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2017, l’année du pétrole ?

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  • 2017, l’année du pétrole ?

    Rédigé le 21 décembre 2016 par Cécile Chevré | Matières premières & Energie

    En début de semaine, alors que tout baissait (l’euro face au dollar, les marchés actions, les marchés obligataires), seul le pétrole surnageait gaillardement. Ce qui m’a donné envie de m’intéresser à cette anomalie. Intéressons-nous d’abord aux raisons de cette hausse du baril, qui a permis au Brent, le pétrole de la mer noire, de gagner 20% depuis fin novembre (de 46,5 dollars à 55,8 dollars) et au WTI, le pétrole américain, de prendre 18,5% (de 45,3 dollars à 53,7 dollars). Pas mal… Vous en avez certainement entendu parler – après tout, cet événement a été qualifié d’historique aussi bien par ses participants que par la presse – : le 10 décembre dernier, 11 pays non-membres sont parvenus (la Russie mais aussi l’Azerbaïdjan, Bareïn, le Kazakhstan, la Malaisie, le Mexique Oman, la Guinée équatoriale, le Sud Soudan et le Soudan) à se mettre d’accord une réduction de leur production de brut. Cet accord « historique » venait après l’accord tout aussi « historique » du 30 novembre dernier qui a vu les membres de l’OPEP se jurer, la main sur le coeur, de réduire leur production.
    Cette réduction, qui doit prendre effet dès le mois prochain, n’est pas négligeable : 1,5 million de barils par jour (ce qui devrait réduire la production de l’OPEP à 32 millions de barils). 1,5 million auquel doivent s’ajouter les 558 000 barils en moins par les pays non-membres. Selon les termes de ces deux accords, ces limitations sont mises en place pour au moins six mois. Au moins, car les participants se sont accordés la possibilité de prolonger la réduction en fonction du marché. A savoir s’ils sont parvenus à faire suffisamment remonter le prix du baril. Un petit jeu de poker menteur Je vous le disais, les marchés ont vraiment apprécié la nouvelle. Il faut dire qu’elle était inattendue et est, en effet, suffisamment rare pour être marquée d’une pierre blanche. Depuis, le Brent et le WTI ont retrouvé quelques couleurs et certains se prennent à rêver d’un baril qui retrouverait ses habits des grands soirs, au-delà des 100 dollars. Reste que, sans vouloir porter de trop graves accusations, les pays producteurs de pétrole – et tout particulièrement les membres de l’OPEP – ont une longue tradition de… petits arrangements avec la réalité. Et avec les chiffres. Ce n’est un secret pour personne, tous les pays de l’OPEP (ou presque) surproduisent et ne respectent pas leurs quotas.
    L’Iran s’est fait particulièrement remarquer en la matière. Depuis la levée des sanctions occidentales, le pays tente de rattraper le temps perdu en ne cessant d’augmenter sa production, faisant ainsi fi de tous les quotas officiels. L’Iran n’est pas le seul responsable. Tous les pays de l’OPEP maîtrisent parfaitement ce petit jeu de poker menteur. C’est ce qu’illustre parfaitement ce graphique que j’emprunte à mes collègues américains du Non-Dollar Report. En rouge, le niveau de production de l’OPEP selon les quotas fixés. En vert, la véritable production… Depuis la fin des années 80, la production réelle a surpassé les quotas 90% du temps. En quoi serait-ce différent aujourd’hui ? Comment penser que les nouveaux quotas et la réduction de production seront respectés ? Si l’on se fie à l’expérience passée, il y 90% de chances pour qu’ils ne soient que des chiffres inscrits sur des bouts de papier, et rien d’autre. Des pays comme la Libye, l’Iran ou encore le Venezuela vont avoir du mal à respecter ces limites alors que leurs besoins financiers sont criants.
    Bien sûr, ils pourraient faire le pari que le pétrole va remonter durablement grâce à leur accord. Mais jusqu’à présent, ils ont privilégié l’autre solution, celle qui consiste à vendre le plus possible, à n’importe quel coût. Où va le pétrole en 2017 ? Je ne me risquerai à aucune prédiction – c’est un exercice trop périlleux que je laisse à plus courageux (ou inconscients) que moi. Malgré tout, nous pouvons dégager quelques éléments de réflexion pour tenter de déterminer ce que nous réserve l’année prochaine. Du côté des arguments pour une poursuite de la faiblesse des cours (ou une faible hausse) : – L’accord qui vient d’être signé a, nous l’avons vu, peu de chances d’être respecté, ne serait-ce qu’à moyen terme. – Ajoutons à cela que certains des plus importants producteurs de la planète ne sont prudemment tenus à l’écart de ces accords. C’est le cas des Etats-Unis, de même que la Chine, la Norvège ou le Canada. – En parlant des Etats-Unis, l’administration Trump est manifestement pro-pétrole – c’est le moins que l’on puisse dire.

    Pendant sa campagne, le futur président avait évoqué la possibilité de desserrer un peu plus les règles limitant l’exportation de pétrole américain. Jusqu’à présent, celui-ci – qui doit beaucoup au pétrole de schiste – était resté cantonné au territoire américain. Ces derniers mois, les restrictions à l’exportation ont été assouplies par l’administration Obama. Trump pourrait aller encore plus loin. Or, faut-il le rappeler, les Etats-Unis luttent pied à pied avec l’Arabie saoudite pour le titre de premier producteur de pétrole au monde. – Un dollar fort pèse aussi lourdement sur les prix du baril. Le scénario généralement privilégié en ce moment (mais pas forcément celui que plusieurs de nos rédacteurs approuvent) est celui d’un dollar toujours plus fort en 2017, et ce n’est pas bon signe pour le pétrole. Passons maintenant aux facteurs qui pourraient pousser le baril vers le haut : – Un choc géopolitique majeur pourrait faire flamber le cours. Mais un rapide coup d’oeil vers l’histoire récente nous démontre que ces poussées de fièvre sont généralement très temporaires.
    Il faudra tout de même surveiller l’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’Iran, mais aussi entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. De même que la situation politique en Irak ou en Libye… – A part les aléas géopolitiques, les grands changements pourraient venir de l’offre ou de la demande. Du côté de l’offre, certains pays pourraient voir leur production chuter. Je pense par exemple au Venezuela, plongé dans une crise politique, économique et sociale. Ou encore à l’Iran. Dans ce cas précis, je vous en ai déjà parlé, ce sont les infrastructures pétrolières du pays qui vont aussi montrer leurs limites, faute d’investissements rapides et importants. – Mais la véritable reprise du cours du pétrole ne pourra que s’appuyer sur une augmentation plus importante que prévue de la demande mondiale. En prend-elle le chemin ? L’Agence internationale de l’Energie (AIE) a relevé de 100 000 barils ses estimations de demande mondiale pour 2017, à 1,3 million de barils par jour, contre 1,4 million en 2014. Pas sûr donc que la reprise de la demande soit au rendez-vous l’année prochaine. [NDLR : L’or noir sur la touche ? Ce n’est pas le cas de l’or.

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    Dernière modification par nacer-eddine06, 21 décembre 2016, 19h43.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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