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Pourquoi un baril à 50 dollars ne suffit plus à l’Algérie

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  • Pourquoi un baril à 50 dollars ne suffit plus à l’Algérie

    TSA-17:17 jeudi 22 décembre 2016 | Par Tewfik Abdelbari

    Le baril de pétrole Brent est en hausse de près de 0,6% et vaut, ce jeudi 22 décembre, plus de 54,8 dollars à la bourse de Londres. C’est pourtant toujours très loin d’être suffisant pour équilibrer le budget de l’État algérien.La loi de finances pour 2017 , calculée sur la base d’un baril à 50 dollars, prévoit un déficit de prés de &é milliards de dollars l’année prochaine.
    Or, il y a encore quelques années, les prix du brut étaient similaires, voire sensiblement inférieurs aux niveaux actuels. Comment se fait-il donc que l’Algérie se retrouve dans une situation de stress budgétaire aigu ?TSA vous propose, avec l’apport de notre expert Ferhat Ait Ali, une analyse comparative entre le début des années 2000 et la période actuelle, en expliquant les causes profondes de la situation actuelle.
    Des cours du brut plus avantageux qu’avant

    Tout d’abord, nous relevons que le cours du dollar de 2016 et ceux de 2005 sont comparables. Malgré des variations durant cette période, nous retrouvons, peu ou prou, les mêmes conditions. Par ailleurs, l’inflation globale est somme toute minime.
    Le prix élevé du baril, au moment des records de juin et juillet 2014 autour des 140 dollars, était en partie lié au cours du dollar. Lorsqu’il était à 140 le baril par exemple, le dollar était au plus bas. Or, la corrélation inverse de la valeur du dollar et celle du baril est bien connue. Lorsque le dollar est fort, le prix du baril a tendance à baisser. Et vice-versa.
    De nos jours, le dollar est au plus haut, avec des niveaux qu’il n’avait plus atteint en près de 15 ans. Donc en valeur absolue, l’Algérie exporte le pétrole plus cher. À titre comparatif, le prix moyen du baril en l’an 2000 était de 28,52 dollars. En progression lente au cours des années suivantes, il a atteint un niveau de 54,41 dollars en 2005. Après avoir atteint des pics de 111,6 dollars en 2012, les cours moyens du brut ont chuté jusqu’à atteindre les 45 dollars environ en 2016.
    La moyenne de prix du baril n’était si donc pas aussi élevée au début des années 2000. Mais à l’époque, le gouvernement a lancé des projets gigantesques de construction de routes, logements, voies ferrées. Malgré cela, l’État arrivait même à constituer une épargne budgétaire conséquente, avec un Fonds de régulation des recettes (FRR) qui a dépassé les 70 milliards de dollars en 2012 et a pu accumuler des réserves de change, atteignant pratiquement les 200 milliards de dollars. Qu’est ce qui a changé depuis ?
    Salaires, subventions, budgets des ministères… « Dérapage » des dépenses

    L’une des raisons de ce changement est que le poids des transferts sociaux et de la politique de revalorisation des salaires pèse désormais trop lourd. Souvenons-nous qu’en 2008 et 2011, l’État a accordé des hausses de salaires très importantes dans le secteur public. Ces augmentations, sans contrepartie en productivité et en création de richesse, sont incompressibles. Par ailleurs, au moment des « printemps arabes » ayant entraîné la déstabilisation de plusieurs pays, le gouvernement a pris des mesures pour garantir la sacro-sainte paix sociale, en subventionnant davantage des produits de première nécessité, comme l’huile et le sucre.
    Ces nouvelles dépenses sont venues s’ajouter à la masse préexistante des subventions, notamment celles liées au carburant, au logement, au blé ou au lait. Pris dans leur ensemble, ces soutiens des prix représentent une part importante du PIB du pays – 18% en 2012, selon le FMI – et contribuent à un déficit budgétaire important à la fin de chaque année. Tout recul est alors périlleux sur le plan social. Il parait impossible de réduire les salaires dans la fonction publique ou réduire les subventions sans provoquer des mouvements sociaux. La série d’augmentation des taxes sur les carburants décidée en 2016 et 2017 est justement très graduelle, pour éviter de brusquer le pouvoir d’achat des Algériens.
    Effort de guerre, subventions, paix sociale

    En parallèle, les budgets ministériels ont explosé. En cause notamment, les réévaluations constantes des projets lancés, faute de maturation et d’études suffisantes. En additionnant les « avenants » aux contrats signés, ce sont des dizaines de milliards de dollars de financements supplémentaires. Le cas de l’autoroute. Plusieurs rapports de la Cour des comptes relèvent le gaspillage de fonds publics en raison de ces réévaluations aussi intempestives que coûteuses.
    Fortes hausses des budgets de la Défense et de l’Intérieur

