miliani sur «La chanson oranaise».

    Quelques concepts glanés au passage: «Lycérature» (lycéens et étudiants nourris de littérature tout au long de leur scolarité)/«Délecture» (oubli des livres que l'on a lus).

    L'auteur: le CRASC est une institution nationale de recherche créée en 1992. Inscrit dans le programme national de recherche, il est passé, en 2002, du statut de Centre de recherche et de développement (CRD) à celui d'Etablissement public à caractère scientique et technologique, EPST. Il est doté de 4 unités de recherche dont deux sont domiciliées à Oran, une à Blida et une à Constantine (www.crasc.dz/[email protected]).

    Hadj Miliani est professeur à l'université Ibn Badis de Mostaganem et chercheur associé au CRASC. C'est un spécialiste des questions de politique et d'anthropologie culturelles... en plus du domaine littéraire.

    Extraits: «L'Algérie ne dispose pas encore d'un document écrit de ‘politique culturelle'» (p 17), «Le manque d'intérêt pour les industries culturelles, que ça soit de la part des chercheurs ou de la part des autorités, résulte de la faiblesse de ce secteur en Algérie qui est à l'état embryonnaire» (Ammar Kessab, cité p 18), «Le contrôle de l'appareil de production et de distribution du livre et du journal depuis l'indépendance par les pouvoirs publics a conféré un caractère particulier à cette industrie» (p 23), «Si en Egypte et en Tunisie, certains groupes de rappeurs se sont totalement investis dans la révolution, la scène marocaine est restée relativement en réserve, peut-être parce que justement cette scène marocaine était moins underground que dans d'autres pays» (p 138).
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Avis : De la lecture utile aux chercheurs assidus... et agréable pour les lecteurs curieux !

    Citation: «La lecture chez l'enfant passe d'abord par celle de l'adulte» (Nadia Bentaifour, p 42).
    Le comédien. Roman de Nadjib Stambouli. Casbah Editions, Alger 2016, 181 pages, 800 dinars.

    On nous dit qu'au départ, le roman avait un autre titre, «Monsieur pluriel». Pas attractif pour un soutien bien qu'il allait «comme un gant» à l'histoire.

    L'histoire ? Quelle histoire ! Simple en apparence mais, au fond, bien compliquée. L'auteur ? Journaliste confirmé et observateur initié de la scène culturelle... algéroise en général et théâtrale en particulier mais aussi, passé par d'autres rubriques de la scène sociale nationale. Il raconte la vie d'un comédien, Hamid Maroufa mais Farid Foussi pour la scène, pris dans une valse-hésitation douce-amère entre réalité et fiction. Côté cour, la vraie vie quotidienne - pas très difficile - de Hamid, entre scène, tournées, copains (des «intellectrifiés»)... et Rosa, une journaliste critique culturelle, son aimante bien-aimée. Côté jardin, Farid qui, peu à peu, réussit, en douceur mais en profondeur, à imprimer sa force à son «autre», le citoyen, l'écartelant entre mensonges, délires et chimères. Une double vie dans laquelle «il se sent très à l'aise». Il passe son temps à (se) mentir, tout en pensant sincèrement qu'il dit la vérité. C'est ce qu'il ressent qui est le plus important pour lui. Heureusement que Rosa est là qui, fine mouche ou psychologue s'ignorant, découvre les failles de plus en plus béantes et diagnostique le mal. Avec un couple d'amis (encore des journalistes !), elle va tout faire pour arracher son ami au vertige affolant de la paranoïa. Il sera sacré meilleur acteur de l'année... Il sera guéri. Mais, mais quel parcours du combattant, fait de bureaucratie et, aussi (on n'y coupe pas !), de harcèlement sexuel... administratif. On aura tout vu !

    Certes, c'est l'histoire d'un comédien en proie au syndrome de la «bouffée délirante»... mais c'est, tout aussi bien, l'histoire d'une bonne partie du pays, partagé, écartelé, consciemment ou non, entre une vie fantasmée faite de héros (qui ont vaincu une puissance mondiale) et une vie réelle banale (liée au prix du baril de pétrole).

    L'auteur: né en 1953. Nadjib Stambouli est parti faire du journalisme... après des études en sciences économiques. Editorialiste-chroniqueur, directeur de rédaction dans des hebdomadaires et des quotidiens (Algérie Actualités, Ruptures, l'Hebdo Libéré, Les Débats et le Jour d'Algérie). Déjà deux ouvrages dont un recueil de chroniques en 2004 (Marsa Editions), «Impacts» et un second présenté dans Médiatic (3 décembre 2015), «Ma piste aux étoiles», Casbah Editions.

    Extraits: «Un artiste qui n'est pas inventif ferait mieux de changer de vocation» (p 86), «Il y a de grands comédiens, avec un immense talent, qui se suffisent de leur rôle, qui est de composer des rôles. Ils s'y consacrent pleinement et se concentrent sur leur métier dont ils maîtrisent tous les volets... Moi, j'appartiens à l'autre catégorie, pour laquelle le théâtre est un tout, donc on se mêle de tout et on s'implique dans tout, y compris dans l'écriture». (p 90)

    Avis : peut se lire d'un seul trait. Comédiens algériens, attention, ne vous immergez pas trop ! Risque de contagion.

