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La résistible remontée du prix du pétrole

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  • La résistible remontée du prix du pétrole

    Après la remontée du prix du baril entamée depuis le printemps dernier et consolidée par les dernières décisions de régulation de l'offre prise au niveau du cartel des principaux exportateurs (OPEP+Russie) la question de l'évolution du prix du pétrole se pose dans des termes nouveaux.

    À rebours des pseudo-experts (Goldman-Sachs etc.) qui jouaient un jeu purement spéculatif en prévoyant une descente jusqu'à 25 voire 20 dollars le baril et un prix durablement bas, je faisais partie en 2015 des plus nombreuses personnes raisonnables qui envisageaient un plancher dans la zone des 35-40 dollars: suivi d'une remontée assez rapide vers la zone des 50-70 dollars le baril à partir de mi-2016:

    J'avais également suggéré que le plancher (lissé des oscillations spéculatives les plus extrêmes) atteint autour de 40 dollars le baril allait permettre de relancer des négociations de gestion de l'offre au sein du cartel (car il devient plus facile pour chacun des membres d'envisager une auto-limitation volontaire de ses volumes de production lorsque les prix ne sont plus en chute libre: tant qu'on n'a pas la certitude d'avoir touché le fond, le chacun pour soi l'emporte).

    Il existe actuellement un décalage significatif (de l'ordre de 3 dollars) entre les indices WTI et Brent, ce qui correspond à une situation d'incertitude des spéculateurs (car lorsque la spéculation domine totalement le marché dans une seule direction, on assiste à un effacement total de l'écart entre les deux prix, signe que les prix ne sont plus du tout pilotés par une quelconque anticipation de la demande réelle ni la réalité des coûts de production ou autres paramètres techniques, mais uniquement par des positions spéculatives de court terme qui conduisent temporairement à ce phénomène de superposition exacte des deux indices).

    Dans la lignée de mes précédentes analyses, je vous propose ici quelques éléments de réflexion sur l'évolution prévisible en 2017:

    Un premier facteur important à prendre en compte est l'appréciation du dollar depuis un an. Par rapport à fin 2015, l'euro est passé de 1,2 à 1,05 dollars et le yuan de 0,154 à 0,144 soit une baisse de ces monnaies de l'ordre de 10%. Autrement dit, les deux plus gros importateurs de pétrole hors zone dollar (l'Union Européenne et la Chine) paient déjà leur pétrole près de 60 dollars le baril au cours de fin 2015. C'est donc un facteur indirect de limitation de la hausse dans l'avenir.

    2017 sera l'année du lancement la privatisation partielle d'Aramco, d'où le désir manifesté cette année-ci par l'Arabie Séoudite de parvenir à un accord sur la régulation de l'offre (à rebours de la politique de surproduction qu'elle avait enclenchée antérieurement) ce qui devrait mettre fin à la surproduction constatée depuis plus d'un an (et même si les négociations de marchands de tapis au sein de l'OPEP sont maintenant terminées, le bon respect des accords qui viennent d'être passés restera difficile à vérifier).

    2017 sera également l'année de la remontée progressive des taux d'intérêt aux États-Unis, ce qui veut dire que les très endettés producteurs américains de pétrole de schiste n'auront pas les coudées aussi franches que le croient certains pour profiter de la remontée du prix du baril: seuls les producteurs les plus solides dans les zones les plus productives pourront en profiter un peu. Mais compte tenu de la politique de relance économique interne et de compétitivité commerciale externe envisagée par Trump, il est probable que la hausse du dollar sera rapidement vue comme un risque par la nouvelle administration et que des pressions politiques soient exercées sur les partenaires pour limiter voire empêcher une nouvelle montée du dollar (alors que ce devrait être un résultat quasi-mécanique de la remontée amorcée en parallèle des taux américains). Trump a d'ailleurs déjà dénoncé régulièrement ces derniers mois une imaginaire sous-évaluation du yuan, alors que le problème est une remontée globale du dollar par rapport à l'ensemble des autres monnaies.

    2017 sera aussi l'année de la relance trumpienne de l'économie américaine, ce qui veut dire que les USA ne sont pas près de devenir massivement exportateurs de pétrole et donc de peser sur le marché mondial par le biais de l'offre.

    Je maintiens donc ma prévision d'un prix du pétrole restant entre 50 et 70 dollars tout au long de 2017, car c'est une zone de prix qui contente provisoirement tout le monde (sauf les producteurs marginaux dont beaucoup ont déjà mis la clé sous la porte).

    À ce prix-là, les pétroliers de schiste qui ont survécu à la chute des prix pourront continuer à fonctionner, l'Arabie Séoudite pourra trouver des investisseurs intéressés pour placer 30% d'Aramco et les autres gros producteurs (Russie, Iran, Irak...) y trouveront un fort bienvenu ballon d'oxygène budgétaire, alors que la relance trumpienne permettra de dégonfler des stocks américains encore anormalement élevés.

    Pour 2018 et les années suivantes, la seule évolution prévisible, compte tenu des deux-trois ans déjà écoulés de sous-investissement en exploration-production, est une reprise de la hausse du prix du baril vers les 80 dollars et au-delà (c'est-à-dire à des niveaux pouvant assurer la rentabilité de l'offshore profond et aussi des investissements colossaux requis par le pétrole non-conventionnel, par exemple en Argentine, pour mettre pleinement la zone de Vaca Muerta en exploitation).

    Source: mediapart.fr
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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