L’année 2016 se termine plus calamiteuse que celle qui l’a précédée et, au rythme où vont les choses, probablement moins que celle qui arrive. Les Algériens ont eu toute latitude de constater et d’en éprouver les séismes politiques, diplomatiques ou éducatifs avec leurs lots de discrédits institutionnels, désordres économiques et financiers ainsi que les drames sociaux et humains qui en découlent et dont le dernier en date est la mort d’un journaliste en détention.
Ces schismes tectoniques, qui affectent la scène macro-politique, ne sont pourtant pas les seuls signes d’une décomposition avancée de la vie publique. D’autres indices plus discrets mais tout aussi délétères attestent d’un affaissement éthique et politique qui conduit droit à un collapsus de la nation. Voici l’un de ceux sur lequel vous vous êtes particulièrement illustré et dont vous ne semblez pas avoir mesuré l’outrance.
Après deux années d’intenses concertations et une méticuleuse étude, une cinquantaine de citoyens se sont rassemblés le 24 octobre 2015 à Alger pour envisager la création d’une association nationale de promotion des produits du terroir et du patrimoine immatériel qui en a permis la préservation.
L’installation effective de l’association dénommée "Analyse, Formation, Unification, Développement" (AFUD) a eu lieu le 29 janvier 2016 en présence d’huissier avec la participation de représentants de 17 wilayates parmi lesquels figuraient des producteurs, des chercheurs universitaires, des ingénieurs, des communicants…
Le conseil d’administration élu a désigné un comité exécutif qui m’a fait l’honneur de me confier sa présidence.
Le dossier a été déposé le 1er mars 2016 auprès du bureau des associations du ministère de l’intérieur et des collectivités locales. Première distorsion à la réglementation : ce département refuse de délivrer le récépissé d’enregistrement. Une fois les enquêtes des trois services de sécurité menées, car dans notre pays il faut mobiliser l’ensemble de ces organes pour décider des suites à donner à une association, nous avons tenté de joindre à nouveau le ministère de l’intérieur.
Le secrétaire général de notre structure a appelé, en vain, une douzaine de fois la direction des associations, il a tenté à trois reprises de s’y rendre en personne sans avoir pu franchir la porte d’entrée. Il a essayé pendant trois semaines de se connecter sur le site internet censé répondre aux doléances des citoyens, sans plus de succès.
Après avoir informé les instances de direction d’AFUD de la situation, j’ai pris la décision d’adresser en date du 19 juin 2016 au ministre de l’Intérieur une correspondance recommandée avec accusé de réception signalant les incohérences et les obstructions récurrentes dont nous étions l’objet. Faute de réponse, j’expédie une missive de rappel selon le même procédé 45 jours plus tard, soit le 4 août. Les accusés de réception des deux correspondances parviendront avec des mois de retard. Le récépissé d’enregistrement du dossier étant, naturellement, toujours mis sous embargo.
Le 4 août, je vous envoyais également une lettre recommandée avec accusé de réception pour vous alerter sur ces dysfonctionnements. Comme celles adressées à votre ministre, elle restera sans suite. En ce qui vous concerne vous avez néanmoins amélioré le label de l’irrévérence administrative puisque vous n’avez même pas estimé utile de prendre acte d’un message qui vous était personnellement adressé. Dans les hiérarchies bien ordonnées, le supérieur doit toujours surclasser le disciple.
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