    Citations: «La vraie beauté n'a d'autre gloriole à tirer d'une splendeur, quand le regard de l'être aimé suffit comme complément» (p 13), «Une femme est toujours plus intéressée par l'ex, par l'amoureuse d'hier que par l'éventuelle maîtresse d'aujourd'hui» (p 20), «Le baiser est le seul élément dans la vie qu'on reçoit lorsqu'on le donne» (p 72), «Le vrai luxe n'est pas synonyme d'avoir beaucoup d'argent, mais de ne pas éprouver le besoin d'en parler» (p 85), «On a beau être excellent copieur dans les examens, on n'en est pas moins piètre plagiaire en matière de sentiments». (106)



    Dédales. La nuit de la grande discorde. Roman de H'mida Ayachi (traduit de l'arabe par Lotfi Nia. Edition en arabe en 2000. Editions Barzakh, Alger 2016, 270 pages, 950 dinars.



    Une livre qui commence fort, très fort avec la description - plus que réaliste, l'horreur dégoulinant des pages, chaque ligne étant une arme de destruction individuelle - d'un massacre de plusieurs dizaines de villageois par une horde de terroristes islamistes sanguinaires, menée par une affreux bonhomme boîteux de la région (du village voisin) monté sur un bel alezan: Abou Yazid, 25 ans à peine... comme l'Abou Yazid al-Nikari décrit par Ibn al-Athir, dit «l'homme à l'âne alezan» qui, à 25 ans à peine, en l'an de grâce 333 de l'Hégire, massacra les Kutama, puis les Fatimides... jusqu'à sa défaite et sa capture par Al-Mansour.

    C'est donc dans les dédales de la mort brutale que nous entraîne l'auteur. Plusieurs dédales: le dédale du malheur (les massacres «à la chaîne»/Le dédale de la blessure (Vies et mort de journalistes)/Le dédale de la poussière (Discours démocratique et réalités du «pouvoir»/Le dédale du dédale (Vie et masacres maquisards)/Le dédale des cauchemars (Le cauchemar continue)... chacun d'entre-eux partant d'une haine des «autres» et finissant dans des carnages inexplicables. «La mort dans ce qu'elle a de plus nu, dépouillée, frappant à toutes les portes... rugissant, écumant, grognant, aboyant, montrant les crocs. L'apocalypse, de chair et de sang, gueule béante... d'où se déversent toutes les foudres du ciel».

    L'auteur: journaliste, auteur et acteur de théâtre, admirateur de Kateb Yacine, né en 1958 à Sidi Bel-Abbès, diplômé en sciences politiques. A fondé et dirigé le quotidien (en arabe puis, aussi, en français, Djazair News, qui ne paraît plus), actuellement, entre autres, éditorialiste-chroniqueur dans El Hayate, un quotidien arabophone. Pour sa part, Lotfi Nia, né à Alger en 1978, est traducteur de l'arabe vers le français et il a déjà traduit plusieurs auteurs. La traduction - a.d.m.i.r.a.b.l.e - de cet ouvrage lui a pris près de deux années.

    Extraits: «La fitna est un incendie auquel personne n'échappe, nulle part dans ce pays on ne saurait se mettre à l'abri. Le chaos est un danger mortel qui avance comme une troupe de goules déchaînées» (p15), «Quand le travail de la mort relève d'actions préméditées violemment imposées à autrui et à la nature, alors on peut dire qu'on force la mort à aller au-delà d'elle-même, et elle devient un monstre, la sur-mort est une offense envers la mort elle-même». (p 54)

    Avis: prose, poésie, écriture de théâtre, références littéraires, références religieuses, références historiques, analyses politiques... un mélange prenant, poignant, qui fait voyager dans le temps et l'espace, et... cultive. De plus une maquette superbement arrangée (la «patte» de Ammar Bouras) et une impression maîtrisée. A lire absolument. Sang et violence garantis !

    Citations: «On arrivera à dépasser la civilisation du sang quand on arrêtera de la refouler dans l'oubli... c'est de l'oubli que se nourrit la civilisation du sang» (p 24), «Le raï féminin est cri, crudité, condamnation, aveu, âpreté, déballage, démence, ascension au-delà d'en deçà» (Bekhti Benaouda, cité p 94), «(Pour les islamistes fondamentalistes), le premier champ de bataille, c'est le discours» (p 147), «Dans ce pays (l'Algérie), le journaliste est devenu une sorte de victime plurielle. Il est victime de lui-même, victime de calculs erronés, victime d'illusions et de contre-vérités, victime des dérives de l'histoire, victime du pouvoir et de la société (p 163).
    «Nous les Arabes, on est les champions de la corruption. On est aussi doués dans la pratique de la corruption que dans sa condamnation». (p 206)

    PS: - Fawzia Zouari est la lauréate 2016 du prix des Cinq continents de la francophonie, le 15e du nom. Auteur de nombreux romans comme La Caravane des chimères, Ce pays dont je meurs, La Retournée, La deuxième épouse, etc., elle obtient cette consécration pour Le corps de ma mère, paru cette année aux éditions Joëlle Losfeld (France). Elle y raconte sa mère, dans la perspective de la comprendre, de se comprendre et de comprendre le monde qui l'entoure, ses évolutions.

    Editorialiste à Jeune Afrique où elle signe régulièrement le Post-Scriptum, Fawzia Zouari n'a de cesse d'explorer, avec courage, la question féminine à l'heure de la poussée des obscurantismes.

    Un style ample et empli d'émotions. Un long récit très riche de sensations, de mémoire, de sentiments. L'auteur excelle à faire partager une quête presque désespérée pour évoquer la vie d'une femme unique, sa mère mourante, qu'elle n'a pas toujours su comprendre. Ce livre tord le cou à la morale hypocrite. «Rarement des faits dramatiques ont été décrits avec autant d'humour dans une écriture jouissive et poétique».

    par Belkacem Ahcene-Djaballah
    Q d'oran
    dz(0000/1111)dz

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