    Au-delà, la hausse généralisée des budgets est particulièrement visible à travers les crédits accordés aux forces de sécurité. À titre d’exemple, le budget du ministère de la Défense nationale (MDN) était de 210 milliards de dinars en 2005. Onze ans plus tard, ce même ministère bénéficie d’un budget de 1.118 milliards de dinars. Il a donc été multiplié par 5,32 en l’espace d’une décennie. Pour le ministère de l’Intérieur, les sommes allouées passent de 148,37 milliards à plus de 426 milliards sur la même période, soit près de 3 fois plus. La tendance se vérifie pour la plupart des budgets ministériels.
    Ceci s’explique notamment par les besoins de rééquipement et de modernisation de l’Armée nationale populaire (ANP) et par l’effort de « guerre » soutenu, en raison de l’instabilité régionale, nécessitant le déploiement massif des forces militaires, notamment à partir de 2011, aux frontières orientale et septentrionale du pays.
    En fin de compte, le gouvernement a profité de l’embellie financière pour augmenter sensiblement le train de vie de l’État (budgets) et les dépenses sociales qui vont avec. Il a également décidé d’améliorer le train de vie des Algériens pour éviter une explosion sociale. « Sauf que cela a été fait sur des ressources non pérennes », pointe Ferhat Ait Ali, analyste financier. Avec la baisse brutale du prix du pétrole, l’Algérie se retrouve avec des ressources moindres, mais avec des dépenses qui ont explosé entre-temps.
    Réduction des recettes d’hydrocarbures en volume et en valeur

    De surcroît, notre expert évoque d’autres causes et conséquences à cette situation, notamment la fonte des recettes d’exportation d’hydrocarbures, non seulement en valeur, mais surtout en volume. « Pour expliquer ce phénomène, il faut étudier certains paramètres connexes à ce prix du baril – qui ne produit pas les mêmes recettes au même cours du pétrole en amont – mais aussi les incidences des cours hauts du pétrole et du gaz, sur toute la structure de l’économie nationale », analyse Ait Ali.


    Concrètement, « il faut savoir que les quantités exportées de gaz, ont permis en 2005 avec un cours du baril à 54 dollars en moyenne de réaliser des recettes plus confortables qu’en 2016 avec le même cours », rappelle-t-il. Les exportations de gaz sont passées de 76 milliards de m3 en 2005 à environ 55 milliards de m3 en 2016, selon Ait Ali. Surtout, les prix ont évolué à la baisse entre ces deux période : « Avec un prix au million de BTU de l’ordre de 5,7 dollars en 2005, et de 3,5 en 2016 », les recettes sont moindres sous l’effet conjugué des quantités et des prix à l’exportation, explique notre source.
    Explosion de la masse monétaire : pas de contrepartie en devises

    Par ailleurs, Ait Ali attire l’attention sur le quasi quintuplement de la masse monétaire (M1) entre les deux périodes, qui est passée de 930 milliards de dinars en 2005 à plus de 4500 milliards en 2016. « Et probablement plus en 2017 », anticipe-t-il.
    Problème : cette augmentation était rendue possible par des rentrées de dollars, elles aussi en forte hausse. En effet, la Banque d’Algérie émet un équivalent en dinars pour chaque dollar perçu. Or, l’État se retrouve désormais confronté à un reflux de ces recettes en dollars. « Nous découvrons que notre émission monétaire et nos besoins en monnaie locale, ont suivi une courbe ascendante d’un afflux de dollars, qu’elle ne peut suivre dans la descente sans en dévaluer la valeur effective », résume Ait Ali.
    Pour ce dernier, « le seul moyen de redresser la barre, est non pas d’attendre un baril plus fort, ce qui risque de ne jamais arriver, mais de revoir tous les passifs de la Banque d’Algérie, qui dans les faits n’a aucun actif précis à part les réserves fondantes de change ». En somme, face à la pénurie de dollars, les dinars en circulation ne sont pas soutenus par un équivalent en billets verts.
    « Ce n’est pas le baril qui a fluctué entre les deux périodes mais les besoins et prétentions mal orientées du pays», conclu Ait Ali.

  • #2
    Même si le baril remonte à 100 $, le pétrole ne suffira pas à couvrir tous les besoins de l'Algérie et des algériens, il nous faut d'autres sources de revenus , il nous faut des énergies renouvelables pour au moins assurer les besoins internes en énergie.
    Pour l'instant il faut se contenter et apprendre à ne plus compter sur le pétrole, le pays regorge de ressources non exploitées , des secteurs entiers de l'économie sont inexistants, c'est cela le défi. Le retour à la modération ne fera pas de mal si notre regard au pétrole change.

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