La Russie et la Turquie ont expliqué mardi que l’assassinat de l’ambassadeur russe en Turquie, lundi à Ankara, ne remettait pas en cause leur coopération, notamment sur le dossier syrien. Ce qui ne lasse pas d’intriguer car leurs intérêts ne sont pas vraiment convergents.
L'unité de la Russie et de la Turquie, après l'assassinat de l'ambassadeur russe à Ankara, a été illustrée mardi de façon exemplaire à Moscou, lorsque les ministres des affaires étrangères russe, turc et iranien se sont présentés ensemble pour publier une déclaration commune. Il y est affirmé que ces trois pays ont convenus de l’importance d'élargir le régime de cessez-le-feu à l’ensemble de la Syrie, de garantir un accès sans obstacle à l'aide humanitaire et la libre circulation des populations sur le territoire syrien.
Plus important encore, les trois ministres ont souligné être prêts à devenir les "garants" de négociations de paix entre le régime syrien et l'opposition. A partir de là, une conclusion s’impose, c’est que cette alliance d’objectifs de la Russie, de l’Iran et de la Turquie exclut, à ce stade, toute autre grande puissance, à commencer par les Américains mais aussi les Européens, et les pays du Golfe tandis qu’il n’est fait aucune mention des Nations unies. Cela signifie que Moscou, Téhéran et Ankara, les seules à avoir des troupes sur le terrain ainsi que des milices supplétives, veulent maîtriser ensemble l’avenir militaire et politique de la Syrie à cours et à moyen terme.
Ce qui peut sembler bizarre, car ces trois pays n’ont pas franchement les mêmes intérêts. Prenons par exemple la Russie : son intérêt c’est de sauver le régime de Bachar el-Assad et en même temps de ne pas s’enliser dans une guerre longue en Syrie, quand on sait qu’il reste environ 100.000 rebelles répartis entre Idlib, Homs, Hama et Deraa, à la frontière jordanienne.
La Russie distribue les cartes désormais
L’intérêt de l’Iran est assez voisin. Il s’agit de conforter le régime, mais surtout de maintenir l’arc chiite qui va de Bagdad à Beyrouth en passant par la frontière syrienne et ses villages chiites. Beyrouth, où le Hezbollah est désormais renforcé au pouvoir avec un allié à la présidence, en la personne du général Aoun, et deux ministères dans le nouveau gouvernement. Quant à la Turquie, si elle tient toujours à obtenir le départ du président Assad et parler au nom des rebelles sunnites, elle veut par-dessus tout empêcher que les Kurdes syriens deviennent trop autonomes et gourmands en territoires sur sa frontière.
Sauf qu’on oublie dans tout cela le sort de Daech, notamment à Raqqa. Là encore, c'est l’un des rares dénominateurs communs entre ces trois grandes puissances. La Russie n’a même pas cherché pour l’instant à reprendre Palmyre qui a été reconquise par Daech la semaine dernière. L’Iran est davantage intéressée par la solidité du régime chiite en Irak avec la reprise de Mossoul.
Quant à la Turquie, on l’a vu, sa priorité est de limiter la progression des Kurdes en Syrie. On dit même que ses troupes aimeraient reprendre Raqqa pour prendre de vitesse la coalition kurde et arabe qui se met en place autour du bastion de Daech avec l’aide des Etats-Unis. Bref, l’impression qui domine, c’est que la Russie distribue les cartes désormais, en laissant aux Occidentaux le plus dur, la lutte contre Daech, qui nous avait été présenté comme l’ennemi numéro un et prioritaire.
leJDD
L'unité de la Russie et de la Turquie, après l'assassinat de l'ambassadeur russe à Ankara, a été illustrée mardi de façon exemplaire à Moscou, lorsque les ministres des affaires étrangères russe, turc et iranien se sont présentés ensemble pour publier une déclaration commune. Il y est affirmé que ces trois pays ont convenus de l’importance d'élargir le régime de cessez-le-feu à l’ensemble de la Syrie, de garantir un accès sans obstacle à l'aide humanitaire et la libre circulation des populations sur le territoire syrien.
Plus important encore, les trois ministres ont souligné être prêts à devenir les "garants" de négociations de paix entre le régime syrien et l'opposition. A partir de là, une conclusion s’impose, c’est que cette alliance d’objectifs de la Russie, de l’Iran et de la Turquie exclut, à ce stade, toute autre grande puissance, à commencer par les Américains mais aussi les Européens, et les pays du Golfe tandis qu’il n’est fait aucune mention des Nations unies. Cela signifie que Moscou, Téhéran et Ankara, les seules à avoir des troupes sur le terrain ainsi que des milices supplétives, veulent maîtriser ensemble l’avenir militaire et politique de la Syrie à cours et à moyen terme.
Ce qui peut sembler bizarre, car ces trois pays n’ont pas franchement les mêmes intérêts. Prenons par exemple la Russie : son intérêt c’est de sauver le régime de Bachar el-Assad et en même temps de ne pas s’enliser dans une guerre longue en Syrie, quand on sait qu’il reste environ 100.000 rebelles répartis entre Idlib, Homs, Hama et Deraa, à la frontière jordanienne.
La Russie distribue les cartes désormais
L’intérêt de l’Iran est assez voisin. Il s’agit de conforter le régime, mais surtout de maintenir l’arc chiite qui va de Bagdad à Beyrouth en passant par la frontière syrienne et ses villages chiites. Beyrouth, où le Hezbollah est désormais renforcé au pouvoir avec un allié à la présidence, en la personne du général Aoun, et deux ministères dans le nouveau gouvernement. Quant à la Turquie, si elle tient toujours à obtenir le départ du président Assad et parler au nom des rebelles sunnites, elle veut par-dessus tout empêcher que les Kurdes syriens deviennent trop autonomes et gourmands en territoires sur sa frontière.
Sauf qu’on oublie dans tout cela le sort de Daech, notamment à Raqqa. Là encore, c'est l’un des rares dénominateurs communs entre ces trois grandes puissances. La Russie n’a même pas cherché pour l’instant à reprendre Palmyre qui a été reconquise par Daech la semaine dernière. L’Iran est davantage intéressée par la solidité du régime chiite en Irak avec la reprise de Mossoul.
Quant à la Turquie, on l’a vu, sa priorité est de limiter la progression des Kurdes en Syrie. On dit même que ses troupes aimeraient reprendre Raqqa pour prendre de vitesse la coalition kurde et arabe qui se met en place autour du bastion de Daech avec l’aide des Etats-Unis. Bref, l’impression qui domine, c’est que la Russie distribue les cartes désormais, en laissant aux Occidentaux le plus dur, la lutte contre Daech, qui nous avait été présenté comme l’ennemi numéro un et prioritaire.
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